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Énergie potentielle
Énergie potentielle
Énergie potentielle
Livre électronique482 pages

Énergie potentielle

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À propos de ce livre électronique

Quand le contrebandier interstellaire Haz Taylor perd tout, vaisseau, argent et réputation, il sombre dans l’alcool sur une planète misérable.

Mais alors, la Coalition lui propose un contrat pour rapatrier un artefact religieux. Sur le papier, le contrat semble simple, mais les arcanes de la politique sont parfois mortels – et l’artefact lui-même ne tient pas particulièrement à retourner chez lui.

Haz ne s’attendait pas au rôle de geôlier chargé de rapatrier un prisonnier, mais le voilà pris entre un canon laser et un vide intersidéral. Pourtant, il apprécie son captif, aussi le laisse-t-il libre de se déplacer à sa guise sur le vaisseau, de manger quand il a faim… et d’agir normalement. Du moins, jusqu’à ce qu’ils atteignent leur destination. Haz a conscience que la Coalition détesterait cette attitude, ce qui est à ses yeux une raison suffisante.

Puis il découvre ce qui attend Mot à son retour et tout à coup, le vide ne paraît plus aussi hostile. Haz n’est pas un héros, mais il refuse d’abandonner Mot à son destin. Sous son épaisse cuirasse d’égoïsme, il garde encore une conscience. Il risque de se faire tuer, d’accord, mais quelle importance ? Après tout, qu’a-t-il qui le retienne à la vie ?

LangueFrançais
Date de sortie25 oct. 2022
ISBN9781641084864
Énergie potentielle
Auteur

Kim Fielding

Kim Fielding is pleased every time someone calls her eclectic. Her books span a variety of genres, but all include authentic voices and unconventional heroes. She’s a Rainbow Award and SARA Emma Merritt winner, a LAMBDA finalist, and a two-time Foreword INDIE finalist. She has migrated back and forth across the western two-thirds of the United States and currently lives in California, where she long ago ran out of bookshelf space. A university professor who dreams of being able to travel and write full-time, she also dreams of having two daughters who occasionally get off their phones, a husband who isn’t obsessed with football, and a cat who doesn’t wake her up at 4:00 a.m. Some dreams are more easily obtained than others. Blogs: kfieldingwrites.com and www.goodreads.com/author/show/4105707.Kim_Fielding/blog Facebook: www.facebook.com/KFieldingWrites Email: kim@kfieldingwrites.com Twitter: @KFieldingWrites

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    Aperçu du livre

    Énergie potentielle - Kim Fielding

    Table des matières

    Résumé

    Remerciements

    Lexique

    I

    II

    III

    IV

    V

    VI

    VII

    VIII

    IX

    X

    XI

    XII

    XIII

    XIV

    XV

    XVI

    XVII

    XVIII

    XIX

    XX

    XXI

    XXII

    XXIII

    XXIV

    XXV

    XXVI

    XXVII

    XXVIII

    XXIX

    XXX

    XXXI

    XXXII

    Biographie

    Par Kim Fielding

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    Droits d'auteur

    Énergie potentielle

    Par Kim Fielding

    Quand le contrebandier interstellaire Haz Taylor perd tout, vaisseau, argent et réputation, il sombre dans l’alcool sur une planète misérable.

    Mais alors, la Coalition lui propose un contrat pour rapatrier un artefact religieux. Sur le papier, le contrat semble simple, mais les arcanes de la politique sont parfois mortels – et l’artefact lui-même ne tient pas particulièrement à retourner chez lui.

    Haz ne s’attendait pas au rôle de geôlier chargé de rapatrier un prisonnier, mais le voilà pris entre un canon laser et un vide intersidéral. Pourtant, il apprécie son captif, aussi le laisse-t-il libre de se déplacer à sa guise sur le vaisseau, de manger quand il a faim… et d’agir normalement. Du moins, jusqu’à ce qu’ils atteignent leur destination. Haz a conscience que la Coalition détesterait cette attitude, ce qui est à ses yeux une raison suffisante.

    Puis il découvre ce qui attend Mot à son retour et tout à coup, le vide ne paraît plus aussi hostile. Haz n’est pas un héros, mais il refuse d’abandonner Mot à son destin. Sous son épaisse cuirasse d’égoïsme, il garde encore une conscience. Il risque de se faire tuer, d’accord, mais quelle importance ? Après tout, qu’a-t-il qui le retienne à la vie ?

    Pour sauver son vaisseau, le contrebandier Haz Taylor accepte de convoyer un prisonnier de la Coalition. Mais lorsqu’il découvre le sort qui attend son captif, il change d’avis. Sous son épaisse cuirasse d’égoïsme, Haz garde encore une conscience. Ce qui risque de lui coûter la vie.

    Remerciements

    UN GRAND merci à Thea Nishimori pour ses conseils si pertinents pendant la construction de cette histoire ; à Karen Witzke pour son soutien et son aide inestimable ; et à Scott Coatsworth pour m’avoir écoutée et réconfortée au quotidien. Il y a très longtemps que je pensais à l’histoire de Haz et je suis ravie de pouvoir enfin la partager avec mes lecteurs. Merci à Elizabeth et à Gin de m’avoir donné l’opportunité de le faire.

