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Shreemad Bhagavad Gita: Le Chant de l'Amour
Shreemad Bhagavad Gita: Le Chant de l'Amour
Shreemad Bhagavad Gita: Le Chant de l'Amour
Livre électronique1 828 pages17 heures

Shreemad Bhagavad Gita: Le Chant de l'Amour

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À propos de ce livre électronique

“Ô Arjuna, as-tu prêté attention à cela, avec un mental concentré ? Ton illusion, causée par l’ignorance, a-t-elle été dissipée ?”
Chapitre 18, Verset 72
La Shreemad Bhagavad Gita est l’une des écritures les plus anciennes du monde. Elle contient la parole directe de Dieu, s’adressant à toute l’humanité, indépendamment des religions ou des traditions. Sa philosophie et ses enseignements sont au cœur de la vie humaine. Elle nous enseigne à vivre notre vie quotidienne dans la Divinité, comme un service à Dieu et à Sa création. Elle y
parvient en nous donnant la vraie connaissance, la foi, la dévotion, l’abandon, le détachement, la libération des attentes et la maîtrise de nos propres actions. Le contraste est frappant avec les vies que nous avons pris l’habitude de mener. Le monde actuel est rempli d’un désir constant de richesses matérielles, de plaisirs des sens, d’individualisme et d’égoïsme.
La Gita fait office de phare sur les rives de Vaikunta, guidant les marins perdus dans la mer de l’illusion vers la sécurité. Mais comme tout enseignement, le temps et les esprits non qualifiés peuvent la déformer et mal comprendre ce qu’elle contient. C’est dans ce but que le Seigneur prend continuellement naissance sur terre sous la forme du Guru pour faire revivre la véritable essence de la Gita, pour montrer la simplicité du message de Bhagavan. L’un de ces maîtres est  Paramahamsa Sri Swami Vishwananda, et dans ce livre, contenant Son  commentaire personnel, nous détenons un trésor de perspicacité spirituelle.

LangueFrançais
ÉditeurBhakti Marga France
Date de sortie27 avr. 2021
ISBN9791095951087
Shreemad Bhagavad Gita: Le Chant de l'Amour

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    Aperçu du livre

    Shreemad Bhagavad Gita - Paramahamsa Vishwananda

    Shreemad Bhagavad Gita : Le Chant de l’Amour

    Publication Bhakti Marga France

    Copyright © 2021 Ass. Bhakti Marga France

    Illustrations par Gitanjali, copyright © Bhakti Event GmbH

    Illustration de la couverture par Nikunja Dasi, copyright © Bhakti Event GmbH

    Tous droits réservés.

    Première édition, en français

    ISBN : 979-10-95951-06-3

    Imprimé en France

    Achevé d'imprimer sur les presses de l'imprimerie CUSIN

    278 chemin de Maniguet - 38300 Meyrié - Tél. 04 74 28 44 31

    Dépôt légal : 1er trimestre 2021

    publications@bhaktimarga.fr

    bhaktimarga.fr

    bhaktimarga.org

    PARAMAHAMSA VISHWANANDA

    Shreemad

    Bhagavad Gita

    LE CHANT DE L’AMOUR

    TABLE DES MATIÈRES

    À propos de Paramahamsa Sri Swami Vishwananda

    Avant-propos

    Prières initiales

    Introduction à la Shreemad Bhagavad Gita

    Chapitre 1        Arjuna Vishaada Yoga

    Chapitre 2        Sankhya Yoga

    Chapitre 3        Karma Yoga

    Chapitre 4        Jyaana Vibhaaga Yoga

    Chapitre 5        Karma Sannyasa Yoga

    Chapitre 6        Dhyaana Yoga

    Chapitre 7        Jyaana Vijyaana Yoga

    Chapitre 8        Akshara Brahma Yoga

    Chapitre 9        Raajavidyaa Raajaguhya Yoga

    Chapitre 10      Vibhuti Yoga

    Chapitre 11      Vishwarupa Darshana Yoga

    Chapitre 12      Bhakti Yoga

    Chapitre 13      Kshetrakshetrajna Yoga

    Chapitre 14      Gunatraya Vibhaaga Yoga

    Chapitre 15      Purushottama Yoga

    Chapitre 16      Daivaasurasampad Vibhaaga Yoga

    Chapitre 17      Shraddhaatraya Vibhaaga Yoga

    Chapitre 18      Moksha Sannyasa Yoga

    Glossaire

    À propos de Bhakti Marga

    Author

    À PROPOS DE PARAMAHAMSA

    SRI SWAMI VISHWANANDA

    Paramahamsa Sri Swami Vishwananda est un Maître spirituel pleinement réalisé, dont la mission internationale connue sous le nom de Bhakti Marga « le chemin de la dévotion », se situe en plein cœur de l’Europe. Il parcourt le monde pour encourager les personnes à reconnaître l’Amour universel qui réside en tout être humain, et pour éveiller leur capacité innée à exprimer cet Amour au quotidien.

    Paramahamsa Vishwananda relie naturellement les principes de la spiritualité orientale à des éléments de tradition spirituelle occidentale, révélant l’unité du Divin qui leur est sous-jacente et inspire une expérience unique de la spiritualité, sans barrière de culture, de religion, de genre ou d’âge. Pour Lui, peu importe le nom ou la forme donnés à Dieu. Ce qui importe est la sincérité du cœur, le service dévoué à Dieu et à l’humain, et une attitude humble et positive tout au long du cheminement spirituel.

    Offrant inlassablement des Darshans et des Satsangs toute l’année, Paramahamsa Vishwananda aborde ces principes simples mais profonds d’une façon toute personnelle, répondant aux questions sur l’amour, la vie, la mort, la guérison, et la foi.

    Ses commentaires de textes védiques supplémentaires, comme celui-ci, aident un public mondial à bénéficier d’une compréhension plus profonde des messages universels qu’ils contiennent, et à diffuser un message d’amour, de paix et d’unité à toute l’humanité.

    AVANT-PROPOS

    La Shreemad Bhagavad Gita est l’une des plus anciennes écritures au monde. Elle contient la parole directe de Dieu, qui s’adresse à toute l’humanité, sans distinction de religion ou de tradition. Son nom « Shreemad Bhagavad Gita », signifie littéralement « Le chant de Dieu ». Dieu a été nommé de nombreuses manières à travers l’histoire, mais aujourd’hui, à notre époque, Paramahamsa Sri Swami Vishwananda a choisi de L’appeler « Amour ». Pour le bhakta, Dieu est notre Tout. Il est notre ami, notre père, notre mère, notre amoureux, notre fils, mais quelle que soit la manière dont Il apparaît extérieurement, Il est par-dessus tout Amour. Le souhait de Paramahamsa Vishwananda est, et a toujours été, d’unifier l’humanité, d’amener les gens du monde entier à se rassembler au nom de l’Amour universel. Dans cet esprit, Swamiji a choisi d’intituler ce livre, Ses commentaires personnels, Le Chant de l’Amour ».

    La philosophie et les enseignements de la Shreemad Bhagavad Gita sont fondamentaux pour la vie humaine. La Gita nous enseigne comment vivre le Divin au quotidien, comme un service rendu à Dieu et à Sa création. Pour y parvenir, elle nous apprend ce que sont la vraie connaissance, la foi, la dévotion, l’abandon, le détachement, et comment nous défaire des attentes et du sentiment de propriété concernant nos propres actions. Ce qui contraste fortement avec la vie que nous avons pris l’habitude de mener. Le monde d’aujourd’hui est rempli d’un désir constant pour les biens matériels, le plaisir des sens, l’individualisme et l’égoïsme. Cela conduit indéniablement à la souffrance et au malheur, car le puits sans fin des désirs consume l’humanité, qui reste inconsciente de l’Amour latent contenu en chaque être vivant et nous unissant tous. La vie est cette bataille constante entre les forces de la justice et de l’injustice. Dans la Gita, ceci est parfaitement illustré par les difficultés d’Arjuna, le plus cher dévot de Bhagavan Sri Krishna. Nous sommes tous des Arjunas, piégés dans la vie, à la recherche d’un moyen d’atteindre un bonheur éternel et de réaliser notre véritable dessein.

    Nous avons la chance de vivre à une époque où plusieurs Maîtres, incarnations du Divin Lui-même, sont venus répondre à notre appel. L’un de ces Maîtres est Paramahamsa Sri Swami Vishwananda. Nous sommes tous incroyablement chanceux de L’avoir parmi nous, et nous Lui sommes éternellement reconnaissants de tout ce qu’Il fait pour l’humanité.

    La Gita agit comme un phare sur les rives de Vaikunta, guidant en lieu sûr les marins perdus sur l’océan de l’illusion. Sa lumière dissipe les plus sombres recoins de notre être et nous offre l’immense Grâce d’approcher le Seigneur dans nos cœurs. Mais comme tout enseignement, le temps et des esprits non qualifiés peuvent le dénaturer et mal interpréter son contenu. C’est pour cette raison que le Seigneur prend continuellement naissance sur Terre sous la forme du Guru pour faire revivre la véritable essence de la Gita, pour montrer la simplicité du message de Bhagavan. La Gita est un livre de découverte personnelle et un voyage vers notre vrai Soi. Nous vous recommandons vivement de ne pas agir par ignorance ou fierté infondée et de ne pas tenter ce voyage par vous-même. Il s’agit d’un chemin dangereux semé de pièges tant internes qu’externes. Prenez refuge aux Pieds de Lotus du Guru et autorisez-vous à être guidé en toute sécurité vers les rives de Vaikunta, en temps voulu.

