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Femme d'affaires, homme gaffeur: (Ou l'art de savoir composer)
Femme d'affaires, homme gaffeur: (Ou l'art de savoir composer)
Femme d'affaires, homme gaffeur: (Ou l'art de savoir composer)
Livre électronique260 pages4 heures

Femme d'affaires, homme gaffeur: (Ou l'art de savoir composer)

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À propos de ce livre électronique

Un mélange détonnant !

Jeune couple récemment marié, Carole et Cédric viennent d’avoir un enfant. Cependant tout ne va pas pour le mieux quand un chômeur expert en gaffes tente de se reconvertir en père de famille pendant que son épouse parcourt la France avec son associée en femme d’affaires accomplie.
Ajoutez à cela les tensions entre les belles familles, les aléas de la vie, et les responsabilités de nouveaux parents, et vous obtenez les plus périlleuses années du mariage.

Une aventure domestique moderne, actuelle et profondément française, non sans un fond d’humour.

EXTRAIT

La vie suivant son cours, nos deux tourtereaux pouvaient acquérir leur premier grand achat immobilier, un beau duplex situé rue de la Pompe, bien cossu, et fort bien agencé ; c’était une nouvelle vie qui débutait. Non loin de là, se trouvaient un petit parc, puis une petite boulangerie, et tiens tiens, on pouvait apercevoir un Franprix situé juste derrière la mairie. « Un Franprix ?» me diriez-vous ? Eh bien oui, car si pour certains un Franprix ou un Leader Price ne devraient s’implanter que dans des quartiers à revenus modestes dans le seul but de soulager les plus démunis vu leurs prix modérés, il n’en est pas du tout ainsi. Qu’ils se détrompent donc, car la loi leur donne aussi le droit de faire leur beurre là où bon leur semble… et toc.
Un nouvel appartement, cela comporte d’avoir de nouveaux voisins, de pouvoir les supporter dans le cas où ils viendraient à balancer chaque week-end leur Best-Of de cloclo, supporter également les cris nocturnes sur le palier comme le font pratiquement la plupart des couples : « Sébastien, Sébastien, pendant que tu descends au parking, profites-en pour sortir la poubelle !! » Bref, en tout cas il y a là matière à réfléchir à deux fois avant de s’aventurer dans un nouveau lieu de vie.
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie10 août 2017
ISBN9791023606492
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    Aperçu du livre

    Femme d'affaires, homme gaffeur - Eric Godier

    Éric Godier

    FEMME D’AFFAIRES HOMME GAFFEUR

    (Ou l’art de savoir composer)

    Un heureux événement se déroulait, et aussi prématuré que cela pouvait l’être, un petit être venait bel et bien de voir le jour. Depuis, une forte concentration d’amis, de proches, et de récentes connaissances se tenait auprès de ce merveilleux don du ciel. Circulant de bras en bras jusqu’à être choyé comme un petit prince, c’était là l’heure de la réjouissance. Pas peu fier, Cédric prenait pour la toute première fois son bébé dans les mains, le serrant ainsi avec la maladresse qu’on lui connaissait. Quant à Carole, elle était tout sourire, le regard rivé sur Cédric, quand soudainement ses yeux s’écarquillèrent. Brandissant en signe d’avertissement une serviette, elle sortit brutalement de ses gonds.

    –Cédric, Cédric, non, on ne porte pas de la sorte un jeune nourrisson… non, non, et non, stop… encore moins… on ne le secoue surtout pas, car son cerveau est loin d’être formé…

    À la vue de cette curieuse agitation, on pourrait toutefois se dire que ce nouveau-né, sortant tout juste d’un ventre si douillet, si paisible, si pépère, devait avoir bien du mal à réaliser cette « subite atmosphère » qui régnait autour de lui. Et de ces divers commentaires, on pouvait distinctement entendre non loin de ce long couloir, une cacophonie bien impressionnante :

    –Qu’il est beau, mais qu’il est mignon, mais comment vous comptez l’appeler tous les deux ? 

    –Faut dire que Cédric et moi avons le plus grand mal à nous décider, car là où est l’épineuse problématique, c’est que chacun de nous campe solidement sur sa position... Il aimerait bien qu’on le prénomme Clément, et moi plutôt Léo, et jusque-là, aucun de nous n’arrive à céder au souhait de l’autre... C’est quand même dingue.

