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Mon Monde A Besoin De Toi, Seigneur !
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Livre électronique396 pages5 heures

Mon Monde A Besoin De Toi, Seigneur !

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À propos de ce livre électronique

Éric, un inspecteur de police peu performant, se retrouve plongé dans la vie chrétienne sans réellement le vouloir ni le comprendre. Mais lorsqu'il décide de saisir son nouveau chemin, il découvre, à travers certains événements de sa vie, la complexité des choses liées à la marche avec Dieu.

 

 

 


 


 

LangueFrançais
ÉditeurJaffar Billy
Date de sortie8 avr. 2025
ISBN9798230574446
Mon Monde A Besoin De Toi, Seigneur !
Auteur

Jaffar Billy

Jaffar Billy is a young Christian author who has recently published his debut Christian novel, My World Needs You, Lord! Part 1. With a new passion for faith-based storytelling, Jaffar crafts narratives that reflect the devotion and spiritual journeys of Christians. He writes stories to help readers learn about God's kingdom while enjoying a good read. Outside of writing, Jaffar enjoys reading, attending church studies, and spending quality time with his brothers and sisters in Christ. He invites readers to share their thoughts and leave reviews to help him grow as a writer.

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    Aperçu du livre

    Mon Monde A Besoin De Toi, Seigneur ! - Jaffar Billy

    RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

    2024

    ​Préface

    Je m'appelle Jaffar Billy et j'ai eu l'honneur de participer à la rédaction de ce roman en tant qu'auteur. Ce projet a commencé il y a quatre ou cinq ans lorsque j'ai ressenti le besoin d'écrire un livre dans lequel je partagerais la parole de Dieu à travers l'histoire d'un personnage. Un jour, après avoir abandonné la faculté de médecine en 2019, me voici là par terre, couché sur mon ventre en train de réfléchir à ce que je pouvais bien faire de ma vie et voilà qu'il me vint à l'idée de recommencer à écrire des livres, moi qui n'avais pas fait cela depuis des années. Je me résolus donc à écrire mon premier roman, mais qui n'était pas d'ordre chrétien. Mais, venu de nulle part, je me souvins avoir dit ceci avant de commencer le livre : Seigneur, quand j'aurai fini d'écrire ce livre, je n'écrirai que des romans évangéliques.

    Ce n'est qu'en 2022, suite à certains événements survenus dans ma vie, que je réalisai que cette promesse que j'avais faite comme si de rien n'était était devenue un fardeau dont je ne pourrais me débarrasser que si j'écrivais un roman à caractère chrétien. De là, naquit ce livre Mon Monde a Besoin De Toi, Seigneur !

    L'objectif de ce roman, à travers certaines prédications, études et conversations entre les personnages, est d'éclairer certaines personnes sur quelques points encore flous de leur vie chrétienne. Bien entendu, je ne prétends pas dire que ce livre est l'éclaircissement ultime, car seule la présence de Dieu peut l'être.

    Le roman est divisé en 23 chapitres, où presque chacun aborde un point de la vie chrétienne. À travers ces chapitres, j’ai tenu à souligner la confusion que certains nouveaux convertis ont sur les choses de Dieu. Par exemple, les chapitres 4 et 5 explorent la communion fraternelle comme étant une valeur sûre de la marche avec Christ, ou encore le chapitre 11 sur le fait d'identifier la voix de Dieu et celle du Malin. Je fais fièrement remarquer que les thèmes contenus dans ces 3 chapitres sont essentiellement tirés de certaines études bibliques traitées par mon cher pasteur, le pasteur David Chancy. J'avais voulu demander son aide pour cet ouvrage, mais finalement, je ne l'ai pas fait.

    Dieu a permis que je puisse mettre un point final à ce livre après des années de doute, voilà pourquoi je tiens à le remercier parce qu’il m’a permis de faire quelque chose pour son royaume. Mon pasteur a cette habitude de dire qu’il est inconcevable de se dire chrétien sans avoir un travail, aussi petit soit-il, que l’on fasse pour Dieu. La réalisation de ce livre fut donc mon travail pour le royaume de Dieu, aussi petit soit-il à mes yeux.