    Cet avant-propos s’achève sur une question. Dans le Chapitre 18, verset 72, Sri Krishna demande :

    « As-tu prêté attention à ceci, Ô Arjuna, avec un mental concentré ? L’illusion causée par ton ignorance est-elle dissipée ? »

    Puissent vos illusions et votre ignorance se transformer en Bhakti et en Amour pour Dieu, par la Grâce de Sri Krishna et de Paramahamsa Sri Swami Vishwananda.

    Jai Gurudev !

    – SVR

    PRIÈRES INITIALES

    Prières au Seigneur Ganesha

    vigneśvarāya varadāya supriyāya

    lambodarāya sakalāya jagdhitāya

    nāgānanāya śruthīyajña vibhuṣitāyā

    gaurīsutāya gaṇanātha namo namaste

    Prières au Seigneur Shiva

    śāntākāraṁ śikhara śayanaṁ nīlakanthaṁ sureśaṁ

    viśvādhāraṁ sphatik sadṛśaṁ śubhravamaṁ śubhāṅgam

    gaurī kāntaṁ tṛtāya nayanaṁ yogi bhirdhyārnagamyam

    vande śambhuṁ bhava bhaya haraṁ sarva lokaikanātham

    Prières au Seigneur Vishnu

    śāntākāraṁ bhujaga śayanaṁ padmanābhaṁ sureśaṁ

    viśvādhāraṁ gagana sadṛśaṁ meghavarṇa śubhāṅgam

    lakṣmī kāntaṁ kamala nayanaṁ yogi bhirdhyārnagamyaṁ

    vande viṣṇuṁ bhavabhaya haraṁ sarva lokaikanātham

    Prières à Surya dev

    namaḥ savitre jagad eka cakṣuse

    jagat prasūti sthiti nāśa hetave

    trayīmayāya triguṇātma dhāriṇe

    viriṁci nārāyaṇa śaṁkarātmane

    Prières à Gayatri Devi

    oṁ gāyatrīm trayakṣaraṁ balāṁ sākṣa sūtra kamaṇḍalum

    raktavastrāṁ caturhastāṁ haṁsavāhan saṁsthitāṁ

    āgaccha varade devī tryakṣare brahma vādini

    gāyatrī chandasāṁ mātar brahmayoni namostute te

    oṁ bhūr bhuvaḥ svaḥ

    tat savitūr vareṇiyam

    bhargo devasya dhīmahi

    dhiyo yo naḥ prachodayāt (3x)

    Prières au Seigneur Rama

    carithaṁ raghunā thasya śatakoṭi pravistaram

    ekaikamakṣar

    aṁ puṁsāṁ mahā pātakanāśanam

    dhyātvā nīlotpala śyāmaṁ rāmaṁ rājīvalocanam

    jānakī lakṣmaṇopethaṁ jaṭāmukuṭamaṇḍitam

    Prières au Seigneur Krishna

    bhaje vrajaikamaṇḍanaṁ samasta pāpakhaṇḍanaṁ

    svabhakta citta rañjanaṁ sadaiva nandanandanam

    supicchaguc chamastakaṁ sunādaveṇu hastakaṁ

    anaṅgaraṅgasāgaraṁ namāmi kṛṣṇa nāgaram

    kastūrī tilakaṁ lalāṭapaṭale vakṣaḥ sthale kaustubhaṁ

    nāsāgre varamauktikaṁ karatale veṇuṁ kare kaṅkaṇam

    sarvāṅge hari candanaṁ sulalitaṁ kaṇṭhe ca muktāvaliṁ

    gopa strī pariveṣṭito vijayate gopāla cūḍāmaṇiḥ

    Prières à Maha Lakshmi

    akṣasrakparaśuṁ gadeṣu kuliśaṁ padmaṁ dhanuḥ kuṇḍikāṁ

    daṇḍaṁ śaktim asiṁ ca carma jalajaṁ ghaṇṭāṁ

    surābhājanamshūlaṁ pāsha sudarśane ca dadhatīṁ hastaiḥ prasannānanāṁ

    seve sairibha mardinīmiha mahālakṣmīṁ sarojasthitāṁ

    Prières à Maha Kali

    Oṁ khaḍgaṁ cakra-gadeṣu-chāpa-parighāñ chūlaṃ bhuśuṇḍīṁ śiraḥ

    śaṅkhaṁ saṃda-dhatīṁ karai-stri-nayanāṁ sarvāṅga-bhūṣāvṛtām

    nīlāśma-dyutimāsya pāda-daśakāṁ seve mahākālikāṁ

    yāmastaut-svapite harau kamalajo hantuṁ madhuṁ kaiṭabham

    Prières à Hanuman

    manojavaṁ mārutatulyavegaṁ jitendriyaṁ buddhimatāṁ variṣṭham

    vātātmajaṁ vānarayūtha mukhyaṁ śrī rāmadūtaṁ śaraṇaṁ prapadye

    ullaṅghya sindhoḥ salilaṁ salīlaṁ yaḥ śokā vahniṁ janakātmajāyāḥ

    ādāya tenaiva dadāha lankāṁ namāmi taṁ prāñjali rāñjaneyam

    INTRODUCTION À LA

    SHREEMAD BHAGAVAD GITA

    Jai Gurudev !

    La Shreemad Bhagavad Gita est un chant de vie. Je vais le résumer rapidement.

    Tout au long de Sa vie, le Seigneur Krishna a toujours parlé dans le but d’élever tous ceux qui se trouvaient autour de Lui. Notez ceci : les gens qui entouraient Bhagavan Krishna étaient des âmes évoluées. Ils n’étaient pas de simples êtres humains. Chacun d’eux était, en réalité, Sa manifestation Elle-même, nous rappelant que chacun d’entre nous dans ce monde n’est autre que Lui ; Lui seul s’amuse au cœur de chacun d’entre nous. Je ne dirai pas dans le cœur de notre cœur, mais dans le cœur de l’âme elle-même : en transperçant l’ego de l’âme elle-même, vous Le trouverez, Lui seul.

    La Réalisation n’est pas seulement une chose à laquelle les gens pensent. La Réalisation, c’est l’atteindre, pleinement ! Mais comment l’atteindre ? Il n’est pas séparé de vous. Chaque action, quoi que vous fassiez, ne se produit que par Sa Volonté. Sans la Volonté de Dieu, rien n’est possible. Vous verrez, plus tard, que tout est dans Son Plan, mais dans Son Plan, Il donne aussi le choix. Les gens demandent souvent : « Mais avons-nous le libre arbitre ? » Quel est le libre arbitre des gens lorsqu’ils sont complètement abandonnés ? Lorsque vous avez un mental, le mental a le libre arbitre de choisir. Le Seigneur vous donne le choix : tant que vous voulez être séparé de Lui, vous avez bien sûr le choix. Mais une fois que vous réalisez que vous faites partie de Lui, que c’est Lui qui agit, que c’est Lui qui fait tout, alors vous voyez que tout n’est que Sa Volonté.

    Comme vous le savez, le Mahabharata porte sur la guerre entre les Kauravas et les Pandavas. Pourquoi ce combat a-t-il eu lieu ? C’était pour le royaume et pour des gains matériels. Le combat portait sur la question de savoir qui aurait le pouvoir : les Kauravas ou les Pandavas. Ici, je dois préciser que les deux camps étaient des Kauravas parce qu’ils étaient de la dynastie des Kuru : même le père d’Arjuna, Pandu, était de la dynastie des Kuru. Le roi Kaurava, Dhritarashtra, n’a pas reconnu les Pandavas comme faisant partie du royaume. Dhritarashtra était assis sur le trône de Pandu, qui était le roi légitime. Il était sur le trône du royaume sans même avoir eu le rituel raja abhishekam. Comment Dhritarashtra pouvait-il être le roi et s’asseoir sur le trône d’Hastinapur sans avoir la reconnaissance officielle d’être le roi d’Hastinapur ? C’était uniquement grâce à la parole de son frère.

    Il était sur son trône quand les Pandavas vinrent demander : « Nous donneras-tu notre part du royaume ? Nous avons aussi des droits sur ce royaume ! » Les Kauravas refusèrent et complotèrent pour tuer les Pandavas. Ils leur donnèrent une maison faite de cire, à laquelle Duryodhan, le fils le plus âgé du roi Dhritarashtra, mit le feu. Les Pandavas s’enfuirent et furent sauvés. De ce fait, cette inimitié existait entre eux depuis leur plus jeune âge.

    Plus tard, les Pandavas se marièrent. Arjuna épousa la fille de Drupada, Draupadi. Selon les règles de l’époque, une femme pouvait épouser cinq hommes. De nos jours c’est l’inverse ! Un homme épouse cinq femmes, même sept. Mais à l’époque, il y avait des règles, pour les rois également. Le Seigneur Krishna Lui-même avait 16 108 femmes. Mais ce n’était que pour nous rappeler que le Seigneur Krishna est le Seigneur, n’est-ce pas ? Il pouvait se marier avec autant de femmes qu’Il souhaitait. Et Il était physiquement présent avec chacune d’entre elles ! Par Son pouvoir, Il était présent avec chacune de Ses épouses.

