CLICHÉS SURRÉALISTES
De cette relation amoureuse qui dura près de huit ans, on retient souvent du nom d’un célèbre tableau du maître espagnol. C’est oublier que la photographe non seulement n’appréciait guère ces portraits, comme on l’apprendou encore participe à cette fascination en miroir, attestée par une collection de négatifs, volontiers grattés selon sa prédilection pour les techniques mixtes. Car voilà plusieurs années que celle qui est née Henriette Théodora Markovitch, issue d’un milieu bourgeois entre l’Argentine et Paris, s’est fait un nom. Formée à l’École des arts appliqués pour femmes, à l’Académie Julian, auprès d’André Lhote ainsi qu’à l’École technique de photographie et de cinématographie, elle reçoit ses premières commandes en 1931 puis, la même année, ouvre un studio photographique avec le décorateur Pierre Kéfer. Alors que l’époque est au développement du marché de la presse illustrée et de la réclame, Dora Maar se distingue déjà par ses mises en scène lumineuses, photomontages et collages. Pour la publicité d’une crème antirides, superpose le visage de son amie Nusch Éluard et une toile d’araignée, pendant que ses nus ne sont pas moins novateurs! Loin des expérimentations posées, cette militante antifasciste descend aussi dans la rue, s’intéressant à «la zone » qui ceinture Paris de sa pauvreté, aux bidonvilles de Barcelone ou encore aux rues de Londres. Social, son regard verse aussi dans le fantastique. En studio, à nouveau, il culmine au contact de Man Ray et autres surréalistes. Après ses impressionnantes combinaisons, tirant parti d’images chinées et de prises de vues personnelles, rephotographiées ensemble au grand format, la peinture aura ses faveurs pour clore soixante ans d’inspiration et de recherche constante.