    –Mais c’est surprenant... Comme il ressemble tant à son père... Les mêmes oreilles de choux, le même nez de Pinocchio, c’est le portrait craché de son père à vrai dire…

    –À propos de l’oreille je ne peux pas dire, par contre en ce qui concerne le nez, alors là, il y en a de la marge, effectivement, sur ce point tu as tout à fait raison Claudine, il a le nez tout craché de son père, rétorquait sa seconde cousine.

    –…Ha, désolée, excusez-moi…..enfin, je veux dire nous, ma sœur et moi, car j’ai comme une toute petite impression que nous en avons trop dit, mais juste une toute petite impression… non ? Vous savez, des fois les mots sortent avec une telle précipitation que bien des fois, faut l’avouer, il est quand même assez difficile de les rattraper en route.

    Ouïe, aïe… Voilà des allusions qui mettaient bien à mal notre nouveau père ; « oreilles de choux », « nez de Pinocchio », un peu la totale disons. Et ben… Voilà qu’il a fallu à ce jeune Cédric de devenir père pour qu’on lui attribue sans aucun ménagement des oreilles de choux... et si seulement cela ne pouvait être que ça, mais non, bien au-delà, il fallait de plus qu’il soit qualifié de nez de Pinocchio... et la plupart d’entre nous savons pertinemment de quoi il en découle, le fait de se faire traiter de nez de Pinocchio : « menteur menteur ».

    Après ces moments d’intenses comparaisons, un grand silence plombait brutalement l’ambiance à l’énoncé de ces drôles d’appellations. Le nourrisson encore sur le bras, et d’un regard ténébreux, Cédric fixait sévèrement ses deux cousines, ce qui laissait aisément deviner qu’il avait à son tour une énorme envie de leur lancer une grosse méchanceté en réponse à ces calamiteuses gourdes. Mais, l’air de prendre sur lui, il fit l’excellent choix de les épargner.

    Et cette toute nouvelle mère dans tout cela ? Était-elle en reste ? Certainement, car jusque-là, unanimement, ils n’avaient pu déceler le moindre petit trait de ressemblance entre sa progéniture et elle. « Het » comme aiment si bien le dire les Russes, ou peut-être bien les Polonais, que sais-je. Mais après trente minutes passées au chevet de cette toute nouvelle mère, voilà que l’euphorie retombait peu à peu. Mais tout de même, cette question qui pourtant restait en suspens, résonnait tel un écho dans le petit cerveau de Carole : « Pourquoi, mais au grand pourquoi, n’ont-ils pas vu, ou même voulu constater ne serait-ce qu’un grain, mais juste un seul petit grain de ressemblance entre mon bébé et moi ? ». « Het ! » comme aiment si bien le dire les polo-russes. Mais pourtant, dans les premiers instants elle restait digne, digne, en évitant les pleurs, les coups de poing. Mais cela n’allait être que de très courte durée. Et voilà qu’inopinément, pareil à un train à grande vitesse s’élançant sans le moindre avertissement, Carole sortit sa langue de sa bouche et lança :

    –Et moi dans tout ça ? En ce qui me concerne, MOI ? Vous n’avez voulu jusque-là constater même pas un seul petit grain de ressemblance entre mon bébé et moi ?… Tout est pour Cédric, c’est ça hein !!!

    On pouvait ressentir là, une femme blessée et touchée dans son for intérieur, en quelque sorte, une femme accablée de douleur. C’est ça, c’est exactement ça, c’est le mot qui convient, accablée de douleur, et oubliée de tous. Mais comment faire ? Pouvaient-ils tous rattraper le coup ? Tous ces conviés qui s’étaient réunis dans un seul but : fêter ce si bel événement, finissaient maintenant par se regarder avec dédain.

