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Nouvelles du passé
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Livre électronique227 pages3 heures

Nouvelles du passé

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À propos de ce livre électronique

Un retour vers l'enfance intrigant, à l'image des deux personnages féminins qui confèrent à ce roman une légère dimension fantasmatique.
Lors d'une soirée chez une amie proche, un écrivain rencontre la meilleure amie de celle-ci qui est photographe. En réponse à sa proposition de le photographier, il lui suggère de se rendre sur les lieux de son enfance. Bientôt ils seront rejoints par une équipe venue tourner des images de ses souvenirs, la plongée dans le passé se faisant alors à travers le prisme du cinéma. Mais leur amie commune viendra troubler leur jeu photographique... Le livre possède une double fin, parce qu'un roman ne devrait jamais finir.
LangueFrançais
Date de sortie16 oct. 2019
ISBN9782322212187
Nouvelles du passé
Auteur

Jean Pierre Ceton

Jean Pierre Ceton vit à Paris. Il est notamment l'auteur de Rauque la ville, Osons libérer le français, Le pont d'Algeciras, La Fiction d'Emmedée, L'Insatisfaction ou Petit homme chéri.

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    Aperçu du livre

    Nouvelles du passé - Jean Pierre Ceton

    Du même auteur :

    RAUQUE LA VILLE, éditions de Minuit, préface de Marguerite Duras 1980

    RAPT D’AMOUR, P.O.L éditeur 1986

    LA SUIVE, Imprimerie nationale éditions 1989

    PATHÉTIQUE SUN, Criterion éditeur 1991

    LA FICTION D’EMMEDÉE, éditions du Rocher 1997

    LES VOYAGEURS MODÈLES, éditions Comp’Act 2002

    PETIT HOMME CHÉRI, éditions L'ACT MEM 2005

    LE PONT D'ALGECIRAS, éditions L'ACT MEM 2006

    ENTRETIENS AVEC MARGUERITE DURAS, éd F.Bourin 2012

    L'INSATISFACTION, BoD édition 2014

    REGARDER LOIN, BoD édition 2015

    JAMAIS AUTANT, BoD édition 2016

    OSONS LIBÉRER LE FRANÇAIS, BoD édition 2019

    jeanpierreceton.com

    (L'auteur utilise ici la nouvelle orthographe)

    Elle m'avait dit qu'elle me quitterait si je faisais ce voyage. J'en avais d'abord tenu compte. J'avais promis de réfléchir, de reporter la décision, balançant quelque temp. Et puis un jour je l'avais fait ce voyage et elle m'avait quitté. J'en suis convaincu maintenant, ma femme n’aimait pas mon passé. Je crois même qu'elle ne l'avait jamais aimé.

    À l'origine, c'était un simple projet de ''shooting'', comme on dit maintenant. J'en étais demandeur, je regrettais qu'on ne me photographie pas plus souvent, au point d'éprouver le sentiment de perdre les états successifs de mon visage et de mon corp. Il y a des gens qui n'aiment pas qu'on les photographie, moi oui.

    Avec ma femme, la photo avait été une des premières sources de conflit. Fou amoureu d'elle au début de notre rencontre, je n'avais qu'une envie, à part faire l'amour, la prendre en photo. Hélas, cela ne lui plaisait pas tellement que je la photographie partout où le décor me plaisait, dans la rue par exemple, sans me préoccuper de ce qui se passait autour.

    Je m'étais fait à cette donnée, comme à d'autres, j'avais peu à peu cessé de prendre des photos de ma femme.

    La dernière fois qu'on m'avait fait une série de photos, ç’avait été lors d'une équipée quasi amoureuse sur les bords de Seine avec une amie de longue date qui, toute heureuse de me revoir, s'était mise à me photographier sans mesure.

    En fait, elle était surtout emballée d'avoir racheté d'occasion un ancien modèle d'appareil auquel elle était habituée depuis ses débuts dans la photo, le même qu'elle avait idiotement revendu l'année précédente pour trois fois rien, et qui lui avait manqué au point disait-elle de s'en mordre les doigts tous les jours.

