Les roses de Jéricho: Journal de voyage en Terre Sainte et en Syrie 5 juillet - 28 septembre 1936
Par Grigol Péradzé et Henryk Paprocki
()
À propos de ce livre électronique
Il a rédigé en polonais cette relation de voyage, publiée en partie dans différents périodiques à tirage confidentiel. Trois ans après son retour, le 1er septembre 1939, ce sera la guerre. Grigol Péradzé choisira de rester en Pologne pour ne pas abandonner ses amis. Arrêté en 1942, il sera emprisonné à Varsovie puis déporté à AuschwitzBirkenau
où il a pris sur lui la faute d’un autre et a fini, dans la chambre à gaz, le 6 décembre 1942.
Pour son aide héroïque aux persécutés pendant la guerre, pour son attitude d’amour et de miséricorde, il a été canonisé en 1995 par l’Église orthodoxe de Géorgie et l’Église orthodoxe de Pologne.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Grigol Péradzé - Né en 1899 en Géorgie, fils de prêtre, quand le jeune Grigol termine le séminaire, toutes les académies de théologie de Russie sont fermées. Envoyé par le patriarche Ambroise en Occident, il conquiert un doctorat en Allemagne et acquiert une sérieuse compétence d’orientaliste chrétien ; il fonde la paroisse orthodoxe géorgienne de Paris, il enseigne la théologie orthodoxe à l’Université de Varsovie où il est très aimé et apprécié. Arrêté par les nazis, déporté à Birkenau, il y meurt le 6 décembre 1942. Canonisé en 1995.
Lié à Les roses de Jéricho
Livres électroniques liés
La Jérusalem délivrée: Épopée de la Première Croisade entre héroïsme et passions Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe peuple juif au temps de la formation du Talmud: et le Judaïsme depuis la captivité de Babylone Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHomélie sur la Pâque Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationS'ils se taisent, les pierres crieront...: Trois mois en Palestine au service de la Paix Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDes Belges aventureux: Histoire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSainte Marie Skobtsova (1891-1945)): Moniale russe à Paris, martyre de Ravensbrück Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationChrétiens et juifs depuis Vatican II - Etat des lieux historique et théologique. Prospective eschatologique Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le goût de l'Évangile: Quelques questions que ma foi pose à mon Église Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVoyages et découvertes outre-mer au XIXe siècle Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Pèlerin enchanté - Aux confins du monde Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa part méconnue de l'Histoire: Séparation du judaïsme et du christianisme au 1er siècle Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJerusalem Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMontée: Leçon 19 - Persécution et Espérance Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHomélies Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Transformation de Jésus: Une évolution volontaire et contestée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Christianisme et la Révolution Française: Essai historique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire de la Réformation du seizième siècle, Tomes 3 et 4 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL. Pontius Pilatus: Carnets de Route de Césarée à Vienne — Bribes Retrouvées, Assemblées et Présentées par un Groupe d’Amateurs Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe voile de Madeleine: Les Chroniques de la Madeleine, #3 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes armées de Dieu Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Bretons: Considérations sur leur passé et leur situation présente Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes croisades en Terre sainte: Délivrer le tombeau du Christ Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSaint Paul, autobiographie 2020: A partir des textes bibliques et des souvenirs de l'apôtre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTraité sur la tolérance Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le Guide Du Leader Tome Ii Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire de L’Eglise Introduction élémentaire: Histoire de L’Eglise, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Églises et les Juifs (1933-1945) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Comte de Zinzendorf Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMissions catholiques et protestantes au Congo Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPhysiologie du jésuite: Essai humoristique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Christianisme pour vous
