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Arsène Lupin et Sherlock Holmes : les regrets
Arsène Lupin et Sherlock Holmes : les regrets
Arsène Lupin et Sherlock Holmes : les regrets
Livre électronique267 pages3 heures

Arsène Lupin et Sherlock Holmes : les regrets

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À propos de ce livre électronique

Plusieurs mois après l’affrontement qui opposa Sherlock Holmes à Arsène Lupin, lui permettant de prendre enfin sa revanche, qui aurait cru que le vieux détective allait cette fois être amené à lui prêter main-forte ?
Ce domaine d’Étretat et le titre de baron d’Octeville, dont Lupin venait d’hériter d’un vieux cousin de sa mère, juste avant son incarcération, en seraient-ils la cause ? Une improbable évasion, un mystérieux manoir et l’émergence de vieux secrets de famille vont faire de Lupin et du jeune Firmin Achard, un de ses admirateurs inconditionnels, la cible d’individus peu recommandables, prêts à tout pour les éliminer.
Dans cette suite au précédent ouvrage « Sherlock Holmes contre Arsène Lupin : la revanche », les deux protagonistes vont devoir surmonter leurs rivalités, s’unir pour affronter bien des dangers, élucider les mystères et lever les écueils qui mettent leurs vies en péril.
LangueFrançais
Date de sortie9 juin 2022
ISBN9782411000909
Arsène Lupin et Sherlock Holmes : les regrets

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    Aperçu du livre

    Arsène Lupin et Sherlock Holmes - Martine Ruzé-Moëns

    cover.jpg

    Arsène Lupin et Sherlock Holmes : les regrets

    Martine Ruzé-Moëns

    Arsène Lupin et Sherlock Holmes : les regrets

    LEN

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    img1.jpg

    De la même plume :

    Les Voyages de Sherlock Holmes

    Mon ami Sherlock Holmes

    Le Meilleur Ennemi de Sherlock Holmes

    Sherlock Holmes et les disparus des Cornouailles

    Prix du roman policier JDMF 2019

    Les Vieux Cahiers de Sherlock Holmes

    Sherlock Holmes contre Arsène Lupin : la revanche

    Les Éditions du Net

    http://www.leseditionsdunet.com

    Couverture :

    Camille Ruzé

    https://www.camilleruze.com

    Illustrations tirées du Strand Magazine

    et diverses autres publications

    http://mrs-hudson.monsite-orange.fr

    Texte inédit

    sous la direction littéraire de Wilfried N’Sondé

    © LEN, 2022

    ISBN : 978-2-411-00090-9

    « Le temps adoucit les regrets ».

    Euripide

    img2.jpg

    La lettre

    Samedi 16 octobre 1920

    À la mi-octobre, ma prairie de Fulworth arborait de jolies couleurs automnales, en se recouvrant de feuilles mortes aux tons rouge et or. Les matinées devenant de plus en plus fraîches, après avoir visité mes ruches, à mon retour j’appréciai la bonne flambée qui crépitait dans l’âtre de la cheminée du salon. J’étais en train de déplier mon journal quand tinta le carillon du portillon.

    De ma fenêtre, j’aperçus Mathilde qui se dirigeait vers le facteur. Dès qu’elle lut le nom de l’expéditeur au verso de l’enveloppe, elle s’empressa de me la remettre.

    – Sherlock, Maurice Leblanc vous a écrit, me dit-elle, en entrant dans la pièce.

    Je me levai pour saisir le coupe-papier rangé dans le tiroir de mon bureau, et pris connaissance du courrier.

    « Monsieur Sherlock Holmes,

    J’ai bien reçu votre roman et vous en remercie.