    D'abord j'avais trouvé ça valorisant, et même assouvissant, puis c'était devenu plutôt rébarbatif au fur et à mesure de la promenade, qu'elle me prenne en photo comme pour me « prendre » en effet.

    J'avais fini par comprendre que revoir cette ancienne amie avait été une erreure, car on cherchait chacun à retrouver dans l'autre ce qui ne s'y trouvait plus. Cependant j'avais joué le jeu dans l'espoir d'avoir des photos après quoi je courais.

    Oui, mais elle avait pris tellement de photos ce jour-là qu'il lui avait fallu des semaines pour en faire un premier traitement, avant de m'envoyer une dizaine de clichés noir et blanc. Et encore, à condition que je ne les diffuse pas, car elle devait les retravailler comme d'autres qu'elle avait sélectionnés. Et ce, dès qu'elle pourrait, c'est à dire quand elle rentrerait du Népal où elle partait passer la saison comme elle le faisait tous les ans. De toute façon, je ne pourrais pas m'en servir, elle me les avait expédiées en basse définition.

    Ça m'avait beaucoup fâché. Elle aussi s'était fâchée que je me fâche « pour ça », seulement pour « ça » ! elle avait dit.

    On ne s'était plus revu, comprendre à quoi peuvent tenir des relations entre les gens.

    La nouvelle photographe, elle, c'était une pro de professionnelle, elle avait déjà exposé en solo à Paris et participé à une expo collective à Londres. La prochaine était prévue à Bruxelles, puis à Strasbourg, et elle comptait encore sur plusieurs autres plans d'exposition.

    Katia avait un visage de rêve et une silhouette de danseuse. Ou alors une silhouette de rêve et un visage de modèle. Au premier regard, elle m'était apparue belle et stupéfiante de vie. Je l'avais rencontrée dans une soirée à laquelle j'avais été invité par Anna qui fêtait son anniversaire. Une jeune amie comédienne à qui j'avais fait lire des textes dans un petit théâtre de banlieue. Anna, je la trouvais vraiment très jolie avec ses cheveux blonds et ses beaux yeux bleus. Elle avait surtout une voix singulière, bien posée et vraiment captivante.

    Après cette lecture, on était devenu amis, du coup on avait été un temp beaucoup ensemble, sortant ici ou là dans les rues, les parcs autant que dans les théâtres et les bars.

    Et puis on s'était revu récemment et on avait dit qu'on se « reverrait » pour parler d'autres projets.

    Outre que j'aimais beaucoup sa voix, je trouvais qu'elle avait une vraie présence qui ne demandait qu'à se renforcer. Le seul problème était qu'elle ne supportait pas qu'on la dirige.

    La soirée se passait chez elle, les invités étaient tous des jeunes gens pour qui j'aurais pu être le père si je m'y étais pris vraiment très tôt. C'était ce que m'avait dit Anna en m'invitant. Mais elle, elle exagérait toujours, déjà qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de décocher des piques, sans que je sache si c'était pour attaquer ou pour se défendre.

    Ou bien j'en avais un peu l'allure, d'un père, m'étais-je dit, ce qui expliquait qu'Anna m'avait invité au dernier moment. Elle avait d'ailleurs paru un peu surprise de m'entendre quand j'avais hélé à son interphone, hésitant même je crois bien à m'ouvrir.

    « Monte, je vais te présenter à ma sœur », elle avait dit Anna.

    Or, à peine elle avait refermé sa porte derrière moi, elle s'était précipitée pour ouvrir la bouteille de champagne que j'avais apportée au lieu de me présenter effectivement à Katia.

    Cette dernière l'avait fait elle-même dans un grand éclat de rire : « I am an international photographer ». Déclamant aussitôt ses coordonnées à la manière d'une page de Wikipédia. Elle avait 28 ans, comme Anna qui en avait 29, sinon elle était née à Paris, bien que d'origine étrangère. Par dessus tout, elle était indépendante...

