N'aie pas peur Petit Moi: Autobiographie
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À propos de ce livre électronique
Je ne souhaite à personne, ni même à mon pire ennemi, de croiser la route de l’agoraphobie. Une fois pris dans l’engrenage de ce vortex obscure, se mêlent angoisse, souffrance, doutes et désespoir. Or, la lumière tant convoitée au bout du tunnel ne peut apparaître que si l’on parvient à trouver, au plus profond de soi-même, une bonne raison de se battre pour quitter ce cercle vicieux et retrouver sa vie d’« avant ».
Sortir de l’agoraphobie nécessite beaucoup d’efforts, parfois des sacrifices. Cette lutte contre soi-même est un pas de géant qui change à jamais notre façon d’appréhender le monde, qui améliore pour toujours notre rapport à la vie. Ne laissons pas notre Petit Moi intérieur vivre dans la peur. Aidons-le à apprécier de nouveau chacun des petits plaisirs qui nous entourent.
Ce livre fait le récit du parcours d’une jeune femme qui a refusé de laisser la peur contrôler sa vie. Mes recherches sur la toile, les lectures qui m’ont guidées, les spécialistes qui m’ont fait avancer y sont référencés. Vous y trouverez peut-être votre voie pour croire à nouveau au bonheur. C’est le plus grand bien que je vous souhaite.
Découvrez ce témoignage poignant montrant les réalités de l'agoraphobie et insufflant un message d'espoirs à tout ceux qui en souffrent !
À PROPOS DE L'AUTEURE
Charlotte Labonté est diplômée d’un Master en Lettres et Sciences Humaines. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, elle a toujours voulu contrôler chaque événement de sa vie, jusqu’au jour où l’agoraphobie en décida autrement.
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Aperçu du livre
N'aie pas peur Petit Moi - Charlotte Labonté
1
Inconsciemment, je les fixais.
Tel un paresseux, cette cliente semblait se mouvoir au ralenti. Chaque article posé dans son cabas semblait peser une tonne au vu de l’effort démesuré qui se lisait sur son visage.
L’hôtesse de caisse profitait de ce moment d’attente forcée pour faire une pause. Elle avait probablement pris son poste à l’heure d’ouverture du supermarché. Ses lombaires devaient commencer à tirer, les muscles de ses avant-bras à se raidir.
Ce moment où les clients rangent leurs courses et règlent leurs achats est comme la mi-temps accélérée d’un match de football. Mi-temps insuffisante pour récupérer totalement, surtout après toutes ces années passées derrière cette caisse à répéter les mêmes gestes et les mêmes phrases aux mêmes clients, mais mi-temps qui permettait aux caissières de soulager la tension cumulée dans leur dos et leurs bras, d’offrir un moment de répit à leurs yeux, habituellement fixés soit sur la caisse enregistreuse, soit sur le contenu des caddys ou des sacs réutilisables sensés être vides au moment du passage à la frontière invisible située au niveau de la ligne de caisse.
Au fil de mes pensées vagabondes, je sentais l’air se raréfier. Cela faisait une éternité que j’étais debout là à attendre mon tour pour régler les quatre articles que j’étais venue acheter.
Je préparais mon retour au bureau après une semaine de vacances. Et quelles vacances ! J’avais attrapé cette fichue grippe saisonnière dès mon deuxième jour de congé. Je commençais à peine à m’en remettre.
Quelqu’un semblait avoir mis le chauffage. Nous étions en avril, en période d’hiver austral.
À la caisse, le paresseux n’en finissait pas de ranger ses courses. Et comme s’il n’avait pas suffisamment monopolisé l’espace et le temps, il se mit à se plaindre d’une erreur de prix. La mi-temps dut s’interrompre au grand désespoir de la caissière qui appela un responsable.
Le supermarché entier semblait rétrécir tant la file d’attente grandissait. Les bruits alentour étaient sourds, les conversations inaudibles, la température croissante.
Je commençais à me demander si j’avais vraiment besoin de ces quatre articles pour réussir ma rentrée : un paquet de mes biscuits préférés, une brique de jus d’orange, un paquet de lessive et des yaourts.
Finalement, après des minutes interminables, le paresseux prit la direction de la sortie. Il ne restait plus qu’un client et mon tour serait venu.
J’ignore à quel moment exact et surtout pour quelle raison j’ai commencé à envisager que si jamais je m’évanouissais le vigile situé en face de la caisse, à proximité de la sortie, viendrait me porter les premiers secours. De concert, je continuais à me demander si j’avais vraiment besoin de ces quatre articles. Je pouvais tout aussi bien les laisser là et revenir plus tard.
