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La Chrysalide
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Livre électronique136 pages1 heure

La Chrysalide

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À propos de ce livre électronique

Un huis clos intérieur sur la culpabilité, la solitude et la renaissance.

Confiné dans son appartement madrilène, un homme fait face à ses démons.
La pandémie a figé le temps, mais dans le silence des jours identiques, les souvenirs affluent — ceux d'une faute ancienne, d'un geste lâche jamais pardonné.
Entre le bruit lointain des cloches du Corpus Christi et la rumeur du monde en colère, il affronte ses fantômes : la peur, le remords, et le vide qu'il porte en lui.

La Chrysalide explore les fissures de l'âme contemporaine, l'isolement des hommes incapables de pleurer, et la métamorphose intérieure née du désespoir.
Roman psychologique d'une lucidité poignante, il capte l'atmosphère suspendue d'un monde en crise, tout en sondant la fragilité de l'humain face à sa propre conscience.

Un récit d'introspection, de chute et de possible rédemption — où l'obscurité devient la matrice d'une lumière nouvelle.

LangueFrançais
ÉditeurManuel Sánchez
Date de sortie17 oct. 2025
ISBN9798232498207
Auteur

Manuel Sánchez

Manuel Sánchez (1967) has been a lover of classical culture and literature since childhood. A voracious reader and writer, he is the author of novels; Alma Luna [Soul Moon], Navegantes [Navigators], La Crisálida [The Cocoon], Las rutas del deseo [Desire Ways], Ultima Thule [Ultima Thule], Bucaneros de estrellas [Buccaneers of the Stars], El árbol de arena [The Sand Tree], La rosa de nieve [The Snow Rose] and Ojos de Mar [Sea Eyes]. As well as a book of short stories, Cajón de sastre [Catch-all Drawer], and a book of poetic thoughts, El viento del sureste [The Southeast Wind]. His works are available in English, French and Spanish editions including ebook, paperback and audiobook formats. He is currently working on a new literary project.   Manuel is a Computer Science Engineer from the Polytechnic University of Madrid and MBA from IE (Instituto de Empresa). He is a member of the writers associations AEM (Association of Writers of Madrid), AEMCLM (Association of Writers of Castilla La Mancha), Quijote and CEDRO. He has complemented his training with the development of courses in literary creation and classical art at different universities; Escuela de Escritores (Madrid), Universidad de los Andes (Colombia), Wesleyan University (US) and Yale University (US). A tireless traveler, as a globetrotter, he has visited more than fitty countries and maintains an active presence on social media.

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    Aperçu du livre

    La Chrysalide - Manuel Sánchez

    La Chrysalide

    Manuel Sánchez

    © Manuel Sánchez, 2022

    © Traduction : Manuel Sánchez, 2025

    Couverture: Océano Linares

    Tous droits réservés

    Dépôt légal: AB 724-2025

    ISBN: 979- 8270346959

    www.manuelsanchezescritor.com

    À ceux qui gardent l’illusion quand les fondations s’effondrent.

    À ceux qui regardent vers l’avenir en conservant les rêves du passé.

    .

    ÍNDICE

    I

    II

    III

    IV

    V

    VI

    VII

    VIII

    IX

    X

    XI

    XII

    XIII

    ––––––––

    « Le seul salut pour les vaincus est de ne plus attendre aucun salut. »

    « Qui pourrait tromper celui qui aime ? »

    « Le destin trace lui-même ses routes. »

    Virgile

    I

    Une volée d’hirondelles vole bas ; je les observe depuis ma fenêtre avec curiosité. Où vont-elles ? On dit qu’elles se dirigent toujours vers un lieu meilleur. J’aimerais être comme elles, voler avec la certitude d’un destin. Mais je n’ai pas d’ailes, je n’ose pas me jeter dans le vide, et si je le faisais, jamais je ne volerais ainsi. Le désir, sans doute, me transformerait en albatros — ces oiseaux des mers du Sud, mélancoliques et longévifs. Je les imagine déployant leurs ailes au-dessus d’un océan démesuré, parcourant des milliers de kilomètres en solitaire, dormant en plein vol au-dessus des vagues.