    Lexique

    Certains termes du roman sont inventés par l’auteur, en voici une liste non exhaustive.

    DIVERS :

    Biotab : implant faisant office de carte de crédit, de document d’identité, de téléphone, de récepteur, etc.

    Borvantine : minerai qui, une fois traité, produit le borvantium.

    Borvantium : métal à la fois léger et résistant qui protège les coques des vaisseaux spatiaux.

    Comlang : langage commun, permet aux espèces de communiquer entre elles.

    ESPÈCES :

    Craqir : être doté de pieds palmés ; huit yeux ; un bec, mais pas de langue ; communique via le traducteur intégré à son biotab.

    Libhazors : espèce se spécialisant dans la réparation de vaisseaux.

    Reptyl : humanoïde ; peau épaisse gris-vert ; toupet de plumes ; tête plate ; pointes sur l’échine dorsale ; yeux dorés aux pupilles rectangulaires.

    Yex’oi : humanoïde de grande taille ; peau turquoise ; cinq oreilles ; cinq yeux argentés aux pupilles fines et verticales ; crête sur le cou.

    FAUNE :

    Bhemu : sorte de bison, viande préférée des Reptyls.

    Qhek : sorte de gros pécari, aspect répugnant.

    Rheet : gros moustique buveur de sang.

    Thruqrax : sorte de rhinocéros, agressif et brutal.

    Zeneni : punaise minuscule, mais teigneuse (vit sur Kepler).

    JURONS :

    Gratulálok

    Jebiga

    Szot (variantes : szottard, szotain)

    NOURRITURE :

    Lorta : tubercules au goût de pomme de terre, mais avec une meilleure valeur nutritionnelle.

    PLANÈTES :

    La galaxie est répartie en secteurs d’Alpha à Omega, selon l’alphabet grec.

    Ankara : planète principale aux quatorze lunes, détruite dans une catastrophe galactique, entourée depuis d’une énorme couche de poussière et de débris.

    Ankara-12 : douzième lune d’Ankara ; repaire de hors-la-loi.

    Arinniti : repaire de hors-la-loi ; vie essentiellement souterraine suite aux pluies acides.

    Cérès : planète du système Sol, secteur Delta ; colonisée par les Nouveaux Adamites, secte très pratiquante et anti-technologie.

    Chov X8, planète indépendante du système Kappa, religion axée sur le Grand Divin et son canal humain, la Machine de la Théocratie Obéissante, Omphalos et Corpus de Piété.

    Citrapra : petite planète sèche et aride avec les seules mines de borvantine de la galaxie.

    Kepler : petite planète pauvre essentiellement constituée de marécages, seule richesse exploitable : le barbeau ou cresson épineux.

    Newton : riche planète marchande et destination touristique.

    Occone-3 : planète qui avait de la borvantine, mais le filon est épuisé depuis deux siècles.

    Terre : siège de la Coalition, le gouvernement majoritaire de la galaxie.

    VAISSEAUX SPATIAUX :

    Par ordre de taille :

    Youyou

    Cotre

    Boutre

    Caravelle

    Brick

    Xebec

    Frégate

    Galion

    I

    MÊME EN civil, elle n’était pas à sa place dans ce rade, c’était évident. Elle était trop propre, avec des yeux trop vifs et une posture trop altière. Elle vibrait d’intensité et de détermination. Elle traversa le bar comme si elle en était la propriétaire, mais ce n’était pas le cas, sinon, l’endroit serait bien rangé et bien éclairé, et les clients bien plus nombreux et plus classe.

    Haz n’aurait pas cru qu’elle viendrait, mais il n’était pas vraiment surpris de la voir. Peut-être s’y attendait-il depuis un bout de temps, plus ou moins inconsciemment. La vraie question était de savoir si elle comptait l’arrêter ou juste lui exploser la tête d’un coup de pistolet laser.

    En arrivant à sa table, tout au fond de la salle, elle tira une chaise, s’y installa et le fixa, l’expression fermée. Elle avait vieilli depuis leur dernière rencontre, décida-t-il, en notant de nouvelles rides autour de la bouche fine. Les cheveux devenus gris acier étaient courts, comme le règlement l’exigeait.

    Haz vida son verre d’une longue gorgée et fit signe au barman de lui en apporter un autre. Ensuite, il reporta son attention sur sa compagne de table.

    — À quoi dois-je l’honneur de votre présence, colonel Kasabian ?

    — J’ai été promue, répondit-elle. Je suis général de brigade.

    Elle avait gardé la même voix, sèche et atone, comme si l’oxygène lui était rationné.

    — Gratulálok ! s’écria Haz.