    J'avais tout de suite eu envie de lui parler, au point de ne pas me préoccuper des autres. Je m'étais installé avec elle sur un canapé situé au centre de la pièce, donc au milieu des invités, pour une conversation qui allait durer une partie de la soirée.

    Je l'avais questionnée sur son métier de photographe qui semblait la passionner. Elle était complètement excitée depuis qu'elle avait acheté, deux jours plus tôt, un nouveau ''device'', comme elle disait, dont elle m’avait décliné les nouvelles fonctionnalités qui en effet paraissaient vastes. Sans parler de ses capacités de mémoire, je pouvais même pas imaginer !

    -Quel genre de photos elle faisait ? j'avais demandé.

    -Pour l’essentiel des portraits, il lui arrivait aussi de faire des photos un peu mystiques, pas loin d'être religieuses. Enfin, c'était quand elle n'allait pas bien, elle me prévenait à l'avance. Alors les motifs c'était du minéral, des plumes, des fumées, des bouts de matières inertes... Sinon, oui sa spécialité, c'était les portraits.

    D'ailleurs elle pouvait faire le mien, elle avait dit en souriant. Et me jaugeant déjà, j'avais bien vu qu'elle s'était mise à fixer tour à tour mes yeux, mes lèvres. Et mes mains.

    Elle faisait également beaucoup d'autoportraits, comme tout le monde.

    -Et quoi encore, j'avais demandé ?

    -Des nus, oui, des photos d'elle, nue.

    Si je voulais, elle pouvait me montrer sa dernière série, oui ?

    Aussitôt elle avait sorti son nouveau device à la giga mémoire, et m'avait fait défiler sa dernière série d'autoportraits.

    Katia était très à l'aise, je l'avais noté, en tout cas elle n'était pas gênée de se découvrir ainsi à moi qui la connaissais si peu, et qui en plus me trouvais à ses côtés. Non, apparemment pas du tout gênée de me montrer son corp, svelte, alerte, tendu, gracieux.

    Bon, les photos ne la montraient que partiellement dévêtue, avec des mises en valeurs locales, ici un sein, là une remontée du dos ou bien le haut des cuisses. Et ce, dans des décors marins, en noir et blanc ou avec des couleurs sur-impressionnées.

    Je lui ai dit que j'aimais beaucoup ses photos, que je les trouvais belles, sensibles, esthétiques. Précisément, qu'il y avait quelque chose dans son travail qui n'était pas ce qu'on voyait partout.

    Cela avait dû la toucher au fond, si bien que posant la main sur mes lèvres pour m'empêcher de parler davantage -j'allais lui dire que son corp était très beau, elle m’avait déposé subrepticement un bisou dans le cou qui m'avait tétanisé d'émotion.

    Sans doute pourquoi je lui avais dit un peu plus tard que j'aimerais vraiment qu'elle me photographie.

    « Pas de soucis », elle m'avait donné sa carte pour que j'aille consulter son site plus en détails et que je l'appelle afin de prendre rendez-vous, elle avait un peu de temp libre dans les jours à venir. Il faudrait juste que je me déplace, car par principe elle ''shootait'' toujours dans un studio qu'elle partageait avec d'autres photographes de la « jeune école », elle avait dit en riant.

    Le fait d'être au milieu de la pièce, centralement assis sur le canapé, nous avait paradoxalement permis une simplicité d'échanges hors de toute compétition d'ego, ce qui généralement fout tout en l'air !

    En fin de conversation, on s'était mis d'accord sur deux choses. D'une part que ce serait finalement mieux qu'elle me photographie en décor naturel. Il suffisait que je lui propose un lieu de shooting où je me sentirais vraiment libre, ajoutant même que ça l'amuserait si c'était un endroit qu'elle ne connaissait pas.

    D'autre part que ça ne devait pas rester un bobard de soirée sous alcool, car c'était selon elle plus drôle de faire ce qu'on dit plutôt que le contraire, j'étais d'accord ?

    Donc on s'était promis de les faire ces photos. D'ailleurs ça lui plaisait beaucoup, elle avait hâte de commencer, elle les sentait déjà, c'était assez rare. Ou bien elle me sentait, si elle pouvait se permettre.