Les véritables secrets des psaumes Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Prières Puissantes Contre Les Activités De Satan: Prières De Minuit Pour Vaincre Totalement Les Attaques Sataniques Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Le Pouvoir De La Priere De Minuit Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5La Toute Première Bible Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes 12 types d'onctions repandues par Jacob Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Témoins de Jéhovah et Franc-Maçonnerie : l'enquête vérité: Inclus : l'histoire du nom Jéhovah Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMari de nuit femme de nuit: Un phenomene spirituel, aux consequences effectives Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le Sorcier Va Mourir Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les étapes menant à la Présence de Dieu Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Acceder & Dominer Dans le Monde Spirituel: Volume 1, #1 Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Illuminati-Les illuminés Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5950 Prières Qui Libèrent De L'Esprit Des Bénédictions Différées Et Retenues Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Appelez à l'Existence: Prières et Déclarations Prophétiques pour transformer votre vie Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Le Livre d'Hénoch: Un livre apocryphe de l'Ancien Testament attribué à Hénoch, arrière-grand-père de Noé Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Ma fille, tu peux y arriver Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Manuel de mémorisation de la Bible Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Votre Identité en Christ Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationComment analyser les gens : Introduction à l’analyse du langage corporel et les types de personnalité. Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCommandez Le Jour: Prières Matinales Puissantes Qui Prennent En Charge La Journée: 30 Dévotions Quotidiennes Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Prière Efficace: Chrétien Vie Série, #2 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationComment prier Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5L'exorcisme et la possession démoniaque Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5Le Mariage Modèle Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Jouir du Choix de ton Conjoint: Dieu, le Sexe et Toi, #2 Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Le Chemin de la Prière Victorieuse: Prier Avec Puissance, #1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLoyauté et déloyauté Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5
Avis sur Les roses de Jéricho
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Les roses de Jéricho - Grigol Péradzé
Saint Archimandrite Grégoire
– Grigol Péradzé –
martyr d’Auschwitz
Les Roses
de Jéricho
Journal de voyage en Terre Sainte et en Syrie
5 juillet - 28 septembre 1936
texte annoté par l’archiprêtre
Henryk Paprocki
Traduit du polonais
par Françoise Lhoest
Chronologie
Récit
C’est pendant les vacances de 1936 que j’ai eu enfin la possibilité de réaliser un vieux rêve : visiter la Terre Sainte. Ce pays, qui a été le témoin de la plus grande tragédie mais aussi des meilleures pages de l’histoire de toute l’humanité, m’attirait non seulement comme moine, mais comme spécialiste de l’histoire de la littérature chrétienne. Car la Palestine, et en particulier Bethléem où le Sauveur du monde a vu le jour comme un petit enfant, est aussi la patrie de la science que je représente. C’est là qu’en 392, saint Jérôme écrivit le premier ouvrage scientifique dans ce domaine. C’est dans ce pays qu’ont vécu les grands écrivains ecclésiastiques, et les fruits de leur travail sont devenus des références pour l’Église tout entière. De plus, ce pays m’intéressait aussi en tant que Géorgien. Car les liens entre la Géorgie et la Terre Sainte remontent aux temps les plus anciens et – comme le disent de belles et pieuses traditions – même au temps du Seigneur Jésus-Christ Lui-même. Le Christianisme est venu de Jérusalem en Géorgie et la pratique liturgique de l’Église de Jérusalem est la référence en Géorgie. Dès le
v
e siècle nous trouvons attestés des pèlerinages géorgiens et des monastères géorgiens en Terre Sainte.
La bibliothèque du patriarcat grec possède 162 manuscrits géorgiens¹ et dans les différents monastères de Palestine – comme le relatent les voyageurs en Terre Sainte – il reste encore de ces temps des documents géorgiens. Le voyage se justifiait donc au moins parce qu’il m’a donné la possibilité de voir, de photographier et d’étudier tout cela. Les temps, hélas, n’étaient guère paisibles, les conflits entre Arabes et Juifs ont mis des obstacles à mon travail, en particulier à mes déplacements, bien que j’aie eu la possibilité d’aller à peu près partout, mais il m’a fallu écourter mon séjour d’un mois, et passer en Syrie les trois dernières semaines, ce qui a eu une influence bénéfique sur mes travaux. Ces conflits rendaient l’atmosphère extrêmement intéressante. J’ai eu la possibilité et une raison de m’arrêter sur diverses questions qui, en temps de paix, ne me seraient jamais venues à l’idée.
Il en est toujours ainsi : dans le danger, l’homme révèle plus rapidement son vrai visage spirituel, il ouvre son cœur devant ceux en qui il a confiance ou de qui il attend de l’aide ou un soutien moral. Il est plus reconnaissant, mais il est parfois plus méfiant.
J’ai quitté Varsovie le lundi 29 juin. En chemin, je me suis arrêté à Kolomya², chez un lieutenant géorgien³ qui avait été mon condisciple au séminaire de Tbilissi et que je n’avais pas vu depuis probablement 18 ans. Le mercredi 1er juillet, j’ai embarqué sur le Polonia à destination d’Haïfa. Parmi les autres passagers, on comptait un groupe d’enseignants polonais qui devaient, en trois semaines, visiter la Palestine, la Syrie et l’Égypte, et bien sûr, la plupart des autres voyageaient à titre privé. Dans le train en revenant de Kolomya, j’ai fait la connaissance d’un monsieur qui m’a rendu d’insignes services : grâce à lui seul, j’ai pu m’orienter à Haïfa. Cet homme était un Juif, mais il cachait ses origines à tout le monde, et même à moi.