Le problème est que je commençais à m’interroger sur ma capacité à revenir plus tard.
Enfin ! C’était à moi de présenter mes articles à la caissière. J’aurais dû lui signaler à ce moment-là que je ne me sentais pas bien. J’aurais dû demander à ce qu’on coupe le chauffage. Les paresseux n’aiment pas le froid, cela aurait permis de réduire la file d’attente.
Il était temps de payer. J’avais la tête qui tournait. J’avais l’impression que j’allais tomber. J’aurais dû appeler mon frère pour qu’il vienne me chercher. Il travaillait, il n’aurait pas vu mon appel au secours. Les secondes me semblaient être des heures. Je n’avais pas la force de récupérer mon portefeuille dans mon sac. J’aurais dû feindre de devoir aller chercher un moyen de paiement dans la voiture et ne plus revenir, ne plus jamais revenir.
Mais je l’aimais bien ce supermarché. Il était à taille humaine, les caissières sympathiques, les vigiles discrets, pas comme chez leurs concurrents où les regards insistants m’indisposaient. Je ne devais pas perdre la face devant eux. Ma réputation était en jeu.
Advienne que pourra, malgré l’étourdissement, la sensation que le sol allait se dérober sous mes pieds et cette chaleur, oh quelle chaleur, j’ai récupéré ma carte bancaire au fin fond des entrailles de mon sac à main et je l’ai introduite dans le terminal.
« Qui avait arrêté le temps ? Pourquoi tous ces gens avaient-ils décidé de faire leurs courses aujourd’hui, à la veille de ma reprise ? Et pourquoi avais-je choisi la caisse qui était de toute évidence réservée aux paresseux ? »
J’aurais dû être rentrée depuis longtemps. J’aurais dû être en train de profiter de mes dernières heures de vacances, lovée dans mon canapé, dans mon appartement de trentenaire célibataire avec vue panoramique sur l’océan. Je ne savais définitivement pas choisir les files d’attente.
Le terminal finit par me demander mon code. Les minutes passaient et se ressemblaient : chaleur, désordre, oppression, jambes molles, soif, caissière en mi-temps, elle ne se rendait même pas compte de mon désarroi.
Une fois le paiement accepté, je rangeai ma carte ainsi que mes achats et me dirigeai aussi vite que mes jambes me le permirent vers mon véhicule.
« Mon véhicule ? Conduire ? Allais-je sérieusement pouvoir conduire ? Combien de mètres allais-je pouvoir parcourir avant de percuter un objet ou pire, quelqu’un ? »
Arrivée à la voiture, je m’effondrai sur le siège conducteur, lâchai mes sacs à même le sol côté passager, mis le contact, allumai la climatisation au maximum et respirai longuement, profondément. Mon frein à main serré, je sentai l’air frais sur mon visage et je ressuscitai. Je sentis l’air frais conditionné glacé pénétrer mes narines, puis gonfler mes poumons et je repris mes esprits. Je sentis mes poils se dresser sur mes bras et mes forces me regagnèrent.
J’étais désormais rassurée sur mes capacités à rejoindre le domicile de ma mère. Elle saurait sûrement quoi faire. Elle aurait forcément une explication logique à ce qui venait de se passer.
Pourvu que je ne croise aucun paresseux sur la route...
2
Dix minutes. C’était le temps qu’il m’avait fallu pour arriver chez ma mère. Rien n’avait bougé. Chaque meuble était à sa place. La température était agréable. Ma mère était devant la télévision. C’était si sécurisant de se retrouver dans un endroit connu où régnaient sérénité et familiarité.
Malgré le calme extérieur apparent, je devais me rendre à l’évidence, un phénomène étrange et sans précédent s’était produit dans ce supermarché. Je devrais écouter les informations. D’autres personnes avaient peut-être éprouvé les mêmes désagréables sensations, peut-être dans une autre région, un autre pays. Ils en parleraient sûrement, forcément.
À moins que ça ne vînt de moi...
Maman s’était étonnée de me voir arriver alors que je ne devais pas repasser avant le lendemain, après le boulot. La pression accumulée dans le vortex du supermarché retomba subitement, péniblement. Entendre ma mère, être auprès d’elle après cette accumulation d’émotions inconnues, quel soulagement ! Je lâchai prise. Une rivière de larmes se mit à jaillir. Malgré la douceur de la température ambiante, tout mon corps était encore glacé par la climatisation.
Là, dans mon égarement, les questions fusaient dans ma tête. Ma mère, inquiète devant mon comportement, essayait de comprendre ce qui s’était passé. Elle craignait que j’eusse été agressée. « Oui maman c’est le supermarché, le supermarché m’a agressé. », pensais-je sans oser l’exprimer.
