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Ecoute le vent quand il va tomber
Ecoute le vent quand il va tomber
Ecoute le vent quand il va tomber
Livre électronique116 pages1 heure

Ecoute le vent quand il va tomber

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À propos de ce livre électronique

Dans les ruelles délavées de Bucarest, un homme marche, tombe, se relève, écrit, s'efface. Il s'appelle Adam, mais il pourrait s'appeler autrement, car ce qu'il incarne, c'est le murmure universel de ceux qu'on ne voit pas, de ceux qui ont raté le monde. Écoute le vent quand il va tomber est moins un roman qu'un long soupir jeté sur la ville, une élégie en prose portée par une langue charnelle et blessée.

Adam écrit pour les autres. Des lettres d'amour, des mots de rupture, des récits d'adieu. Il vend l'illusion de l'émotion à des anonymes qui en ont perdu la recette. Jusqu'au jour où un certain Sorin Ionescu vient frapper à sa porte. Sorin est un homme seul, amoureux d'un mirage, venu chercher chez Adam les mots qui pourraient, peut-être, le faire exister. Cette demande, presque absurde, va faire dérailler le quotidien d'Adam et l'obliger à replonger dans sa propre détresse.

Car ce roman, sous ses dehors de petite histoire, touche à l'essentiel : que reste-t-il de nous quand les mots ne suffisent plus ? Quand la solitude s'installe comme une moisissure lente ? Quand même l'écriture, dernier recours des naufragés, semble trop lourde à porter ?

LangueFrançais
ÉditeurLéo Honoré Rivière Kanonga
Date de sortie15 juin 2025
ISBN9798231043880
Ecoute le vent quand il va tomber

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    Aperçu du livre

    Ecoute le vent quand il va tomber - Léo Honoré Rivière Kanonga

    LEO.H.R. KANONGA CHEZ LA COLLECTION RIVIERE

    Les soirs de pleine lune - 2021

    Le poids des regrets - 2023

    La Tragédie – 2025

    LEO H. RIVIERE

    KANONGA

    Ecoute le vent quand il va tomber

    Histoire de fiction

    COLLECTION RIVIERE

    REP.DEM. CONGO | ROUMANIE | RUSSIE

    ––––––––

    Ce livre paraît dans la Collection Rivière, dirigée par les Éditions Rivières, dédiée à une littérature de l’intime et de la mémoire

    Copyright © Leo. H. R. Kanonga, 2025

    « Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinés à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayant cause, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivant du code de la propriété intellectuelle »

    https://liinks.co/leorivierekanonga

    Contenu

    Ecoute le vent          1

    Sorin Ionescu    52

    Ecoute le vent

    SOUVERNIS D’UN REVE OUBLIE

    ... L’homme est malheureux

    Parce qu’il ne sait pas qu’il est

    Heureux ...

    —  Fiodor Dostoïevski

    ––––––––

    QUAND LE VENT SE LEVE

    Dans la pâleur hésitante d’un matin de Bucarest, je courais. Pas comme on court pour vivre, non. Plutôt comme on court parce qu’il n’y a plus d’autre choix. Le cœur cognait fort, comme un tambour qu’on aurait oublié d’arrêter, un battement funèbre qui résonnait dans la poitrine, tandis que je glissais pieds nus sur le parquet glacé, une cravate tordue autour du cou, à moitié avalée par la chemise froissée. C’était toujours ainsi, dans ce studio exigu du secteur 6, entre la fuite et l’effort, entre les dettes et les devoirs. Le souffle court, j’arpentais ma petite prison, et chaque pas me rappelait que tout devait être fait, tout, mais sans bruit, sans plainte, comme si l’univers lui-même conspirait contre mon existence.

    Dehors, derrière les vitres grandes et grises, le jour commençait à percer. Il rampait lentement dans la pièce comme un invité timide, une lumière dorée mais lointaine, presque honteuse d’exister. Je soufflai, presque pour moi :

    « Ah, la lampe... allume-la, vite. Murmurais-je en toute hâte, le temps pressant. Mais je m’arrêtai aussitôt, comme un pantin qu’on aurait brusquement privé de ficelles. Je me souvins. « Non, non. Les charges. Il y a les charges, et le loyer. Toujours le loyer. »

    Alors, comme chaque matin, on les rideaux. Et puis on ouvre les fenêtres, parce qu’il faut aérer tout cela, chasser l’odeur de la veille. À Bucarest, c’est ce qu’on fait. On laisse entrer le soleil parce qu’il est gratuit. Et tant qu’on ne paye pas pour respirer, on respire.

    Je me remettais en mouvement, mes lunettes fêlées dansant sur mon nez, ma main tirant machinalement sur le tissu de ma chemise, à la recherche d’un soupçon de fraîcheur. Je me penchai, reniflai. Deux jours sans douche. L’eau aussi, ça coûte. Et puis, ça s’entasse vite, les chiffres sur les factures, comme les poussières dans les coins de la pièce. Alors, comme souvent, je remplissais le petit bol en plastique bleu, celui qui servait à tout, et je me lavais le visage. Parfois aussi les aisselles, les pieds. Les parties stratégiques, comme je disais en riant tout seul, un rire sans écho.