    Il leva son verre vide en un toast moqueur. Le barman revint d’un pas glissant, ses larges pieds palmés faisant vibrer le carrelage. Il donna à Haz son verre et tourna vers le général Kasabian un regard expectatif. Du moins, Haz le pensait, parce qu’avec un craqir, c’était difficile à dire, surtout quand les huit yeux de la créature ne regardaient pas tous dans la même direction. Les craqirs ne parlaient pas le comlang – le langage commun –, car ils étaient dotés d’un bec et privés de langue. Ce craqir particulier prenait rarement la peine d’utiliser le traducteur intégré à son biotab.

    — Je suppose que vous n’avez pas de vrai gin, demanda Kasabian, la bouche pincée.

    Le craqir se contenta de secouer la tête. Haz, quant à lui, élabora la réponse :

    — Leur version synthé a tout du décapant pour peinture. Je vous conseille plutôt leur vodka yinex, coupée avec de l’eau. Le goût est tout aussi dégueulasse, mais ça ronge moins la muqueuse de l’estomac.

    Elle jeta un regard entendu au verre posé devant lui – du pur whisky synthétique – et renvoya le craqir d’un signe de tête. Elle attendit qu’il retourne dernière son bar pour enchaîner :

    — Major Taylor…

    — Non, non, coupa Haz, vous savez comme moi que j’ai été dégradé. Dans les registres de la Marine, je ne suis que simple sergent. Et pour être franc, je ne tiens pas à ce titre. Je suis redevenu un civil, ce qui me convient parfaitement.

    Elle plissa les yeux.

    — D’accord. Dans ce cas, capitaine Taylor…

    — Non, non, répéta Haz. Un capitaine est censé avoir un vaisseau, ce n’est pas mon cas. Je suis Taylor ou ce bon vieux Taylor, comme vous le sentez. Vous pouvez aussi m’appeler Haz. Vous l’avez déjà fait une ou deux fois, si je ne m’abuse.

    Il remua et redressa sa foutue jambe, sa malédiction ! Son geste ne suffit pas à atténuer la douleur, aussi Haz vida-t-il un bon tiers de son whisky synthétique. Comme analgésique, ce n’était pas très efficace, mais quand Haz était soûl, il ne pensait plus à ses maux.

    — Je croyais que vous aviez un vaisseau ! protesta Kasabian.

    Il ne demanda pas de qui elle tenait ses renseignements. Il savait qu’elle avait bâti un réseau d’indics et de taupes dispersés dans toute la galaxie, ce qui avait probablement contribué à sa récente promotion.

    — Vos informations sont obsolètes, Général, railla Haz. Mon vaisseau a été sacrément déglingué au cours de mon dernier raid et je n’ai pas les fonds nécessaires pour le réparer. Alors, il est en cale sèche sur les docks, à moitié bouffé par la rouille. Si ça se trouve, les pillards l’ont déjà dépecé pour en revendre les morceaux.

    Il ne put retenir un soupir. Molly la Danseuse avait été solide et fiable, elle aurait mérité un meilleur sort.

    Le craqir revint et déposa deux verres sur la table. Haz hocha la tête avec approbation. La principale raison qui le poussait à fréquenter ce rade, c’était que les boissons arrivaient vite.

    Haz sirota son whisky et regarda Kasabian goûter au sien, impressionné qu’elle parvienne à déglutir sans grimacer.

    — Comment gagnez-vous votre vie si vous n’avez plus de vaisseau ? demanda Kasabian.

    Haz répondit d’un rictus et d’un haussement d’épaules. Puis il essaya encore de trouver une meilleure position pour sa jambe.

    Elle l’observa pendant les quelques minutes qu’il mit à vider son verre. Qu’allait-elle faire ? se demanda Haz. Expliquer la raison de sa venue ou s’en aller sans insister ? À moins qu’elle décide de l’arrêter ou même de lui tirer dessus, ce qui mettrait fin à leurs problèmes respectifs.

    Kasabian tapait son ongle sur la table métallique, ce qui rendit un son creux. Haz se souvint qu’elle aimait la musique. Quand il était sous ses ordres, elle planifiait les batailles avec en sourdine d’anciennes chansons terriennes datant d’au moins un siècle. Ça s’appelait du « heavy métal », bien que Haz n’ait jamais compris pourquoi. Peut-être pensait-elle à ces airs tout en tapotant.

    Au moins, elle n’avait pas dégainé et ne semblait pas encline à le faire. Si elle avait eu l’intention de le tuer, elle l’aurait déjà fait, elle n’était pas du genre à tergiverser. Mais si elle ne voulait pas sa tête, que lui voulait-elle ?

    — J’ai un contrat à vous proposer, dit-elle enfin.

    Eh bien, voilà qui répondait à la question.

    Haz haussa les sourcils.

    — Un contrat ? Pas une cellule de prison ?

    — Je suis prête à fermer les yeux sur vos anciennes… infractions si vous acceptez la mission.

    — Je n’ai pas de vaiss…

    Elle ne le laissa pas aller au bout de sa phrase.

    — Vous gagnerez de quoi en louer un.

    Il croisa les bras.

    — Il n’en est pas question.

    Jamais il ne se fierait à un vaisseau inconnu. D’ailleurs, qui serait assez fou pour lui confier du matériel de valeur ?