« Et si ça venait de moi ? »
Mon cerveau était en ébullition. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement – Et les mots pour le dire arrivent aisément. », disait un certain Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX. Pourtant, il m’était impossible d’expliquer ce qui venait d’arriver et encore moins la raison pour laquelle j’étais toujours à fleur de peau plusieurs minutes après ce malaise que j’avais cru passager. J’avais toujours eu besoin de comprendre pour apprendre, pour évoluer, pour avancer, pour m’améliorer, pour me relever. Et là, je ne comprenais pas.
Ma mère me donna de l’eau glacée à boire. Il paraît que ça remet de toute émotion forte et inattendue. Elle écouta attentivement, maternellement, le récit de mon aventure dans le vortex du supermarché. Elle tenta de me rassurer, me dit que c’était probablement dû à la fatigue, que je n’étais pas totalement remise de la grippe qui m’avait durement frappée.
Frappée, oui c’est ça. J’avais l’impression d’avoir été frappée, émotionnellement, physiquement, psychologiquement par une force invisible. Quelque chose m’avait frappée. Je ne pouvais pas le décrire. Mon inconscient en avait conscience. Mais ma conscience voulait comprendre. « Pourquoi ? Comment ? C’était bien la première fois n’est-ce pas ? Ça va se répéter ? Quand ? Pourquoi ? Comment ? Le plus difficile était sûrement passé, forcément. Il le fallait ! »
J’étais épuisée. Un sentiment étrange m’envahit. Une sensation que je n’avais jamais ressentie me prit par les tripes. Elle était à la fois douloureuse et silencieuse. À mon grand désespoir, je réalisai que j’étais toujours sous l’emprise de cet étrange et désagréable trouble, depuis le supermarché.
Je me sentais fragile. Je me sentais impuissante. J’étais perdue. Comment pouvais-je être perdue dans la maison de mon enfance ? J’étais pourtant loin de cette cacophonie où j’avais perdu pied. Je ne savais même pas pourquoi cette gêne m’avait envahie. J’étais chez ma mère, j’étais en sécurité, je connaissais ces lieux ! Je devais être en sécurité ! Mais j’avais peur...
J’avais peur d’être à nouveau happée dans ce vortex et de ne pas m’en sortir… cette fois. « Y en avait-il ailleurs que dans ce supermarché ? Y en avait-il dans tous les supermarchés ? Dans tous les lieux publics ? »
Je devais rester auprès de ma mère. J’en étais convaincue.
Si je restais auprès d’elle, elle m’aiderait à y échapper si ça devait à nouveau arriver. « Mais que pourrait-elle concrètement y faire ? Ce mal était invisible, ce mal était inconnu, ce mal était imprévisible. Pourquoi moi ? »
Il fallait que je reste chez ma mère.
J’avais peur... De quoi ? Pourquoi ?
3
Allongée sur le canapé depuis plusieurs minutes, je tentais de développer ma patience. Patienter jusqu’à ce que « ça » passe. Malheureusement, c’était peine perdue.
Ma mère avait toujours fait preuve d’une patience sans faille. Si mon frère Simon avait hérité de ce trait de caractère, aussi loin que je me souvienne, j’avais toujours eu besoin de tout contrôler, de tout prévoir, mon cerveau était constamment en action. Obtenir des résultats concrets rapidement était mon credo. La mise en place de règles et le respect de ces règles étaient l’essence de mon quotidien.
Aussi, plus les minutes passaient, moins mon état semblait s’améliorer. De l’extérieur, on aurait dit que tout allait pour le mieux. Mais à l’intérieur, j’étais au bord de la crise de nerfs. Toutes les règles que je m’étais imposée avaient perdu leur sens puisque j’avais perdu pied. Pour moi, ne pas comprendre, ne pas être en mesure de tout contrôler était destructif. Le fait que je ne comprenais pas ce qui se passait à l’intérieur de moi envenimait cet état de fait. Dire qu’avant « ça », j’osais me plaindre de céphalée ou de douleur au ventre, plus récemment encore d’une grippe, finalement insignifiante. Dieu seul savait comment à ce moment précis j’aurais tout donné pour souffrir d’un de ces maux, voire de tous ces maux à la fois plutôt que d’être dans cet état de désœuvrement.
On ne réalise pas assez la chance que l’on a jusqu’à ce qu’on la perde...
