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Le refuge du temps
Le refuge du temps
Le refuge du temps
Livre électronique682 pages10 heures

Le refuge du temps

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À propos de ce livre électronique

En bref, je suis arrivée à Penrose. Rien n'était normal ; ici les gens ne semblent pas avoir de soucis. Leur histoire n'est pas la nôtre. J'ai cherché sur des cartes, mais pas de chance. Toutefois, même si j'essaie de sortir, je recule toujours. Je crois que quelque chose me lie à ce village de fous.

Qui sont ces femmes ? On dirait qu'elles me connaissent, mais je sais que je ne suis jamais venue ici.

Que cachent ces femmes ? Je ne sais pas, mais avant de partir, je devrai le découvrir.

Qui suis-je ? Beatriz Jiménez Martínez.

LangueFrançais
Date de sortie21 déc. 2023
ISBN9798223128335
Le refuge du temps
Auteur

Pepe Cantalejo

Sevillano. Interesado, tanto en música como la literatura, sus grandes pasiones. Sincero, extrovertido (charlatán por naturaleza) y amigo de sus amigos. Aficionado a las conspiraciones y nihilista por definición.Actualmente cursa varias asignaturas (de diferentes grados) en la UOC. Tiene un máster en gestión integral por la universidad CEU San Pablo de Madrid. Y es titulado en ingeniería técnica de informática de gestión por la universidad Pablo de Olavide (UPO) de Sevilla.

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    Aperçu du livre

    Le refuge du temps - Pepe Cantalejo

    LE R3FUGE

    DU

    T3MPS

    PEPE CANTALEJO

    Traduction: Ana Fernández Calero

    Le Refuge du temps

    Pepe Cantalejo

    Traduction et nouvelle révision :

    Ana Fernández Calero

    https://goo.su/00OlTc

    Image couverture : Emmanuel Lefebvre

    https://goo.su/EZcgL

    ––––––––

    ISBN :

    ISBN EPUB :

    https://desacertada.com

    04/2020 : El Refugio del tiempo.

    12/2023 : Le Refuge du temps

    LE R3FUGE

    DU

    T3MPS

    PEPE CANTALEJO

    Traduction: Ana Fernández Calero

    PROLOGUE

    Je doute que quiconque lira ce prologue, car le travail des traducteurs passe souvent inaperçu, à moins que leur traduction ne soit un désastre. J’espère que ce n’est pas le cas.

    Ce projet a vu le jour un matin où j’ai déjeuné avec l’auteur. J’aurais aimé goûter des croisants devant la Tour Eiffel, mais en fait, c’était dans ce café qu’on fréquentait tous les deux. Là, il m’a parlé d’un livre qu’il avait à l’esprit ; un roman dystopique dans lequel la protagoniste arrive dans un village où, en apparence, tout semble être sens dessus dessous. J’ai trouvé le concept très fascinant, alors ensemble, nous avons commencé à développer l’intrigue.

    Peu de temps après, une fois que les premiers chapitres on été esquissés, j’ai eu l’occasion de les lire. En découvrant plus sur l’atmosphère de l’histoire, peut-être pas tant pour le lieu, mais pour ses personnages fous, surtout les femmes qui façonnent ce récit choral, mon intérêt pour la pièce a été in crescendo. Ce fut une grande surprise quand, lors d’une de nos rencontres, l’auteur m’a proposé de traduire le roman, après tout, je n’avais pas encore terminé mes études universitaires.

    Bien que je manquais d’expérience, je voulais prendre cette opportunité comme un défi personnel et faire mes premiers pas dans le monde de la traduction. Ce n’était pas facile, car la narration était aussi absorbante qu’embrouillée. Chaque fois que je terminais un chapitre, je devais le réviser au moins trois ou quatre fois jusqu’à ce que je sois satisfaite du résultat. Même avec le processus déjà terminé, j’ai dû le revoir trois fois de plus. Toutefois, cette expérience m’a été très gratifiante et m’a beaucoup encouragée, car j’ai pu confirmer que j’aimais vraiment ce métier. De plus, je dois admettre que c’était amusant de me trouver comme l’un des personnages.

    Et comme j’ai apprécié la traduction, j’espère que les lecteurs feront de même avec la lecture.

    PRÉFACE

    À la fin d’avril 2019, quand j’ai terminé « Jota ; melodía homicida », j’ai décidé de faire une pause. C’est ce que j’ai dit à mon bon ami Tati (il aussi m’a conseillé de le faire). J’avais abandonné mes cours de musique, le jazz et la guitare étaient relégués au troisième plan. Et le gros plan, toujours la famille, avait aussi besoin de mon attention.

    Peu de temps après, pas une semaine ne s’écoulait, je me trouvais déjà, encore une fois, devant l’écran de mon ordinateur. J’avais plusieurs affaires en cours.

    Le premier : reprendre le livre de poésies qui reste inachevé depuis qu’en 2014 je me suis mis avec lui.

    Le second : un nouveau récit de Jota, qui serait son troisième récit, et encore, à la fin de ce mois d’avril 2020, attend toujours. L’idée d’un troisième me fit aborder l’histoire d’un autre personnage qui apparaissait déjà dans le deuxième épisode du sous-inspecteur, un tueur à gages. Alors j’ai commencé à écrire sur ce roman. Et c’est au cours de cette écriture que ça m’est venu à l’esprit; j’avais croisé une nouvelle histoire, qui n’avait rien à voir avec Jota.

    J’avais à l’esprit le nom d’un personnage pour le rôle principal de l’histoire, mais je ne savais pas si elle accepterait. Le 22 juin 2019, j’ai lancé la question sur Facebook :

    « Que dirais-tu de trouver ton nom, de te trouver toi-même, comme personnage d’un de mes livres? ».

    Et c’est là que ça a commencé. Vous n’êtes pas encore entré dans l’histoire, mais la musique[1] avec laquelle commence cette...

    I. OÙ JE SUIS ?

    L’arrivée

    Ce midi-là, tout en circulant dans l’ancienne décapotable blanche, elle s’écarta de la rue. Elle était si fatiguée qu’elle ne remarqua pas qu’elle était sortie de la chaussée et s’est presque renversée. En un clin d’œil, à cause de l’instinct de survie toujours attentif, elle abandonna le lourd sommeil qu’elle supportait depuis l’aube (elle n’avait pas fermé l’œil de la nuit) et tourna le volant pour esquiver la collision et éviter de quitter la route secondaire où elle circulait. Puis, elle continua sur le chemin de terre, elle n’avait pas le choix. Après quelques minutes au volant, elle revint à la fatigue. Quand elle récupéra la réalité perdue, sans s’en apercevoir, elle ignora comment elle put prendre la singulière route par laquelle elle conduisait à destination d’aucun endroit connu. Aucune ferme ou propriété, on ne voyait que bosquet et terre. Avec ce nouveau dénivelé, même la rue principale resta hors de vue.

    — Putain ! Je m’en irai plus tard. Sinon, je reviendrai à l’endroit où je suis entrée, si je m'en souviens ! Mais bien sûr !

    Elle se plaignait en observant dans le rétroviseur la poussière qu’elle laissait derrière elle. Celle-ci l’empêchait de voir le chemin parcouru, comme des graffitis d’ardoise blanche qui s’effacent avec ce dense nuage de molécules.