    Cette histoire de cartes de visite au nom d’Arsène Lupin vous aura bien occupé durant votre séjour à Étretat. Félicitations pour votre enquête, rondement menée et habilement résolue. Personnellement, je n’ai jamais eu l’occasion de rencontrer aucun des deux protagonistes, qu’il s’agisse de Firmin Achard ou de Paul Rensien. Je suis toujours fort surpris de constater l’engouement que suscite mon héros littéraire auprès de certains de ses fans qui se font appeler des « lupiniens ». Cette histoire de tableau volé vous aura finalement entraîné dans une aventure inattendue. Je suis ravi qu’il ait été restitué au Rijks Museum d’Amsterdam.

    J’étais loin d’imaginer que j’avais chez moi un authentique Rembrandt dissimulé sous cette toile champêtre. Dommage qu’elle ait été mise en pièces, son côté bucolique ne manquait pas de charme.

    Je me permets de vous joindre la coupure d’un article paru récemment dans notre journal local.

    « Jeudi 14 octobre 1920 – Évasion à la prison du Havre. Un prisonnier s’évade de sa cellule en se volatilisant. Sa porte étant verrouillée et les barreaux de sa fenêtre intacts, sa disparition demeure un mystère pour le responsable du centre. »

    De plus, je viens d’être contacté par Joseph Lacombe, le directeur de la prison du Havre. L’un des gardiens qui ont constaté l’évasion a retrouvé sur la couchette du fugitif l’exemplaire du roman que vous m’aviez dédicacé. Après l’avoir lu, Joseph Lacombe souhaiterait que vous preniez contact avec lui. Comme vous pourrez le remarquer, aucun nom n’est cité dans l’article mais il m’a confirmé qu’il s’agissait bien d’Arsène Lupin, alias Paul Rensien. Il apparaît que votre homme n’a pas attendu l’ouverture de son procès pour prendre la poudre d’escampette. Encore une affaire qui ne manque pas d’intérêt, mon cher.

    Bien à vous. Maurice Leblanc. Mercredi 13 octobre 1920. »

    Je rageais intérieurement. Mathilde le remarqua.

    img3.png

    – Que se passe-t-il, Sherlock ? Vous paraissez contrarié.

    – Encore un coup de Lupin !

    – Qu’a-t-il donc fait, cette fois ?

    – Tenez, lisez.

    Elle prit connaissance de la lettre et de l’article du journal.

    – Comment se fait-il que l’exemplaire que vous aviez offert à Maurice Leblanc ait atterri dans sa cellule ?

    – J’espère surtout que Toine n’a pas été une nouvelle fois mêlé à cette affaire. Il m’est intolérable d’imaginer qu’un comparse de Lupin ait encore pu se servir de ce pauvre garçon pour parvenir à ses fins. Cet homme bénéficie de multiples complicités, Mathilde ! Même sous haute surveillance il a pris la fuite sans se faire remarquer. Comme pour me narguer, il a posé mon roman bien en évidence sur sa couchette.

    – Comptez-vous vous rendre à Étretat ou au Havre pour enquêter à nouveau ?

    – Il le faudra bien. Le directeur de la prison souhaite me rencontrer.

    – Depuis combien de temps était-il enfermé ?

    – Cela doit faire cinq mois et demi.

    – Comment se fait-il que personne ne vous ait encore contacté ? La gendarmerie d’Étretat vous aurait-elle déjà oublié ?

    – L’affaire ne dépend plus d’elle, Mathilde. Et dans ce centre pénitentiaire du Havre, personne ne me connaît. Alors que son procès devait se dérouler prochainement, en s’évadant de manière inexplicable, voilà qu’il se prend soudainement pour le héros légendaire de Maurice Leblanc.

    Je téléphonai à mon beau-fils. Harry se proposa de m’accompagner en Normandie. Le dimanche 17 octobre, nous prenions la mer en direction du Havre.

    img4.pngimg5.png

    La maison d’arrêt du Havre est située en centre-ville, au 25, rue Lesueur, non loin de la gare de chemin de fer. Elle fut construite au XIXe siècle, sur le modèle d’un établissement à régime d’enfermement collectif par quartiers distincts. Lors de son ouverture en décembre 1860, les détenus hommes sont sous la surveillance de gardiens, tandis que l’encadrement des femmes est confié aux sœurs de l’ordre de Marie-Joseph. En 1910, l’aile droite est transformée en quartier cellulaire.