    Draupadi a épousé les cinq frères Pandava. Selon les règles, lorsqu’elle était avec un frère, c’était pour une année seulement, et pendant cette année, un autre frère ne pouvait pas être avec elle. Ils devaient tous s’adresser à elle avec respect. Et quand le couple était dans leur chambre privée, les autres frères n’avaient pas l’autorisation d’entrer.

    Les Pandavas ont conquis un royaume et l’ont nommé Indraprastha, le royaume d’Indra, puisque Arjuna était le fils d’Indra. Comment Arjuna était-il le fils d’Indra ? Pandu était maudit. Il avait deux épouses, Kunti et Madri. Il était maudit, car s’il touchait l’une de ses femmes, il mourrait sur place, et ils ne pourraient pas avoir d’enfants. Alors, d’où venaient les frères Pandava ? Dans les temps anciens, à l’époque du Dwapara Yuga, les gens comptaient sur la bénédiction des sages, la bénédiction des anciens de la famille, du père et de la mère. La bénédiction était très importante parce que le pouvoir des mots qu’elle avait, et la foi en Dieu que les gens avaient à cette époque, la rendaient possible. La femme de Pandu, Kunti, a reçu la bénédiction de pouvoir savoir tout ce qu’elle voulait dès qu’elle le voulait. Chaque fois qu’elle désirait quelque chose de la part des devas, elle l’obtenait.

    Kunti dit à Pandu : « J’ai un mantra spécial. Laisse-moi l’utiliser et invoquer les devas pour leur bénédiction. » Elle voulait tester le mantra. Elle était comme tout le monde ; les gens ont toujours ce petit doute : « Ce mantra marche-t-il vraiment ou pas ? Cette bénédiction est-elle vraiment réelle ? Je vais essayer ! ».

    Un jour, regardant le Soleil, elle se demanda : « Pourquoi le Soleil est-il si rouge ? Je vais demander au dieu-Soleil. » Elle invoqua Surya Narayana et, bien sûr, Surya Narayana apparut face à elle et dit : « Que veux-tu ? » Kunti répondit : « Je ne sais pas. Je voulais juste savoir pourquoi tu étais rouge ? » Mais voyez-vous, quand vous invoquez les devas, ils doivent vous donner quelque chose. Ils ne peuvent pas simplement s’en aller sans vous avoir donné leur bénédiction. Surya Narayana lui dit : « Ok, tu ne sais pas quoi demander, mais je dois te donner quelque chose ! » Alors Surya Narayana dit : « Je te bénis d’un fils ! » Et bing ! Le fils était là ! Kunti n’est pas tombée enceinte. Non ! Le fils s’est juste manifesté par la bénédiction, par le pouvoir de volonté de Surya Narayana. Son nom était Karna. Elle pensa : « Que puis-je faire d’un fils ? Je ne sais pas quoi faire. » Elle n’était pas encore mariée et elle était une princesse de Kunti-Bhoja. Elle commença à s’inquiéter. « Que vont dire les gens ? » Elle ne pouvait pas aller dire à tout le monde « Immaculée conception ».

    Même lorsque notre Mère Marie est allée voir Joseph et lui a dit : « Je ne suis enceinte d’aucun homme, cela s’est fait par l’Esprit Saint », Joseph l’a-t-il bien accueilli ? Non ! Il y avait des doutes dans son esprit : « Comment ? N’importe qui peut dire ça ! » Comme je le disais : « Seule une mère sait qui est le père. » Le père ne peut pas savoir si l’enfant est réellement le sien ou pas. Ici c’était pareil ! Que faire ? Le cœur lourd, Kunti mit le bébé dans un panier sur l’eau pour que l’eau l’emporte quelque part en sécurité, espérant que quelqu’un recueille le bébé et l’élève.

    Cette histoire ressemble à celle de Moïse. La mère de Moïse a également dû abandonner son enfant, espérant qu’il aurait un bon avenir. Grâce à la bénédiction de Surya Narayana, l’enfant de Kunti fut trouvé et élevé par un conducteur de char. C’est pourquoi on appela Karna « Suta-putra » (le fils du conducteur de char). Plus tard, il fut révélé qu’il était le fils aîné de Kunti. Puisqu’il n’était pas le fils de Pandu, on l’appelait Kaunteya (fils de Kunti). Lorsque Kunti réalisa que la bénédiction avait fonctionné, elle fut rassurée. Plus tard, alors qu’elle était mariée à Pandu, et qu’il avait reçu cette malédiction, elle se rappela du mantra et dit : « Je peux avoir des enfants. Je n’ai pas vraiment besoin de toi pour avoir un enfant. » Pandu répondit : « Pauvre de moi ! »

    Kunti invoqua d’abord le tattva akash. Ici, akash ne veut pas dire le ciel. Cela veut dire l’élément éther, le tattva éther. En tant qu’élément, l’éther est le vide, ce que nous appelons aujourd’hui « le trou noir », la vacuité. En invoquant le tattva akash, elle avait en réalité invoqué tous les devas en disant : « Que celui qui entend ma voix vienne ! » Yama a répondu à l’invocation de Kunti. Yama est le seigneur de la mort, celui qui contrôle la mort : c’est pourquoi il est d’aspect sombre. Personne ne sait quand la mort arrivera, où elle arrivera, comment elle arrivera. Elle est inconnue de notre mental. Elle est inconnue des gens normaux. C’est pourquoi lorsque nous parlons de la mort, la peur surgit, non ? Ici, le tattva akash est ce vide. Yamaraj était satisfait de l’invocation de Kunti, alors il est apparu devant elle et l’a bénie d’un fils. Ping ! Un fils s’est manifesté ! Il s’appelait Yudhishtir.

    Puis, Kunti invoqua Vayu, le Dieu du vent, le père de Hanuman. Elle obtint une autre bénédiction, un autre fils : Bhima était né.

    Ensuite, elle invoqua Indra, le roi des demi-dieux, le roi d’Indra Loka. Vous devez maintenant comprendre à quoi correspondent Indra Loka et les devas. Lorsque vous êtes sur le chemin spirituel, vous avez une certaine réalisation de la Conscience de Dieu, mais vous êtes encore attaché au monde. Vous avez les deux : un pied au paradis et un pied sur terre. Vous êtes indécis quant à savoir où poser le prochain pas, car vous irez soit plus haut, soit plus bas. Indra a de nombreuses bonnes qualités, comme tous les autres devas, mais il a aussi un attachement au monde. Plus tard, vous retrouverez ces qualités contradictoires d’Indra dans son fils, Arjuna. Arjuna, bien sûr, était une âme élevée. Plus loin, nous verrons que Krishna et Arjuna étaient liés, avaient un bandhan (lien) depuis de nombreuses vies. Au Chapitre 4, Krishna le rappelle à Arjuna : « Écoute, notre relation ne date pas de cette vie-ci. Chaque fois que Je me suis incarné, tu t’es incarné. » C’était le dessein de Dieu. Il planifie tout avant que cela n’arrive, bien avant. Tout le plan de la vie de Krishna Lui-même était sous Son contrôle.

    Kunti invoqua Indra, ainsi naquit Arjuna. Arjuna représentait l’élément feu, le tattva feu. Après avoir eu trois fils, Kunti était très heureuse, mais Madri, l’autre femme de Pandu, était très triste. Elle pensait : « Oh, tu sais, ma sœur… Ces enfants sont très beaux. J’aimerais aussi avoir des fils. » Bien sûr, Pandu vit la tristesse de Madri et demanda à Kunti : « Puisque tu as reçu la bénédiction de ce mantra, pourrais-tu s’il te plaît le remettre à Madri ? » Kunti était très heureuse de le faire. Elle ne pensa pas « Oh, c’est mon mantra. Je vais le garder pour moi. Tant pis si elle n’a pas d’enfant. » Aujourd’hui, c’est ce que feraient les gens. Kunti remit le mantra à Madri avec joie, et Madri s’en servit pour invoquer les Ashwin Kumars, les deux frères qui sont les deux docteurs divins, et de leurs bénédictions naquirent Nakul et Sahadev. Nakul représente l’élément eau, parce que l’eau a de nombreuses propriétés curatives et Sahadev représente l’élément terre.

    Tous les Pandavas naquirent ainsi, de la bénédiction des devas. Plus tard, un jour, alors que Kunti était sortie avec les enfants, Pandu resté avec son épouse Madri à l’intérieur, se sentit submergé par le désir. Il ne parvint pas à se contrôler, il se jeta sur sa femme, et au moment où il la toucha, il se souvint de la malédiction ! À cet instant, il sentit une douleur terrible dans son cœur, il eut une terrible crise cardiaque, et mourut. C’est ainsi que la luxure tue les gens. Si le mental est plein de luxure, il consomme la force vitale de la personne.