    En conclusion, sachant pertinemment en tant qu'auteur novice que ce roman manquera de beaucoup, je vous invite quand même à y plonger  avec l'espoir que vous en tirerez quelque chose d'utile à votre foi et un encouragement dans votre marche avec Dieu. J'ai mis mon cœur et mon âme dans cet ouvrage, donc il est normal de ma part de souhaiter qu'il vous apporte autant de bénédictions et d'inspiration à vous qu'à moi-même.

    Que Dieu vous bénisse et bonne lecture,

    Jaffar Billy

    ​1.

    Les pieds et les mains croisés dans le costume gris que j'ai acheté la veille avec deux mois de salaire, je regarde cet homme partager ses témoignages, je pense que ça s'appelle comme ça. Il raconte comment Dieu l'a délivré de ci, comment Dieu l'a délivré de ça. Tout le monde réagit en disant amen, et moi, je suis le courant. Pourquoi pas d'ailleurs. Logan, assis près de moi avec un regard curieux, me montre la montre en or que porte cet homme. Je fais signe d'ignorance. Je sais que cela pouvait dire beaucoup ou ne rien dire du tout venant de sa part. Je fais mine de ne pas l’entendre une seconde fois parce que je sens que ça attire l’attention des gens assis près de nous.

    « Sa montre a dû lui coûter vraiment cher, me chuchote Logan. J’ai entendu dire qu’il était diacre. Tu crois qu’il l’a payée avec l'argent de l'église ? Sans doute.

    — Moi, je ne vois que ton esprit mal tourné ici, lui chuchoté-je en retour. Dieu sait bien récompenser ses serviteurs, le sais-tu ? Très gracieusement parfois. Ah... le voilà qui le dit maintenant. »

    Le savais-je, moi, ce que je venais de lui dire ? Je ne faisais que répéter ce que j’avais entendu par-ci, par-là. Ce n'était pas comme si j'avais déjà consciemment expérimenté ce que je crois comprendre comme étant la bénédiction de Dieu dans ma vie, non plus. Je sais juste que si je respire, c’est à cause de Lui, enfin le truc en gros quoi.

    L'église se termine enfin. J'aimais bien la louange, la prédication, bien que je n’y aie pas vraiment prêté attention, mais je préférais largement le silence de la fin. Je me lève de mon siège, salue deux ou trois soi-disant confrères avec un sourire forcé pour ne pas trop paraître différent, et traîne mon collègue dehors car il commençait à passer en mode drague.

    « Tu as une de ces manières de me couper l'appétit ! grogne-t-il.

    — Il fallait que ça soit ici même ? Va chasser ailleurs.

    — J'aurais pu au moins... ah... laisse tomber. On se voit au poste demain matin. »

    Il me salue d'un signe de la main et traverse la rue pour disparaître dans la foule qui sort en même temps que lui. Je l'aime beaucoup, Logan, mais je ne devais absolument pas le laisser se faire une mauvaise réputation à cette église et m'y associer avec. Je ne me sentais pas vraiment à l'aise dans cette église, mais je venais quand même. Et puis bon... le dimanche, où passer la matinée, je n'y pensais plus.

    La cloche d'en face sonne une heure, et mon ventre me rappelle que je n'ai rien pris ce matin avant de venir. Ma maison se trouve à quelques kilomètres de l’église et, sachant que la majeure partie des épiceries près de chez moi sont fermées le dimanche, je profite de l’occasion que Logan soit parti sans moi pour m’acheter quelque chose à l’épicerie d’en face. Une église juste devant une épicerie... woaw.

    Superbe décoration à l’extérieur. J'y entre et y trouve la fille du propriétaire au comptoir. Elle sourit, je souris. Je passe les rayons en coin de l'œil pour trouver un truc qui correspond au montant exact que j'avais en poche.