    — Dans ce cas, faites réparer le vôtre !

    Cette proposition était si tentante que Haz sentit son cœur rater quelques battements. Perdre Molly lui avait été aussi douloureux qu’une amputation. Pire, même. Il aurait volontiers sacrifié sa mauvaise jambe pour garder son vaisseau.

    Devinant sans doute le chemin que prenaient ses pensées, Kasabian désigna les membres inférieurs de Haz.

    — Pourquoi ne pas avoir consulté un médecin ?

    Il secoua la tête.

    — Je l’ai fait, croyez-moi, et ces salauds m’ont charcuté sans vergogne. Je ne veux plus les approcher !

    — Alors, faites-la remplacer, déclara-t-elle.

    Comme si on trouvait ça en rayons, à côté des boissons fraîches.

    — Je n’en ai pas les moyens, grinça Haz, sans cacher son amertume. Et ces szottards de la Marine refuseront de me faire crédit.

    Kasabian eut un sec hochement de tête.

    — En plus des réparations de votre vaisseau, déclara-t-elle avec autorité, ce contrat vous rapportera assez pour couvrir vos frais médicaux. Il vous en restera même pour les dépenses courantes, par exemple, engager un équipage.

    Elle s’adossa dans son siège, apparemment satisfaite de son offre.

    Haz lui jeta un regard suspicieux.

    — Depuis quand la Marine paie-t-elle si bien ses intervenants ? Expliquez-moi la vraie nature de ce contrat, je sens le coup tordu. Vous avez à votre disposition une flotte entière et le personnel nécessaire, je le sais très bien. Alors, pourquoi moi ?

    Il connaissait déjà la réponse : soit le travail était trop dangereux, soit il était de nature si douteuse que la Marine préférait ne pas y mêler ses officiers. Mais il voulait entendre Kasabian le reconnaître à haute et intelligible voix.

    — C’est une mission sensible, répondit-elle. Et il vous faudra traverser le secteur Kappa.

    Haz ricana. Ainsi, c’était les deux à la fois : dangereux et douteux.

    — Je vois. Vos agents seraient-ils de délicates fleurettes incapables d’affronter ce genre de périls ?

    Elle le toisa avec mépris.

    — Ne proférez pas d’inepties, Taylor. Vous savez comme moi que les délicats ne tiennent pas longtemps dans la Marine. C’était déjà le cas quand vous étiez parmi nous, ça l’est toujours.

    Elle afficha un sourire pincé et enchaîna :

    — Cela ne nous empêche pas d’apprécier vos talents.

    Il émit un autre grognement sceptique. Il devrait refuser purement et simplement, il le savait, mais Molly lui manquait terriblement. Et il détestait rester cloué au sol comme un szottard de champignon moisi ! En plus, il y avait le problème de sa jambe. Haz aurait vendu son âme – en supposant qu’il en ait une – pour une nuit de sommeil décent. Il dormait mal, il ne cessait de se réveiller, parce que s’il bougeait dans son lit, ses changements de position provoquaient des douleurs lancinantes. Par ailleurs, il était curieux de nature et il s’interrogeait vraiment sur la nature d’un contrat qui poussait Kasabian à venir le chercher.

    — Que diable voulez-vous que j’aille chercher à Kappa ? demanda-t-il. Les foutues planètes de ce système sont peuplées de pirates trop têtus ou trop idiots pour accepter de rejoindre la Coalition.

    — Votre mission sera de délivrer un colis sur l’une des planètes les plus éloignées du système Kappa, répondit Kasabian.

    Haz ricana.

    — Un colis, moi ? Je ne suis pas facteur, Général !

    — Alors, disons une livraison.

    — Je ne fais pas de fret !

    Haz détestait l’idée d’alourdir son vaisseau et d’être tenu à un délai de livraison. Tant qu’à faire, il préférait continuer à moisir à Kepler.

    — Il ne s’agit pas de fret, insista Kasabian. Si je vous ai parlé d’un colis, c’est qu’il n’y a qu’un seul élément, un artefact religieux d’une immense importance pour le peuple de Chov X8. L’artefact avait disparu, nous avons réussi à le récupérer, maintenant, il faudrait le renvoyer sur sa planète d’origine.

    En entendant le mot « religieux », Haz eut des crampes d’estomac. Il aurait aimé avoir bu davantage. Cachant sa grimace, il s’exprima d’une voix maîtrisée :

    — Et la Coalition renvoie cet artefact par bonté d’âme ?

    Kasabian grinça des dents.

    — Non, Chov X8 a pour nous une valeur stratégique. Et je n’en dirai pas plus, cela ne vous regarde pas. Mais enfin, Taylor, pourquoi ces tergiversations ? Je vous rappelle que nous sommes prêts à vous payer généreusement pour rendre l’artefact intact à ses légitimes propriétaires.

    Il haussa un sourcil.

    — Intact ? J’ai cru sentir une insistance sur ce mot, Général.

    Elle sourit en montrant ses dents comme un prédateur.