    Les cinq frères Pandavas se marièrent plus tard à Draupadi, que l’on appelait aussi Krishna et Panchali. Draupadi, fille du roi Drupada, est née par la bénédiction du Seigneur Shiva, et elle représente l’élément feu. Un jour, Duryodhan, le fils aîné de Dhritarashtra, vint leur rendre visite, car les Pandavas avaient refusé de lui donner leur royaume. Les Pandavas finirent par dire : « Donne-nous une terre très lointaine où nous pourrons construire notre royaume. » Cette terre lointaine était stérile car elle était maudite. C’était le royaume de Takshaka, un roi démon serpent, qui terrorisait tous ceux qui vivaient là. Tout le monde avait quitté les lieux, devenus un refuge pour les serpents exclusivement. Les Pandavas demandèrent cet endroit et, évidemment, le roi dit : « D’accord, je ne vous donnerai rien de civilisé. Si vous voulez cette terre, prenez-la ! Je vous la donne avec joie ! » À leur arrivée, ils durent se battre avec les serpents qui vivaient là. Ils se battirent et gagnèrent. Le démon serpent Takshaka partit, et ils re-construisirent alors le royaume entier. Le roi serpent avait gardé prisonnier Mayasur, qui avait le pouvoir de tout rendre merveilleux.

    Vous connaissez Maya ? Savez-vous ce qu’elle fait ? Maya crée l’illusion. Mayasur était probablement le frère de Maya.

    Mayasur fut très heureux d’être libéré du roi démon serpent. Il s’en remit aux Pandavas en disant : « Vous m’avez libéré. J’avais été capturé et je devais le servir. Maintenant qu’il est parti, permettez-moi de vous donner quelque chose. » Il ne s’agissait pas seulement de prendre, prendre, prendre, voyez-vous, mais de donner également. Donner et recevoir crée un équilibre. Les gens de cette époque respectaient cet équilibre. Ainsi, par son pouvoir, Mayasur reconstruisit le royaume tout entier des Pandavas. Il créa un grand palais et le rendit merveilleux. À l’intérieur du palais, il y avait des choses magnifiques, mais puisque le palais avait été créé par le frère de Maya, beaucoup de choses y étaient illusoires.

    Lorsque Duryodhan vint visiter le palais, il vit un grand incendie de toute part. Il vit des gens de l’autre côté du feu le regarder en disant : « Venez, venez ! De quoi avez-vous peur ? » Il demanda : « Comment puis-je entrer ? Un grand feu brûle partout ! » Ils dirent : « Ne vous inquiétez pas, ce n’est qu’une illusion, entrez. » Il entra et, bien sûr, le feu n’était qu’une illusion, alors il le traversa. Continuant à avancer, il vit Draupadi. Elle se moquait de lui en disant « Venez, venez, venez ! » Les Pandavas savaient parfaitement qu’il était coléreux. Duryodhan était toujours agressif, toujours en rage. Ils dirent : « Venez, venez, venez ! » Il vit un beau tapis, et en marchant dessus, il tomba dedans. Ce tapis était très beau, mais de l’eau se trouvait dessous. Draupadi rit de lui et tous les Pandavas aussi. Elle dit : « Ah, regardez ! Tout comme son père est aveugle, il est aveugle lui aussi. Le fils de l’aveugle est aveugle. » Cela enragea évidemment Duryodhan encore plus et il dit : « Je prendrai ma revanche. »

    Les Kauravas se sentirent très offensés. Ils complotèrent pour reprendre le royaume des Pandavas. Après s’y être rendu et ayant vu combien ce royaume s’était embelli, tout le monde avait commencé à quitter Hastinapur pour vivre à Indraprastha, ce qui augmentait leur colère ! Dans leur colère, ils disaient : « Très bien, nous les mettrons dehors. » Ils eurent l’idée de jouer aux dés. Quand on jouait aux dés, il y avait certaines règles. Ces règles étaient : quel que soit le pari, vous deviez le tenir et vous ne quittiez pas la partie tant qu’elle n’était pas terminée. L’oncle de Duryodhan, du côté de sa mère, Shakuni, que fit-il ? Il avait un dé fait à partir des os de ses ancêtres, qui lui permettait de contrôler ses ancêtres à l’aide de ses pouvoirs magiques. Quel que soit le nombre qu’il voulait obtenir en jetant le dé, il l’obtenait. S’il voulait 10, il avait 10 ; le maximum était 36. Yudhishtir accepta de se rendre à Hastinapur pour jouer aux dés et être accueilli comme roi d’Indraprastha. Bien sûr, ce n’était qu’un plan diabolique pour les faire venir là avec des mots mielleux avant de… Quand les gens sont vraiment sournois, voyez-vous, ils ont l’air très gentils, après, ils vous prennent tout. Les Kauravas firent la même chose. Ils invitèrent Yudhishtira et les Pandavas, et leur dirent : « Venez, nous allons vous reconnaître officiellement comme le roi d’Indraprastha. » En réalité, c’était pour leur voler leur royaume. L’avarice, vous savez ? Vous avez toujours envie de ce qu’ont les autres – de ce qui appartient à d’autres. Les Kauravas étaient très cupides. Donc ils jouèrent aux dés. D’abord, Yudhishtira paria son trésor et son argent – comme vous pariez au casino. Il paria jusqu’à ce qu’il n’ait plus rien. Il paria même son royaume, le nouveau royaume qu’il venait tout juste de construire. Il le paria et le perdit.

    Yudhishtira dit : « Je n’ai plus rien maintenant, je vais donc vous laisser. » Les Kauravas refusèrent. « Non, la partie n’est pas terminée ! Comme nous gagnons, nous pouvons décider de la fin de la partie. » C’étaient les règles auxquelles ils avaient adhéré dès le départ : que le parti vainqueur puisse établir les règles. Yudhishtira paria aussi ses frères, l’un après l’autre. Il perdit tous ses frères. Finalement, il misa sur lui-même. Il se perdit lui aussi !

    Les Kauravas demandèrent : « Que te reste-t-il ? » Yudhishtir répondit : « Nous n’avons plus rien. » Ils ajoutèrent : « Si, tu as encore quelque chose, ta femme. » Il refusa en disant : « Comment parier une femme ? » Les femmes, en ce temps-là, étaient très respectées. Personne n’osait toucher une femme ou proférer la moindre parole irrespectueuse envers une femme. Il persista à refuser par ces paroles : « Non, nous ne pouvons pas faire cela ! » Alors, les Kauravas le forcèrent en disant : « Tout ce que tu as perdu nous appartient maintenant ! Donc tu nous appartiens également ! Puisque tu es à nous, nous t’ordonnons de parier ta femme ! » Yudhishtir se devait d’accepter : « D’accord, nous allons parier notre femme. » Il le devait, voyez-vous, parce que Yudhishtir était très vertueux. Il tenait toujours ses promesses, il se devait de parier son épouse, Draupadi. Il lança le dé et, bien sûr, perdit Draupadi.

    Pour ridiculiser Draupadi, les Kauravas envoyèrent un message l’appelant à la cour. Ce jeu de dé ne se jouait pas dans une petite salle. Il se jouait dans une grande cour royale, devant le roi. Toute l’assemblée, tout le peuple, tous les ministres, étaient présents et regardaient. Le grand-père, Bhishma, était présent. Dronacharya et Kripacharya étaient là. Mais ils étaient tenus par certaines promesses dès le début. Ils ne pouvaient rien dire, parce qu’ils faisaient partie du royaume des Kauravas. Les Kauravas envoyèrent un mot à Draupadi pour qu’elle rejoigne la cour. Elle refusa : « Non, je ne viendrai pas. Pourquoi le devrais-je ? »

    Cela énerva très fort Duryodhan qui s’entretint avec son second frère, Dushasana. Dushasana alla voir Draupadi, pour lui ordonner de venir. Elle persista à refuser. Que fit-il ? Il la traîna ! Il la tira par les cheveux et la traîna depuis sa chambre jusqu’à la cour ! Voyant cela, tous restaient sans voix. Même ses cinq puissants maris ne pouvaient rien dire, s’étant perdus eux-mêmes dans le jeu de pari. Draupadi fut amenée à la cour et les Kauravas voulaient la ridiculiser pour montrer leur pouvoir. Qu’ont-ils fait ? Ils ont voulu la déshabiller ! Ils ordonnèrent à Draupadi : « Enlève tes vêtements ! » Elle répondit : « Comment puis-je enlever mes vêtements devant tous ces hommes ? » Le roi, toutes les reines, tout le monde était là. Elle refusa, à nouveau : « Je ne peux ôter mes vêtements. » Alors Duryodhan demanda à son frère, Dushasana, de la déshabiller.

    Voici la partie la plus connue de l’histoire. Krishna et Draupadi partageaient une grande amitié et étaient les meilleurs amis.

    Quand Dushasana voulut la déshabiller, elle appela Krishna : « Govinda, viens m’aider ! » Elle s’accrochait encore vigoureusement à ses vêtements. Bien sûr, le Seigneur était là, à observer. Au moment où Draupadi relâcha ses vêtements, s’en remettant entièrement au Seigneur, se déroula un flux de sari sans fin. Dushasana déroula, déroula, déroula, pendant des heures et des heures. Il y avait des mètres et des mètres de sari, mais il ne put le lui retirer. Dushasana finit par s’écrouler, fatigué, complètement épuisé. À cet instant, Draupadi devint très en colère et maudit la cour entière. Elle maudit même ses maris en disant : « Dorénavant, vous n’êtes plus mes maris ! Je ne vous prends pas pour époux ! J’étais la femme de cinq maris puissants qu’un homme stupide a mis sous son contrôle. » Elle est devenue très en colère et a juré de tout brûler avec son pouvoir. Elle pouvait tout brûler parce qu’elle était le feu, shakti. Puis finalement elle se calma.

