Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Merlin ou la vie autrement
Merlin ou la vie autrement
Merlin ou la vie autrement
Livre électronique432 pages6 heures

Merlin ou la vie autrement

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Benjamin Moldock est un forban renommé qui sévit en Méditerranée. Sa rencontre sur l'île de Malte, d'abord avec un vieux sage qu'il surnomme Merlin, puis avec Annabella, dont il s'éprend, va changer sa manière d'appréhender la vie. Malheureusement, au début de leur aventure, cette femme l'envoie aux galères en le trahissant auprès de son ancien amant, un homme à la colère insatiable. Mais Benjamin veut à tout prix sauver son histoire d'amour.
LangueFrançais
Date de sortie4 juil. 2019
ISBN9782322154845
Merlin ou la vie autrement
Auteur

Colette Becuzzi

Poétesse dans sa jeunesse, après avoir tardivement repris des études littéraires, Colette Becuzzi est revenue à l'écriture. L'art étant son domaine de prédilection, elle s'est aussi adonnée à la peinture. Elle a notamment publié des romans, des histoires pour enfants et des contes qu'elle a elle-même illustrés. Son dernier roman, De tout et de rien, raconte la vie quotidienne de madame tout le monde.

En savoir plus sur Colette Becuzzi

Auteurs associés

Lié à Merlin ou la vie autrement

Livres électroniques liés

Fiction d'action et d'aventure pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Merlin ou la vie autrement

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Merlin ou la vie autrement - Colette Becuzzi

    Je dédie cet ouvrage à mes proches qui me soutiennent dans ma démarche créative et à tous les êtres qui sont sur le chemin de la connaissance de soi.

    L'homme n'est analogue à Dieu qu'en ce centre de lui-même qui lui est voilé et il ne peut le rejoindre que par une conversion totale, qui fait de lui un homme « nouveau »¹.


    1. A. Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 56

    http://www.lexilogos.com/français_langue_dictionnaires.htm.

    Table des matières

    PREMIÈRE PARTIE

    UNE VIE D'AVENTURES

    Chapitre Un

    Chapitre Deux

    Chapitre Trois

    Chapitre Quatre

    Chapitre Cinq

    Chapitre Six

    Chapitre Sept

    Chapitre Huit

    Chapitre Neuf

    Chapitre Dix

    Chapitre Onze

    Chapitre Douze

    Chapitre Treize

    Chapitre Quatorze

    Chapitre Quinze

    Chapitre Seize

    Chapitre Dix-sept

    Chapitre Dix-huit

    Chapitre Dix-neuf

    Chapitre Vingt

    DEUXIÈME PARTIE

    LAVIE AUTREMENT

    Chapitre Vingt et un

    Chapitre Vingt-deux

    Chapitre Vingt-trois

    Chapitre Vingt-quatre

    Chapitre Vingt-cinq

    Chapitre Vingt-six

    Chapitre Vingt-sept

    Chapitre Vingt-huit

    Chapitre Vingt-neuf.

    Chapitre Trente

    Chapitre Trente et un

    Chapitre Trente-deux

    Chapitre Trente-trois

    Chapitre Trente-quatre

    Chapitre Trente-cinq

    Chapitre Trente-six

    Chapitre Trente-sept

    Chapitre Trente-huit

    Chapitre Trente-neuf

    Chapitre Quarante

    Chapitre Quarante et un

    Chapitre Quarante-deux

    Chapitre Quarante-trois

    Première partie

    Une vie d'aventures

    Chapitre Un

    La tempête se lève en Méditerranée. Le canot n'est pas si loin des côtes de l'île de Malte, et s'ils sont assez courageux pour ramer, ils auront atteint la rive avant qu'elle n'éclate et la réputation de Benjamin Moldock ne sera pas entachée du sang de ses victimes.

    Encore une fois, il a réussi à terminer ce qu'il appelle son sauvetage à temps. Il a abordé ce navire en ayant eu soin au préalable de scruter le ciel et de s'assurer que le temps allait changer. Il attend que la mer soit grosse, ce qui lui permet d'arraisonner les bâtiments qu'il convoite par surprise.

    Depuis quelques mois en effet, il ne donne l'assaut qu'à des bateaux de commerce de taille moyenne et essaie, dans toute la mesure du possible, de ne pas verser de sang.

    Aujourd'hui encore, il a pu s'en sortir sans effusion de violence. Il est vrai que, son charme opérant, il n'a aucun mal à détrousser les dames car il joue le joli cœur pendant que ses hommes se chargent de tenir les messieurs en joue et de leur ligoter les mains jusqu'à ce qu'ils aient tous été transférés dans les canots.

