Les promesses de la folie: Recueil

Par Kaïlcédrat Sall

Les promesses de la folie est un recueil de poèmes qui propose une vision débridée de l’imaginaire et qui tire parti de la folie : il en emprunte la matière, l’élan et la lumière. En mariant folie et liberté, ces poèmes acheminent l’infini de l’imaginaire vers la Voie lactée de la fascinante imprévisibilité du dire qui souffle dans son cor pour en enfanter la beauté sous le soleil humecté des peuples en souffrance. Il ne s’agit pas seulement de dénoncer les chaotiques réalités du monde, de Conakry à Minneapolis, mais de percer la gueule de l’apocalypse avec le pouvoir des mots qui interviennent pour faire valoir des vérités nues.


A PROPOS DE L'AUTEUR
Kaïlcédrat Sall entretient une relation matricielle avec la littérature qui représente pour lui le moyen d’établir une prise avec le réel, comprendre le sensible et habiter le monde. Ce dernier entreprend l’écriture de Les promesses de la folie afin de caresser l’harmonie d’une folie créatrice, chargée de porter les souffrances silencieuses du monde sur la crête de la beauté, de la poésie.

• Langue: Français
• Éditeur: Le Lys Bleu Éditions
• Date de sortie: 29 avr. 2022
• ISBN: 9791037753700

Aperçu du livre

Du même auteur, chez Épiderme éditions

- Errances – Laminaires de la Conscience, 2016 ;

- Errances – Calebasse cabossée, 2016 ;

-Blessure insolente, 2018.

Au dieu des mots frais

Souffle de l’élévation, guerrier-marronneur aux flèches d’or

À mon très cher maître

Aimé Césaire

Tu fus ce poète qui chanta viscéralement une longue cantilène de chair vive dans le galet des plages temporelles des cultures du monde. Tu fus cet essayiste qui ébranla les assises de l’horizon avec une vibration océane jamais lasse à travers les cimes des mornes. Tu fus ce dramaturge qui fouilla dans des fanges profondes et désaffectées pour réhabiliter les mémoires des consciences dominées. Tu fus ce philosophe qui, par la folie salvatrice des mots, nous porta inlassablement sur les crêtes des ravines célestes.

Cher Laminaire, j’ai embrassé la haie incantatoire de tes cadènes sous la cheville des Kaïlcédrats. J’ai caressé l’épi de la tige éruptive de ton anse sidérale. J’ai palpé mon moi profond dans la touffe de cet épi de silex qui soulève le monde par le cri du dire poétique.

Cher Maître, depuis la rétine de ma fenêtre, je contemple au quotidien la fulgurance virginale de ta prose qui vrille la chair rouge du ciel, faisant nasse avec le baiser chamanique d’un vent printanier.

Grains de folie

Le sel de la folie

le mot folie

énergie des forces invisibles de minuit

eau saumurée des amis de la beauté

saveur et parfum des sorciers de l’imaginaire

il perle du jardin céleste des dieux du verbe

le mot folie

porté par l’ivresse d’un vent fou

gonflé par d’incroyables extases délirantes

ses ailes grattent et explosent la nasse des serpents

qui se terrent dans le ventre de l’oligarchie cruelle

le mot folie

détonateur des transparences printanières

d’un air triomphant, d’un ton commandeur

il fait bondir les volcans à l’assaut des brigands

en poussant des cris de hâ

de hou

de hourrah

le mot folie

comme un philtre divin aux charmes infinis

il pénètre les galeries ensoleillées du large

cueillant les plus rares hyacinthes féériques

pour les poètes qui dévident des vers sans modèle

le mot folie

il vomit avec avidité des vérités nues

sans filtre, sans maquillage, sans ordre

libérant l’imaginaire des protocoles du dire

et la poésie de l’errance savoure sans borne

le mot folie

lorsque le soleil couvre ses paupières dans la nuit

il devient une lanterne frisante et fulgurante

et les ennemis des tapages des bourgeoisies élitaires

caressent sans trêve l’envers invisible du vivant

le mot folie

le feu du sel de ses marécages célestes

étincelle des nuits solitaires des poètes en gésine

réveille les conques de leur sommeil léthargique

rien n’arrête ses élans d’incantations cabalistiques

le mot folie

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