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Cartographie des fondrières
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Livre électronique57 pages30 minutes

Cartographie des fondrières

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À propos de ce livre électronique

"Cartographie des fondrières" est une collection de textes et de poèmes écrits sur une période de trente ans, fruits d’une inspiration imprévisible où chaque phrase est une station de méditation sur le chemin de la vie. Avec son style familier, l’auteur mêle lyrisme et humour en une trame où parfois le divin s’invite sans cérémonie.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Comédien amateur, Denis Lalande est passionné de théâtre et s’adonne assidûment au vélo sur les petites routes de campagne. Sa plume à la fois douce et comique tire son influence de l’humour et de l’imaginaire débordant de Henri Michaux, ainsi que du réalisme magique de Jorge Luis Borges.
LangueFrançais
ÉditeurLe Lys Bleu Éditions
Date de sortie2 sept. 2024
ISBN9791042241926
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    Aperçu du livre

    Cartographie des fondrières - Denis Lalande

    Marine

    J’ai été tortue marine, ou plutôt ai-je manqué l’être au terme d’innombrables tentatives : cent fois, j’ai brisé la mince coquille et me suis hissé, agrippant le sable roulant de mes pattes obstinées. J’ai connu l’éblouissement et le cri terrifiant des oiseaux et le souffle salé, l’appel irrépressible de l’océan. Cent fois, j’ai déboulé éperdument, aidé par la faible pente ; cent fois, l’obscurcissement soudain du ciel, l’étau fatal du bec qui cruellement me cueille et m’emporte vertigineusement, l’horizon immense entr’aperçu tandis que s’effondre ma carapace et que je suis rendu à la nuit sans nom. Bien sûr, j’ai été aussi l’oiseau qui guette sa proie et le ressac et les galets incessants. J’ai été la boue liminaire d’où tout vient et qui vient de nulle part, l’étoile filante parcourant les mondes à venir et d’autres déjà morts, glacis sans mémoire et continents surpeuplés. À une époque reculée, doté d’un appareil nerveux rudimentaire et d’une formidable mâchoire, j’ai été sacré roi ; à une autre, blotti au fond des océans, j’ai aspiré les émanations les plus secrètes de l’univers.

    Assis sur la falaise, j’observe la mer démontée, dont aucun sursaut ténu ou grandiose, passé ou futur, aucune gouttelette irisée ne m’est étrangère et les coups de boutoir en contrebas, c’est encore moi, obstinément. Sous moi, mon corps glabre et maladroit et, derrière mes yeux rougis, enchâssé dans sa misérable caverne des six plaques concaves sommairement soudées, le seul continent qui se dérobe sans cesse, seul véritable mystère de la création…

    Au gué

    Le franchissement du gué, métaphore attendue de toute épreuve humaine. Quant à moi, un mal sournois me guette : parvenu sur la dernière pierre, la rive proche cesse de m’apparaître délectable. Je m’attarde alors, le flot roulant à mes pieds et j’envie cette frénésie toute dans le même sens malgré obstacles et tourbillons. Le grondement répète inlassablement l’urgence du désir : s’annuler là-bas dans l’océan. Ah ! Me laisser glisser…

    Coureur cycliste plein d’entrain, je tente l’échappée glorieuse. À trois cents mètres de l’arrivée, les cris, les vivats, la double haie du public exultant à travers laquelle me faufiler… Mais cette affaire n’est plus la mienne. M’échapper de tout une bonne fois… Et la meute lancée à mes trousses m’engloutit.

    Sous le vent glacé, la houle s’apaise peu à peu, la mer prend une teinte laiteuse et se fige. Bientôt, je porterai mes pas

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