    La prison

    Lundi 18 octobre 1920

    Pour faciliter nos déplacements dans cette grande ville du Havre, j’avais loué une automobile. Joseph Lacombe nous accueillit dès le début de la matinée. Il nous conduisit dans son bureau où se trouvait toujours mon roman, posé sur une pile de dossiers.

    – Je me doute que cette évasion ne vous satisfait guère, monsieur Holmes, après le mal que vous vous êtes donné pour le faire enfermer !

    – Connaissant l’individu, qui n’en est pas à son coup d’essai, je n’en suis pas surpris, monsieur le directeur. Avez-vous au moins une idée de la manière dont elle s’est déroulée ?

    – Pas la moindre. Nous ignorons encore comment il a procédé. La porte de sa cellule était restée fermée à clé et aucun barreau n’avait été scié. Comme à son habitude, sa pièce était parfaitement bien rangée. Nous n’avons pu y déceler le moindre indice. Il semble s’être volatilisé.

    – Lupin recevait-il des visiteurs au parloir ?

    – Nous ne tolérions que son épouse, une seule fois par semaine. Mais depuis un certain temps, ses visites se faisaient de plus en plus rares.

    – Lui apportait-elle des livres, des fruits, des gâteaux ?

    – C’est fort possible. Notre règlement l’autorise. Chaque visiteur est fouillé à l’entrée. Il déballe devant le gardien les objets qu’il souhaite faire parvenir au prévenu puis ce gardien, après vérifications, les dépose dans la cellule concernée.

    – Je vois. La personne du poste de garde serait-elle susceptible de se souvenir vers quel moment le livre que j’avais offert à Maurice Leblanc lui a été remis ?

    Le directeur lui téléphona. Peu après, un jeune homme entra dans la pièce avec un registre sous le bras. Joseph Lacombe lui présenta mon livre.

    – Guillaume, quand ce roman a-t-il été déposé dans la cellule de monsieur Lupin ?

    Le jeune homme ouvrit son registre.

    – J’indique toujours le jour et le détail des objets ou aliments remis aux détenus, nous précisa-t-il, tout en cherchant le nom de l’intéressé. « Lupin » : un livre. C’était le lundi 5 juillet, monsieur le directeur.

    – Cela fait donc plus de trois mois. Par qui ? Si cela n’est pas trop indiscret.

    Il lança un coup d’œil interrogateur vers le directeur.

    – Donnez-lui le nom, Guillaume.

    – Firmin Achard.

    – Firmin ! m’exclamai-je, interloqué.

    Je ne pus cacher ma surprise.

    – Qu’est-il venu faire ici ?

    – Je me souviens que ce jeune monsieur souhaitait rencontrer le prévenu au parloir. Je lui ai répondu qu’il ne recevait aucune visite, hormis celle de sa femme. La déception se lut sur son visage. Je lui ai aussitôt promis que je ferais le nécessaire pour lui remettre le livre en mains propres. Il m’a demandé l’autorisation d’y glisser un petit message personnel qu’il avait préparé d’avance.

    – L’avez-vous lu ?

    – Oui, monsieur. Mais cela remonte à quelque temps déjà. Je ne m’en souviens vraiment pas.

    Je m’adressai au directeur :

    – Je suppose que ce message ne s’y trouvait plus quand vous avez trouvé le livre sur son lit ?

    – Non, monsieur Holmes, il n’y était pas, je peux vous l’assurer.

    – Serait-il possible que je récupère mon ouvrage ? Je le remettrai directement à Maurice Leblanc. Je le lui avais offert.

    Joseph Lacombe ne fit aucune objection.