    Des pâtes ? Allons-y pour les pâtes. Je prends un sachet de pâtes et me rends au comptoir.

    « Des pâtes un dimanche après-midi ? me demande la fille du propriétaire.

    — Techniquement, il n'y a pas un jour précis pour manger des pâtes, Anna, je lui réponds.

    — Exact... Comment te portes-tu, Éric ?

    — Eh bien... comme tu le vois, Anna. Écoute, je sais que ton père est le maire et tout, mais ouvrir une épicerie devant une église ?

    — J'ai longtemps cessé de le comprendre moi-même ! En passant, on fait la fête ce soir à la mairie, tu peux venir si tu veux.

    — Certainement pas ! Je viens tout juste de l’église. Alors aller faire la fête...

    — C'est bon. J'ai compris. Tu aurais pu dire non tout simplement, me sourit-elle en me donnant mon achat.»

    Ce n'était pas à cause de ça que je ne voulais pas faire la fête, loin de là. D’ailleurs, j’aimerais bien me descendre deux ou trois bouteilles bien au calme, mais ces derniers temps j'aime juste mon calme, juste mon petit espace, juste mon argent. En plus, je me suis déclaré introverti depuis deux semaines en grande partie à cause de mon argent.

    Je hoche la tête et sors d’un air sérieux. Dehors, je me retourne et lui demande de passer le bonjour à ses amis de ma part. Elle acquiesce et me sourit pour la troisième fois en dix minutes.

    Ah, quelle beauté, cette Anna ! Je vois rarement des jeunes femmes aussi belles dans le coin. Je lui demanderais sa main sur-le-champ même si elle le voulait ! Mais non, j'aime mon... espace.

    Mon ventre me signale encore une fois son vide. Pas d’argent pour le taxi, je prends la route à pied jusqu’à chez moi. Deux minutes après avoir pénétré dans l’appartement, je me cherche une casserole propre parmi les sales et me fais des pâtes bien délicieuses à manger.

    Et une fois mon ventre plein, je me jette sur mon lit et commence à penser à mon appartement. Ce dimanche marque le sixième jour depuis que je me suis installé ici. Mon ancien appartement se trouvait dans le même quartier, mais je ne pouvais pas supporter que les voisins d'en bas me réveillent en plein milieu de la nuit avec leur musique bruyante. J’ai mille fois voulu user de mon droit en tant qu’officier de justice, mais à quoi bon. Mes collègues bénéficient de plein de choses dans leur vie quotidienne juste en montrant leurs badges, mais moi, cela ne m’intéresse pas trop.

    Ah ! En parlant de musique, il est intéressant de noter que je ne trouve pas la musique de mes anciens voisins plus ennuyeuse que celle de cette église. Ces dernières sont bonnes, je veux bien l’admettre, mais je les trouve trop lentes et trop répétitives à mon goût, sûrement beaucoup trop anciennes. Elles parlent toutes de Dieu mais de manière différente. Hmm, voilà bien une autre chose intéressante quand même. Ces gens ont l’air de ressentir quelque chose en chantant de telles chansons. Qui voudrait être comme eux ? Pas moi en tout cas.

    Je me lève et me dégourdis les jambes entre les cartons que je n’ai pas encore ouverts. Je vis seul alors, pas de quoi me stresser la tête. Que je déballe ces maudits cartons aujourd’hui ou dans quelques mois, cela ne changera rien.

    Mon appartement a une vue sur celui d’en face et je déteste ça, je déteste le fait que cet immeuble soit si proche d’un autre. La plupart du temps, je dois fermer les rideaux pour éviter de voir le spectacle médiocre que m’offre le voisin d’en face à chaque fois qu’il est bourré. Je connais bien ma bouteille mais je ne me suis jamais retrouvé dans cet état. Je me suis procuré des rideaux dès mon deuxième jour ici, à cause de cet idiot. Ce bonhomme a sérieusement besoin de deux ou trois séances à... l’église... Je ne sais pas pourquoi je pense cela mais bon... je n’ai pas le temps pour ces réflexions personnelles maintenant.

