Morts sur ordonnance
Par Mathieu Neu
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Mathieu Neu est un journaliste qui questionne la société sous tous ses angles à travers la force du roman. En 2017 est paru son premier ouvrage, IDP 37, aux éditions Sang neuf, qui pointe du doigt les atteintes croissantes aux libertés. Il revient avec "Morts sur ordonnance", un thriller qui dénonce les dérives du système de santé.
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Aperçu du livre
Morts sur ordonnance - Mathieu Neu
Mathieu Neu
Morts sur ordonnance
Roman
ycRfQ7XCWLAnHKAUKxt--ZgA2Tk9nR5ITn66GuqoFd_3JKqp5G702Iw2GnZDhayPX8VaxIzTUfw7T8N2cM0E-uuVpP-H6n77mQdOvpH8GM70YSMgax3FqA4SEYHI6UDg_tU85i1ASbalg068-g© Lys Bleu Éditions – Mathieu Neu
ISBN : 979-10-422-2740-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122 - 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122 - 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335 - 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Masha voulut dompter ses tremblements. En vain. Ses mains moites enlacèrent lentement la tasse de café, tentant de puiser la chaleur qui leur manquait. Dans les remous noirs encore fumants, elle ne parvenait pas à distinguer son reflet. La silhouette de son visage n’apparaissait que par intermittence sur la surface bringuebalante, au gré des clignements du néon défectueux au-dessus de sa tête. Elle sursauta. Sa poche vibrait par saccades. Une brève hésitation, puis elle saisit son téléphone. « Inconnu », indiquait l’écran. C’était lui. Masha resta figée, le regard durci par ce nouvel appel. Tandis qu’elle s’apprêtait à répondre, la porte du vestiaire s’ouvrit violemment.
L’externe fraîchement débarquée se tenait sur le seuil, le visage paralysé d’effroi. Masha glissa son téléphone dans sa blouse et lui emboîta le pas. Dans le long couloir menant à la zone d’accueil, elles se hâtèrent, slalomant entre les brancards occupés d’où s’élevaient des plaintes douloureuses. Un cri terrifiant fendit la coursive de part en part, suspendant un instant le brouhaha ambiant. Elles coururent. Au milieu du hall, une femme imposante, meurtrie de larmes et d’angoisses, hurlait son désarroi. Elle serrait contre sa poitrine un nourrisson silencieux. Autour d’elle affluait le personnel qu’elle semblait ne pas remarquer malgré ses coups d’œil circulaires.
Masha surgit face à la mère dévastée et marqua un temps d’arrêt en voyant le bébé.
Masha prit l’inconsolable jeune femme par les épaules :
La mère plongea son regard noyé dans les yeux inquiets du médecin, puis opina lentement. Direction la salle d’examen voisine. Par chance, un lit était disponible. Masha saisit le nourrisson. Avant qu’elle n’eût le temps de l’allonger, il fut secoué de violentes toux. Elle remarqua le visage bouffi, cyanosé, des veines qui se dilataient un peu plus à chaque secousse. Une effrayante apnée ponctua la crise. Elle plaça son stéthoscope sur la poitrine squelettique du nouveau-né et se concentra sur sa respiration affolée. Puis la blêmeur de ses joues réapparut. Devant ses pupilles qui appelaient à l’aide, Masha s’immobilisa, recula d’un pas, terrifiée par son jeune patient.
Rachel posa une main rassurante sur son épaule en lançant un regard interloqué à sa collègue. Masha inclina la tête, ferma un instant les paupières pour reprendre ses esprits et se tourna vers la mère éplorée.
La jeune mère fronça les sourcils :
Masha s’écarta vers Rachel en prenant un ton plus confidentiel :
Masha ressentait son désarroi. Elle ne pouvait que supposer le déchirement que représente la perte de sa progéniture, mais comprenait cette impuissance tragique à protéger son plus précieux trésor. Elle détailla face à la mère chaque examen, chaque soin, chaque lieu où son enfant serait emmené. Elle décrivit une à une les améliorations à venir, les étapes heureuses qui, jour après jour, allaient mener Lassana à la guérison. Le médecin esquissa un sourire compatissant, masquant maladroitement ses sentiments ébranlés, puis quitta le regard quelque peu apaisé de la jeune femme. Elle compléta ses instructions auprès de Rachel. Sa collègue relevait ses recommandations concises, précises, contrastant avec une attitude peu convaincue qui ne lui ressemblait guère. Si son style assuré était celui de toujours, il n’avait pas l’accent de la vérité. Les explications à peine terminées, Masha ferma les poings au fond de ses poches et quitta la salle en passant à côté de l’enfant malade, sans un regard.
Trois heures s’étaient écoulées. Le flot des admissions se tarissait enfin. Mais les patients en détresse s’accumulaient dans les espaces communs. À l’entrée des couloirs, les brancards s’entassaient en files indiennes, tels des véhicules à l’arrêt, espérant rallier un boulevard embouteillé. Masha poursuivait ses incessantes allées et venues. Elle s’engouffra à la hâte vers le fond du bâtiment lorsqu’une main ferme agrippa son avant-bras. Elle pivota sèchement, la mine effrayée.