    — Ceux qui l’ont dérobé risquent de faire une autre tentative, Taylor. Ce sera à vous de les en empêcher.

    — Vraiment ? Si votre colis est tellement précieux, pourquoi ne pas l’envoyer à Chov sous la protection d’une escouade de canonnières ? La Marine n’en manque pas.

    — La Coalition ne tient pas à ébruiter son… implication dans cette affaire.

    Haz soupira. Il détestait la politique. À ses yeux, ce n’était que magouilles, faux semblants et mensonges. Il n’avait jamais caché son opinion, et sa franchise sans concession était souvent qualifiée de brutale. Haz ne le prenait pas comme une insulte. En vérité, il se contrefichait de l’intérêt que la Coalition portait à cette petite planète lointaine et des raisons qui poussaient Kasabian à retourner le « colis » en toute discrétion.

    Il tapota le biotab incrusté dans son poignet gauche et paya ses consommations. Tant qu’à faire, il régla aussi le verre de Kasabian. Ruiné comme il l’était, cela ne changerait pas grand-chose. Il se leva en faisant un effort pour ne pas grimacer.

    — Non, dit-il.

    — Pardon ?

    — Je refuse votre contrat. Je refuse de m’impliquer dans une histoire de religion. Gardez votre argent et trouvez quelqu’un d’autre.

    — Je ne comprends pas votre décision, admit Kasabian.

    — J’en ai ras la casquette de la Coalition, cette raison me paraît plus que suffisante.

    Alors qu’il s’apprêtait à s’éloigner, elle le retint d’une main dure verrouillée sur son poignet.

    — Avec cet argent, Taylor, vous pourriez récupérer votre vaisseau et faire soigner votre jambe. Je connais le montant des crédits qu’il vous reste, ce n’est pas beaucoup. Je parierais ma solde que vous n’avez aucun plan B une fois que vous serez à sec. Vous seriez idiot de refuser mon offre.

    Il dégagea son bras avec brusquerie.

    — Je n’ai jamais prétendu être intelligent. Bonne chance, Sona. Bonne chance pour tout.

    Bien entendu, il ne pouvait la distancer, mais il espéra qu’elle le laisserait s’en aller sans insister. Il n’eut pas cette chance. Elle le rattrapa alors qu’il arrivait à la porte. Cette fois, elle le saisit par l’avant-bras. Il trébucha et faillit perdre l’équilibre. Pour se stabiliser, il posa sa main libre sur une table inoccupée.

    Sona Kasabian avait un tel charisme qu’on oubliait sa petite taille. En tout cas, Haz l’avait oubliée. La tête du général n’atteignait même pas son épaule. Quand elle et lui étaient de simples recrues, avant même de devenir officiers, ils avaient couché ensemble trois ou quatre fois ; étendue contre lui, si long, elle avait paru minuscule, bien que forte et solide.

    Elle profita de leur position pour presser son biotab contre le sien, un léger tintement retentit.

    — Je pars dans deux jours, Haz, déclara-t-elle. C’est le temps que tu as pour changer d’avis. Préviens-moi quand ce sera le cas.

    Il secoua la tête et se dégagea une seconde fois.

    — Non, répéta-t-il.

    — Tu boites beaucoup, insista-t-elle. Pourquoi ne pas utiliser une canne ?

    — Va te faire foutre, Sona.

    Elle souriait en le regardant s’éloigner.

    QUAND HAZ avait réfléchi à ses options en quittant la Marine, jamais il n’avait imaginé se trouver un jour coincé sur Kepler, petite planète essentiellement constituée de marécages dont les températures atteignaient souvent des hauteurs létales, ce qui la rendait en majeure partie inhabitable aux humains. Mais quand Molly avait été gravement endommagée durant leur dernière mission, il n’avait pas eu le choix. Il avait dû filer vers le point d’atterrissage le plus proche. En vérité, il s’en était tiré de justesse, un vrai coup de chance !

    Kepler n’avait que deux villes, une à chaque pôle, les seuls endroits où les températures étaient supportables. Si Haz avait choisi le nord, c’était qu’il y faisait jour lors de son approche. La ville s’appelait Nord, un manque d’imagination qui symbolisait l’ensemble de la planète. Personne ne venait à Kepler par choix, c’était toujours la même histoire : « en désespoir de cause ». La plupart des locaux travaillaient dans les grosses entreprises qui exploitaient les marécages nocifs pour y récolter les feuilles de barbeau – ou cresson épineux. Les rares citoyens aisés de la planète traitaient le barbeau et vendaient leurs productions aux marchands des mondes extérieurs en échange de matières premières dont les Képlériens avaient besoin pour survivre. Quand le montant des profits satisfaisait leur cupidité, les nantis filaient tous vers des contrées plus hospitalières. Une partie de la population des deux cités travaillait dans les magasins, les restaurants miteux ou les bars, une autre œuvrait sur les docks pour réparer les bâtiments ou les vaisseaux de passage. Les derniers fournissaient divers services spécifiques pour les résidents susceptibles de les payer. Les divertissements étaient rares.