    Ce n’était pas pour rien, la route poussiéreuse était parsemée de nids-de-poule et de quelques saillies. Les manières de conduire pour éviter de tels obstacles la firent basculer dans un tourbillon de coups de volant brusques ; elle n’eut d’autre choix que de ralentir. Diminuer la vitesse lui permit de gérer le visuel. Et, même si elle restait désorientée, elle était contente de la circonstance.

    Pendant plusieurs minutes, elle conduisit à contrecœur. La sensation qui l’assaillit était de s’évaporer de tout ce qui l’entourait. Cette prise de conscience l’empêcha de ne pas changer de direction. Elle regarda en arrière à chaque instant, comme si elle voulait faire demi-tour. Enfin, elle decida de continuer sur la voie qui la guidait sur la route inconnue, de la même façon qu’un électron est piégé dans un champ électromagnétique. Délaissée, et avec la ferme intention d’aller là où le chemin inconnu la menait, elle alluma la radio ; la station habituelle n’était pas sur la bande de fréquence. Elle eut beau fouiller  ; seules des interférences et un non-sens de bruits tardifs occupaient l’environnement sonore que la radio fournissait. Soudain, elle trouva une station et commença à l’écouter. Le présentateur disait :

    — Et après avoir entendu le bulletin météo pour le nouveau jour à venir, nous suivrons avec plus de musique, salua le météorologue de la station inconnue. Miguel Coleman Campoamor, dites-nous ce que sera demain.

    — Comme les précédents en mars, nous continuerons avec de petites bruines. Le crachin de la semaine dernière fera trêve, au moins pour quelques jours.

    — Crachin ? Dans cette province sèche ? protestait-elle en regardant le ciel. Pas un seul nuage et il dit qu’on est sous la pluie depuis une semaine. La poussière serait alors posée sur la terre, et elle ne soulèverait pas ce nuage de poussière que je laisse derrière moi. Quelle est cette station ? Ou plutôt, se plaint-elle encore, d’où diable elle émet ?

    — Et maintenant, l’un des succès de l’époque, suivait le discours radiophonique. Ils sont en tête des listes de ventes depuis quatre semaines : Proyecto Quercus, avec son thème « Delito ».

    La femme se tut, cela lui surprit, ce fut la première fois qu’elle entendit le nom de ce groupe. La chanson commença et, après les premiers accords, avec tonique dans La mineur de septième, le tempo accéléra et la voix fut entendue :

    « Si venías por la izquierda,

    no te adentres por allá,

    esta es la única izquierda,

    donde los duros atajos

    del amanecer se estrechan

    y surge un nuevo delito

    a cada paso que das,

    pero no podrás parar.

    Y, a cada trago

    brotará un nuevo delito.

    Si escupiste a las piedras

    de nuevo te equivocaste

    Férreas se mantienen ellas

    ... ».

    La chanson était accrocheuse, mais la femme fit une nouvelle recherche de stations sur la vieille radio. Après avoir atteint la fin de la bande de fréquence, elle changea de station jusqu’à qu’elle mit celle d’avant, la seule que l’ancien appareil pouvait retransmettre.

    — Bordel ! Qu’est-ce qui se passe ?, se plaignit-elle encore. (Elle écoutait une autre proposition musicale inconnue offerte par la station : Ricardo Iorio et son « Allá en Tilcara[2] »). Un autre thème que j’entends pour la première fois. Est-ce une station locale ? Ou est-ce un programme de groupes émergents ?

    Elle l’aperçut immédiatement. Là, sur sa gauche, il y avait une grande propriété.

    — Putain ! Il était temps d’arriver au bout du chemin. (Elle contempla tout ce grand horizon). Quel domaine ! Il semble du siècle dernier.

    Du moins comme prévu, l’aspect de la propriété trahissait son ancienneté. Un énorme portail en noyer avec de grandes baies vitrées de verre rugueux et opaque. La porte, avec deux battants, dépassait la hauteur de 250 centimètres, presque concordait avec ses 220 de largeur. Le porche occupait toute la large façade de l’immense maison en acacia sculptée, mais avec peu ou pas de relief. La colline, où la femme se trouvait, se dressait comme un plateau majestueux sur la terre rugueuse qui semblait maintenant humide. À l’est et à l’ouest du logement, et à proximité de celui-ci, plusieurs rangées d’eucalyptus énormes et vivaces se montraient stables, comme plantés exprès pour offrir de l’ombre en été et un abri devant le vent impassible qui soufflait sur cette colline. De plus, la maison était entourée de terres agricoles, mais elles n’étaient pas ensemencées. Elle arrêta la décapotable et regarda de nouveau vers le domaine.

    — La vache ! On dirait qu’il semble sorti d’un feuilleton mexicain.

    Même si elle regardait, elle n’arrivait pas à comprendre ce que le bâtiment faisait là, ça semblait sorti de nulle part.

    — Mais où je suis, merde ? D'où ça vient ? Apparemment, on est à Tabernas avec son regard vers le Far West, une nouvelle plainte remplie d’une grande incrédulité la faisait croire qu’elle se trouvait là ; dans le néant. (Mais elle continuait là, elle ne pouvait pas ignorer la vision). Est-ce que je rêve ? (Elle regarda vers la maison, vers le vaste terrain et vers les arbres par où elle avait venu). Putain ! On ne voit pas l’oliveraie ! Je vais devoir faire demi-tour !

    Cependant, comme une infection, la curiosité était plus grande que l’envie d’entreprendre tout retour. La construction impressionnante, avec les énormes arbres des deux côtés, ne cessait pas de la surprendre. Sa perplexité, marquée sur son visage, indiquait qu’elle se sentait piégée dans un rêve.

    — Que quelqu’un me pince, je rêve !

    Elle se dirigea vers la maison. Elle semblait tenir la ferme intention d’entrer.

    — Imagine, femme. (Elle parlait toute seule). Une de ces maisons, de l’un des films de Clark Gable, dans cette plaine africaine, en tuant les moustiques à coups de claques. De plus, l’énorme ventilateur tournant lentement, accroché au plafond en bois du salon par lequel sort l’escalier menant à l’étage supérieur. Ensuite, le beau et musclé séducteur qui sourit. Je le vois ! Tout d’abord, il me montrerait la propriété, les plantations de tabac, le troupeau de chevaux et le choix de pouvoir monter sur l’un d’eux pour parcourir l’interminable plaine. Et puis, il me monterait dans une des chambres.

    Tout à coup, le monologue s’arrêta. Elle se réveilla de son rêve, celle dont elle parlait, et se retourna.

    — Mince ! Une plaine ; grande, large, vaste en étendue, vaste en désolation.

    Elle ne put pas observer une seule petite plantation. Tout était désertique, sauf les eucalyptus verts et un certain nombre de plantes sauvages qui, comme un reflet, étaient proches de la voiture. Elle n’y fit plus attention.

    — Je ne comprends rien ! Elle niait par des gestes de déception. Tout cela semble si inhospitalier, bien que le sol semble quelque peu humide et que l’on puisse sentir cette odeur de terre humide. Et cependant, le type de la météo a dit qu’il y a eu une fine couche d’eau toute la semaine. Il est clair que la station ne parlait pas de cette localité.