    Après cela, ils en vinrent tous à un commun accord car certains Kauravas commencèrent à faire entendre leur voix. Bhishma Pita dit : « Non, il est impossible de faire une chose pareille ! » Ils trouvèrent donc tous un accord. Les Pandavas partiraient en exil pendant treize ans et ne seraient pas même admis dans leur propre royaume. La treizième année, ils seraient toujours en exil et devraient rester entièrement incognito. Personne ne devait savoir qui ils étaient. Les Pandavas acceptèrent.

    Les Pandavas furent exilés pendant douze ans. La dernière année de leur exil, ils vécurent incognito dans le royaume du roi Virat. Personne ne sut qui ils étaient. Bhima était cuisinier. Nakul s’occupait des chevaux dans une étable. Yudhishthira était un des conseillers du roi. Arjuna était vêtu en femme car il était le professeur de danse de la princesse. Ainsi vivaient-ils cachés. Yudhishtira était si bon conseiller auprès du roi, que le royaume commença à prospérer et devint dix fois plus grand.

    « Évidemment, les rois aux alentours n’étaient pas stupides. Ils ont commencé à réfléchir, particulièrement l’oncle de Duryodhan, Shakuni. Shakuni était très rusé. Krishna Lui-même disait : « Il est une personne qui m’inquiète. Je ne m’inquiète de personne ni de rien d’autre, si ce n’est de Shakuni, parce qu’il a toujours une longueur d’avance. » Shakuni représente la pensée rusée qui complote toujours à des fins personnelles, qui cherche toujours à satisfaire l’ego, à satisfaire le mental. Avec son mental rusé, il anticipait toujours. Il supposa que les Pandavas se cachaient sûrement au royaume de Virat. Alors les Kauravas y allèrent. Bien sûr, le roi Virat savait que les Pandavas étaient là, mais il n’a jamais rien dit. Personne d’autre ne savait, et il les protégeait. Les Kauravas vinrent au roi Virat et dirent : « Les Pandavas se cachent certainement ici. » Il répondit : « Non ! S’ils se cachaient ici, nous le saurions forcément. Et même s’ils se cachaient ici, ce serait pour nous une grande bénédiction de les avoir. Je ne peux vous permettre d’envahir mon royaume pour partir à leur recherche. » Les Kauravas dirent : « Si vous ne nous laissez pas chercher, nous combattrons ! » Il répondit : « Bien ! Faites venir votre armée et nous combattrons. »

    La bataille devait commencer la veille de la fin des treize ans, cependant les Pandavas avaient besoin d’en repousser le début jusqu’au coucher du soleil du dernier jour de la treizième année. Les Kauravas vinrent au royaume de Virat pour se battre. Ils envoyèrent un groupe de leur armée à l’arrière du royaume, et un groupe à l’avant. Mais le roi était parti se battre ailleurs et il n’y avait plus personne pour protéger le royaume, sauf le fils du roi, âgé de seize ans. Que pouvait-il faire ? Il était prince, certes ! Mais contre une si grande armée, comment aurait-il pu se battre ? Arjuna était là déguisé en femme nommée Brihannala. Toujours déguisé en femme, il est venu voir le prince et lui a dit : « Regarde, tu es un prince, tu devrais aller te battre ! » Le prince a répondu : « Comment pourrais-je me battre ? Je ne sais même pas comment me battre ! » Bien sûr, tout le monde regardait Arjuna en disant : « Comment sais-tu ce que c’est que de se battre ? Tu es une femme. » Aujourd’hui, quand on voit quelqu’un habillé ainsi, on se dit : « Oh mon Dieu, c’est un homme qui s’habille comme une femme. Il doit être fou ! » Mais à l’époque, c’était normal. Il n’y avait pas ce tabou, que cette personne soit comme ci, que cette personne soit comme ça. Non. Il y avait du respect pour tout le monde. Brihannala dit au prince : « Allez vous battre ! » Ils regardaient tous Brihannala en disant : « Qu’est-ce que tu connais du combat ? Tout ce que tu sais, c’est danser. » Arjuna était un maître de danse ; il dansait à la perfection. Il dit : « Je sais danser et me battre aussi. Je vais vous montrer. Attaquez-moi ! » Ils l’attaquèrent et il dansait tout en se battant ! Ils étaient très impressionnés. Draupadi aussi était là, déguisée. Elle était l’intendante de la reine. Elle riait car ils savaient tous que c’était le dernier jour où ils auraient à se cacher. Après ça, tout le monde saurait qui ils étaient. Au coucher du soleil, ils sauraient tous. Ils dirent : « Waouh ! Brihannala se bat très bien ! Mieux que tous nos soldats ! » Finalement, le prince dit : « D’accord ! Est-ce que tu me protègeras ? » Arjuna répondit : « Oui, bien sûr, je vous protègerai ! »

    Ils arrivèrent par l’arrière pour protéger le royaume. Lorsque les Kauravas virent qu’un seul char venait à leur rencontre et que ce char était conduit par une simple femme, ils dirent : « Avez-vous perdu la tête ? Nous allons vous achever comme un rien ! » Le prince se retourna vers Arjuna et lui dit : « Comment puis-je me battre ? » Pendant ce temps, Arjuna essayait de reculer l’heure du combat. Il voulait attendre le coucher du soleil pour pouvoir révéler qui il était. Bien sûr, Bhishma, le grand-père du camp des Kauravas, n’était pas stupide, il savait qui Arjuna était vraiment. Mais il se taisait, car il savait que les Kauravas avaient tort. Bien qu’il soit du côté des Kauravas, il savait qu’ils avaient tort.

    Le soleil était sur le point de se coucher. Arjuna fit faire volte-face au char et se dirigea vers la forêt avoisinante avec le prince. Tout le monde pensa : « Ils s’enfuient ! La femme cocher et le prince s’enfuient ! » Arjuna dit au prince : « Descendez du char ! » Le prince répondit : « Pourquoi devrais-je descendre ? » Arjuna lui dit : « Je veux que vous montiez à cet arbre. Il y a un arc là-haut. Apportez-le moi ! » Avant que les Pandavas ne partent en exil, ils avaient caché leurs armes sous protection divine. La Déesse Maha Bhagavati avait alors protégé toutes leurs armes, mais à présent, les armes devenaient nécessaires. Le prince monta à l’arbre, vit l’arc, et l’en redescendit en disant : « Comment as-tu eu cet arc ? Cet arc est le Gandiva, l’un des arcs les plus puissants, et il appartient à Arjuna ! » C’est à ce moment que le prince sut qu’en réalité, Brihannala n’était autre qu’Arjuna.

    Arjuna remonta sur son char. Le soleil se couchait déjà, il pouvait donc commencer à se battre. Les treize années étaient enfin terminées, et cette nuit-là, les Pandavas révélèrent qui ils étaient. Le roi Virat le savait et s’en réjouit grandement. Les Kauravas dirent : « Nous savions bien que vous vous trouviez ici. Nous ne savions pas qui vous étiez, mais nous savions que vous étiez ici. »

    Les Pandavas dirent : « Nous avons tenu notre promesse, nous avons vécu douze ans d’exil, et un an totalement incognito. Nous avons tenu parole. » Mais les Kauravas n’étaient pas d’accord et demandèrent à se battre. Les Pandavas dirent : « Très bien, la guerre est imminente. Nous n’avons pas d’alternative maintenant, si vous ne nous donnez pas notre part du royaume. » Il ne s’agissait pas simplement de leur part du royaume. Il s’agissait de droiture, de ce qu’avait promis le roi. Les Pandavas avaient tenu parole et, maintenant que c’était fini, les Kauravas refusaient de tenir la promesse initialement faite. Il n’était pas question de donner mais de reconnaître qu’Indraprastha était le royaume des Pandavas.

    Puisqu’ils étaient encore tous dans le royaume du Roi Virat, ils lui firent parvenir cette nouvelle : « Maintenant, c’est la guerre ! Préparez-vous ! » Pendant ce temps, les Kauravas savaient que Krishna avait une grande armée, la Narayani Sena. Duryodhan, qui était le disciple de Balarama, dit : « J’irai voir Balarama pour lui demander de l’aide. » Balarama était le grand frère de Krishna, mais le responsable de l’armée était Krishna, et non Balarama. Balarama se chargeait de tout le reste. Quand les Kauravas allèrent trouver Balarama pour lui demander l’armée, il répondit : « Allez voir Krishna ! Ce n’est pas moi qui suis en charge de l’armée. » C’est pourquoi Arjuna et Duryodhan arrivèrent à Dwarka au même moment pour rencontrer Krishna.