    C’est dimanche, et j’aimerais bien me reposer après avoir bien rempli mon ventre, mais je dois travailler cet après-midi si je ne veux pas perdre mon boulot. Je me dirige vers le mètre carré qui me sert de bureau et m’assois sur la chaise que j’ai oublié de dépoussiérer. Sous une pile de dossiers, j’en tire celui sur lequel est écrit le nom de «Evelyn Avreuil Astrate».

    J’ouvre le dossier et commence à lire :

    « Dans la nuit du 25 au 26 février 2019, suite à un appel anonyme du voisinage informant les autorités que des cris et des supplications se faisaient lourdement entendre dans une des maisons du quartier, la police s’est rendue au domicile de la famille Astrate. L’officier James McSabott, arme en main, pénétra dans la maison par la porte d’entrée qu’il avait trouvée ouverte dès son arrivée. Suivi de son subordonné, il se dirigea vers la première pièce à sa vue dans laquelle ils trouvèrent au sol trois membres de la famille Astrate : le père, le fils et la fille, baignant dans leur sang, et le quatrième membre de la famille, la mère, avec un couteau en main. Les officiers lui demandèrent de poser doucement le couteau et d...»

    MIIIIIAAAAAAAAAAAOU.

    « Seigneur ! Encore ce chat ! Attends que je t’attrape un jour ! »

    Ce chat s’est introduit dans mon appartement pour la deuxième fois aujourd'hui et, pour la deuxième fois, je suis parti le chasser, mais il avait encore disparu. Où peut-il bien se cacher dans un appartement si fermé ? Je commence sérieusement à me poser des questions sur ce loyer si peu cher.

    Enfin bref, je ne lis pas la fin du dossier, car il est sensiblement identique à des centaines d'autres. C’est clair qu’elle a tué sa famille, et dès qu’on aura retrouvé ses empreintes sur le lieu du crime, si ce n’est pas déjà fait, elle en prendra pour près de 30 ans, pour ne pas dire à perpétuité. L’affaire est claire, nette, simple, alors je ne vois pas pourquoi je devrais interroger cette femme demain. J’espère qu’elle avouera rapidement et que l’affaire sera classée sans trop de complications, parce que plus elle résistera, plus j’aurai du travail, et je ne veux pas ça.

    Je passe encore deux à quatre heures sur d’autres dossiers plus intéressants que celui-là. À un moment donné, mes yeux réclament du sommeil. J’en ai encore pour quelques heures, mais je cède. Je perds mon temps à lire ces dossiers non résolus en sachant pertinemment qui finira par les résoudre au poste. Windsar !

    Je me dirige vers mon lit, m’y laisse tomber et respire l’odeur fraîche des draps neufs. Je me retourne, fixe le plafond et me demande si je dois prier ou pas... Je fais signe que non et me retourne pour enfin dormir.

    ​2.

    Ce matin, je n'ai pas envie de me réveiller. Ce matin, comme tous les autres d'ailleurs. Tous les jours se suivent et se ressemblent pour moi. Que des copier-coller. Une sensation de déjà-vu excessive.

    Je regarde le plafond comme si c'était la première fois et me demande si je dois prier... mais bon, pas besoin. Je ne sais pas pourquoi c'est la première chose qui me vient à l’esprit. Sans doute parce que je vois et entends les autres le faire à l’église. Mais, bon... ils disent que Dieu sait ce dont nous avons besoin avant même que nous ne Le demandions, alors à quoi bon ? Si c'est vrai, Il saurait que j'ai besoin que la journée passe vite pour que je puisse rentrer me reposer et... De toute façon, qui dit qu’Il écouterait une prière de ma part ? Je parie que cet homme qui priait également pour la fermeture hier, lui si.