    La vie suivant son cours, nos deux tourtereaux pouvaient acquérir leur premier grand achat immobilier, un beau duplex situé rue de la Pompe, bien cossu, et fort bien agencé ; c’était une nouvelle vie qui débutait. Non loin de là, se trouvaient un petit parc, puis une petite boulangerie, et tiens tiens, on pouvait apercevoir un Franprix situé juste derrière la mairie. « Un Franprix ?» me diriez-vous ? Eh bien oui, car si pour certains un Franprix ou un Leader Price ne devraient s’implanter que dans des quartiers à revenus modestes dans le seul but de soulager les plus démunis vu leurs prix modérés, il n’en est pas du tout ainsi. Qu’ils se détrompent donc, car la loi leur donne aussi le droit de faire leur beurre là où bon leur semble… et toc.

    Un nouvel appartement, cela comporte d’avoir de nouveaux voisins, de pouvoir les supporter dans le cas où ils viendraient à balancer chaque week-end leur Best-Of de cloclo, supporter également les cris nocturnes sur le palier comme le font pratiquement la plupart des couples : « Sébastien, Sébastien, pendant que tu descends au parking, profites-en pour sortir la poubelle !! » Bref, en tout cas il y a là matière à réfléchir à deux fois avant de s’aventurer dans un nouveau lieu de vie.

    Le travail est la santé dit-on, mais n’est-il pas aussi source de problèmes de dos, de reins, ou de courbatures ? Et pourtant, après un mois et demi de congé de maternité, Carole tenait à laisser le relais à Cédric pour enfin regagner son affaire qui lui manquait tant. Ce matin-là, elle s’apprêtait donc à passer un peu plus de huit bonnes heures d’affilée sur son pc, dans un seul objectif : traiter ses gros dossiers restés en suspens. Mais malgré tout, elle ne démordait point. Obtenir un rendement accru à tous égards, servait pour elle une évidence vitale, celle de satisfaire ses nombreux clients. Mais alors, comment expliquer que les femmes influentes, d’affaires ou autres, ne peuvent-elles avoir que très peu de temps à consacrer à ceux qui les entourent ? Et à l’opposé de cela, avoir une si grande place sur leur agenda à consacrer à leurs affaires ? Creusons un peu là-dessus…, mais à bien réfléchir, cela peut néanmoins se comprendre, car pouvoir supporter une telle pression, une telle agitation… Comprenons-nous bien, il y a là matière à discuter. Et encore, ne trouvez-vous pas très cher lecteur que le pouvoir chez les femmes donne une impression de peur ? Mais disons-le, pas toujours, et pourtant, cela reste très fortement semblable à une petite chansonnette qui me viendrait en tête : indépendant girls.

    Et bien qu’en parlant ainsi, le travail reste le travail, et forte de ses expériences passées, Carole avait pu grimper vers la hiérarchie sociale la plus haute. Elle avait pour cela passé tous les échelons qu’il fallait. Son leitmotiv premier était de ne jamais finir en bas de l’échelle. Et cela avait bien contribué à faire d’elle, depuis les deux dernières années, une jeune femme d’affaires des plus influentes. Comme à l’accoutumée, l’heure du repas avait sonné, et Carole s’apprêtait vivement à rejoindre son associée Collette. Prénom très rare de nos jours, n’est-ce pas ? Mais serait-ce de sa faute ? Nullement. Car il fut un temps, temps bien révolu depuis, où elle en voulut à sa mère, qui le jour de sa naissance insista auprès de son père et lui grava à jamais ce prénom de cette si grande consonance qui la suivrait à jamais. De son adolescence à sa majorité rien n’y faisait, cela restait pour elle plus qu’un poids.

    Le bureau où elles avaient pris leurs marques était situé à deux étages du self, et d’un commun accord, elles décidèrent toutes deux de déjeuner au service de 11 h 30 plutôt que celui de 12 h 30. Mais ne me demandez surtout pas quelle serait la raison qui pousserait certains membres du personnel de bureau à déjeuner à 12 heures, là ou d’autres opteraient plutôt pour 12 h 30. Bon, bon, on peut tout de même déduire que dans certains cas, je dis bien certains cas, Chantal préférerait dîner à 12 h 30, de telle sorte à éviter Bernard qui lui, déciderait de dîner à 13 heures, et vice versa. En gros on pourrait supposer sans l’affirmer avec certitude, que certains employés ne s’aimaient pas trop, ou ne s’appréciaient pas plus que cela, préférant s’éviter qu’autre chose. Mais « chut ! » ne dites surtout pas que je vous l’ai susurré, ça devra rester juste entre nous… ok ?