Une octogénaire, allongée sur une civière, l’implorait du regard :
Le médecin jeta un œil sur sa gauche, sur sa droite. L’artère centrale du rez-de-chaussée s’était transformée en gare de triage où des wagons de malades attendaient une hypothétique destination. Le couloir lugubre était leur terminus. À son tour, Masha stoppa un infirmier au pas de course :
Elle désigna la vieille dame, mais aussi d’autres brancards où gémissaient des patients à peine plus jeunes.
Masha s’approcha de son collègue et baissa le ton en le fixant d’un regard bleu :
Il se figea un instant, puis acquiesça, décelant dans les pupilles du médecin les germes d’une colère froide.
Voilà 18 heures que Masha avait pris son service. 18 heures de course contre le temps, de manœuvres pour la vie, 18 heures d’arbitrage entre des solutions qui, trop souvent, étaient aussi mauvaises les unes que les autres et les seules qu’elle avait à offrir. Les écueils du quotidien étaient devenus la norme, son savoir-faire parfois inutile. La médecine pouvait accomplir tant de prouesses. À portée de main se trouvaient tant de panacées. Mais l’inertie générale, érigée en règle d’or, balayait d’un simple revers les plus nobles avancées. L’abnégation de Masha, de ses confrères, n’était que des sparadraps sur l’hémorragie d’une plaie béante. « On s’habitue à tout, même au scandale », lui répétait Rachel au gré des jours. Le fil des années avait insidieusement installé cette réalité contre laquelle Masha s’épuisait. Mais aujourd’hui, tout avait basculé. Elle ne ressentait plus la fatigue. L’amertume avait pris sa place, définitivement.
Tandis qu’elle arrivait devant l’ultime salle du couloir, sa poche vibra encore. Elle ralentit mécaniquement le pas, jeta un œil précautionneux sur ses talons et s’engouffra dans la pièce, laissant l’agitation extérieure de l’autre côté de la porte. Le vestiaire devenait son refuge, le lieu où ses secrets, ses sentiments étouffés pouvaient enfin s’exprimer. « Dans 45 minutes. Soyez ponctuelle ! » À la vue du message, le cœur de Masha tressaillit. Elle passa nerveusement la main sur son visage fermé. Elle avança vers les armoires, ouvrit son casier, empoigna sa bouteille de whisky et en engloutit une franche gorgée. Elle sentit les arômes maltés napper ses conflits intérieurs. Ses pensées s’en allèrent vers les dernières heures éprouvantes, vers les prochaines qui le seraient tout autant, vers Lucas qui lui manquait toujours plus.
La porte du vestiaire s’ouvrit. Elle dissimula la bouteille à la hâte et sortit ses bottines du casier. Elle s’assit sur le banc à proximité, retira ses baskets sans lever les yeux vers Rachel qui s’était postée à ses côtés, les mains sur les hanches.
Un silence. Rachel soupira en serrant la mâchoire, agacée par l’attitude fuyante de son amie.
Rachel écarta violemment les chaussures devant elle, les faisant rebondir sur le dallage fissuré qui recouvrait le sol :
Elle s’accroupit sèchement, tentant d’agripper le regard de sa collègue prostrée, les coudes sur les genoux. Elle laissa s’écouler les secondes, les traits tendus, jusqu’à ce que Masha daigne enfin relever la tête. Derrière le bleu embué de ses yeux, Rachel vit une noirceur tenace, toujours mieux enracinée, tenant son cœur épanoui en otage. Masha n’était plus que l’ombre d’elle-même, possédée par un sombre mélange de détresse et de rancœur, et Rachel continuait à en ignorer les raisons.
Masha enleva sa blouse, rassembla ses affaires avec nonchalance et quitta les lieux sans un mot.
Deux rais de lumière fendirent l’obscurité. S’en suivit le vrombissement du moteur qui hissait avec toujours plus de peine la voiture sur la rampe de sortie du parking. L’agent de sécurité actionna le portail et vit s’approcher la citadine mal en point. Arrivée à sa hauteur, Masha baissa la vitre.
Elle le salua d’un sourire en coin et quitta l’enceinte de l’hôpital, en direction de son inavouable rendez-vous.
Dans la torpeur des heures creuses de la nuit, le médecin obliqua vers les petites ruelles, à quelques centaines de mètres seulement. Un virage, un deuxième, puis elle s’engouffra dans l’impasse Sainte-Rose. Elle ralentit, longeant les bas immeubles inanimés, jusqu’au numéro 21. C’était là. Elle arrêta la voiture le long du trottoir, coupa le moteur. Il restait quelques minutes. Lucas s’invita soudain dans ses songes inquiets. Elle avait le temps de prendre des nouvelles. Elle s’empara de son téléphone, sélectionna le dernier numéro appelé.
Masha fronça les sourcils. Était-ce la vérité ou une réponse convenue ? Elle avait toujours un doute. Une lumière crue aveuglante jaillit dans son rétroviseur intérieur. Les phares grossirent lentement, accompagnés d’un râle discret. Le médecin reconnut les courbes élancées de la berline qu’elle attendait.
Elle raccrocha sans tarder, serra les dents et se réinstalla sur son siège en surveillant la manœuvre du véhicule dans l’impasse déserte. Un demi-tour sans précipitation pour se garer derrière le médecin, coffre contre coffre, comme la fois précédente. Tous deux sortirent au même instant, comme s’ils avaient coordonné leur entrevue à la seconde près. Masha s’avança sans quitter des yeux son contact, un homme calme, affublé d’un costume élégant. Tandis qu’elle ouvrait son coffre, il