    Je l'aurais volontiers couverte de baisers, mais bien sûr je m'en étais gardé. D'autant que j'avais compris qu'elle avait un fiancé vigilant dont j'avais remarqué le manège. Un type assez classe qui était venu me saluer, puis était reparti avant de s'approcher à nouveau, sous prétexte de remplir encore nos coupes de champagne. Sans cacher son impatience de retrouver Katia pour lui seul.

    Le lendemain, Anna m'avait texté une série de messages bien avant que je retrouve mon téléphone dont je ne cessais pourtant de composer le numéro, inutilement, la batterie étant à 0 %. Du coup je n'arrivais pas à mettre la main dessus, jusqu’à me rappeler qu'en rentrant de chez Anna j'avais plongé dans mon lit, et donc qu'il était resté dans une poche de mon vêtement de la veille.

    Anna s'étonnait que je ne l'aie pas appelée, au moins pour m'excuser d'être parti sans lui dire au revoir, ce qui n'était pas vrai selon moi.

    Encore dans les franges de mon réveil, je revisualisais cette soirée qui avait été si joyeuse qu'à la fin on avait eu du mal à se quitter. Sauf que ce lendemain, Anna me reprochait d'avoir passé toute la soirée avec Katia qui était plus que sa sœur.

    C'était d'après elle assez impoli, aussi bien par rapport à elle qu'aux autres invités. D'ailleurs plusieurs amis avaient trouvé que je les avais ignorés.

    En outre, elle me faisait remarquer qu'on n'avait pas parlé, elle et moi, de tout ce dont on devait parler, comme on avait dit qu'on le ferait, de nos nouveaux projets de lecture qu'elle était assez impatiente de connaitre.

    Dans un dernier message, elle me demandait expressément de la prévenir si je devais revoir Katia, parce qu'elle tenait à être de la partie.

    Ainsi, elle me signifiait clairement qu'elle ne voulait pas que je revoie Katia seul.

    Oh la la ! m'étais-je dit, quelque chose de fort se passait. Ou bien allait survenir incessamment !

    Quand, par la suite, j'avais convenu d'un rendez-vous avec Katia, je l'avais avertie qu'Anna nous rejoindrait, puisque cette dernière me l'avait demandé.

    -Je suppose que tu seras contente qu'elle vienne, je lui avais dit.

    -Oui, elle avait répondu oui, bien sûr. Chaleureusement, oui.

    A ma grande surprise cependant, il en était résulté qu'Anna était venue à ce rendez-vous mais pas Katia.

    J'avais tenté de la joindre par tous les moyens, laissant plein de messages pour lui dire qu'on l'attendait, qu'on allait l'attendre, et qu'on pouvait l'attendre encore, sans obtenir la moindre réponse.

    Elle avait prétendu s’être trompée de date lorsque je l'avais rappelée le soir pour fixer un autre rendez-vous.

    Alors, cette fois, persuadé d'avoir été maladroit envers Katia, je n'avais pas prévenu Anna, même si je savais que je risquais de la fâcher gravement.

    J'avais pensé régler la difficulté en évitant de me mêler de cette affaire trop compliquée. C'est ce que j'avais cru, bien à tort, puisque ce faisant j'avais d'une certaine façon construit un nœud dont j'allais être le premier légataire...

    Katia m'avait posé la question directement à peine je l'avais retrouvée au café. Est-ce qu'il y aurait un endroit où je me sentirais bien pour faire des photos ? Je pouvais lui en proposer plusieurs, n'importe où dans Paris. En haut de l’Arche de la Défense, dans le nouveau Parc des Batignolles, sur les marches de la Grande Bibliothèque ? Ou bien dans un de mes cafés favoris si je préférais ?

    Et, sans en prendre la mesure tout à fait, car c'est à ce moment précis qu'elle s'était imposée, je lui avais donné ma réponse.