    Et pendant ce laps de temps, où Carole et Collette s’apprêtaient à se rendre au self, Cédric lui, jouait le père au foyer, et devant son ordinateur, il téléchargeait, téléchargeait, et téléchargeait ses vidéos favorites, tentant du mieux qu’il pouvait d’honorer cette tâche, qui pour lui se comparait à un grand défi. Mais visiblement cela ne le gênait pas plus que cela, car juste le fait de voir le bébé sourire le remettait aussitôt d’aplomb. Affairé entre ses deux principales occupations depuis quelques bonnes heures, il décida tout à coup d’enfiler un jogging avec précipitation, et ce dans le seul but de récupérer le résultat de son dernier concours. Il se hâta de descendre, et comme les facteurs n’oublient jamais les lieux de leurs tournées, arriva à cet instant précis son facteur de quartier.

    Je dois dire qu’ils nous en bouchent un coin ces facteurs gentlemen ! Suivez attentivement mon raisonnement, ils savent tout, ils savent qu’en laissant leur caddie en bas de l’immeuble ils ne risqueront jamais de se le faire piquer, ils sont aussi capables de vous informer de l’heure précise à laquelle vos voisins sortent du marché le samedi, l’heure à laquelle votre propre boucher ferme boutique, et que la gentillesse doit être de mise. En un mot, les facteurs sont à leur manière de vrais inspecteurs sociaux.

    Dévalant ses escaliers avec la plus grande précipitation, Cédric tomba nez à nez avec son facteur. En engageant la conversation ces deux messieurs n’auraient pu soupçonner à quel point une telle osmose les retiendrait. Après bien des minutes passées à papoter, ils donnaient tous deux l’air de se connaître depuis toujours.

    –Enchanté d’avoir fait votre connaissance Cédric, c’est ça hein, si je ne me trompe ?... Et sachez que vous avez fait un excellent choix que de vous installer dans ce beau quartier où il fait si bon vivre.

    Et clap, acte 1, acte 2, puis acte 3, Mama mia… non, mais, comment ça ? Cédric n’avait-il pas à faire ? Et ce pauvre nourrisson posé en catastrophe sur cette table à manger, pouvait-il encore supporter d’être traité comme une simple marchandise ? Pas tant que ça. Et dans la foulée, stoppant net sa discussion, le visage stupéfié, cette pensée lui vint à l’esprit. 

    –Ah mince… Qu’ai-je donc fait facteur ? Ho non pas ça… J’ai dû oublier bébé sur la table à manger, bon écoutez, cela fait un moment qu’on se retient mutuellement, faut vraiment que j’y aille maintenant !!! Disons qu’on se reverra une prochaine hein, on fait comme ça, bye !

    Très cher lecteur, n’attendez surtout pas de moi que je dise quoi que ce soit sur ce fameux Cédric, je m’en garderai. Disons que c’est un père un peu….. heu … non je n’en dirai strictement rien, ok, vous ne me forcerez surtout pas la main, je ne dirai strictement rien cher lecteur.

    Quant à Carole, de l’autre côté du périph’, on pouvait deviner chez elle une forte envie d’être attablée rien qu’en apercevant ce délectant menu.

    –Ah chouette Collette !! Observe donc un peu ce menu de chef, on va déguster du canard braisé, serti aux champignons noirs, et pour dessert, une île flottante, n’est-ce pas formidable...

    Et quant à moi, très cher lecteur, j’avoue que je viens de commettre une grande bourde, du fait de vous énoncer sans pudeur, sans retenue, ce délicieux et copieux plat que peuvent manger nos semblables. Ce n’est vraiment pas décent de ma part faut le dire, vraiment, car c’est la meilleure façon de vous faire saliver les papilles sans même que vous ne puissiez goûter une seule cuillère de ce délicieux canard aux champignons noirs (oui j’en rajoute, désolé). M’en excusant de nouveau d’inclure dans ce récit un plat si alléchant, si délectant, si délicieux, je m’en remets donc à votre bonne grâce.

