Paysages imaginaires: Chroniques de voyages rêvés et autres promenades mentales
Par Walter Rosseli, Sarah Hess et Clà Riatsch
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À propos de ce livre électronique
Le voyage est également littéraire car le récit dialogue avec d’autres textes de la littérature suisse et internationale, contemporaine et ancienne.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Né en 1965 dans la Suisse italienne, Walter Rosselli vit en Suisse romande. Vers ses quarante ans, il embrasse le métier des lettres et se remet à contempler la nature. Titulaire de nombreux prix littéraires, il bénéficie d’une bourse d’aide à l’écriture de la fondation suisse pour la culture Pro Helvetia en 2020.
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Aperçu du livre
Paysages imaginaires - Walter Rosseli
Avertissement
Toute ressemblance avec des personnes ou des situations réelles ou ayant existé n’est que le fruit de ma mémoire poreuse.
Photo de couverture : Walter Rosselli, Brouillard aux îles Féroé
Lectorat : Isabelle Sbrissa et Juslène
A chi mi ha fatto scrivere
A chi mi legge
Du même auteur
Paesaggi immaginari, Edizioni Sottoscala, 2020.
Cuntradas imaginarias, Chasa Editura Rumantscha, 2019.
Babilonia sui generis, Éditions de la Marquise, 2018.
Questione di memoria, Caosfera, 2017.
Io, per me, amo le strade che riescono agli erbosi
fossi dove in pozzanghere,
mezzo seccate agguantano i ragazzi
qualche sparuta anguilla :
le viuzze che seguono i ciglioni,
discendono tra i ciuffi delle canne
e mettono negli orti, tra gli alberi dei limoni.
Eugenio Montale
Préface
Il existe de nombreuses manières d’admirer les paysages : nous les observons avec nos yeux, nous nous en souvenons avec le regard du cœur quand ils nous impressionnent par leur beauté et leur perfection, nous les imaginons quand nous ne les avons jamais vus et nous amusons à les recréer à notre guise avec nos yeux intérieurs.
Paysages imaginaires est une autre manière de découvrir et d’observer ce qui se trouve autour de nous, en voyageant avec l’imagination, accompagnés par Walter, un guide exceptionnel, dans un voyage qui débute dans le jardin familial pour parcourir des routes, des villages et des pays, des lieux connus et d’autres jamais vus.
Chaque étape de ce voyage a toujours une histoire, une anecdote, quelque chose de spécial ou d’ordinaire qui nous aide, nous les lecteurs, à intégrer ce « paysage imaginaire » dans nos expériences, comme si nous aussi étions allés dans ces lieux. Il y a des lacs et des montagnes, des villages et des villes ; on voyage en train et à pied, parce que « l’avion de ligne n’est pas le moyen de transport idéal pour admirer le paysage » ; on observe ce qui s’ouvre devant les yeux de celui qui écrit ; on rencontre des personnes et des histoires de vie.
Nous contemplons ces Paysages imaginaires avec la tête et avec le cœur, il nous arrive parfois de nous souvenir de quelques-uns d’entre eux parce que nous avons eu la chance de les avoir vus, d’autres fois des lieux où nous avons eu une expérience semblable à celle qui est racontée nous reviennent à l’esprit, des lieux que nous avions laissés dans un tiroir de notre mémoire et qui reviennent soudain à la surface dans nos souvenirs.
Bouclez vos valises et partez à la découverte de ces Paysages imaginaires, un voyage où tout est à explorer, une lecture à admirer avec les yeux de la mémoire et du cœur, un élan à la reconnaissance de notre monde…
Vous n’allez pas le regretter.
Sarah Hess.
(Ancienne directrice de l’hebdomadaire de culture rurale Agricoltore Ticinese)
La promenade débute au jardin, qui est déjà un paysage en soi. Ce n’est pas pour rien que les professionnels du jardin s’appellent jardiniers paysagistes.
Si je change de métier, je deviens jardinier. Jardinier paysagiste.