    Il garde ces dames en otage et les conduit sur la terre ferme en les traitant au mieux malgré les récriminations de ses compagnons qui aimeraient parfois profiter des charmes féminins qu'ils ont à portée de main. Ces derniers savent que s'ils enfreignent les règles ils serviront d'appât aux poissons.

    Moldock a toujours rigoureusement fait respecter ce qu'il a instauré et ses hommes ont toujours obéi car, connaissant l'avidité de l'être humain, il sait se montrer juste et équitable envers chacun d'eux au moment du partage du butin. Ils savent aussi que, depuis quelques mois, les pirates font l'objet de sévères poursuites dans le bassin méditerranéen et que les châtiments qui les guettent lorsqu'ils sont jugés pour leurs méfaits sont terribles.

    Tous connaissent bien les galères de l'ordre de Malte et aucun d'entre eux n'aimerait en goûter. Moldock en particulier qui, depuis quelque temps, sent confusément qu'il doit s'en méfier. De plus, il n'a aucune envie de risquer sa vie et sa liberté comme auparavant, lorsque l'inconscience de sa jeunesse semblait le rendre invulnérable malgré les menaces non voilées d'un certain Luc de Boyer d'Argens. Le monde des forbans avait appris que cet homme avait publié, il y a bien des années, « pour l'usage des chevaliers de Malthe », ses réflexions personnelles sur les devoirs desdits chevaliers qui, selon lui, étaient « de défendre la Religion contre les Infidèles, de détruire les pirates et les Mahométans »².

    Il sent qu'un profond changement s'est opéré en lui dont il ne connaît pas la cause. Parfois, il ne se comprend pas. Ses réactions lui sont étrangères, comme si un autre Benjamin Moldock prenait sa place et le guidait dans ses paroles et ses actes.

    Avant même que ses compagnons agissent, il sait déjà ce qu'ils vont faire. Il est surpris lui-même de cet état de fait, mais eux le sont encore plus lorsqu'il prévient leurs gestes. Cela a créé une énorme tension au départ qui s'est peu à peu estompée dès lors qu'ils ont fait la connaissance du vieil homme.

    Ils venaient d'arraisonner un bateau de commerce et s'étaient battus à l'arme blanche et aux pistolets. Deux de ses compagnons avaient trouvé la mort et dans le camp adverse, peu étaient encore vaillants. Tous avaient de profondes blessures et certains étaient à l'agonie.

    Moldock avait toujours détesté les carnages et la vue du pont couvert de sang le révulsait. Il insista pour que les deux sloops soient conduits vers la terre ferme afin de débarquer les blessés et si le hasard lui était favorable, de pouvoir les faire soigner. Dans son for intérieur, il se jurait que cela ne se reproduirait plus jamais.

    Aucun des mariniers n'avait apprécié cet abordage, et se saisir du butin dans ces conditions extrêmes ne les avait pas vraiment enchantés. Ils accostèrent dans une enclave qu'ils ne connaissaient pas et qui semblait déserte. Ils débarquèrent femmes et marchandises, laissant les blessés à bord sous bonne garde, tout en ayant pris soin de ligoter ceux qui semblaient plus légèrement atteints.

    Moldock et quelques hommes marchèrent un moment et finirent par trouver une habitation. Là, un vieil homme les accueillit avec une telle amabilité qu'ils en furent touchés. Sa voix était si douce et harmonieuse qu'on se laissait bercer par ses paroles. Après des moments aussi durs, cette voix était un baume au cœur de Moldock. Quelque chose s'ouvrait en lui à ces paroles, comme une force inhabituelle qui le prenait tout entier et le faisait se sentir différent.

    Cette sensation était si impressionnante que son cœur battait plus fort dans sa poitrine. Il s'adressa au vieillard et lui demanda s'il lui était possible d'aller soigner les blessés restés sur leur embarcation. Ce dernier demanda à ce qu'au moins deux femmes puissent le seconder et Moldock détacha quatre de ses hommes, auxquels il se joindrait, pour les accompagner et aider à les surveiller. Les autres garderaient les otages.

    Le vieil homme s'abstint de tout commentaire en découvrant l'état des hommes. Il se borna à donner des ordres aux femmes, qui l'assistaient avec célérité, désireuses de sauver un maximum de vies humaines.

    Lorsqu'il eut fini, il fit face à Moldock qui, sous le poids de son regard, ressentit la honte et le dégoût de soi monter en lui et le submerger comme une lame de fond. Il ne savait quelle attitude adopter devant ce regard qui en disait beaucoup plus que le moindre mot.

    Puis il se tourna et demanda aux femmes de veiller sur les blessés. Il avait besoin d'autres herbes pour soigner et il devait aller jusqu'à sa demeure pour les préparer. Il serait de retour sous peu et demandait à Moldock de bien vouloir l'accompagner.