    De nouveau, elle tourna son regard vers l’immense portique.

    — Et si on m’observe ? On ferait mieux de faire un détour par la sortie de la maison, il y aura quelqu’un. (Elle commença à l’encercler. Elle marcha pendant une vingtaine de minutes autour de ce manoir en bois). Personne n’est sorti. Aucun signe d’équipement. (Elle s’arrêta encore). Je ne pense pas que tout le monde soit à l’intérieur. Même si c’est possible, il n’y a rien d’autre pour faire attention. Pas un simple potager pour les besoins personnels d’alimentation du propriétaire qui occupe et maintient la ferme, seulement ces fleurs sauvages.

    Elle avait presque fait le tour. Elle se trouvait comme l’horloge quand la petite aiguille est traînée jusqu’à la ligne d’arrivée de midi par l’aiguille des minutes, en marquant à nouveau « l’heure pile ». Le virage la rapprocha de la décapotable blanche, jusqu’à ce qu’elle le voie.

    — Vraiment ! Cela semble sortir d’une autre époque. Comment ne l’ai-je jamais vu auparavant ? Et comment n’ai-je jamais entendu parler de cet endroit particulier ? Penrose !

    Elle s’approcha de la voiture, mit sa main dans la boîte à gants, sortit son téléphone portable et activa le GPS.

    — Rien ! Le navigateur ne fonctionne pas ! (Une nouvelle plainte fut formulée à mi-voix). Pas de couverture ou je ne sais quoi. (Elle s’approcha de la borne frontière, numéro LUXX103-119). Voyons maintenant combien de temps il me faudra pour revenir à la bifurcation. La curiosité d’y entrer continue de m’appeler.

    Encore une fois, elle prit son appareil, lui redémarra et chercha un plan pour lui montrer sa position.

    — Bon sang ! Quelle étrange chose !

    — Vous vous adressez à moi ? répondit une personne.

    La femme qui pilota la vieille décapotable faisait des efforts pour trouver le propriétaire de cette voix. Tout à coup, elle le vit, près de la lisière florale, à genoux et manipulant les fleurs des champs d’arbustes fruitiers : groseilles, myrtilles, violettes, fraises et framboises. Il était là.

    — Que font ces plantes fruitées sauvages au milieu de ces champs ?

    — C’est la biodiversité, répondit le jardinier.

    Il portait une tenue inhabituelle, semblable à celle de l’apiculteur, mais libre de ce linge en velours côtelé qui empêche les abeilles de le piquer pendant la période de castration de la ruche.

    Beatriz, la pilote de la vieille décapotable blanc cassé, usée par de longs rayons de soleil qui pendant toutes les années l'irradièrent, n’avait plus rien à chanter sous son regard perdu. Elle le regardait de haut en bas ; un pantalon en coton bio beige, avec des lignes sombres qui surmontaient chacun des carrés symétriques que le fil dessinait sur le tissu. Une chemise bouclée, également à carreaux, cette fois-ci les angles sur les droites apparaissaient dessinés en fin rouge sous un fond blanc (mélangé à 1,5 % d’ocre) donnant à la blouse l’aspect gris vanille. Ses mains nues étaient souillées de terre, avec des éraflures sur les articulations, autant que son cou. Son apparence lui conférait un air de mystère, autant que sa tête qui se cachait derrière le chapeau d’apiculteur.

    — Non, je ne parle pas de plantes. Je parle d’un apiculteur si original avec ces baskets noires que peu ou rien ne vont avec le costume de jardinier, répondit-elle vaincue par la rencontre.

    Elle ne s’attendait pas à voir quelqu’un autour d’elle.

    — Cependant, vous avez mentionné la flore et n’avez montré aucun étonnement pour la faune.

    — Alors ! s’écria la femme aux cheveux bruns et bouclés. N’en parlons plus ! Je m’en vais.

    Elle sauta par-dessus la porte de la voiture, s’assit sur le siège, tourna la clé jusqu’à la position de contact, et quand elle s’apprêtait à démarrer le moteur, elle fut surprise.

    — Où pensez-vous aller si vite ? Guadalupe Cantalejo Caballero lui parla tout en savourant le dernier biscuit d’avoine qu’elle vint goûter sur ce chaud moment après le repas. Si vous prévoyez d’abréger par le sentier, je sais ce que dit le proverbe, mais cette fois-ci, vous ne savez toujours pas si vous pouvez bien faire.

    — Pardon ? répondit Beatriz. (Parallèlement, avec son bébé sur le dos, Rocío Delgado Cantalejo le visait avec un petit revolver à canon court et tambour lisse, sauf pour quelques petites grimaces). C’est la première fois que je vois ce pistolet étrange et qu’il y a un manifeste d’arrestation contre moi. Détention qui se produira sans même être avertie par je ne sais qui, et sans avoir commis, en apparence, aucun crime.

    — Descendez de la voiture ! commanda Guadalupe Cantalejo. (Toutes les deux furent éclipsées, l’une de l’autre, sous l’inquiétude de la nouvelle apparition de l’ancienne décapotable ; le même que celle qui avait déjà pris la branche de la route secondaire. Pendant ce temps, Rocío était toujours pointée avec l’arme déchargée). Je n’ai pas envie de perdre toute la journée avec vous en jouant à ce jeu inutile !

    — Du calme ! Vous gagnez !

    Beatriz leva les mains et fut à moitié muette devant la fausse menace.

    — Qui êtes-vous et comment vous appelez-vous ? demanda Guadalupe Cantalejo.

    — Je m’appelle Beatriz, dit la femme aux cheveux bouclés.

    — Beatriz ? Je suis sûr qu’il y a plus d’une Beatriz pour ceux-ci et ceux-là, demanda à nouveau la femme impétueuse.

    — Beatriz Jiménez, reprit-elle déconcertée.

    — Il me semble encore un nom diffus, incomplet. Cette fois, c’était Tamara Castillo Cantalejo, couturière et voyante amateur, qui intervint.

    — Très bien ! Vous gagnez ! Mon nom complet est Beatriz Jiménez Martinez.

    — C’est déjà beaucoup mieux ! dit la couturière avec une grande satisfaction.

    — Bien sûr que oui ! déclara Guadalupe Cantalejo, sa tante. Qu’êtes-vous venus faire dans ce lieu paisible ?

    — Je suis sortie du chemin et j’ai pris une autre route. (Elle regardait le ciel de même qu’elle parlait). Et, me voilà maintenant. Mais je partais.

    — Pas si rapide ! (Il y avait une nouvelle exclamation. Cette fois-ci menée par la très haute Rocío, tout en cessant de viser contre Beatriz tout en déboutonnant l’ouverture du haut de la robe fuchsia pour lui donner d’allaiter son enfant). Tu crois que tu pourras sortir d’ici avec cette vieille voiture ?

    — C’est vrai ! Je ne pourrai pas le faire. (Sous les yeux de Beatriz, la situation était complètement folle). J’ai à peine d'essence. Dites-moi, y a-t-il des pompes à essence dans le coin ?