Être patiente ne m’aiderait pas. Les minutes s’étaient transformées en heures. Je restais toujours là, immobile, regardant la télévision sans la voir, souffrant silencieusement de mon mal invisible et inconnu. J’écoutais ma mère sans l’entendre. Je lui parlais sans m’entendre. J’étais là et ailleurs. Cet ailleurs n’était pas si éloigné puisqu’il était à l’intérieur de moi. Où se cachait cette peste de mal invisible ? Je cherchais, je fouillais, je criais dans ma tête. Je ne trouvais rien. Je ne comprenais pas. Peut-être devrais-je aller chez le médecin ?
Il était plutôt coutume d’aller chez le médecin quand on était malade dans la mesure où il fallait être capable de lui décrire notre mal. Comment mettre des mots sur un phénomène que je ressentais mais que je n’arrivais pas à exprimer ?
Je me suis alors souvenue de mon enfance. Je devais avoir sept ans tout au plus. Je souffrais d’une forte céphalée. Ma mère, seule figure parentale, m’avait amenée chez le médecin. Le trajet en bus m’avait paru durer une éternité tant ma tête me faisait souffrir. Arrivées dans le cabinet du docteur, ce dernier m’a posé une seule et unique question : « Où as-tu mal EXACTEMENT ? » Je lui ai montré le haut de ma tête. Il s’est tourné vers ma mère et sa réponse a été sans équivoque : « Votre fille simule Madame, la douleur provoquée par la céphalée ne peut pas être ressentie au-dessus de la tête. » Ma douleur s’est immédiatement diffusée dans chaque ramification de mon cerveau mais aussi dans mes yeux, dans mon ventre… Qui pourrait m’aider si même le médecin doutait de mon honnêteté ? Pourquoi un enfant de sept ans s’amuserait à simuler une céphalée ? Heureusement, cet événement n’avait pas développé chez moi une peur des médecins, mais juste de la rancœur envers celui-là.
Il était hors de question que cela arrive à nouveau, surtout à l’aube de mes trente ans. Si je devais consulter, il était nécessaire que je puisse décrire exactement ce que je ressentais. Un médecin généraliste ne serait d’ailleurs sûrement pas la solution à mon mal mystérieux. Si ça avait été répandu, j’en aurais probablement déjà entendu parler. Existait-il un spécialiste des maux indescriptibles? Quel qu’il soit, je pourrais au moins lui décrire les sensations ressenties dans le vortex du supermarché. Mais après ?
Eurêka ! Internet ! Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt ? Cette situation avait probablement déjà été vécue par d’autres ! Une minorité de personnes certes mais je ne pouvais pas être la seule sur plus de sept milliards d’habitants dans le monde.
Je commençai immédiatement mon enquête. Tout ce que je voulais c’était une once d’espoir.
« Stress »... « Angoisse »... « Attaque panique »... « AGORAPHOBIE !!! »...
Était-ce possible ? Les symptômes que je ressentais se rapprochaient grandement de ceux que décrivaient ces sites, plus nombreux que ce que j’aurais pu imaginer, sur cette peur intérieure, cette angoisse qui ne me lâchait plus depuis des heures. Plus je lisais, plus je me reconnaissais. Plus je lisais, plus j’étais à la fois anxieuse et rassurée. « Et si c’était ça ? Pourquoi moi ? Pourquoi là ? »
Heureusement, des solutions semblaient exister… un mieux-être pouvait être espéré… au bout de plusieurs mois, plusieurs années…
Si mon mal-être était vraiment lié à tout cela, je devais accepter qu’à mon grand désespoir prendre de l’aspirine ne suffirait pas, prendre des antibiotiques ne me soignerait pas.
On ne réalise pas assez la chance que l’on a jusqu’à ce qu’on la perde...
4
La nuit était tombée. Simon n’était pas encore rentré. Il travaillait de nuit ce jour-là. Il n’aurait définitivement pas vu mon appel au secours.
Ma mère me demanda ce que je voulais manger. Manger ? À quoi bon ? En tout état de cause, aucun des aliments que j’avalerais ne m’aiderait à aller mieux, à anéantir ce mal être qui m’envahissait.
« Comme tu veux maman. Je n’ai pas très faim. », lui répondis-je calmement.
Ma mère nous avait toujours appris qu’il était absolument nécessaire de manger, même peu, quel que soit notre état d’esprit, que nous soyons dans une phase positive ou négative de notre vie, que nous soyons tristes ou heureux. Selon elle, il n’existait aucune raison valable de ne pas manger. Et c’était encore plus vrai lorsque nous étions malades. « Comment veux-tu aller mieux si tu n’as rien dans ton estomac ? Ton corps a besoin d’énergie pour combattre les microbes. Et cette énergie c’est la nourriture ! », nous répétait-elle lorsque Simon et moi