Au fond du jardin, tout juste à la sortie, plusieurs clapiers à lapins avec leurs habitants. Une nichée bigarrée nous épie de derrière le treillis, humant l’air de leur caractéristique mouvement des narines.
Les lapins ne semblent pas faire de différence entre les individus au pelage de couleur différente.
Lady prend une bonne portion de pralinés qui tombent copieux sous les clapiers puis, on part sur le chemin agricole.
Nous nous « décasons ».
C’est une expression que j’emprunte à Benedetto Vigne et qui signifie « changer de maison, déménager ».
Nous nous décasons, je disais. Nous ne savons pas encore exactement où, mais c’est justement ce qui est chouette.
Se décaser met dans cette situation un peu festive d’euphorie mêlée à la fatigue.
Bien sûr, il y a la fastidieuse tâche de trouver quelqu’un qui reprenne le vieux logis, d’en trouver un nouveau, il y a la frénésie de vider les meubles, jeter du bric-à-brac, remplir raisonnablement des cartons, des valises, des malles, démonter les meubles, décrocher les tableaux et les lampes, transporter le tout « et vas-y dans les escaliers, et en bas et en haut et soulève des valises et pose des valises », remonter les meubles, et cette vis qui tourne à vide, tellement l’armoire a été démontée et remontée, raccrocher les lampes et les tableaux, remettre tout le fourbi dans les tiroirs, les armoires, sur les étagères.
Bien sûr, il y a le rituel des annonces. Peut-être avec quelques photos prises stratégiquement pour faire croire qu’une pièce est plus grande ou plus lumineuse qu’elle ne l’est, que la vue depuis le balcon est imprenable, pour empêcher de voir qu’on est coincé dans une ruelle étroite, sans arbres ni plates-bandes (mais internet dévoile désormais tout avec ses photos aériennes). Ou alors des photos bâclées, sans conviction, afin de mettre quelque chose, si bien qu’une pièce paraît sombre ou exiguë, alors qu’elle est tout à fait cosy.
Bien sûr, il y a le souci de ce qu’on laisse derrière soi : des lieux, des gens, des souvenirs.
Mais il y a un goût de renouveau qui frise l’aventure.
Puis, la visite aux appartements, avec son cortège de surprises ou de déceptions.
Benni Vigne : « Jau hai stgasà. Midà chasa. Mes nov da chasa è in abitadi nunusità. Je me suis décasé. Changé de maison. Ma nouvelle demeure est une bâtisse insolite. »
« Tout changement a du bon », m’avait écrit un ami quand j’avais quitté mon dernier emploi pour me lancer comme indépendant. Cela vaut aussi pour l’habitat.
Quand on se décase on change de paysage, de perspective, d’altitude, peut-être, de climat, d’exposition au soleil et au vent. Benedetto : « Jau hai midà chasa. Avant steva cun l’aura enten dies, uss haja ella en per fatscha. J’ai changé de maison. Auparavant, j’avais le vent dans le dos, maintenant je l’ai en pleine figure. » On change d’orientation par rapport au bruit de la route ou au bruissement des activités agricoles. Benni : « Stgasond midas ti er tia cuntrada acustica. Quand tu te décases, tu changes également ton paysage acoustique. »
Quand on se décase on découvre un environnement tout à fait nouveau qu’il faut s’approprier petit à petit, trouver le meilleur parcours entre la maison et la gare, une épicerie, un bar sympa, un banc tranquille pour faire halte au soleil ou à l’ombre, les nouvelles cachettes des chats.
On retrouve peut-être des lieux connus, un fleuve, le lac, et on a le plaisir de redécouvrir des coins oubliés ou la surprise d’observer les changements, combien cet arbre a poussé depuis qu’on est parti, alors qu’il venait d’être planté, que l’atelier de bicyclettes au coin de la rue n’est plus là mais qu’il a rouvert un peu plus loin (il s’est agrandi), que