    Écrasée sous un ciel perpétuellement couvert, Kepler était une morne planète. Oui, tout le monde rêvait de la quitter !

    Sauf Haz. Il y survivait péniblement depuis plus d’un an et il comptait y rester.

    Le bar où Kasabian l’avait trouvé n’avait pas de nom. De plus, le distinguer des autres rades de Nord était plus ou moins impossible. Un ancien habitué, un Terrien lunatique qui s’intéressait à l’Antiquité de sa planète et aux combats de gladiateurs l’avait surnommé « la Fosse aux Désespérés ». Il riait en donnant ce nom, avant de réclamer un whisky synthé. Haz l’avait baisé une fois. Ensuite, d’un commun accord, les deux hommes avaient décidé de ne pas recommencer. Ils préféraient se concentrer sur leur pari implicite : lequel d’entre eux réussirait le premier à se tuer en buvant ? Le Terrien avait gagné. Ça faisait un bout de temps qu’Haz ne pensait plus à lui, mais pendant qu’il marchait péniblement pour rentrer chez lui, le Terrien lui revint en mémoire. Et Haz se demanda pourquoi.

    Dans ce quartier, les rues n’étaient pas pavées. À certains endroits, une poussière émanait du sol, assez dense pour obstruer les poumons les plus solides ; à d’autres, la boue était si collante qu’elle vous arrachait les chaussures des pieds. Les nantis voyageaient en aéroglisseur, aussi s’intéressaient-ils peu à l’état des rues. Les pauvres, eux, marchaient et maugréaient. Haz faisait partie de ce dernier groupe, bien entendu, et par une nuit comme celle-ci, alors que la brume épaisse trempait ses cheveux et dégoulinait sur son visage et que la boue accentuait ses douleurs à la jambe, ses jurons étaient particulièrement vicieux.

    Il s’arrêta et prit appui contre un bâtiment délabré, les dents serrées à l’idée du chemin qui lui restait encore à faire. Soudain, une ombre jaillit de l’obscurité et s’avança vers lui. Haz distinguait à peine le nouvel arrivant, mais à sa démarche à la fois furtive et décidée, il devina sans peine ses intentions.

    — Je n’ai rien sur moi qui vaille la peine d’être volé !

    Mentalement, Haz se frottait les mains, une bataille était exactement ce qu’il lui fallait ce soir pour calmer sa tension. Il ajouta d’un ton guilleret :

    — Et si tu crois être tombé sur une proie facile sous prétexte que tu brandis un coutelas, laisse-moi te dire que tu vas être fortement déçu.

    Son agresseur potentiel approchait toujours. Sans doute avait-il remarqué qu’Haz boitait bas, aussi ne croyait-il pas à ses allégations. Certains désespérés de Nord tuaient pour quelques crédits qu’ils dépenseraient en narcos, la drogue locale dont les forçats du barbeau étaient tous plus ou moins accros. En fait, les patrons leur distribuaient cette drogue dans l’espoir de les garder dociles. C’était aussi un bon moyen de pression : si un salarié se rebellait ou paressait, il était viré et privé de drogue du jour au lendemain. En temps normal, Haz ressentait presque de l’empathie pour ces pauvres gars. Mais pas quand l’un d’eux tentait de le voler.

    — Je te le dis, mon pote, insista-t-il. Tu vas le regretter.

    — Donne-moi tes crédits.

    La voix rauque avait un accent de Kepler. Le pauvre type était donc né sur cette planète de merde ? Pas étonnant qu’il ait besoin de narcos pour oublier ses malheurs.

    — Je te l’ai dit, répéta Haz avec patience. Je suis quasiment fauché. Je ne peux pas…

    Il ne put continuer, car l’homme avait bondi.

    Avec un mur derrière lui, Haz n’avait pas une grande marge de manœuvre. De plus, sa mauvaise jambe risquait de le lâcher s’il la mettait à contribution. Il portait un couteau, mais il ne le sortit pas pour ne pas couper court trop vite au plaisir de ce petit interlude. Il resta collé au bâtiment et saisit son agresseur par le poignet. Quand le tranchant d’une lame lui entailla la main, Haz secoua la tête, attribuant cette erreur de jugement à la quantité d’alcool ingurgité ce soir et à l’obscurité ambiante. Loin de lâcher prise, il resserra au contraire son emprise et utilisa l’élan de son adversaire pour écarter le couteau de son ventre. La lame s’incrusta en profondeur dans une planche de bois pourri du mur derrière Haz. L’agresseur tenta de la récupérer. Haz en profita pour lui envoyer un coup de genou dans les couilles. Comme c’était sa mauvaise jambe, ce fut douloureux, putain, mais l’autre encaissa bien davantage. D’expérience, Haz avait appris à garder sa bonne jambe fermement plantée au sol quand il se battait.

    L’homme poussa un long cri inarticulé. Il oublia son couteau et se plia en deux, donnant à Haz l’opportunité de lui décocher un solide coup de poing sur la tempe. Le Képlérien s’écroula comme une masse et l’impact de son corps heurtant la poussière renvoya des échos dans la rue déserte.