    — Tu n’as pas répondu à la question que je t’ai posée, dit Guadalupe Cantalejo avec impatience.

    — Oui, je l’ai fait, je voulais marcher sur la route. J’ai pris ma vieille décapotable et je suis partie. Le destin m’a amené ici.

    La fermeté avec laquelle la femme des cheveux bouclés parlait ne suscitait ni suspicion ni méfiance.

    — Mais bien sûr ! Ta vieille décapotable blanche, protesta Tamara. Coïncidence, hasard ? Dis-nous !

    — Je ne comprends rien ! J'ignore ce que j’ai fait de mal ! Sortir de la SE-7200 ?

    Jusqu’à ce point, celle qui conduisit la décapotable était encore stupéfaite.

    — Alors ! Tu as fait tout ce chemin pour rien, tu auras sûrement des intérêts. Que peux-tu nous apporter ?

    Tamara demanda avec l’approbation de sa tante tout en échangeant des sensations et des regards avec l’étrangère. Beatriz prêta attention aux mains de Tamara ; ses ongles étaient colorés et tous différents, comme des passages en guise des chapitres d’une même histoire.

    — Je vais avoir besoin de plus de temps pour déchiffrer tes mystères, laissa-t-elle échapper.

    — Prétends-tu nous dire que tu es policier ? dit Guadalupe Cantalejo. Ou peut-être chercheuse !

    Tamara voulut parler, mais sa tante lui fit des gestes pour qu’elle se taise, sa nièce obéit.

    — Oui, je le suis ! dit Beatriz avec une grande véhémence.

    Rocío se mit à rire, mais immédiatement, et devant un autre geste de sa tante, elle se tut aussi.

    — Impossible ! dit calmement Guadalupe Cantalejo ; elle parlait pour toutes. Si c’était le cas, je le saurais. Nièces, enregistrez-la !

    Beatriz leva les bras et, d’une voix passive, se prêta à la fouille.

    — Mon arme de service est sous mon aisselle droite et mon badge est dans la poche droite de mon pantalon, dans mon cul.

    —Tu as de beaux seins et un cul serré ! dit la douce Tamara, emboîtée dans son rôle de couturière. Le barman va vraiment t’aimer.

    — Ainsi que la docteure, ajouta sa cousine Rocío.

    Les gestes et l’apparence de Beatriz les firent penser qu’elle savait déjà pour son cul serré et ses seins ronds. Et tout cela sous le regard indifférent du jardinier qui ne s’était pas encore prononcé. En cet instant, il le fit.

    — Pouvez-vous être discrètes ? Il n’y a personne qui se concentre sur les fleurs quand vous vous engouffrez dans vos kyrielles.

    — Jardinier, dit Guadalupe Cantalejo, personne ne vous a demandé d’assister à la scène. Vous êtes libre de partir quand vous voulez ou, au contraire, de rester silencieux. Continuez avec vos fleurs et vos fruits sauvages, avec cette belle biodiversité d’insectes, de rongeurs et de reptiles. Et arrêtez de vous mêler des affaires des autres.

    — Vous gagnez ! Je m’en vais ! prononça le type à contrecœur.

    Il ouvrit sa flasque en métal, dont Beatriz ne pouvait pas clairement apprécier la sérigraphie, et prit un verre de mezcal. Puis, il s’en alla avec tristesse, en regardant fixement le bébé ; Martina, et sa mère ; Rocío. La très haute mère jeta un geste de mépris. Ensuite, dès que le jardinier se retourna, son visage devint opaque et triste. Elle regardait sa fille et la caressait. Toute cette situation semblait floue devant les cornées stupéfiantes de la policière, inspectrice, ou quoi que ce soit cette Beatriz. Elle ne comprenait pas quel était le pétrin. Elle ne lui restait plus qu’à accepter la partie et à jouer le jeu des femmes.

    — Puis-je donc monter dans ma voiture et partir d’ici ? Je promets de ne plus déranger à ce sujet.

    — Tu oublies deux choses, jeune femme. (Guadalupe Cantalejo tendit la main et Tamara posa sur elle la plaque de police de Beatriz. L’arme fut prêtée à sa cousine qui la garda). Premièrement, la voiture sera à court de carburant, comme d’habitude. Par conséquent, il te faudra du temps pour partir. Et deuxièmement et plus importante, tu es arrêtée.

    Celle qui prétendait être un officier de police ne pût en croire les énoncés. Bientôt, à en juger par son visage, une pensée lui traversa la tête. Et, en voyant que ses oppresseurs l’attendaient, elle dit :

    — La voiture est à court de carburant, comme d’habitude ? Bordel ! Quand me suis-je retrouvée ici ? Et arrêtée ? De quoi suis-je accusée ? De garder le dépôt en réserve ?

    — Ne parle pas avec tant de mépris, ma chère. (Rocío, avec ses 190 centimètres de hauteur quand elle est pieds nus, s’approcha en même temps qu’elle serrait les dents, tout en donnant de douces tapes sur le dos de son bébé). À Penrose, nous tolérons peu le manque de respect.

    L’intimidation eut des effets, ce n’était pas pour rien.

    — Je m’excuse si j’ai offensé quelqu’un, dit-elle, bien que je ne sache toujours pas de quoi je suis accusée.

    — Possession illicite d’arme et fausse identité, dit avec une grande dureté Guadalupe Cantalejo. Encore plus fausse que cette plaque que tu portes.

    Elle jeta la plaque au sol. Cette fois-ci, c’est Beatriz qui serra les dents, garda son sang-froid dans son splendide corps et regarda de nouveau les nuages, comme si ceux-ci pouvaient lui fournir une nouvelle stratégie. Ça tourna mal.

    — Et qui va me juger ?

    — Chère menteuse au cul serré ! Ici, c'est moi qui commande ! dit Guadalupe Cantalejo avec fermeté. Ici, je représente la justice. Je suis la justice !

    — Et je n’aurai pas droit à un procès équitable, ni à une défense ?

    — Bien sûr que oui. Les filles, prévenez à la docteure. (Elle regarda Beatriz avec beaucoup de culot). Une policière, hein ? Dans cette tenue de mec ? Tu es trop jolie pour te ressembler à un homme. Dommage !

    Beatriz étendit les mains, comme si elle se trouvait sous une folie passagère, ses gestes disaient :

    « Ça veut dire quoi ? Est-ce que je suis mal habillée ? ».

    Les biscuits

    Quelques minutes avant d’aller à la rencontre, Guadalupe Cantalejo Caballero, l’une des pineas[3], lisait la septième lettre qui lui fut remise ce jour-là.

    « Comment évolue la tragédie ?

    Chère Lupe, bannie de moi, ce sera la dernière lettre que je t’écrirai, j’en ai un peu assez du jeu de ton mépris auquel tu m’as soumis. Tu verras comment, sans que j’intervienne, et même si je n’obtiendrai jamais cette approche que j’ai désirée depuis longtemps, tu ne pourras pas m’oublier. Mes paroles resteront toujours dans ta mémoire. Celles de cette lettre et des précédentes. Une partie de moi fait partie de toi.