    Je me rends à la cuisine et regrette instantanément de ne pas avoir laissé un peu de pâtes la veille pour le petit déjeuner de ce matin. Ah, il me reste un peu d'avoine et de lait, cela suffira même si je suis allergique au lactose. D'ailleurs, je ne comprends même pas pourquoi j’achète toujours du lait. Je me dépêche de manger, prends un bain rapide, enfile le premier vêtement à portée de main dans un carton, prends un peu d'argent pour le taxi et le déjeuner, et je sors de l'appartement.

    Dans les escaliers, je rencontre enfin la propriétaire de l’immeuble. C’est une vieille dame qui paraît saine d’esprit, mais que je n’aime pas trop. Pourquoi ? Ces affreuses affiches sur tous les murs de l’immeuble. On a compris que vous êtes le proprio, madame ! Pas besoin de mettre des affiches partout avec votre tête et l’inscription Retenez bien que c’est moi qui suis le propriétaire. Elle envoie un message à quelqu'un et m’ennuie par la même occasion. Elle vient vers moi, me salue cordialement, et je fais de même avec un sourire des plus hypocrites.

    « Vous n'êtes ici que depuis quelques jours, mais je sens que je vous connais depuis longtemps, mon beau jeune homme », me sort-elle de nulle part.

    — Ah, j'aurais aimé que ce ne soit pas le cas », lui réponds-je sèchement avant de passer la porte de sortie du bâtiment.

    On m'a parlé de cette vieille dame avant d'emménager ici, et le mot qui revenait toujours c'était pesante. Trois divorces et sept enfants qui ont coupé toute relation avec elle pour la même raison. La seule chose positive que j'ai entendue à son sujet, c'est qu'elle s'occupait bien de son chat, mieux qu'elle-même.

    Dehors, j’arrête un taxi qui passe. Ce dernier s'arrête si brusquement dans une flaque d'eau stagnante que j'ai failli perdre ma fraîcheur du matin. Je monte dans le taxi avec mécontentement pour faire comprendre au chauffeur sa mauvaise action, mais ce dernier s'excuse dès que je m’assieds sur ses sièges démodés.

    « Ce n'est pas grave », lui dis-je pour montrer ma bonne grâce.

    — Oh mais je vous reconnais », s'exclame le chauffeur. Je vous ai vu hier pendant le service à l'Église du centre ! Ah... Je ne sais pas trop où je vous ai vu autre qu’hier. »

    Oh non. Ce trajet, bien que très court, s’annonce bien long s’il se décide à beaucoup parler. Je lui adresse un sourire de bienséance et je tourne vite ma tête vers la fenêtre pour éviter toute conversation à venir. Quoi de plus honteux que de rencontrer quelqu’un qui vous reconnaît d’un endroit où vous êtes censé ne pas trop paraître ?

    « Cela fait plaisir de voir un visage familier en taxi, n’est-ce pas ? me demande-t-il.

    — N’est ce pas, fais-je avec une petite grimace qui passe inaperçue.

    — Et vous fréquentez notre église depuis longtemps ?

    — Depuis... trois dimanches, effectivement.

    — Et vos premières impressions ?

    Je quitte la route des yeux pour croiser son regard dans le rétroviseur, voulant qu’il voie que j’étais mal à l’aise, mais plus je le regarde, plus son sourire, que je trouve douteux, exigeait de moi une réponse.

    « Mes premières impressions ? euh... eh bien. Fascinante petite assemblée, beaucoup trop bruyante à mon goût...

    — Bruyante ? Ha Ha ! Êtes-vous nouveau dans la foi, mon cher ami ? »

    Je ne comprenais pas sa question et pour masquer mon incompréhension, je profite du fait qu’il m’ait coupé la parole pour froncer les sourcils, espérant terminer vite cette conversation. Il a compris mon silence et s'est tu pour le reste du trajet.