    Haz pressa son pouce sur son biotab avant de se pencher sur l’homme inconscient. Il connecta son biotab à celui de son agresseur et lui transféra un petit virus vicieux qui bloquerait tous ses crédits pendant une bonne semaine, sinon plus. C’était illégal, bien entendu, mais pas plus qu’attaquer les passants avec un couteau. Haz récupéra l’arme plantée dans le mur, il l’essuya rapidement sur le poncho de l’homme à terre, puis le glissa dans sa poche.

    — Ce fut un plaisir, déclara-t-il avant de reprendre son chemin en clopinant.

    LE QUARTIER où Haz vivait était essentiellement constitué de petits immeubles à deux étages, les rez-de-chaussée abritaient des magasins ou de petits ateliers, les appartements d’habitation occupant le reste. Si la plupart des résidents ne se plaignaient pas du manque d’ascenseur, pour Haz, l’escalier restait une épreuve difficile, même dans ses meilleurs jours. Il avait donc cherché longtemps une installation qui lui convienne. Il avait fini par louer une petite chambre située derrière une boutique de réparation.

    Il déverrouilla la porte avec son biotab et ne put s’empêcher de rire en imaginant la tête de son agresseur lorsque ce dernier constaterait ne pas pouvoir accéder à son logement. Une fois chez lui, Haz alluma et scruta sa chambre : un lit dur et étroit, une petite table et deux chaises, une étagère et un bureau. L’écran incrusté dans le mur avait une fissure diagonale, comme si quelqu’un y avait violemment jeté un projectile. Dans le coin, un évier et un miroir, et la porte d’accès à une salle d’eau si petite qu’Haz aurait pu utiliser les toilettes tout en se douchant.

    L’étroitesse des lieux ne le dérangeait pas. Il avait l’habitude des vaisseaux spatiaux aux quartiers encore plus restreints. De plus, il n’était pas du genre à accumuler les possessions. Il aimait même entendre craquer les lames de parquet sous son pas inégal. Le problème, c’était la vermine, ces infâmes insectes que les locaux appelaient « les cafards de boue ». S’en débarrasser était impossible. Par chance, ils ne piquaient pas.

    Haz ôta sa veste et l’accrocha à une patère, puis il frotta ses cheveux pour les débarrasser des gouttes de pluie. L’entaille sur sa main était douloureuse, ce qui lui compliqua la tâche pour enlever ses bottes. Szotain de jambe ! Contrarié, Haz jeta les bottes à travers la pièce.

    Se redressant, il traversa la pièce en boitant et se pansa maladroitement au-dessus de l’évier. La plaie était longue, mais peu profonde, aussi se contenta-t-il, une fois rincée et désinfectée, de la refermer avec de la dermaglu. Putain, il détestait cette foutue mixture ! Non seulement elle créait des démangeaisons atroces, mais ce sous-produit générique était d’un ton bien plus pâle que sa peau hâlée, comme pour attirer délibérément l’attention sur sa blessure.

    — Qu’est-ce que ça peut foutre, Taylor ? railla-t-il à haute voix. Qui s’intéresse à toi, hein ?

    Mentalement, il répondit : mon voleur, le craqir barman et Sona Kasabian. Elle s’était quand même donné la peine de venir le chercher ce soir dans ce trou pourri pour lui proposer un contrat !

    — Non, szotain ! Je veux qu’on me foute la paix ! Sona n’a qu’à retourner chez elle faire reluire la jolie petite étoile de son uniforme de général !

    Lui continuerait à se bousiller le foie en sombrant peu à peu dans la vase de cette planète. Bientôt, il ne resterait de lui qu’un peu d’ADN au fond d’un marais képlérien.

    Toujours debout devant son évier, Haz baissa les yeux sur ses paumes ouvertes. Il pensa à tout ce que ses mains avaient accompli, aux armes qu’elles avaient brandies, aux vaisseaux qu’elles avaient pilotés, aux amants qu’elles avaient caressés. Contrairement à son cerveau et sa jambe, ses mains ne l’avaient jamais trahi. Si Haz fermait les yeux, il sentait presque au creux de ses paumes la chaleur métallique des accoudoirs de son siège au poste de commande de Molly la Danseuse.

    Szotain, que ça lui manquait !

    Avec un soupir résigné, Haz referma ses mains et tapota son biotab.

    — Kasabian, dit-il.

    II

    — TU PUES, Molly, déclara Haz, c’est une véritable infection, mais au moins, tu es prête à affronter l’espace intersidéral. Foutons le camp d’ici !

    Il tapota la cloison métallique de son vaisseau.

    Il trouvait un peu déprimant, après avoir passé plus d’un an sur Kepler, que les seuls à remarquer son absence soient son propriétaire et son barman, le second bien avant le premier. Oh, il était possible que les réparateurs et les mécaniciens des docks gardent un bon souvenir de lui, vu qu’il leur avait versé une bonne partie des crédits que la Coalition avait déposés sur son compte. Mais en toute franchise, ses relations sur cette misérable planète restaient limitées, et Haz ne regrettait nullement de la quitter.