    Je continuerai à montrer la voie pour que tu ne fais pas la même erreur, celle de m’oublier de nouveau. Maintenant, à chaque nouvel acte, chaque fois que tu te regardes dans le miroir, chaque fois que tu te réveilles ou que tu continues sous cette rêverie empoisonnée et agréable dans laquelle tu te trouves, tu devras te souvenir de moi. Et oui, tu veux sûrement reprendre cette conversation lointaine que nous pourrions avoir. Ne te fatigue pas, il y a un temps pour tout, et le nôtre est déjà passé. Mais, cela ne signifie pas que j’ai oublié, ni pardonné.

    La graine de la rancœur est encore en moi, et en la semant, je continuerai sur ton chemin pour que tu marches sur elle, partout. Ton sommeil ne sera pas détendu ni apaisé. Tu souffriras autant que moi, et ça, dans ma nouvelle façon de comprendre les choses, c’est comme si nous étions amoureux, parce qu'un négatif fois un négatif est égal à un positif. Amoureux ; sentiments d’attachement et de désir. Vraiment, sa signification ne semble pas dicter beaucoup de son contraire ; la haine (bien que ce mot peut toujours avoir d’autres acceptions).

    Je déteste ce que j’ai vu dans ton regard, ton ignorance de mes paroles, ce défaut de désir que tu m’as toujours offert. Réveille-toi, maintenant, c'est moi qui joue avec ce sens. Avant, je t’aimais parce que c’est comme ça, et maintenant, parce que. Maintenant, je t’aime parce que tu me détestes, et tu me détesteras encore, car je t’ai aimé. C’est pourquoi j’ai dû changer de stratégie ; le mal engendre le mal, la haine engendre seulement la haine, et la violence crée uniquement plus de violence.

    Meurtre, mutilation, violence ; dans une plus ou moins grande mesure, toutes font partie d’un même mot : mal. Le même que tu m’as causé avec ton mépris. N’oublie pas que tout est venu d’un sentiment de détachement que tu avais pour moi, quelque chose que je ne méritais pas, car je voulais juste être à tes côtés pour t’aider à affronter tes peurs. Peut-être que ce sont ceux qui t’ont fait ne pas t’accrocher à la foi que tu as un jour placée en moi. Vu de loin et sous la bannière de la sentence à laquelle tu as été condamnée, rien n’a d’importance...

    Réveille-toi et dis-moi, comment tu lutteras contre tout ce sentiment qui t’enivra pour toujours ?».

    — Ma tante ! lui dit Tamara. L'as-tu vu ? Elle rôde autour de la propriété. N’est-ce pas un peu étrange ?

    Elle finit de lire la lettre et, sans plus, elle la méprise, comme elle l’avait fait pour les six lettres précédentes. Elle la cacherait plus tard dans un des tiroirs de la cuisine, où elle gardait ses précieux biscuits.

    — Alors ! (Guadalupe Cantalejo s’approcha de la fenêtre de la grande maison et regarda les gestes de cette femme perdue de cheveux bouclés). Qui dis-tu ? (Elle regarda par une autre fenêtre, qui, de la chambre du rez-de-chaussée de la maison et qui se prosternait juste à droite de l’énorme portique, face à la plaine désertique et trouva l’ancienne décapotable). Cette femme semble un peu désorientée, peut-être qu’elle a l’intention de voler.

    — Tu crois, ma tante ?

    — Bien sûr que non ! Elle est dans la décapotable ! Cela dit, elle semble plus délabrée que d’habitude, répondit-elle en tournant le dernier des trois biscuits à l’avoine que chaque jour, et après le déjeuner, elle savourait. Vite ! Préviens ta cousine.

    Tamara obéit et, bientôt, sa cousine Rocío atterrissait au rez-de-chaussée de cette maison en bois, prête à l’action avec sa nouvelle arme courte à tambour et bien chargée. Elle était désireuse de tirer sur tout ce qui bougeait ou pas, cette question lui était égale ; ce qu’elle avait de si ancien, c’était punir. Pendant ce temps, Tamara descendait les escaliers en tapant des mains au rythme de la chanson de la Mercedes blanche[4] tout en chantant les paroles.

    — Où vas-tu ainsi, ma nièce, avec ton bébé sur le dos ?

    — Que veux-tu, ma tante ? Il est temps de téter, et je dois le faire, c’est ma responsabilité, se défendait-elle en rangeant le pistolet. Je ne veux pas que ma fille me reproche demain que je l’ai laissée seule et sans respecter l’heure de l’allaitement parce que la vieille décapotable est revenue avec une femme au volant.

    — Quelle jolie, ma cousine ! s’écria Tamara dans son rôle de couturière.

    — Mais oui ! dit Rocío fièrement avec une pose dressée. Ma fille est parfaite !

    — Oui, la fille aussi, mais je parle de ta nouvelle arme.

    — Oui ! Elle est aussi parfaite. (Elle la dégaina). Elle a été fabriquée spécialement pour moi. Pas d’alliages, tout est pur dans les matériaux, et elle ne défie absolument pas. Eva Marquez Herzog est tout simplement géniale.

    — Elle sera déchargée, non ? demanda sa tante. Il ne sera pas nécessaire de l’utiliser. Pas cette fois.

    — D’accord ! Je la télécharge déjà, dit-elle avec grand regret en baissant ses épaules en signe de mécontentement tout en touchant le pied de sa progéniture. Excuse-moi, Martina, ma fille, disait-elle à son bébé en tirant les balles du tambour. Une autre fois, tu pourras entendre son recul et comment le tambour tourne à chaque fois qu’une balle sort pour siffler.

    Elle la rengaina.

    — Qui cela peut-il être, cette fois-ci ? demande Guadalupe Cantalejo avec son regard contrarié.

    — Cette fois-ci, ma tante ? demanda Tamara avec une voix d’incrédulité tout en comptant sur ses beaux ongles.

    Elle commençait toujours par la main droite, du petit doigt au pouce. La main en position pianistique et ainsi, avec l’index de sa gauche, elle se touchait chacune des phalanges de droite. Elle baissait son doigt, comme pour appuyer sur des touches. Puis, elle faisait le même avec son autre main. Cependant, il n’y avait pas de doigt avec lequel elle se touchait, seulement son regard suffisait. Elle cessa de fredonner immédiatement le classique de Kiko Veneno et redemanda :

    — Que veux-tu dire ?

    — La décapotable est là. Encore ! répondit sa tante qui remarchait avec son charabia d’ingestion et de saveur.

    — Encore ! s’écria Tamara tout en continuant à compter. De quoi s’agira-t-il cette fois-ci ? Quel sera le mystère à résoudre ?

    — Il faudra suivre les miettes et chercher le sens de quelque chose qui n’en a pas, chère nièce.

    — Et pourquoi arrivent-ils toujours dans la même décapotable ? Voilà qui est étonnant !

    — Il n’y a aucune raison de supposer une rareté, cousine, s’interposa Rocío. C’est comme quand un nouvel être vient au monde, il arrive toujours pareil : par la chatte de sa mère.

    — C’est si excitant ! sortit Guadalupe Cantalejo. C’est la première fois qu’une femme prend le relais. Le fait mérite de savourer un nouveau biscuit à l’avoine.

    — Huit tours ! s’exclame Tamara.