    L'idée avait surgi le matin, me retrouvant à marcher dans mon quartier. Une permanence des choses qui m'était apparue super angoissante la veille m'avait semblé rassurante. Les commerces étaient bien ouverts, des gens y passaient leur commande. Dans les bars, des serveurs servaient leurs clients qui consommaient. Dehors des touristes se trouvaient à faire patiemment la queue pour visiter le monument qui était à leur programme...

    J'avais aussitôt appelé Katia, tellement m'envahissait un enthousiasme croissant, afin de lui parler de l'endroit que je trouvais le plus excitant pour faire les photos.

    Il était trop tôt, elle n'avait pas répondu, je ne lui avais pas laissé de message.

    Là, de vive voix, face à elle dans ce café ouvert, oui, je lui avais dit que le mieux serait qu'on aille dans ma région d'origine.

    -C'est où, c'est quoi, votre région d'origine ?

    -Là où j'ai passé mon enfance, ma région natale...

    -Ah oui ? Et pourquoi ? Qu'est-ce qui vous a décidé ? Vous voulez faire... Pardon, tu veux faire un retour sur votre passé... Pardon, elle en avait ri, tu veux revenir sur la terre de tes ancêtres ?

    C'était curieu, elle m'avait tutoyé assez vite au cours de la soirée chez Anna, et là elle avait du mal à ne pas me vouvoyer.

    Pourquoi dans ma région d'origine ? Parce que celle de mon enfance, tout simplement, oui ?

    Quand même elle voulait savoir davantage. Je n'avais pas eu de mal à lui répondre.

    -Eh bien parce que chaque maison, rue, bloc de maisons, portail principal ou porte de derrière, ruelle vers cour ou jardin, chaque paysage de ce coin de terre me renvoient au plus loin de mon existence.

    -Tu es carrément dithyrambique !

    -Tu ne peux pas imaginer à quel point chaque croisement de routes, chaque entrée de chemin, le moindre panneau indicateur de villages, les inscriptions de lieux-dits m'emportent vers un souvenir du passé.

    -Et qu'est-ce que tu attends de moi ?

    -Tout, Katia ! Tu sais te servir de ton device, tu peux faire ce que tu veux ! Moi je te montre les endroits qui me touchent le plus, on se déplace de lieu en lieu pourvu qu'ils soient générateurs de ma mémoire. Et tu fais des clichés dans le décor de mes souvenirs.

    -Ah non ! elle s'était révoltée. Pas ça, moi je fais pas de clichés, non, je t'assure.

    -Comment ça, pas de clichés, tu ne veux pas faire de photos ?

    -Oui, des images. J'aime pas les clichés, enfin j'essaie de faire des photos qui ne soient pas des clichés.

    Je l'avais beaucoup regardée à cet instant en référence à Anna, surement parce qu'elles avaient en commun des mimiques et des intonations.

    Pourtant elles étaient si contraires. Katia, brune à cheveux courts, yeux gris. Anna, blonde aux yeux bleus, moins en chair.

    Peut-être des ''sœurs'', mais des êtres bien différents, même si l'une et l'autre me séduisaient tout autant.

    J'avais quitté Katia pas très sûr qu'elle donnerait suite à ma proposition. J'avais passé la nuit à gamberger, convaincu que j'avais sabordé le projet en ne le présentant pas simplement comme une balade à la campagne qui se trouvait être celle de mon enfance.

    Surtout qu'en fin de conversation, je lui avais avoué que je me demandais si je n'avais pas encore inventé un truc de fou.

    -Quoi, un truc de fou ?

    -Quelque chose qui parfois me tombait dessus. Je pouvais être soudainement envahi par une envie irrépressible de réaliser un projet surgi de je ne sais où sans que j'y ai réfléchi plus que ça. Genre, aller filmer à cinq heures de route un spectacle d'une amie qui se donnait seulement un soir. Lire entièrement un de mes livres au cours d'une nuit dans l'une des serres du Parc André-Citroën. Entreprendre une enquête sur la langue française en Amérique du nord...

    Quand j'étais petit, c'était faire le tour de la mer méditerranée. J'avais appris à me méfier de

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