    – Merci, Guillaume, dit-il au jeune homme. Vous pouvez retourner à votre poste.

    Je poursuivis :

    – Sortait-il en promenade en même temps que les autres détenus ?

    – Oui. Mais toujours sous une étroite surveillance. La cour est construite selon une structure « en camembert », dans un espace attenant au bâtiment. Typique d’une volonté de séparer au maximum les détenus, elle contient quinze « part-préaux » permettant d’individualiser les promenades, ajouta-t-il en désignant un plan punaisé au mur.

    img6.png

    Son gardien savait qu’il avait affaire à un individu « particulier », poursuivit le directeur. Aucun échange verbal n’était toléré avec les autres détenus. Il ne communiquait que très rarement, même avec son geôlier. Il avait fini par s’enfermer dans un mutisme total. Mais depuis qu’il avait changé de surveillant, il semblait plus détendu.

    – Qu’est-il arrivé à son ancien gardien ?

    – Il a été renversé par une automobile. Une roue lui a écrasé la jambe : col du fémur fracturé, avait-on annoncé à Guillaume le jour de l’accident. Il en a pour plusieurs mois d’inactivité.

    – Avez-vous demandé l’ouverture d’une enquête ? s’enquit Harry.

    – Il ne s’agissait que d’un simple accident de la circulation, monsieur. Nous ne sommes pas allés jusque-là.

    – Pourrais-je rencontrer le petit nouveau qui le remplace ?

    Le directeur tiqua. Ma question le mit dans l’embarras.

    – Malheureusement, monsieur Holmes, dès l’instant où il a constaté l’évasion de Lupin, nous ne l’avons pas revu.

    Harry et moi nous regardâmes.

    – Avez-vous tenté de le contacter chez lui ?

    – Pas encore, monsieur, répondit-il à Harry ; il a déménagé dernièrement, je viens juste d’avoir sa nouvelle adresse. Mon intention était de ne pas ébruiter cette histoire. Entre l’évasion de Lupin et la disparition d’un de mes gardiens, je risque de perdre ma place, comprenez-vous ? J’ignore encore par quel biais l’information a pu être publiée dans le journal local. Je pestai quand j’ai vu l’article. Heureusement, aucun patronyme n’y est mentionné.

    – Qui, au juste, est au courant de son évasion ?

    – Denis Pasquier, son gardien, et Guillaume Jourdan, le jeune responsable du poste de garde. Ni l’un, ni l’autre, n’avaient non plus intérêt à ébruiter la nouvelle.

    – N’avez-vous pas trouvé étrange, reprit Harry, sidéré par les propos du directeur, que ce gardien n’ait plus donné signe de vie ? Ne vous est-il pas venu à l’idée qu’un des complices de Lupin soit parvenu à s’infiltrer au sein de votre établissement ? Ils sont très forts dans ce genre d’exercices et sont malheureusement prêts à tout pour parvenir à leurs fins, y compris blesser ou tuer. Je comprends à présent pourquoi il se sentait bien mieux depuis la venue du petit nouveau. Inutile de chercher midi à quatorze heures. Il est clair que son geôlier lui a ouvert la porte en prenant soin, après son départ, de bien refermer le verrou derrière lui.

    – Cela me paraît tellement improbable, s’insurgea le directeur. Personne ne l’a croisé dans les couloirs.

    – Nous autorisez-vous à visiter sa cellule ?

    – Bien évidemment, monsieur Holmes. Vous la trouverez telle qu’elle était le jour de l’évasion. Elle doit être un peu poussiéreuse. Nous avons été en travaux durant trois semaines. Chaque détenu est tenu de faire le nettoyage de sa propre cellule. Seulement, celle-ci est restée vide.

    Nous nous levâmes et lui emboîtâmes le pas. Dès que nous y fûmes entrés, mon regard fit un rapide tour de la pièce qui ne devait pas faire plus de neuf mètres carrés.

    – Avez-vous vérifié s’il ne cachait pas quelque chose sous son matelas ?