    Enfin à table, nos deux femmes d’affaires pouvaient discuter de choses et d’autres, telle que leur prochaine affaire qu’elles nourrissaient en silence, mais pas seulement, il y avait en plus de cela pas mal de curiosité dans l’air :

    –Et ton congé maternité, ça s’est bien déroulé Caro ?

    –Assez bien dans l’ensemble, mais le plus dur pour moi ça a été mes jours de convalescence à la maternité, terrible !!! En particulier le fait de constater que jusqu’au jour d’aujourd’hui, nos deux familles respectives refusent toujours de faire connaissance. Enfin remettons les choses à leur place, je dois souligner que cela vient plutôt de mon père et de ma mère, plutôt que de la famille de Cédric. Bien au contraire, sa mère elle, voudrait bien souder les liens qui restent jusqu’à l’heure où je te parle, inexistants, mais mission impossible. Car mon père et ma mère refusant catégoriquement un quelconque lien de belle-famille entre eux et celle de Cédric, se déresponsabilisent de tout. D’un côté mon père trouve des prétextes pour ne pas être présenté à sa famille, trop modeste à son goût, et de l’autre côté, la famille de Cédric, mère et filles, n’ose pas trop non plus se montrer trop entreprenante, espérant tout de même une issue. Oui, elles voudraient bien faire le premier pas comme elles me l’ont confié, mais constatant leur réticence, elles n’osent pas trop leur forcer la main…. Hum, c’est vraiment délicieux ce canard, on peut distinguer comme un petit goût de canard laqué, un peu comme font les chinois, tu trouves pas ?… Bien je poursuis, donc, la mère de Cédric, ses filles et lui-même restent impuissants vis-à-vis de cette situation. On n’est pas vraiment sortis de l’auberge, tu vois. Voilà là où on en est Collette… Contrairement à la mienne, la famille de Cédric, était présente à mon accouchement, mais pas mes parents.

    Collette visiblement très émue et très attentive :

    –Ah oui je vois, c’est plutôt embêtant tout ça…

    Carole poursuivit :

    –Cela te donne maintenant une petite idée d’où ils en sont arrivés... Et le pire dans tout ça c’est que dans le même temps, après que sa famille soit venue voir le bébé, mon père m’a appelée dans le but de savoir à quelle heure je serais toute seule, juste histoire de les éviter. Alors j’avoue que ça nous chagrine vraiment Cédric et moi de voir qu’il puisse régner une telle atmosphère entre nos parents respectifs... Et cette césarienne je ne t’en parle même pas !

    Collette apparemment stupéfaite, la bouche grande ouverte, arrêta brusquement de piquer dans son assiette :

    –Oui, je crois maintenant avoir tout saisi, question de classe quoi... Et encore vraiment désolée de n’avoir pas pu m’y rendre à cet accouchement.

    Après avoir couru derrière de nombreux rendez-vous de travail qui s’étaient soldés par des échecs, et divers concours qui s’étaient tous avérés infructueux, et ce alors qu’il avait deux ans de chômage à son actif, Cédric espérait qu’ouvrir ce courrier mette fin à cette longue spirale d’inactivité. Ce long tunnel et ce long processus qui plombaient sa vie ne pouvaient durer éternellement. Il espérait, mais non sans peur, que cette fois serait vraiment la bonne. Installé dans son plus beau fauteuil vert anis semblant tout droit sortir d’un fournisseur direct d’usine de déstockage, Cédric, tout en fermant les yeux, cogita. Puis, il ouvrit ce courrier avec la plus grande délicatesse, en murmurant les yeux rivés au plafond :

    –Pourvu que ce soit la bonne, mais pourvu que ce soit la bonne ! Pourvu que j’aie pu réussir à ce dernier concours cette fois.

    Sortant enfin la lettre de son enveloppe, tout juste avant de jeter un œil, il se concentra en soupirant, les doigts croisés comme pour attirer la chance. Puis dépliant la lettre en question, et d’un regard évasif, il bondit imprévisiblement de joie tout en hurlant, et en sautant dans tous les sens :

    –J’ai réussi, j’ai enfin réussi ce concours, j’ai la victoire, ça y est, ça y est, ils ne pourront plus penser que j’abuse de la patience de ma femme, ils ne pourront plus dire que Cédric n’est qu’un bon à rien !