    Dans le miroir fendu de la salle de bain, je vis ce visage que je connaissais trop. Fatigué. Noir et mat, devenu gris par endroits, comme si la lumière elle-même hésitait à s’y poser. Avec les énormes cernes sous mes yeux injectes de sang, mes pommettes défraichies et ma barbe mal rasée, on m’aurait sans difficulté confondu à un macchabé. Mais mes yeux... mes yeux tenaient encore. Ils avaient cette clarté tenace des gens qui espèrent sans trop savoir pourquoi. Et tant qu’ils brillaient, un peu, je me disais que je pouvais continuer.

    Mon studio, je l’avais divisé en deux royaumes. D’un côté, le lit, un matelas sans prétention, refuge de mes rêveries épuisées, flanqué d’une armoire blanche, devenue beige avec le temps. Tout s’écaillait. Les murs perdaient leur peau. Et pourtant, dans ce coin, je dormais. Je rêvais. Je survivais.

    De l’autre côté, le bureau, sévère comme un juge. Une bibliothèque haute comme mes ambitions passées. Des livres par centaines, les mots des autres empilés comme des briques pour soutenir ma propre pensée. Tous ces écrivains qui, comme moi, avaient cru qu’on pouvait changer le monde avec de l’encre.

    Chaque matin, j’enfilais le même costume : celui de mes vingt ans, celui de la remise de diplôme. Il ne m’allait plus très bien, mais c’était le seul qui ne parlait pas de honte et de misère. Ma sacoche en cuir râpé sur l’épaule, je partais, comme un acteur fatigué qui retourne jouer la même scène.

    Et en moi, toujours cette impression lancinante, cette certitude muette : malgré l’effort, malgré l’ordre, malgré l’endurance, j’étais coincé. Prisonnier d’une vie qui m’échappait dès que je croyais la tenir, d’un destin en gris qu’aucune lumière ne viendrait colorer.

    Je traversai la pièce lentement, comme on traverse un souvenir que l’on n’a jamais su abandonner. Les pas étaient lourds mais silencieux, portés par l’habitude plus que par la volonté. Là, dans le coin le plus écorché de mon petit monde, m’attendait mon bureau. Une chaise de métal, grinçante comme une vieille gorge qu’on aurait trop sollicitée, m’accueillit sans chaleur. Son dossier courbé semblait murmurer, sans fin, la dureté des années passées.

    Sur la table, des papiers. Des feuilles griffonnées à la hâte, l’encre bavée par la sueur de mes mains. Mes pensées y étaient jetées comme on jette des cailloux dans un puits sans fond, avec l’espoir vain qu’un jour, quelque chose remonterait. Idées mortes-nées, promesses à moi-même que je n’avais jamais tenues, et au milieu de tout cela, des traces de ce que je croyais être de l’espérance. Un reste, peut-être.

    Quand l’ennui me rongeait plus que de coutume, je me mettais à réfléchir à ce rituel. Tous les matins, depuis trois ans. Pourquoi ? Pour qui ? Je l’ignorais. Mais ce que je savais, c’était que si jamais je cessais ce manège, ce théâtre vide, la réalité viendrait, nue et hurlante, et je n’aurais plus d’endroit où me cacher. Alors je chassais ces pensées sombres d’un revers de souffle, et je laissais le vide reprendre sa place. Un vide calme. Comme celui qu’on trouve dans les églises abandonnées.

    Je venais à peine de livrer mon dernier client. Un garçon, tout jeune, qui disait venir de Braşov. Il avait ce regard... ce regard que portent ceux qui croient déjà tout savoir. Ça me fit sourire, doucement, comme on sourit devant un reflet qu’on ne reconnaît plus. Moi aussi, jadis, j’avais regardé le monde avec cet air. Et le monde m’avait répondu par le mépris.

    Il était midi pile quand la sonnette retentit. Ce bruit... ce vacarme qui mord les tympans et les nerfs. Il me forçait toujours à me lever plus vite que je ne l’aurais voulu, à éteindre cette mélodie de malheur qui annonçait chaque fois une rencontre de plus, un masque de plus à endosser.

    Le garçon était là. Devant la porte. Deux écouteurs enfoncés dans ses oreilles, comme deux petits parasites électroniques qui lui murmuraient des choses que je ne comprendrais jamais. Il portait un blouson de cuir, un pantalon bien trop large, et ces chaussures... Ces chaussures qui semblaient vouloir rire de moi à chaque pas. Il avait un sac pendu mollement à l’épaule, et une cigarette au coin des lèvres, symbole dérisoire d’une révolte toute faite. Une révolte achetée, empaquetée, offerte à cette génération perdue.

    Je le fixai, en silence. Ses

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