Le bateau était rempli d’émigrants juifs de divers pays, en particulier de Pologne, qui se rendaient en Palestine.
Dimanche 5 juillet
Notre bateau accoste à Haïfa. De très loin, on voit déjà le mont Carmel, où œuvra, entre autres, le prophète Élie, l’une des plus intéressantes figures de l’Ancien Testament.
Presque toute la montagne appartient aux moines catholiques du Carmel. Les orthodoxes possèdent, eux aussi, sur la montagne un beau monastère et un grand terrain. Il n’entrait pas dans mes plans de m’arrêter à Haïfa, car je souhaitais me rendre aussitôt à Jérusalem.
Dans le train de l’après-midi, il n’y avait que des Juifs, se rendant pour la plupart à Tel Aviv. C’est pourquoi le train était escorté de nombreux gardes armés en cas d’attaque et quand nous roulions entre les rochers, un avion survolait le convoi. Je ne peux pas dire que l’atmosphère était à la panique. Dans les compartiments, les gens parlaient évidemment des Arabes. Le paysage oriental ne manquait pas d’intérêt. À côté d’une terre bien cultivée, avec de magnifiques jardins et plantations, on voyait des déserts sauvages. À côté de magnifiques villas, les pauvres masures des Arabes. Des tribus de nomades arabes avaient planté leur camp à proximité de la voie ferrée et ce triste spectacle de gens presque nus contrastait encore plus avec celui des Juifs bien habillés qui habitaient à côté d’eux.
À la station de Tul Karem un jeune Arabe entra dans le compartiment. Il commença par regarder avec beaucoup de méfiance les gens qui s’étaient assis là, et il me dévisagea d’un air manifestement intrigué. Il voulait savoir si j’étais Juif moi aussi ou non. Comme son regard était vraiment trop importun, j’entamai la conversation. Mon interlocuteur parlait bien français car il avait fait ses études dans une école catholique française de Jaffa. Il connaissait le christianisme mieux que sa propre religion et me témoigna la plus grande courtoisie. Je vis que le travail des missionnaires n’était pas vain et je m’en réjouis beaucoup. Plus tard, je rencontrai pas mal d’Arabes formés ainsi. De toute évidence, la mission chrétienne ostensible parmi la population musulmane est extrêmement dangereuse et inefficace. En éduquant ainsi leurs enfants, on peut créer une rupture dans leur religion. Comme j’observais de près ces gens, d’autres réflexions me venaient à l’esprit : est-ce que, outre ces manières extérieures et cette connaissance de langues nombreuses, ils sont intérieurement meilleurs que leurs compatriotes qui n’ont pas reçu d’instruction ? Au contraire, ils nourrissaient envers les Européens une plus grande haine que les autres. J’ai eu l’impression qu’ils étudiaient dans les écoles supérieures non dans un but idéologique : pour travailler au service de leur peuple, mais dans l’espoir de trouver de meilleurs postes et de vivre alors à l’abri des soucis, exactement comme chez nous.
Je suis désolé pour ces Orientaux, si ardents et si doués pour le travail idéologique qu’ils affectionnent, quand je vois que leur éducation dans les écoles chrétiennes leur fait perdre le contact avec leur peuple, avec ses meilleures forces spirituelles, ainsi qu’avec la tradition de leur passé.
Plusieurs avions, au lieu d’un seul, tournaient maintenant au-dessus de nous, et toutes les fenêtres du train étaient fermées. Les passagers racontaient plusieurs incidents qui avaient eu lieu dans les environs. Je me rappelai la lettre d’un certain archimandrite de Jérusalem, reçue à Varsovie, dans laquelle il écrivait que sur cette ligne, en quelques semaines, dix-huit bombes avaient été jetées sur les wagons. Notre train s’arrête à une petite gare. Encore un peu et nous serons à Jérusalem, bien sûr avec quelques heures de retard, ce qui n’étonnera personne. La situation étant ce qu’elle est dans le pays, tout le monde y est habitué.