    Il pleut cet après-midi du vingt et un mars deux mille vingt, jour du printemps, jour de la poésie. Pourtant, l’asphalte mouillé, les rues désertes et le froid suspendu dans l’air glacial donnent aux os une couleur d’hiver. À travers la grande baie vitrée, la lumière est rare, d’un gris éteint et funèbre, comme un manteau figé de nostalgie.

    Deux semaines ont passé. Deux semaines seulement, et le confinement ronge déjà la peau comme une prison invisible. Mon nom n’a pas d’importance. Je regarde la pluie frapper la vitre. Les rues sont vides. Les feux tricolores changent de couleur dans la solitude : une ville fantôme, une Pompéi morte du XXIᵉ siècle. Un sentiment d’abandon qui ne se rompt qu’à huit heures du soir, lorsque les applaudissements éclatent sur les balcons — notre façon de vérifier que nous sommes encore vivants, comme des navires isolés au milieu de la mer.

    C’est un exil préventif, surveillé par la police qui patrouille les trottoirs, vêtue d’imperméables jaunes et de casquettes bleues sous le déluge. L’ombre de la mort se promène dans les avenues sans que personne ne lui fasse obstacle. Elle se faufile parmi la foule absente ; on dit qu’elle laisse sa trace funèbre dans l’air, la terre, les dalles des boulevards, les verres des cafés, les poignées des portes sous les arcades. Je la regarde depuis ma fenêtre, penché dans le vide, le cœur serré — et pourtant, je ne parviens pas à la voir.

    Oui, deux semaines déjà. Les informations à la télévision annoncent un enfermement forcé qui durera encore plusieurs mois. Les présentateurs lisent leurs feuilles sans lever les yeux, comme s’ils doutaient de leurs propres mots, comme si le texte était mensonger. Derrière eux, à l’écran, défile une ville italienne lointaine, où une file de camions militaires transporte en silence des cercueils de bois sombre, de l’église à l’incinérateur industriel.

    Étrange, presque je remercie ce moment suspendu — une parenthèse qui fige les saisons, qui arrête le temps et diffère les décisions que je repousse depuis si longtemps. Une fiction singulière, un interstice mort de réflexion, un mensonge éloquent dans lequel je peux feindre que rien n’a changé depuis ces deux semaines, que mes sentiments sont les mêmes, que rien de nouveau n’est advenu ici et que tout continue comme il y a quinze jours. Je parle au téléphone avec mes frères et ma mère, confinés dans leurs maisons à quelques pâtés de maisons d’ici. Je m’enquiers, inquiet, de leur santé, et demande d’un ton incertain si l’archange Azraël a frappé à leur porte. Je souris à leur réponse négative, et nous évoquons quelques blagues idiotes sur WhatsApp.

    Je joue avec mes enfants. Je saute, trempé de sueur, devant l’écran du salon, défiant ma fille dans un jeu de danse au rythme d’une musique pop assourdissante. Je discute avec mon fils aîné de ses petites préoccupations : une fille brune aux yeux noisette, au lycée. Oui, nous sommes une famille. Je ne suis pas seul sur ce navire à la dérive. Dans une chambre pleine de poupées et de peluches, joue Aurora, ma fille de onze ans. Au fond, Jorge, son frère adolescent, s’enferme dans sa cave sonore, noyé dans la fureur des consoles et des écrans.

    Et ma femme... Avec ma femme, nous nous croisons en silence, sans mots. Nos regards se détournent lorsqu’ils se rencontrent, soutenant une colère résignée tant que dure cet enfermement inévitable — une prison laconique qui comprime nos deux âmes et que nous avons appris à supporter sans révolte. Elle erre dans les couloirs ; nos corps à peine se frôlent. Depuis longtemps, tout a été dit entre nous, sans paroles. Nous attendons seulement que le temps passe.