    Enfin arrivé à destination, je lui donne l'argent et m'apprête à descendre lorsqu’il se retourne pour me dire qu’il était désolé s’il avait en quelque sorte rendu mon trajet pénible. Je lui souris en guise d’acquiescement et j’ouvre la porte. Mais au moment de mettre mon pied gauche dehors, je m’arrête. Je le regarde attendre que je descende, je regarde ma montre et vois qu’il me reste au moins quinze bonnes minutes.

    Je rentre dans un conflit incertain avec moi-même, plus que le jour où j’avais à choisir entre entrer à l’académie de police ou partir à l’étranger illégalement. Rester dans la voiture et continuer une conversation que je trouve gênante, ou descendre et m’éloigner de cette conversation.

    Je remets mes pieds dans la voiture, à la surprise du conducteur.

    « Faites donc le tour du quartier », lui dis-je en lui tendant mon argent pour le déjeuner.

    Aux oubliettes, le déjeuner ! Cet homme avait marqué sur son visage des choses que je devais peut-être savoir. Alors qu’il soit étonné de mon action spontanée ou non, l’essentiel était qu’il démarre ce taxi avant qu’un de mes collègues ne me reconnaisse et me fasse descendre pour blablater. J’attends qu’il fasse deux ou trois mètres avant de répondre à la question que son visage me pose à travers le rétroviseur. À savoir : Que se passe-t-il avec cet homme ?

    « Nou... nouveau dans la foi ? lui demandé-je avec hésitation.

    — Pardon ? s'exclame-t-il en me regardant à travers le miroir, avant de sourire un peu. Eh bien, mon cher client, un nouveau dans la foi est quelqu'un qui vient à peine de se convertir.

    — À peine converti à quoi ?

    — À l’Évangile du Christ ou au christianisme, si vous préférez. Un nouveau dans la foi est quelqu'un qui fait ses premiers pas dans la chrétienté, quelqu'un de fragile et qui doit se tenir ferme et être soutenu pour ne pas tomber rapidement.

    — Oh ! Mais je ne pense pas être si fragile pour que vous me preniez pour un nouveau dans la foi !

    — Non, si le mot fragile vous gêne, sachez que ce n'est nullement une mauvaise chose. Cela signifie simplement que vous êtes encore fébrile aux choses de Dieu puisque tout cela est nouveau pour vous.

    Fébrile aux choses de Dieu ? Je sentis le besoin de me retirer de la catégorie dans laquelle il me plaçait. S’il y a bien une chose que je n’aime pas, c’est que l’on me catégorise à tort et à travers.

    — Rassurez-vous, je ne suis point de ceux-là, lui dis-je d’un ton majestueux. Comme je vous l’ai dit plus tôt, j’ai déjà visité votre église trois fois. Et dès la première fois, par pur hasard d’ailleurs, on m’a fait réciter une sorte de poème qui disait que j’acceptais Jésus-Christ et je...

    Il ralentit brusquement la voiture, manquant de peu de me faire frapper la tête contre le siège. Il se retourna rapidement vers moi et dit :

    — Réciter un poème, vous dites ? Ce dont vous parlez est sans doute la prière de conversion, pas un poème. Ce que vous avez répété, par hasard malheureusement, est l’une des plus belles et des plus puissantes phrases qui ait jamais existé ! Cette phrase change, elle transforme, elle sauve ! Et vous... vous ! Mmph. Qu'avez-vous ressenti après avoir fait cette déclaration ?

    — Aurais-je dû ressentir quelque chose ?

    — Ah... Je vois ! Et... lisez-vous votre Bible ou priez-vous au moins ?

    — Je n’en vois pas l’utilité !

    — Hum ! Et n'avez-vous aucune base biblique ? Du tout ?

    — J'ai fréquenté une école chrétienne pendant une année, répondis-je fièrement, alors le b-a-ba, que Dieu nous a tellement aimés qu’Il a donné Son fils unique pour nous... Mais, vous me semblez bien trop déconcerté à mon sujet, cela me trouble.