    Quand Duryodhan arriva, il vit Krishna allongé, endormi sur Son sofa. Duryodhan alla s’asseoir avec fierté, à la tête de Krishna, sur une belle chaise, et attendit Son réveil. Arjuna arriva au même moment. Arjuna était très cher aux yeux de Krishna. Krishna lui avait dit de toujours rester humble et lui avait rappelé à maintes reprises : « Sois à Mes Pieds. » Arjuna se souvint à cet instant de ce que lui avait dit Krishna : « Sois à Mes pieds. Tu y seras protégé. » Arjuna se tint donc aux Pieds de Krishna et attendit les mains jointes. Quelques instants plus tard, Krishna ouvrit les yeux. La première personne qu’Il vit fut Arjuna et Il dit : « Arjuna, comment vas-tu ? Quand es-tu arrivé ? » Alors qu’Il se levait, Krishna sentit la présence d’une autre personne. Il se tourna et vit quelqu’un. Bien sûr, Il savait qui c’était, et dit : « Ah, Duryodhan, tu es aussi ici ? Pardon, je ne t’avais pas vu. » Duryodhan répondit : « Oui, oui, je suis là aussi. Je suis même arrivé avant Arjuna ! » Krishna dit : « Très bien, super ! Que puis-je faire pour vous ? »

    Bien évidemment, Krishna connaissait la raison de leur venue. Il dit à Arjuna : « Tu es plus jeune que Duryodhan, tu as donc le droit de faire ta demande en premier ! » C’était la loi du pays à cette époque. Ce n’était pas l’aîné qui était favorisé, mais le plus jeune. Je crois qu’aujourd’hui, c’est aussi le cas. On favorise toujours les plus jeunes. Krishna dit à Arjuna : « Demande ce que tu veux ! », et poursuivit : « Écoute, cette guerre ne se joue pas entre Moi et les Kauravas. Elle se joue entre les Pandavas et les fils de Dhritarashtra. Cela se passe entre vous. Je ne prendrai aucunement part à cette guerre. Si l’un de vous veut de Moi, Je serai son conseiller ; Je serai là pour vous conseiller. Je ne porterai aucune arme. » Duryodhan se mit à penser : « Que ferais-je de cet homme ? » Krishna continua : « Je vous donnerai le choix entre Me prendre pour conseiller, ou prendre Mon armée, Narayani Sena, qui comprend 2,4 millions de soldats. Que veux-tu ? Veux-tu Narayani Sena ou Me veux-tu, Moi seul ? » La Narayani Sena comptait à elle toute seule 2 455 700 soldats, 240 570 chars et leurs conducteurs, 240 570 éléphants et 721 710 chevaux.

    Duryodhan fut très heureux d’entendre ces chiffres si impressionnants « D’accord, que ferais-je de cette unique personne, qui ne prend même pas les armes ? Un conseiller ? J’ai mon merveilleux oncle, Shakuni Mama. Que ferais-je d’un autre conseiller ? » Sachant tout cela dès le départ, Krishna demanda à Arjuna : « Que veux-tu, mon cher ? » Arjuna tomba alors aux Pieds du Seigneur Krishna et dit : « Mon Seigneur, je ne veux pas de Ton armée, c’est Toi que je veux. » Duryodhan pensa : « Quel idiot ! » Bien sûr, Krishna pouvait lire les pensées de Duryodhan et dit : « Mon cher Arjuna, es-tu bien sûr ? Que ferais-tu de Moi ? Tu ne peux rien faire ! » Arjuna répondit : « Seigneur, si Tu es le Seigneur de l’univers, si Tu es avec nous, alors cela n’a pas d’importance. Même s’ils sont des milliers ou même s’ils sont des centaines de milliers, nous gagnerons. » Duryodhan pensait sûrement : « Arjuna est devenu fou. Avant même que la guerre ne commence, la guerre l’a déjà mis sous forte pression ! » Avec beaucoup d’arrogance, Duryodhan répondit : « Ok, très bien ! Ça me va ! Prends Krishna, mais donne-moi la Narayani Sena ! » ; « Oui » répliqua Krishna, « prends la Narayani Sena. »

    Lorsque Duryodhan arriva à Hastinapur, il annonça très fièrement à son oncle Shakuni : « Cher oncle, j’ai obtenu une grande armée ! » Son oncle répondit : « Espèce d’idiot, que vas-tu faire de cette armée ? Tu aurais dû prendre Krishna ! » Dans sa ruse, Shakuni savait que Krishna n’était pas un simple être humain.

    Plus tard, vous verrez que même s’ils vivaient tous avec Krishna à cette époque, ils ne Le considéraient pas comme Dieu. Ils Le voyaient comme quelqu’un envoyé par Dieu, comme le Christ, quand Il était vivant sur Terre. Même si Krishna avait accompli tant de miracles, Il avait couvert les yeux des gens de Sa Maya, de sorte qu’ils ne reconnaissent pas vraiment Sa pleine gloire, qui Il était en réalité. C’était aussi le cas du Christ. Jésus avait réalisé tant de miracles, mais à l’heure de sa crucifixion, tout le monde criait : « Crucifiez-Le ! Crucifiez-Le ! Crucifiez-Le ! »

    Ainsi, Duryodhan était maintenant très fier, mais son oncle Shakuni était extrêmement mécontent. Même si son oncle était très mauvais, il était aussi très sage. Il était trop sage, et le sage peut devenir stupide. Très souvent, vous voyez des gens très intelligents, mais où se trouvent-ils ? À l’asile psychiatrique ! Le cerveau ne peut supporter qu’une certaine quantité. Et quand c’est trop, il s’effondre. C’était pareil avec Shakuni, à cause de sa ruse, il pensait qu’il avait toujours raison. Cela causera sa perte par la suite. Il perdra tout, y compris sa vie, parce qu’il sera tué au cours de la Guerre du Mahabharata.

    Les Kauravas continuèrent de comploter pour gagner la guerre. Ils voulaient inviter Krishna dans leur palais pour Le tuer. Duryodhan Le convia ainsi : « Je vous en prie, venez manger à la maison. Nous vous servirons un bon repas. » Ils voulaient L’empoisonner, mais Krishna connaissait leur sombre pensée. Il répondit : « Non ! Comment puis-je manger votre nourriture quand votre cœur est si plein de noirceur ? Je ne le peux. »

    Krishna choisit de rendre visite à Vidura, l’oncle des Pandavas, mais Vidura n’était pas chez lui. La femme de Vidura fut comblée en voyant que Krishna était venu chez eux. Krishna lui demanda : « Pouvez-vous s’il vous plaît Me donner quelque chose à manger ? » Elle dit : « Oui, oui, j’ai de quoi manger pour Vous. Nous n’avons pas grand-chose, nous n’avons que des choses simples à manger ici. Je n’ai que des fruits. » Krishna dit : « S’il vous plaît, donnez-Moi ce que vous avez. » Elle commença à éplucher les bananes et à donner les peaux de banane à manger à Krishna, et à jeter les bananes ! Cependant, Krishna mangeait gaiement les épluchures. Quand Vidura rentra, qu’il vit toutes les bananes par terre et sa femme qui nourrissait Krishna avec des épluchures, il essaya de l’arrêter. Krishna repoussa sa main en disant : « Manger n’a pas d’importance. » Qu’a besoin de manger le Seigneur ? Le Seigneur n’a pas besoin de nourriture. Ce qu’Il prenait, c’était l’amour, l’amour pur qu’elle Lui offrait. Peut-être que dans sa vie précédente, elle était Sabari, qui avait amoureusement offert des fruits à Rama. Ainsi, dans cette vie, elle donnait des peaux de banane à manger à Krishna avec un amour si profond, un amour si sublime, que le Seigneur les mangeait joyeusement ! C’est pourquoi il est dit : « Si vous L’aimez, vous n’avez pas besoin de Lui offrir grand-chose. » Quelques gouttes d’eau accompagnées d’une feuille de Tulsi Lui feront plaisir plus que tout au monde. C’est si simple ! C’est si facile !

    Il quitta la maison de Vidura pour se rendre au palais des Kauravas. Ces démons tentèrent de le défier. À cet instant, Il montra – pas à tous – seulement à Bhishma et à Drona – qui Il était en réalité, Sa véritable forme. Il apparut avec quatre bras, en Chaturbhuja, Narayana Krishna. Alors ils surent qui Il était. Tous ne virent pas cela clairement à la cour. Un grand nombre ne vit qu’une grande lumière brillante. Seuls Bhishma et Drona en furent témoin. Les Kauravas refusèrent encore de cesser le combat et de rendre le royaume aux Pandavas. La guerre était inéluctable.

    Tous se préparèrent pour la guerre et se rendirent à Kurukshetra pour livrer bataille. Kurukshetra est un site hautement sacré. Il se situe à environ 160 kilomètres de Delhi. C’est l’endroit où le roi Kuru en personne fit pénitence. C’est aussi l’endroit où la cheville de Sati, de Maha Bhagavati, toucha la Terre. Et quand Krishna était jeune, Il s’était rendu quatre fois à Kurukshetra. Krishna et Balarama ont eu leur cérémonie traditionnelle à Kurukshetra : on leur rasa la tête à Kurukshetra. La dernière fois qu’ils s’y rendirent, ce fut pour la guerre. Maintenant, la bataille était imminente, et la grande armée des Pandavas et la grande armée des Kauravas étaient en position sur le champ de bataille.