    — Que dis-tu, ma cousine ? (La punisseuse se surprit). Je vois que tu as été affectée par cette petite jupe blanche évasée que tu portes.

    — Non, pas du tout ! Elle se défendait d’une telle proposition. J’ai compté huit tours jusqu’à ce que notre tante ait commenté l’intention de manger un autre biscuit d’avoine.

    Guadalupe Cantalejo ignora le commentaire, elle était toujours sous l’influence de cette soudaine farce (pour la première fois, c'était une femme au volant). Les deux nièces furent étonnées qu’il n’y ait pas eu de réprimande pour dire le mot « Chatte ».

    « Ne sois pas insolente, gamine ! Il n’est pas nécessaire de répondre par un gros mot », disait la tante chaque fois qu’un mot inapproprié était prononcé en sa présence. « Même si on ne mentait pas ; un gros mot est un gros mot. On peut l’éviter ».

    — Un quatrième biscuit, ma tante ? demanda Tamara afin de rompre avec ce souvenir de réprimande.

    — L’occasion l’exige, chère nièce.

    Et, si tranquille, elle alla jusqu’au meuble pour extraire un nouveau et délicieux biscuit d’avoine de la boîte métallique en forme de cylindre, où elle avait marqué à l’encre imbattable le mot « Délices ». Chose désastreuse pour sa coquette nièce Tamara, qui se serait prêtée avec beaucoup de joie pour avoir réalisé un meilleur design de la boîte, mais Guadalupe Cantalejo fut toujours enfantine et pratique.

    — Alors ! Préparez-vous à sortir, ordonna la juge. D'ailleurs, il y avait ceux qui sont venus par la rivière ; ils ne sont pas tous montés sur cette relique décapotable.

    — Bon sang ! (Rocío serra encore les dents). Souviens-toi, Martina, ma fille : « Le bourreau ni le regarder, avec cela il a assez ».

    — De quoi parles-tu, ma cousine  ?

    Celle avec les ongles peints essayait maintenant de filer. Elle crut qu’elle avait sauté une partie de la conversation. Elle ne comprenait pas ce que Ríos avait à voir avec un bourreau, pas pour sa cousine.

    — Vous ne le voyez pas là-bas ? Le jardinier insupportable.

    — Tu sais qu’il n’a pas l’intention de faire de mal, sa tante essaya de la calmer. Il veut juste la voir.

    — S’il n’avait pas été si désagréable ce beau jour-là... (La femme au pistolet retentissait avec un grand regret). Mais, il l’a fait.

    — Tu devras surmonter ou résoudre ce problème, nièce, mais en temps voulu, sa tante la voulut apaiser. Concentrons-nous maintenant sur la résolution du problème. Qu’en pensez-vous ?

    Guadalupe Cantalejo commença à savourer le quatrième et dernier biscuit qu’elle goûtait en cet après-midi singulier. Les deux nièces savaient que jusqu’à ce qu’elle la dévore complètement, elles ne sortiraient pas de la vaste maison. Elles savaient aussi, bien sûr, que la dégustation prendrait plusieurs minutes à la juge. La parcimonie l’accompagnait à tout moment, mais surtout à l’heure du déjeuner, même si c’était un simple biscuit.

    — Le mieux serait de sortir pour lui parler, dit Tamara, et de savoir ce qu’elle est venue faire, ce qu’elle fait et jusqu’à quand elle restera. Mais, il est fort probable qu’elle ne puisse pas encore nous donner ces réponses. Peut-être que personne ne le sait encore, pas même elle.

    — Personne ne le sait, disait sa cousine Rocío.

    — Lui parler, dites-vous ? Guadalupe Cantalejo demanda avec grand mépris. Vous avez vu comment elle est habillée ?

    — Quelle meuf ! disaient les deux cousines à l’unisson. Comment peut-elle porter ce pantalon d’homme ?

    — Ma tante, que chuchotes-tu ? demanda Tamara, la grande observatrice, en regardant les dessins de ses ongles.

    — La même chose que toi en regardant tes ongles. Oui, je suis aussi une bonne observatrice. Tu sais !

    En effet, la couturière était toujours attentive à ses ongles. Elle les peignait presque tous les jours. Celles-ci restaient toujours sous l’élucubration docile qui lui hantait la tête à tout moment opportun.

    Ce matin-là, comme si elle s’agissait d’une somnambule, elle prit le solvant et fit partir les restes de peinture de la veille, quand elle avait dessiné différentes fleurs sur chacun de ses ongles. Les actuelles (depuis lors, quand Beatriz arriva dans la choquante décapotable) présentaient un passage non biblique, mais prophétique. Dans sa main gauche, le pouce montrait un capot blanc allongé ; dans l’index, un biscuit en forme de huit ; dans le majeur, une étoile à cinq pointes ; dans l’annulaire, une ligne droite sur une carte ; et dans le petit doigt, une aveugle portant une balance. Dans la main droite, et en commençant aussi par le pouce ; une robe avec une porte de fond, une sirène en signal d’alarme, un marteau en bois brisé, un cercueil ouvert, et enfin, dans l’autre petit doigt, un point d’interrogation : l'énigme à résoudre.

    Ainsi, lorsque Beatriz étendit les mains, avec son mime, elle disait : « Ça veut dire quoi ? Est-ce que je suis mal habillée ? » et par ses gestes, elle indiquait qu’elle ne croyait pas aux insinuations de la femme de grande taille.

    — Avec ces vêtements de mec ? Est-ce que je suis mal habillée ?

    Avec la bouche ouverte et regardant en avant ses beaux attributs féminins à moitié cachés derrière son pantalon blanc serré. De sa taille jusqu’à ses pieds, elle passait ses mains nues et chaudes sur le vêtement. Elle cherchait des plis ; elle ne les trouva pas.

    — Je ne vois rien de mal dans mes merveilleux vêtements.

    Puis, elle tournait son cou et montrait son sourire en voyant son rond cul, serré et beau, qu’elle cachait sous le vêtement texan.

    — Évidemment ! Tu es arrivée dans la décapotable blanche ! dit Tamara avec mépris.

    — Quel est le rapport ? (Sa question resta en suspens, l’enquêteuse ou la policière évita la confrontation). Je ne sais pas pourquoi je vous écoute ! Le jardinier n’a vu rien de mal dans mes vêtements.

    — Il n'en sait rien ! (Rocío eut l’air ingrat quand elle parla du jardinier). Il est toujours confus et finit par laisser les fleurs pourries et arracher les bonnes. Pauvres abeilles !

    — Cette situation me paraît absurde, soupira Beatriz. Vous profitez de la moindre occasion, et ce n’est absolument pas le cas.

    La juge brisa la glace :

    — Inspectrice ou détective ?

    — Plutôt officier de police. (Elle ne voulut pas vraiment parler de sa catégorie). Je ne suis pas inspectrice. De plus, détective est une autre chose, mais je pense que vous le savez, Mme la juge.

    — D'abord, une fausse plaque et, maintenant, une opinion burlesque sur ma personne. En plus, elle porte un pantalon, et avec ce léger titubement. Est-ce qu’elle s’est cognée ? Sans aucun doute, cette femme n’est pas un danger.