    — Jean 3:16 ? C'est déjà un début, aussi minime soit-il, murmura-t-il en se retournant pour reprendre la route. J'aurais aimé dire le contraire, mais ce serait vous mentir. Entre frères, nous devons veiller les uns sur les autres.

    Entre frères ? Veiller les uns sur les autres ? Quel choix de mots inconséquent pour une personne que l'on connaît à peine.

    Il ne dit plus un mot jusqu'à la fin du trajet, semblant réfléchir. Son bavardage m'agaçait, mais son silence m'agaçait encore plus. Mais lorsqu’il fut temps que je descende, il me dit :

    — Mon frère, je peine à croire que vous avez prononcé la prière de conversion en vain... maintenant que je me souviens être celui qui vous l’a fait répéter. Après tout, vous auriez pu descendre de la voiture dès la première fois, mais vous ne l’avez pas fait. Enfin bref, ne prenez pas ces quelques mots de conversion à la légère et faites en sorte de les activer dans votre vie aussi rapidement que possible. Sur ce... passez une excellente fin de journée et que Dieu vous bénisse.

    Je le regardai s’éloigner de ma position en réfléchissant à ce qu’il venait de me dire. Il m’avait fait répéter quoi ? Il s’était tu pendant le reste du trajet pour ensuite me sortir ces paroles. Il me laissa là dans la confusion totale. Je ne comprenais pas un mot mais je...

    — Hé mec, tu viens à la fin ? hurla quelqu’un au loin.

    Je me tournai pour voir qui c'était. Logan, bien évidemment. Je lui fis signe que j’arrivais, puis je secouai la tête pour me débarrasser des paroles de cet homme. Je n’avais pas besoin de penser à ces choses en plus de mon boulot.

    ​3.

    Deux heures sont passées depuis mon étrange conversation avec le chauffeur de taxi de ce matin. J’ai ce café bien chaud en main qui semble être succulent, mais je n’y fais pas attention, car si mon corps est bien là, mon esprit, lui, est bien loin. Je ne cesse de penser à ce que cet homme m’avait dit. Je voulais ne pas y donner l’esprit pendant le boulot, mais c’est impossible. Je n’y pense pas vraiment parce que cela me fait quelque chose ou presque, non. Ce qui me trotte dans la tête, c’est que si je décide de me rendre à cette église dimanche prochain, ne verrai-je pas encore cet homme, ou ne me sentirais-je pas mal à l’aise en sa présence ?

    Et si d'autres comme lui me refaisaient le même discours ? Le simple fait de penser que quelqu’un puisse me reconnaître après un service et m’appeler pour me faire participer à une quelconque conversation que je ne voudrais pas, m’énerve déjà un peu trop. Depuis trois dimanches déjà, j’aime bien me la couler douce après leur service pour ne pas être dérangé d’une manière ou d’une autre.

    Activer les propos de conversion ? Cela veut dire quoi...

    « Inspecteur Salgarde ? » me dit un collègue en me secouant.

    Je lui réponds par un signe de la tête puis me secoue pour reprendre mes esprits. C’est ma faute d’avoir resté plus longtemps dans ce taxi. Maintenant que je suis perdu dans mes pensées, j’oublie complètement que je suis en pleine salle d’interrogation avec une suspecte et un collègue chargé de faire un rapport.

    Je présente mes excuses par courtoisie à eux deux et commence à m'adresser à la suspecte.

    « Evelyn Avreuil Astrate, 36 ans, professeur de maternelle, femme et mère des défunts. Hum... vous... vous paraissez plutôt calme pour quelqu’un qui a massacré toute sa famille...

    — Calme ? Eh bien... pourquoi ne le serais-je pas ? me demande la femme. Un temps pour chaque chose, et compte tenu de ma situation actuelle, c’est le temps d’être calme.