    Les gens demandent souvent : « La Gita est si longue. Comment Krishna a-t-Il pu transmettre la Gita à Arjuna en à peine une heure ? » Comment Krishna a-t-Il pu donner à Arjuna la Gita, la Brahma Jyaan, la Connaissance Suprême, en un temps si court ? Il y a une chose que vous devez savoir : la guerre à cette époque n’était pas la guerre d’aujourd’hui. Vous ne tiriez pas à chaque fois que vous aviez envie de tirer. Il y avait un certain code de conduite, et il y avait les règles de la guerre. Avant même que la guerre ne commence, les deux camps s’étaient déjà mis d’accord pour que la guerre commence le matin avec le lever du soleil et se termine avec le coucher du soleil.

    Le premier chapitre de la Gita porte sur la dépression d’Arjuna. Arjuna dit : « Comment puis-je combattre mon propre peuple ? » Il ressentait en lui une profonde douleur et un profond chagrin à l’idée d’aller se battre. Krishna lui a donné la Gita, la connaissance de la Gita à cette époque. De nos jours, les gens diraient : « Vous aviez les Kauravas sur le champ de bataille » et Arjuna dit à Krishna : « S’il Te plaît, prends mon char pour que je puisse me battre. Puis tout le monde s’est assis et a commencé à parler en plein milieu de la guerre ! » Dans l’esprit des gens d’aujourd’hui, ils pensent « Oh mon Dieu, c’est impossible ! » Mais il faut d’abord comprendre le code de conduite de la guerre à cette époque. Si tout le monde n’était pas prêt, dans les deux camps, et ne soufflaient pas dans leurs conques pour annoncer que la guerre devait commencer, la guerre ne commençait pas. Même si Krishna avait pris cinq jours pour expliquer la Gita à Arjuna, ils auraient tous attendu cinq jours avant de commencer à se battre. Et Arjuna n’était pas prêt à se battre.

    Arjuna dit : « Je peux à peine tenir mon arc en main, comment vais-je me battre ? » Krishna dit : « C’est ton devoir, tu dois te battre ! » Vous voyez Krishna prendre le rôle du Guru. Mais Il dit aussi à Arjuna : « Bats-toi ! C’est ton dharma ! C’est ton devoir ! » Krishna ne dit pas : « Oh, Mon cher, tu es triste. Ne te bats pas tout de suite ! Rentrons à la maison ! » Imaginez – si Krishna avait dit cela, que se serait-il passé ? Un guerrier se rend sur le champ de bataille avec un fusil et dit : « Oh, mon Dieu ! Non, je ne peux pas me battre maintenant ! Je rentre chez moi ! » L’appelleriez-vous un guerrier ? Non, certainement pas ! Et Arjuna était reconnu comme l’un des meilleurs guerriers. Krishna lui dit : « Non, tu ne peux pas partir, tu dois te battre ! » C’est alors que Krishna donna la Gita à Arjuna. Voici, en résumé, comment la Guerre du Mahabharata a commencé et pourquoi elle a commencé.

    À ce moment-là, Krishna donna la Gita à Arjuna juste avant que la guerre ne commence. On pourrait se demander : « Qui a écrit la Gita ? » En réalité, c’est un fait que beaucoup d’érudits ignorent ! Veda Vyasa écrivit laGita 150 ans avant que la Guerre du Mahabharata n’ait lieu. On pourrait dire : « Comment est-ce possible ? » C’est tout à fait possible ! Veda Vyasa était un grand sage. Il a eu la vision de la Gita 150 ans avant la Guerre du Mahabharata et plus tard, il a transmis le don de clairvoyance à Sanjaya pour que lui aussi voit la Gita.

    À l’époque de la Guerre du Mahabharata, Veda Vyasa avait environ 250 ans. Son fils, Sukadev, à la jeunesse éternelle, était là aussi. Veda Vyasa avait déjà écrit et compilé la Gita 150 ans avant la Guerre du Mahabharata, et plus tard, vous verrez que la connaissance de la Gita s’avère encore plus ancienne. De nombreuses années avant la Guerre du Mahabharata, Krishna avait transmis la connaissance de la Gita au dieu-Soleil, Surya dev, et à d’autres êtres éclairés de cette longue lignée. Après le roi Rama, cette connaissance se perdit jusqu’à ce que Veda Vyasa en ait la vision. Il pouvait tout prévoir avant que cela n’arrive. C’est pourquoi il savait ce que Krishna allait faire et ce qu’il allait dire pendant la guerre du Mahabharata.

    La guerre dura dix-huit jours ; c’est pourquoi la Gita comporte dix-huit chapitres.

    Sanjaya a raconté les événements de la guerre au roi aveugle, Dhritarashtra, dix jours après le début de la guerre. Pourquoi seulement à ce moment-là ? C’est le dixième jour de la guerre que Bhishma fut abattu au combat par Arjuna et couché sur un lit de flèches. Avant que cela n’arrive, Dhritarashtra ne voulait rien savoir de la guerre. Il avait tellement confiance que ses fils allaient gagner parce que les Kauravas avaient le pouvoir, ils avaient la puissance de Bhishma avec eux. Bhishma était aussi appelé Ganga putra. Il avait une grande bénédiction : il ne mourrait que lorsqu’il le voudrait. Il mourrait lorsqu’il lâcherait son arc. Mais, qui pouvait lui retirer son arc des mains ? Personne ! Le dixième jour de la guerre, Bhishma fut transpercé de nombreuses flèches ; il se coucha sur ce lit de flèches sur le champ de bataille. Il avait été transpercé par les flèches d’Arjuna.

    Alors seulement, le roi Dhritarashtra s’intéressa à ce qui se passait pendant la guerre. Avant cela, Sanjaya avait également participé à la guerre. Sanjaya avait reçu la bénédiction de Veda Vyasa pour lui permettre de voir aussi ce qui se passait à distance. En s’asseyant dans la cour à côté du roi, il pouvait tout voir, comme si c’était sur un écran de télévision en face de lui. Le dixième jour de la guerre, lorsque le roi Dhritarashtra apprit que Bhishma, ce solide pilier, était tombé, il commença à s’intéresser à la guerre et dit : « Oh, mon Dieu ! Maintenant, ça va très mal pour mes fils ! Bhishma était le bouclier principal des Kauravas. S’il est tombé, je devrais m’intéresser davantage à ce qui se passe. » Avec la chute de Bhishma, sa peur a commencé à monter et il dit : « Ce que j’ai perçu, ce que j’ai entendu, va sûrement arriver. Je sens maintenant que mes fils vont mourir ». Il savait, mais il choisit quand même d’être aveugle. Il choisit encore d’être ignorant. Sanjaya commença alors à lui raconter tout ce qui s’était passé depuis le début de la guerre.

    La Shreemad Bhagavad Gita a dix-huit chapitres qui symbolisent les dix-huit jours de combat entre les Kauravas et les Pandavas. Il est dit dans les shastras que pour celui qui souhaite s’abandonner au Seigneur, cela lui prendra dix-huit étapes pour s’abandonner entièrement. Il devra parcourir ces dix-huit étapes, l’une après l’autre. Cela peut aller très vite. Nous traverserons ces mêmes dix-huit étapes de la même façon que nous parcourons les dix-huit chapitres de la Gita.

    La grandeur de la Gita repose sur le fait qu’à la fin, tout ce que nous souhaitons avec un cœur pur, nous le recevrons. En passant par la Gita, le cœur passe par un tamis et se purifie. Le mental passe par une transformation, et l’âme est purifiée.

    Le premier chapitre de la Gita est le Yoga Vishaasa d’Arjuna, le découragement d’Arjuna. Il présente les dix-huit formes de yoga, que nous allons parcourir.

    Le deuxième chapitre est Sankhya Yoga, la connaissance de Soi.

    Le troisième chapitre est Karma Yoga, le pouvoir de l’action.

    Le quatrième chapitre est Jyaana Vibhaaga Yoga, le pouvoir de la connaissance, de l’action et du renoncement.

    Le cinquième chapitre est Karma Sannyasa Yoga. Le mot « karma » est généralement traduit par « action », mais dans ce chapitre-ci, lié à « sannyasa », Karma Sannyasa Yoga est le yoga du renoncement à l’action.

    Le sixième chapitre est Dhyaana Yoga, le pouvoir de la méditation.

    Le septième chapitre est Jyaana Vijyaana Yoga, la voie de la connaissance.

    Le huitième chapitre est Akshara Brahma Yoga, la voie de l’esprit suprême, de l’esprit élevé.

    Le neuvième chapitre est Raajavidyaa Raajaguhya Yoga, la voie de la connaissance royale, la connaissance régalienne et ses secrets royaux.

    Le dixième chapitre est Vibhuti Yoga, la Gloire Divine.

    Le onzième chapitre est Vishwarupa Darshana Yoga, la voie de la vision, la vision suprême de la forme universelle du Seigneur.

    Le douzième chapitre est Bhakti Yoga. Qu’est-ce que c’est ? Facile ! C’est la voie de la dévotion.

    Le treizième chapitre est Kshetrakshetrajna Yoga, la discrimination entre la Nature et le Soi, la différence entre la Nature et le Soi, comment le Soi est au-delà de la Nature.