    Et par un soudain sursaut, bébé sortit brutalement de son léger sommeil se mettant à pleurer à chaudes larmes, attirant ainsi l’attention par des larmes de crocodile.

    – Héééé…héééyy….hiiiiiuuiii…houioui !

    « Pitié, pitié, faites le taire s’il vous plaît », c’est probablement ces mots qui nous viendraient à la bouche en entendant ces cris si tranchants, et pour le moins captivants. Car tous ces fâcheux désagréments qui venaient perturber Cédric dans sa joie profonde, ne pouvaient à un certain moment qu’exaspérer ; mais n’ayant pas le choix, il se précipita vers son bébé. Laissant ainsi derrière lui sa joie, il l’extirpa immédiatement de son berceau. Ouf à croire que le tour était joué, bébé cessât enfin de verser ses abondantes larmes, et quant à Cédric, il avait l’air d’assez bien maîtriser la situation. Et pourtant, il avait comme une nette impression d’être nargué, car effectivement, une fois dans les bras de papa, bébé le doigt dans la bouche, gazouillait et souriait comme jamais il ne l’avait fait auparavant.

    La journée de dur labeur fit place à un début de soirée très prometteur, car Carole n’avait plus qu’une idée en tête ; rentrer le plus rapidement possible, afin de retrouver ce petit trésor qu’elle chérissait tant, son charmant bébé. Le parcours du travail à la maison n’était vraiment pas la porte à côté ; un périphérique à traverser, plus le trajet jusqu’à Montrouge, à peu près trente bornes de là, ce qui lui laissait bien souvent très peu de temps pour ses loisirs personnels. Malgré tout, elle ne s’en plaignait pas, l’essentiel était dans le fait que cela restait une journée dûment accomplie. 18 h 03 bien précises, c’était l’heure qu’affichait la pendule blanche en plein couloir. Il ne lui restait plus qu’à enfiler son manteau, et pareil à un fauve, elle quitta précipitamment son bureau et fonça dans un couloir à toute allure donnant comme une impression de spectacle de claquettes hollywoodien :

    –Énorme les filles, j’ai bossé comme une hystérique, bonne soirée à toutes, rentrez bien et à demain, car je vous avoue que j’ai une grande hâte de retrouver mon petit bout de chou. Bye bye !

    Et d’un air acrobatique, Carole sauta dans sa mini-sport, l’air si joyeux, qu’on jurerait même qu’elle allait accoucher une seconde fois.

    Quant au temps pas si clément que ça, une pluie battante régnait sur le périph’, mais il fallait bien plus que cela pour effrayer cette jeune maman de 36 ans. Carole s’élança sur cette nationale à vive allure, le vent en poupe.

    Mais voilà que l’inimaginable se produisit ; d’un coup de volant à droite, puis à gauche, suivi dans la mêlée d’un court slalom avec un motard, et d’un appui sans réserve sur le frein qui ne faisait qu’alimenter le glissement des pneus sur la chaussée déjà extrêmement mouillée, elle tomba face à une camionnette de livraison entravant sévèrement son passage, la contraignant à quitter la chaussée… Et là, un silence glaçant, le vide total s’installa. Deux, trois secondes plus tard, peut-être bien quatre, on entendit une voix retentir du haut de cette bretelle de sécurité alarmant ainsi tous les passants :

    –Oh non, surtout pas ça, pauvre femme ! Appelez les secours ! Je viens tout juste d’apercevoir un véhicule qui a quitté brutalement la route et qui se trouve maintenant tout en bas de la passerelle ! Vite, appelez les pompiers, appelez les pompiers !!!!

    Comme cela faisait froid dans le dos, ce cri strident qui désignait déjà son nom : détresse. Peu à peu, de nombreuses personnes s’amassèrent tout au long de la passerelle, pour majorité stupéfaite. Et cette autre petite dame qui visiblement très affolée apostrophait ces quelques voyeurs en les suppliant sans réserve :

    –Écoutez, s’il vous plaît, le temps que les secours arrivent, il n’y aurait pas parmi vous un secouriste, ou mieux un médecin ? Non ? Ou peut-être bien un

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