    Le virus du covid-19 est venu de l’Orient. Au début, cela semblait une plaisanterie de bazar chinois bon marché, un de ces « tout à cent » exotiques, bien trop lointains pour troubler notre quotidien. Des histoires de sauvages mangeant des animaux vivants dans des marchés d’abats : quelque chose de primitif, me suis-je dit avec une stupide certitude occidentale. Mais quelques jours plus tard, la radio parlait déjà de l’Italie — ma chère Italie. Étrange, le cœur battant de Rome s’arrête. Une mauvaise grippe passagère, pensai-je, qui gâcherait mes vacances de Pâques. Quelle déception ! Moi qui avais tant envie d’y retourner : flâner dans ses rues, boire un café sur la piazza Navona, écouter mon souffle haletant dans l’ascension de la Trinità dei Monti, et contempler, rêveur, avec mes enfants, les ruines des forums impériaux.

    À Madrid, les rues bondées, les terrasses bruissant déjà d’un air d’été en plein hiver dérangé par le changement climatique. Que pouvait-il bien nous arriver ? Le président nous rassura : tout allait bien. Ironie du sort — j’ai encore en main un verre de vin que j’hésite à porter à mes lèvres — deux jours plus tard à peine, la tête du gouvernement, grave et solennelle, décréta l’état d’urgence et le confinement national. C’était une guerre. Un combat inégal contre un ennemi invisible. Fini de rire avec le coronavirus.

    En quelques jours — quelques heures interminables — le monde s’efface. Le souffle funèbre s’étend, vaste comme l’œil d’un ouragan ; la panique court comme un vent glacé. Les entreprises ferment, les commerces baissent leurs rideaux, les transports se taisent. Dans les artères de la ville, seules résonnent les sirènes affolées des ambulances, filant comme des étoiles vers des hôpitaux débordés. Même les fantômes, masques sur le visage et gants de latex aux mains, ont disparu des trottoirs. Le seul son, hormis la pluie contre la fenêtre, c’est le tumulte collectif des applaudissements à huit heures. Oui, ces beaux applaudissements — un réconfort partagé entre voisins, offert aux soignants en première ligne. Mais, en vérité, ils dissimulent la peur. Nous sortons pour vérifier que nous sommes encore vivants, pour nous encourager, pour nous consoler les uns les autres.

    Je me lave les mains au savon et au désinfectant une dizaine de fois par jour. Je ne me plains pas. Je suis un mouton obéissant et responsable. J’ajoute mon infime grain de sable à la grande machine du pouvoir. Que pourrais-je faire d’autre ? Peut-être sortir de mon confinement et me porter volontaire à la Croix-Rouge. Oui, je crois que je le pourrais, aider ces héros immenses qui luttent contre l’épuisement dans les lits d’hôpitaux, soulager les malades condamnés — des canons sans balles dans une croisade impitoyable. Ce serait un jour nouveau, je respirerais mieux, utile, enfin, pour les autres.

    Mais je n’en ai pas la trempe. Il me manque le courage. Si je l’avais, je ne serais pas ici, à tourner en rond dans ma tête comme une toupie, relisant sans fin le même livre : celui de la fin de ma vie conjugale. Une mort annoncée, saison après saison, maintenue par des épingles qui tombent au premier souffle d’un autre virus — celui que nous avons incubé pendant une décennie, et qui, après une brève trêve de Noël, est revenu éclore aux premiers jours du confinement. Nous n’attendons plus, ma femme et moi, que la fin, les mains dans le dos, jusqu’à ce que la porte du confinement s’ouvre.

    Je continue de me laver les mains au savon et au désinfectant, mais les taches demeurent — noires, incrustées dans l’âme, dans la résignation de ma solitude.

    À cet instant, la pluie cesse. L’après-midi reste grise. Les feux des carrefours poursuivent leur ballet de couleurs, somnambules, comme s’ils ignoraient ce qui se passe. Il n’y a ni voitures, ni passants. Rien, dans cette rue morte, comme dans ces villes de western où roule une boule d’herbe sèche au vent du désert. Et pourtant, nous sommes encore là, enfermés chez nous, regardant les rues mouillées d’un gris après-midi de printemps.

    II

    ––––––––

    Il

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