    Le quatorzième chapitre est Gunatraya Vibhaaga Yoga, la séparation entre les trois gunas.

    Le quinzième chapitre est Purushottama Yoga, l’union avec l’Être Suprême

    Le seizième chapitre est Daivaasurasampad Vibhaaga Yoga, la distinction entre les qualités divines et démoniaques, la discrimination entre les qualités positives et négatives. Ici, j’emploie le mot discrimination. La discrimination n’est pas le jugement. La vraie discrimination aide à distinguer le bien du mal, tout en se situant au-delà du bien et du mal. Vous ne faites que les distinguer.

    Le dix-septième chapitre est Shraddhaatraya Vibhaaga Yoga, la distinction entre les trois types de foi. Nous l’étudierons plus tard.

    Enfin, le dix-huitième chapitre, Moksha Sannyasa Yoga, est la voie de la libération. Les gens aspirent à Moksha, la libération. Pourtant vous devez même y renoncer, parce que la Grâce du Seigneur Lui-même lui est supérieure.

    Ce sont les dix-huit formes de yoga que nous allons parcourir.

    CHAPITRE 1

    Arjuna Vishaada Yoga

    Chapitre 1 - Illustration

    Chapitre 1, Verset 1

    dhṛtarāṣṭra uvāca

    dharmakṣetre kurukṣetre

    samavetā yuyutsavaḥ

    māmakāḥ pāṇḍavāś caiva

    kim akurvata sañjaya

    Dhritarashtra demande : Ô Sanjaya, qu’ont-fait mes fils et les Pandavas après s’être rassemblés, déterminés à livrer bataille, sur le sol de Kurukshetra, ce sol où se joue le Dharma ?

    Dhritarashtra demande à Sanjaya ce qui se passe dans cette guerre, ce qui se passe sur le champ de bataille. Ce verset commence par le mot « Dharmakshetra ». « Dharma » signifie droiture, « kshetra » signifie le champ – le champ de la droiture. Kurukshetra : « kuru » vient de « ku », « kriya », faire, agir, travailler ; « Kshetra » est le champ du travail. Dhritarashtra demande : « Que font mes fils et les Pandavas ? »

    Lorsque Dhritarashtra prononce les mots « Dharmakshetra », « Kurukshetra », il sait que ce lieu n’est pas un endroit commun. Ce champ de bataille est un lieu sacré.

    Ce Kurukshetra n’était pas seulement un lieu normal choisi pour y livrer bataille. C’était l’endroit où le dharma s’accomplissait. C’était l’endroit où l’on était libéré. C’est pourquoi on dit que toute personne mourant à Kurukshetra, même aujourd’hui, s’élève vers des sphères supérieures ou est libérée, selon son punya, son mérite. Kurukshetra est aussi appelé Punyakshetra, parce qu’on obtient de bons mérites, de bons punyas en s’y rendant.

    Quel est ce terrain où la guerre s’est déroulée ? La guerre a différentes significations. L’une d’elles est la vie, où le « bon » côté affronte le côté « pas bon ». Cette guerre n’est pas extérieure, elle a aussi lieu à l’intérieur du corps humain. Votre corps physique est le Dharmakshetra. Vous vous êtes incarnés pour accomplir votre dharma sur ce terrain. Voilà ce qu’est le Dharmakshetra. La vie en elle-même est aussi Dharmakshetra. Vous êtes venu accomplir un dessein Divin. Quand vous êtes en accord avec votre vrai Soi, vous réalisez quelle est la vraie raison de votre vie : atteindre les Pieds de Lotus du Seigneur, atteindre Sa Grâce. Et c’est ce que le mot « Dharmakshetra » vient vous rappeler. Accomplissez votre dharma ! Réveillez-vous ! Ce dharma peut être accompli avec le plus grand cadeau que Dieu vous ait donné – ce terrain, ce corps. Et quand vous commencez à remplir votre dharma, vous obtenez du mérite, du bon punya ! Mais si vous fuyez votre dharma, alors vous vous tournez vers la face obscure.

    Dans ce verset, Dhritarashtra évoque ses fils rassemblés sur le champ de bataille. Ce champ de bataille représente le champ de bataille de la vie. Sur le champ de bataille de la vie, vous avez le « bon » qui côtoie le « pas bon ». Dhritarashtra dit « mon peuple », pour ses fils et les Pandavas, et demande : « Que font-ils ? » Dhritarashtra avait une centaine de fils et les Pandavas étaient les cinq fils de son frère, Pandu. Et maintenant, c’était la guerre entre les Pandavas et les Kauravas.

    Que représente le roi aveugle ? Ce roi aveugle, Dhritarashtra, représente le mental – le mental aveugle qui entend bien rester aveugle. Le mental s’accroche tellement à l’extérieur qu’il n’a de pouvoir que lorsqu’il se concentre sur quelque chose d’extérieur : sur le matériel, sur les relations, sur obtenir ceci ou obtenir cela. C’est la nature du mental. Le mental est aveugle. Quand Dhritarashtra demande : « Que font mes fils ? » ne croyez pas qu’il se sente très concerné par les Pandavas. Il ne s’intéresse qu’à ses fils. Ce qui le préoccupe le plus, c’est : « Que vais-je y gagner ? » Quelqu’un ayant l’esprit tordu essayera toujours de trouver ce qu’il a à gagner. C’est l’avarice.

    Auparavant, il ne s’intéressait pas à la guerre, mais quand il constate qu’il pourrait y perdre quelque chose, alors son mental se sent menacé, son mental commence à réagir. Dans sa tête, il a des doutes et demande : « Que se passe-t-il ? Maintenant que Bhishma est tombé, quelle est la réaction de mes fils ? Quelle est celle des Pandavas ? Assurément, cela doit provoquer une réaction dans leurs têtes. Avec la chute de Bhishma, mes fils ont-ils réalisé qu’ils devaient changer, ou pas ? » Le mental est toujours pareil. Le mental pense, pense et pense, mais quand vous cherchez à le contrôler, qu’arrive-t-il ? C’est la lutte, n’est-ce pas ? Il se rebelle !

    Il se renseigne encore : « Des changements vont-ils survenir dans mon peuple et chez les Pandavas ? » Les deux familles venaient de la dynastie de Kuru, mais le roi refusait de reconnaître les Pandavas. Le mental ne reconnaît pas les bonnes qualités présentes en soi. Le mental ne peut regarder que du côté des sens, se tournant toujours vers l’extérieur. Le Soi, les qualités positives présentes à l’intérieur, ne sont pas comprises par le mental. Ainsi donc, Sanjaya poursuit en disant :

    Chapitre 1, Verset 2

    sañjaya uvāca

    dṛṣṭva tu pāṇḍavānīkaṁ

    vyūḍhaṁ duryodhanas tadā

    ācāryam upasaṅgamya

    rājā vacanam abravīt

    Sanjaya poursuit : le Roi Duryodhan, ayant vu l’armée des Pandavas rangée pour la bataille, approcha son maître, Dronacharya, et lui tint ces propos :

    Pourquoi dans ce verset, Sanjaya désigne-t-il Duryodhan comme un « raja », un roi ? C’est parce que Duryodhan était un grand homme d’état. Son père, Dhritarashtra, était aveugle, alors c’était en réalité Duryodhan qui contrôlait le royaume. Son père aveugle, Dhritarashtra, représente le mental aveugle, et un mental aveugle engendre l’arrogance. Duryodhan représente cette grande arrogance née du mental. Quand le mental est très actif, on devient arrogant, fier de nombreuses choses, fier de savoir, fier de ce que l’on a.

    L’armée des Pandavas était déployée d’une manière très spéciale. En voyant cette formation, Duryodhan se sentait très nerveux et anxieux intérieurement. L’anxiété apparaît avec l’orgueil. Même si l’orgueil paraît très fort vu de l’extérieur, en réalité, il renferme beaucoup de faiblesses. Pourquoi l’orgueil émerge-t-il ? Pensez-vous qu’il émerge de la force ? Non ! En réalité, l’orgueil émerge à cause d’une faiblesse intérieure. Même si quelqu’un dit : « Ah oui, je suis très fier de ceci, et je suis très fier de cela » on peut sentir que cette fierté est en réalité une faiblesse. Quand la fierté surgit, les gens pensent : « Oui, je suis plein d’assurance ! » Non. C’est le mental qui perçoit l’orgueil comme de l’assurance. En réalité, la personne fuit quelque chose, fuit son contraire qui est l’humilité. Lorsque l’on fuit l’humilité, on semble très grand et plein d’assurance.

    Cette formation par l’armée des Pandavas rendait Duryodhan anxieux. Quand vous débutez sur le chemin spirituel, votre orgueil voit toutes vos bonnes qualités, et c’est alors que votre mental devient anxieux. Cet orgueil tente de vous faire raisonner, tente de vous dévier de façon rusée. C’est pourquoi Duryodhan se précipite auprès de Dronacharya, le grand instructeur des Kauravas comme des Pandavas.

    Dronacharya représente l’attachement au monde matériel. Il représente l’avidité chez l’homme. Dronacharya avait aussi de bonnes qualités. C’était un bon instructeur des sciences de la guerre. Parfois, il conseillait même Bhishma. Il était le guru royal.

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