L’endroit est très montagneux. Des images du Cantique des Cantiques me reviennent à l’esprit, évoquant ces rochers et ces montagnes. Mais ces images cèdent la place au souvenir de la Mère de Dieu, qui se rend, après l’Annonciation, [« Exsurgens Maria abiit in montana » – NdT] dans la montagne, chez sa cousine Élisabeth, et c’est là que naît le plus bel hymne de l’Église et le plus ancien, le merveilleux Magnificat. Les mélodies de cet hymne me résonnent aux oreilles. Je ne vois plus rien, je n’entends plus rien, je souhaite seulement garder en moi ce recueillement, qui est porteur d’une paix non terrestre et d’une telle joie. Même cet Arabe commence à me gêner. Il est trop gentil et s’efforce de me divertir. Beaucoup de gens montent dans notre compartiment, sans aucune crainte de se faire attaquer. Une vieille femme s’assied en face de moi. Elle ressemble tout à fait à la Mère de Dieu dans l’attitude de la Mater Dolorosa des peintres flamands. Autrement dit, c’est une mère qui se languit et qui pleure. Un visage desséché qui garde la marque de bien des peines, de rude labeur et d’une pensée immémoriale, et surtout une joie non terrestre et le sentiment du devoir accompli. En la regardant, je me rappelle Élisabeth et j’essaie de garder ses traits présents à l’esprit. On dirait qu’elle dort ou qu’elle médite ; peut-être pense-t-elle à ses soucis quotidiens, à ses dépenses et aux quelques sous qu’elle gagne. Tout d’un coup, elle se tourne vers mon Arabe et lui dit quelque chose. Celui-ci pique un fou rire. Ce dialogue m’intrigue fort, mais comme l’Arabe ne me traduit rien, je l’interroge. Rien de spécial, me dit-il en continuant de rire, cette femme ignorante a dit que de l’autre côté de la montagne habitent des moines et qu’ils ressemblent tous à mon père et que mon père aussi ressemble à tous.
À mon arrivée à Jérusalem, je constate qu’il n’y a ni bus ni taxis, qu’il est déjà sept heures, et qu’après sept heures on ne peut pas se déplacer en ville. Je laisse donc mes bagages à la consigne de la gare, je demande le chemin de la Mission russe, où je dois habiter. La plupart des passagers voulait rester jusqu’au matin à la gare, tandis que d’autres étaient attendus par des voitures privées.
En chemin je suis arrêté par la police et emmené au commissariat. Celui-ci, heureusement, se trouvait dans le bâtiment de la Mission russe, dont l’entrée était à deux pas, de sorte que ce trajet, normalement pas très agréable, avec un policier m’a rapproché du but. Heureusement, j’avais sur moi mon billet de chemin de fer et mon passeport attestait que j’étais arrivé ce jour même dans le pays, que je pouvais donc ne rien savoir des réglements en vigueur. L’un des fonctionnaires a eu la gentillesse de m’accompagner de l’autre côté de la rue, jusqu’à la porte de la Mission. Je l’ai rencontré plus tard à Jéricho, où il m’a rendu quelques précieux services.
À la Mission, les moines avaient déjà soupé et le moine portier était justement en train de fermer la porte. Ma lettre ne leur était pas encore parvenue de Varsovie, donc personne ne m’attendait. Ma tenue l’étonna. Quand je dis que je désirais saluer le père supérieur, et que j’habiterais probablement chez eux, il demanda : – Qui êtes-vous, mon père ? – L’archimandrite Grégoire de Varsovie. – L’archimandrite Grégoire, répéta-t-il très lentement, en accentuant presque chaque lettre et en me regardant très attentivement. Il cherchait manifestement quelque insigne d’archimandrite. Comme au premier coup d’œil il était difficile d’en trouver un (je n’avais ni longs cheveux, ni longue barbe), il alla, sans plus chercher, trouver le père supérieur.
Lundi 6 juillet
À six heures, j’ai été réveillé par la cloche. Malheureusement, le temps de m’habiller, l’office avait déjà commencé. Dans l’église, il y avait beaucoup de vieilles femmes. Pour ne pas attirer l’attention, je me tenais près de l’entrée et j’avais l’intention de quitter l’église avant la fin de l’office.
À côté de moi se tenaient quelques femmes. L’une d’entre elles n’avait pas de main droite et faisait le signe de la croix de la main gauche. L’une des femmes portait une couronne de craquelin et en donnait à chaque femme dans l’église en demandant ses prières