    — Vraiment, ma tante ? (Rocío profita de l’occasion de semer la zizanie et faire changer d’attitude sa tante, la juge). Je vois en face de moi une dangereuse menteuse. Je suis sûre qu’elle ne viendra pas pour rester immobile, tu as vu les dessins de ma cousine.

    — S’il vous plaît ! Éclaircissez-vous les idées ! (Beatriz s’était égarée avec tant d’allées et venues). Tantôt je suis une menteuse, tantôt je suis une flic. Pour couronner le tout, en plus de chercher une provocation avec ma tenue, vous insinuez que je suis un peu étourdie. Je vous ai montré mes papiers et je ne sais même pas comment vous vous appelez. Identifiez-vous !

    — Tu as certainement raison, chère nièce. Cette femme représente une grande menace. Il faudra d’abord la mettre en cellule, puis la juger, mais tout d'abord, il faut l’examiner. Emmenez-la chez la docteure.

    — Quelle docteure ? Et pourquoi ?

    — La Dr Lola Dominguez Escobar, répondit la juge. Et à quoi ça servira ? Pour t’examiner, si vous trouvez normal de porter un pantalon et de venir avec cette oscillation que vous avez, vous avez une araignée dans le plafond. Ou qui sait, vous portez peut-être une maladie incurable.

    — Incurable ? demanda l’agent incrédule et furieuse.

    — Bien sûr, incurable ! lâcha Rocío. Comme être une idiote. Peut-être que la promenade t’a affecté. Ou peut-être que tu aies déjà ces neurones, victimes de votre naufrage, en train de dériver.

    — Girafe, quelle grâce vous avez ! dit Beatriz ; (la meilleure défense est une bonne attaque, toujours). J’espère que vos blagues ne sont pas aussi pointues que vous.

    — Ha, ha, ha, ha ! rit la grande femme. Pour qui se rende cette salope ?

    — Comment diable tu m’as appelé ?

    — Ça suffit ! Guadalupe Cantalejo se fâcha en entendant l’insulte. Tamara Castillo Cantalejo, accompagne la détenue dans les locaux de la docteure Lola Dominguez Escobar.

    — D’accord, ma tante. Je procède.

    Elle lui mit les menottes et elles partirent pendant que la juge retenait son autre nièce.

    — Rocío Delgado Cantalejo ! Cette insulte était hors de propos. Dire qu’elle est idiote est une chose, mais la traiter de salope en est une autre. Est-ce si difficile pour toi de rester sur la défensive sans avoir à aller jusqu’à l’offense ?

    — Désolée, ma tante ! la gigantesque femme s’excusait. Ça ne se reproduira plus !

    — Je ne le crois pas, tu es comme ça. Mais, au moins, quand tu seras en face de moi et de ta fille, essaie de garder tes manières. Elle n’est pas responsable de ton dédain.

    La juge ne revint plus sur la question. Elle alla à la recherche de Tamara et de la détenue.

    — Par ici, dit sa nièce Rocío alors qu’elle allaitait son bébé. Ma cousine a l’habitude tardive de faire un détour pour montrer le domaine aux visiteurs, en plus de la route et du village. Ça va prendre du temps pour aller chez la docteure.

    Rocío savait bien de quoi elle parlait ; sa cousine aimait les courbes et les silhouettes, alors elle les suivait même pour marcher. Elle n’a jamais aimé prendre le trajet le plus court, car cela signifiait être le plus droit ; chose qu’elle détestait et la mettait en colère.

    — Tu as raison, nièce, allons-y.

    — Bien ! Ainsi, nous pouvons nous arrêter pour prendre quelques cafés, dit Rocío tout en retouchant la frange. (Tandis qu’elles descendaient sur le côté le plus court, comme lorsque souffle le vent d’ouest, Rocío sentit que Guadalupe Cantalejo ne cessait de tourner en rond à cette tempête qui, quelques minutes auparavant, amenait Beatriz). À quoi tu penses, ma tante ?

    — À découvrir quelle serait la raison, ou la nécessité, qu’une inspectrice ou similaire arrive à Penrose. Elle nous a dit sa profession...

    Elles se rendaient en village pour un rendez-vous chez la docteure, et après avoir rencontré l’étrange voisine arrivée dans la vieille voiture, elle parlait de ce que son esprit lui disait :

    — Une policière ? Il est déroutant, chaque fois que quelqu’un arrive dans ce petit village, et le fait par la même et ancienne décapotable, c’est pour une affaire qui se produira. Mais, qu’est-ce que ce sera, un crime ?

    Rocío y prêtait attention. Toutes deux semblaient tenter de relier les caps de cette nouvelle arrivée.

    — Dommage de ne pas avoir pu utiliser le pistolet ! Il aurait pu mettre fin à la vie de l’indésirable, se plaignait Rocío. Calme-toi, Martina, ma fille, ne pleure pas, je te donne l’autre sein.

    Guadalupe Cantalejo paraissait un peu nerveuse et profita du moment de distraction de Rocío, alors qu’elle se dirigeait vers son bébé, pour lancer un murmure qui passa inaperçu pour sa nièce.

    — Cela aura-t-il un rapport avec les cartes ? Est-il possible qu’elle vienne m’aider ? Le temps dira. Je ne m’inquiéterai plus de ce qui pourrait ou ne pourrait pas arriver.

    Rocío apprécia le chuchotement, l’observa attentivement et demanda.

    — Je te disais que tu aurais pu l’utiliser, mentit la juge. Ce que tu ne pouvais pas faire, c’était tirer avec ton arme. Et c’est pourquoi, ma chère, je t’ai demandé de la décharger. Cependant, personne ne t’a empêché de frapper ce gars avec ton arme. Si c’était le cas, ajoutait la juge, tu aurais pu, plus tard, quand le temps passerait, défendre cette cause devant votre fille.

    — Tu as raison, ma tante. C’était mieux de ne rien faire et de la laisser partir. J’ai encore la possibilité de frapper quelqu’un, j’espère que ce moment viendra.

    La juge n’arrêtait pas de se montrer inquiète. Rocío apprécia le geste et demanda a nouveau, mais elle obtint bientôt la réponse :

    — Elle prévoit un nouveau crime, ce que je comprends. Mais, pourquoi envoyer une femme habillée en homme ? Qui joue la victime ? Et le coupable ?

    — Qui l’envoie, ma tante ?

    — Je ne sais pas. Ce détail m’a échappé...

    La descente

    — Je souhaite que tu excuses ma cousine, Beatriz, Tamara s’adressa à elle en marchant.

    — De quelle Beatriz parles-tu ?

    Elle prétendit jouer au même jeu que les femmes. Cependant, elle n’avait aucune expérience dans ce domaine, et celle qui l’appréhendait évita d’avoir à prononcer son nom complet.

    — De Beatriz, la fausse officière de police. Qui d’autre ? (Sa réponse l’étonna). Ma cousine Rocío Delgado Cantalejo n’est pas une mauvaise personne, mais elle est un peu folle et tourmentée. Il est vrai qu’elle aime insulter, frapper et tirer, mais cette fois, c'était pour provoquer une situation, celle que nous avons maintenant.

    — Super ! exclama-t-elle avec une grande dose de sarcasme. Je me sens plus calme en sachant cela.