    — Hum... J’en ai vu qui sont tourmentés de regret après leurs actes, je lui réponds. Ça, je le trouve complètement normal, compte tenu de la conscience humaine et de son influence. Mais ceux qui restent calmes me tiennent en alerte. Trois morts, tous poignardés quatre fois, et vous avec l’arme du crime en main. Avec ces évidences, il sera facile pour le juge de vous expédier au fin fond d’une cellule pour les cinq décennies à venir. Aussi facile que cela puisse paraître, tant que vous continuerez à nier votre crime, la paperasse, c’est nous qui nous la coltinons...

    — Sans compter les heures supplémentaires, ajoute mon collègue.

    — Sans compter les heures supplémentaires, reprends-je. Faites-nous la faveur de nous éviter cela et tout nous avouer sur cette feuille qui repose devant vous depuis une bonne demi-heure. Aidez-la à remplir son devoir, voulez-vous ? »

    Je regarde cette femme avec des yeux à la fois suppliants et autoritaires, mais rien ne marche. J’ai en face de moi une armoire à glace. J’en vois une douzaine de ce genre toutes les deux mois, et cela ne cesse jamais de m’agacer.

    « Ne devriez-vous pas plutôt me demander pourquoi est-ce que j’ai fait cela pour commencer ? me demande-t-elle.

    — Oh, mais excusez-moi, ne devrions-nous pas ? fais-je à mon collègue de manière sarcastique. On vous pose toujours la même question à laquelle nous savons presque toujours la réponse.

    — Vous êtes bien colérique, cher inspecteur.

    — Hé oh, Madame ! fais-je en frappant ma main sur la table de manière à l’agiter mais sans réponse. Vous voulez des questions banales ? Soit...

    — Calme-toi, Éric, chuchote mon collègue. »

    Je le regarde de travers pour m’avoir interrompu, mais il a parfaitement raison. La colère m'est montée à la tête sans que je puisse m'en rendre compte. Ça arrive beaucoup trop souvent ces jours-ci. Je perds mon calme pour un rien. Devrais-je voir un psy ou je ne sais pas quoi ? Non, je fais un exercice de respiration pour me calmer et m’adresse de nouveau à elle.

    « Soit, reprends-je. Que faisiez-vous sur les lieux du crime avec l’arme du crime en main ? Facile comme question, non ?

    Une réponse douce calme la fureur, mais une parole dure excite la colère. C’est ce que dit le livre des Proverbes. Je me demande bien en quoi mes paroles vous mettent-elles en colère ? »

    Quoi ? Le livre des Proverbes ? Ce n’est pas dans la Bible, ça ? Elle se moque de moi ou je me fais des idées ? Une meurtrière qui me cite des versets. Une première, celle-là, une première.

    « Enfin bref, me sourit-elle. Ils étaient déjà morts quand je suis arrivée à la maison. Le couteau que j’avais en main ? Il se trouvait dans l’abdomen de mon mari, et le seul réflexe que j’eus sur le moment fut de le lui retirer à la surprise de la situation. Ce fut à ce même moment qu’apparurent les policiers et me demandèrent de le déposer. Voilà l’histoire en grosso modo.

    — Du... mari ? Oui. Quand je disais que poser des questions auxquelles les réponses étaient déjà toutes connues de nous était d’une banalité. Vous, Inspecteur Joffrey, cela remonte à quand depuis qu’un suspect nous a tout avoué sans passer par les quatre chemins ?

    — Pas plus tard que... l’année dernière, répond-t-il avec enthousiasme.

    — Vous voyez ? Et après, on demandera quel a été le motif de ce massacre ? Si vous aviez eu un complice ? Pourquoi n’avez-vous pas fui avant que la police n’arrive sur les lieux ? Vous allez nous donner des réponses que nous ne voulons pas entendre.

    — Mais moi j’ai une question pour vous, dit-elle. Pourriez-vous me répondre ?

    — Oh ! C’est donc comme ça ? Eh bien... allez-y.

    — Vous me

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