    Dès le décollage, il sut que Molly, malgré les récentes réparations, n’était pas au meilleur de sa forme. Les commandes répondaient de façon léthargique et la structure grinçait dès que Haz tentait des manœuvres un peu osées. De plus, Molly emportait avec elle la puanteur du marais. Mais tant qu’elle emportait Haz loin de Kepler, il était satisfait.

    Il resta un long moment en pilotage manuel pour le simple plaisir de retrouver d’anciennes sensations. Plus tard, quand il s’assit sur le pont, il prit conscience de sa jambe douloureuse, mais désormais, ce n’était plus aussi important. Tant qu’il volait, Haz était capable d’ignorer la douleur, sauf les rares fois où elle devenait intolérable. C’était comme si son corps cessait d’avoir une vie propre et fusionnait avec son vaisseau. Haz ressentait presque les photons des milliers de soleils lointains qui effleuraient sa carcasse métallique, contrastant avec le froid sidéral dans lequel il flottait ; il entendait le silence résonner à ses oreilles.

    Finalement, il dut se consacrer à d’autres tâches, aussi programma-t-il son itinéraire en tirant profit de quelques anomalies spatiales, ces bizarreries bien pratiques du tissu galactique permettant à un vaisseau d’aller d’un point A à un point Z sans passer par toutes les étapes intermédiaires se trouvant entre ces deux extrémités.

    — Je te laisse travailler seule, ma belle, déclara Haz.

    — Pilote automatique engagé.

    Cette voix chaleureuse aux tonalités maternelles arracha à Haz un sourire. Si Molly était une vraie femme, elle serait dodue et tendre, du genre à préparer des tartes maison et à aider ses petits-enfants dans leurs devoirs de calcul, ceci, bien évidemment, tout en surveillant de près le programmateur qui installait son écran afin de ne pas se faire arnaquer. Elle porterait des écharpes colorées, des vêtements amples et confortables, avec beaucoup de poches, et des bottes dont l’épaisse semelle claquerait sur le sol au rythme de ses pas. Elle raconterait d’extraordinaires histoires sur les trente-sept systèmes stellaires qu’elle avait arpentés durant sa folle jeunesse.

    Haz secoua la tête. Sans doute passait-il trop de temps seul dans son vaisseau sans personne à qui parler.

    D’un autre côté, il avait été privé de Molly pendant une très longue stan-année, aussi comptait-il bien rattraper le temps perdu.

    Il revérifia les coordonnées pour s’assurer de ne pas s’être trompé, tapota son écran et se leva. Les mécaniciens de Kepler ne s’étaient pas donné la peine de nettoyer une fois les réparations terminées, et après des mois en cale sèche, tout était croupi et nauséabond. Avec huit stan-jours à perdre avant d’atteindre sa destination, Haz avait largement le temps d’offrir à la brave Molly une cure de beauté.

    LES PLANÈTES Newton et Kepler étaient dans le même secteur, mais ce n’était vraiment pas facile à deviner quand on les comparait. Kepler avait des couleurs ternes et boueuses et une monotonie sans espoir d’amélioration alors que Newton était un éternel festival de luminosité et d’excitation mercantile.

    À la réflexion, cependant, les deux endroits représentaient bien l’objectif premier de la Coalition : arracher par tous les moyens aux résidents les crédits qu’ils possédaient. Simplement, les Newtoniens les dépensaient de façon plus agréable que les Képlériens.

    Haz ne comptait pas rester longtemps sur Newton. Il avait déjà visité la planète à quelques reprises alors qu’il était en fond, il s’y était amusé, sans plus. Il ne put, cependant, s’empêcher d’admirer l’élégant spatioport, dont les rutilants équipements étaient au top de la technologie. De toute évidence, les Newtoniens tenaient à faire bonne impression aux nouveaux arrivants. Haz se demanda si les autres biodômes de la planète – microsystèmes destinés aux espèces ayant des besoins différents –, étaient dotés d’installations aussi agréables.

    En glissant le long du quai, Haz jeta un coup d’œil au vaisseau voisin, un modèle sportif flambant neuf, dont la coque, peinte de couleurs vives, avait des courbes presque sensuelles. Le nouveau jouet d’un riche parvenu !

    Haz tapota le panneau de contrôle de Molly.

    — Ne t’inquiète pas, ma belle. Je te préfère infiniment à ce coucou tape-à-l’œil et clinquant.

    Haz prit le léger bourdonnement qui sortait des haut-parleurs comme une approbation de son vaisseau.

    Dès qu’il débarqua, quatre Newtoniens avancèrent pour le saluer. À part leur sourire commercial, ils ne portaient pas grand-chose d’autre, car leur photosynthèse était basée sur leur fourrure.

    — Bienvenue, capitaine Taylor ! Nous sommes ravis que vous veniez visiter notre belle planète. Laissez-moi

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