    — Je comprends ta moquerie, mais cela va plus loin qu’elle, soutenait celle des ongles colorés. Ma tante, Guadalupe Cantalejo Caballero, ignore que nous savons qu’on lui envoie des lettres, vides quant aux données de l’expéditeur, mais pleines de haine et de rancune.

    — Et qu’est-ce que j’ai à voir avec ça ?

    Elle accéléra le pas, comme si la policière soupçonnait quelque chose.

    — Beaucoup, ou rien, nous ne comprenons pas encore. Toutefois, tu n’es pas la première personne à arriver dans la décapotable blanche, bien que tu sois la première femme, et cela nous plaît à toutes.

    Elle essayait de ralentir la marche de celle aux cheveux bouclés, mais sans succès jusqu’à présent.

    — Que veux-tu dire par là, merde ? l’agent s’énerva. (Elle s’arrêta là). Toutes les voitures sont décapotables ici ?

    — Je vois que tu as beaucoup plus de choses en commun avec ma cousine, Rocío Delgado Cantalejo, que tu n’en as l’air, Tamara sourit et poursuivit son précédent débat. Il ne semble pas que tu m’aies compris : c'est la voiture, la même voiture  ; même plaque d’immatriculation, même numéro de châssis, même niveau de carburant. Ça me fait rire. Au fait, personne n’a jamais fait le plein, et ça va être compliqué ici.

    — Qu’est-ce que ça veut dire, merde ? demanda l’agent.

    — Mince ! Tu sembles enveloppée dans un océan de doutes. Ne t’inquiète pas, tu verras.

    La réponse provoque Beatriz à hausser les épaules en signe d’indifférence, en plus de l’ignorance qu’elle portait déjà, et à marcher à nouveau comme avant.

    — Au fait (elle s’arrêta de nouveau), pourrais-tu enlever ces menottes ou tu penses me promener dans tout l’arc que tu dessines pour continuer à faire un détour avec ton bavardage ? (La policière fit appel à la sagesse de la couturière). Et pendant qu’on y est, si tu le voulais, tu pourrais être beaucoup plus directe, à la fois en paroles et en parcours.

    — Mince ! la femme des ongles vifs fit surpris. Tu es très subtil !

    Et c’est ce qu’elles faisaient ; tourner en rond.

    À maints égards, Tamara était très différente de sa cousine Rocío. Elle n’aimait pas faire de mal gratuitement, ni offenser personne. Elle ne regarda jamais quelqu’un de haut (ce qui correspond parfaitement à sa cousine), et elle avait un grand sens de l’honnêteté.

    Tel qu’il fut décrit par l’agent distrait, le détour ressemblait à un arc, mais celui-ci, dessiné par son accompagnatrice, était trop prononcé. Selon leur trajectoire, elles n’avaient pas encore atteint leur point médian. Comme en tant d’autres occasions, l’intention de Tamara était de marcher sur un large rayon pour prolonger le bavardage. Elle avait convenu avec sa cousine que celle-ci et sa tante arriveraient avant elle et Beatriz dans la petite clinique que la docteure dirigeait à Penrose. En attendant, elle aborderait une autre affaire délicate avec la nouvelle femme.

    Le domaine, où Beatriz arriva dans la vieille et bruyante décapotable blanche, était situé à la périphérie du village, à un kilomètre et demi de la clinique, marchant sur l’arc que Tamara essayait de décrire, et à peine cinq cents mètres à pied en ligne droite, comme la juge et sa nièce Rocío le firent.

    Sur ce chemin circulaire, elles passèrent devant une taverne. Beatriz relâcha le pas jusqu’à ce qu’elle reste fixée dans la vitrine, comme si elle voulait pratiquer la fonction de toute mouche.

    Assez large et avec de grandes vitres qui laissaient apparaître son intérieur, ainsi était le Hitler. Deux baby-foot et deux tables de billard, l’une avec des chaises hautes, l’autre, sans elles, tenait sur son chiffon doublé trois boules d’ivoire : une de couleur noire, une blanche et une rouge. Cette zone de divertissement était située sur le mur droit du local, le plus loin du bar.

    Les queues pendaient au mur, comme les tableaux pour compter les points. Beaucoup plus hauts, presque au plafond et au-dessus des coins, on suspendait avec une grande fixation les haut-parleurs se répartissant selon la grande pièce. Le centre diaphane du local était occupé par des chaises et des tables symétriques. Derrière celles-ci, au fond de la pièce, le plus loin des vitrines, il se montrait une petite scène qui s’éloignait d’environ quatre mètres des tables.

    À juste titre, Beatriz supposa que la zone servirait à offrir de petits spectacles et des concerts, avec la juste séparation pour que les participants puissent danser. À la même profondeur et à la droite de celle-ci, au fond des tables de billard mentionnées, il y avait une selle ; un rodéo avec une affiche montrant la légende : « Bière gratuite pour qui résiste au poulain sauvage ».

    À gauche de tout se trouvait une large barre accompagnée d’une rangée de fauteuils, immobiles et dressées comme un défilé de soldats qui gardent encore la formation. Le plafond portait quelques lampes, mais beaucoup de lumières, également accrochées et alignées, superposées par zones. Celles de la zone de loisirs étaient disposées de différentes manières, de forme rectangulaire. Elle voulut continuer d'observer ce vaste local, mais la personne chargée de sa garde l’en empêcha.

    — Tu n’as pas dit que tu voulais prendre plus de temps ? La détenue s’énerva. Peu importe !

    — Oui, c’est vrai, je voulais prendre plus de temps, mais pas autant que tu le penses, répondit-elle en tirant Beatriz et en regardant le ciel comme si elle voulait demander une pause céleste. Mon Dieu ! Quelle patience !

    — Alors ! Tu allais me dire quoi d’autre ?

    — On dirait que c’est vrai que tu es une flic, mais je ne comprends pas.

    — Comment diable tu peux me demander cela ?

    — Oui ! Enfin ! Ce n’est pas grave. (Tamara changea de sujet. Elle se détourna de la délicate affaire qui l'amena à l’arc pour pouvoir lui dire, la sécurité de sa tante, Guadalupe Cantalejo). Ce qui compte, c’est la sécurité de ma tante, la juge.

    — Heureusement, la salle est vide, elle s’en mêla elle-même, sinon je serai vu comme une prisonnière. Et, en plus de me mettre les menottes, tu me demandes de t’aider avec j'ignore quelles lettres.

    — D’accord ! (Elle l’enleva les menottes). J’espère que je n’aurai pas à le regretter.

    — Et tu ne le feras pas ! lui répondit-elle en les enlevant. Ceci est déjà mieux !

    Beatriz se massa les poignets et se retourna. Elle pensait retourner à la borne, prendre la décapotable et s’en aller de ce village inhospitalier.

    — Ça y est ! Je retracerai la marche et revenir à la place qui me revient.

    Mais Tamara l’arrêta.

    — Eh ! Où penses-tu que tu vas ? (Elle se plaça devant elle et l’obstrua). Tu penses vraiment que les choses sont si faciles ?

    — Oui, je le crois.

    — D’accord ! Cours, essaie-le ! Essaie de sortir d’ici, tu verras.

    — Je m’y mets tout de suite.

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