    – Oui, il n’y avait rien.

    Déstabilisé par ce qu’il venait d’apprendre sur Denis Pasquier, il blêmit en m’interrogeant du regard.

    – Pensez-vous vraiment que certains de ses complices auraient pu trouver le moyen de s’infiltrer au sein de notre centre ?

    – Avec un tel bonhomme, monsieur le directeur, il est bon de tout envisager.

    Nous sortîmes dans le couloir.

    – Où se situent les cellules rénovées ?

    – Ce sont les trois du fond, monsieur Holmes. Deux murs ont été abattus pour en faire un grand dortoir.

    – Les ouvriers étaient-ils nombreux à y travailler ?

    – Une petite dizaine. J’ai fait appel à un entrepreneur du Havre que m’avait recommandé Guillaume. Ils ont fait du bon travail.

    – Portaient-ils une tenue spéciale avec, par exemple, un symbole sur leurs vêtements ?

    – Ils étaient habillés d’une cotte en toile blanche et coiffés d’une casquette de même couleur, comme des ouvriers classiques.

    – Comment s’y prenaient-ils pour sortir les sacs de gravats de votre établissement ? s’étonna Harry. Passaient-ils directement par l’entrée principale ou par une issue secondaire ?

    – Ils devaient obligatoirement passer par le poste de garde, puisque leurs camionnettes avaient été garées dans la cour, juste à proximité de la grille de l’entrée.

    Nous empruntâmes le même parcours que les ouvriers. Je compris rapidement le stratagème utilisé.

    – C’est élémentaire. Voilà comment s’est produite sa fuite, messieurs. Lupin s’est tout bonnement inspiré de l’évasion de Napoléon III, quand il s’échappa du fort de Ham en 1846. Il s’était déguisé en maçon.

    – Pouvez-vous m’en dire davantage, monsieur Holmes ? s’étonna Lacombe.

    – En 1840, après son coup d’État manqué près de Boulogne-sur-Mer, Louis-Napoléon est condamné à l’emprisonnement à perpétuité. Il fut enfermé au fort de Ham, dans la Somme. C’est grâce à l’aide d’un médecin, le docteur Conneau, qu’il réussit à fuir. Il savait que des ouvriers effectuaient des travaux dans le pavillon où avait été enfermé Louis-Napoléon. Le jour J, le noble prisonnier rasa sa moustache, s’habilla comme un maçon, mit une perruque et chargea une planche de sa bibliothèque sur son épaule. Puis il prit la direction de la sortie. Les gardes n’y virent que du feu : ils le laissèrent franchir les grilles. Le prince s’enfuit alors en Belgique, puis en Angleterre. Il est probable que le complice de Lupin lui a fourni une tenue similaire à celle des ouvriers.

    Le directeur hocha la tête.

    – Comme tout devient plus simple, lorsque vous expliquez, monsieur Holmes. Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ?

    – Si vous me le permettez, monsieur le directeur, comme rien n’est encore certain dans cette affaire, je vais diriger mon enquête dans ce sens. Mais surtout, motus et bouche cousue. Continuez à ne rien ébruiter.

    Le jeune Guillaume parut gêné.

    – Je dois reconnaître que si jamais les choses se sont passées comme vous le dites, je suis le roi des imbéciles. En fait, je ne procédais à aucune vérification : ils entraient et sortaient comme dans un moulin avec des sacs de gravats sur le dos ou des planches sous le bras, des pots de peinture et des boîtes à outils. Notre évadé se serait-il aussi grimé ?

    – Avec une fausse moustache, une fausse barbe et une perruque, il est passé sous votre nez, Guillaume. On regarde très rarement le visage d’un ouvrier qui transporte un sac chargé sur son épaule ou des pots de peinture dans ses mains. Malheureusement, messieurs, à l’heure qu’il est, votre voleur national est probablement déjà très loin.

    Rageur, le

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