    En chemin, il ne lui adressa même pas la parole, mais son silence était plus éloquent que n'importe quel mot qu'il aurait pu proférer. Il faisait partie de ces êtres qui savent faire passer un message d'âme à âme. Et Moldock l'avait parfaitement capté.

    Il savait que c'était la dernière fois qu'il se comportait ainsi, qu'il était impératif que sa vie prenne un autre tournant. Pris dans l'engrenage comme il l'était, saurait-il s'arrêter à temps ?

    Il sentait que le vieillard qu'il venait de rencontrer marquerait ce tournant, s'il savait l'écouter. Les blessés nécessitant des soins quotidiens, il avait décidé de rester sur place jusqu'à ce qu'ils soient aptes à reprendre la mer.

    Il songeait avec amertume que c'était une piètre façon de racheter « sa conduite de sauvage », comme il se le disait parfois, mais au moins aurait-il l'âme en paix s'il était certain que ces hommes et ces femmes puissent regagner leur pays. Le regard que le vieil homme avait à son endroit le mettait mal à l'aise et souvent, il feignait de l'ignorer.

    Un jour cependant, alors qu'ils venaient de terminer les soins aux blessés qui avaient été rapatriés sur l'île dès qu'ils avaient pu y être acheminés sans risque, il s'adressa à Moldock en ces termes :

    – Quand à l'intérieur les choses commencent à bouger, on a envie de tout effacer et recommencer à zéro. N'est-ce pas ce qui t'arrive en ce moment ? Toutes ces tribulations seulement pour de l'argent, n'est-ce pas superflu ? Vois-tu, l'ami, je ne possède rien. Cette maison est une vieille bergerie abandonnée. Un jour où je me promenais ici pour y chercher des plantes médicinales, j'y ai élu domicile. J'ai longtemps vécu dans des lieux habités, mais aujourd'hui, je n'aspire qu'à la tranquillité. Je ne reste pas toujours au même endroit, car les plantes m'appellent parfois pour que j'aille les cueillir ailleurs et déterminer leurs propriétés curatives. Les plantes sont mes amies les plus chères, et pour l'amour de la nature, j'ai renoncé à la vie traditionnelle des hommes. Sache que le jour où tu auras vraiment décidé de changer d'existence, tu te tourneras vers la nature. Elle est source d'équilibre et de sérénité. Sans elle, l'être humain perd ses repères et devient pire qu'un animal. À force de voguer sur les mers, sans aucun port d'attache, tu as perdu ton humanité. Aujourd'hui, tes désirs profonds ont changé et tu es sur la voie d'un revirement total de vie. Cela n'ira pas sans mal, mais tu y parviendras. Au fond, tu es un être noble et généreux, mais tu t'es égaré sur un chemin qui ne te convient pas, qui ne t'a jamais réellement convenu. Mais il a forgé ton caractère et à travers ce que tu as vécu, tu sauras reconnaître si la direction que tu prends est juste ou non. Je ne t'en dis pas plus. Si tu veux me voir, tu peux revenir ici quand tu le voudras. Un nombre encore assez conséquent de plantes m'attendent.

    – Merci de m'éclairer sur les choix que je dois faire. Il est vrai que depuis quelque temps, je sens que je dois changer de cap, mais que faire ? Il me serait difficile de couper court avec ces hommes. Ils sont ma seule famille. Cela fait tant d'années que nous sillonnons les mers ensemble que j'aurais du mal à les abandonner. Ils ne m'ont en outre jamais déserté dans les moments difficiles que j'ai traversés. Je sais qu'ils ne sont pas prêts à quitter ce genre d'existence. Ils ont encore besoin que je les guide pour éviter qu'ils ne reproduisent ce qui s'est passé dernièrement. Actuellement, la tête des pirates est mise à prix et c'est avec cette crainte que je pourrai parvenir à les orienter vers autre chose.

    - Bien que tu te donnes parfois des airs de féroce conquérant, ton cœur est bon et charitable. C'est la raison pour laquelle tu ne peux plus continuer à harponner tes semblables pour de l'argent. Ce mode de fonctionnement ne correspond plus à ce que tu es en vérité. Et si tu persistes, tu ne rencontreras que des difficultés, car ton âme continuera à essayer de te faire comprendre que tu es dans l'erreur. C'est ainsi. Ceux qui font la sourde oreille à leurs intuitions pour n'agir qu'en fonction des pulsions primaires qui les animent vont toujours au-devant de problèmes. Souviens-t'en !

    – Merci de m'avoir aidé à sauver ces braves gens. Je sais que nous nous reverrons. Quand, je ne sais pas, mais oui, nous nous reverrons. C'est une certitude pour moi.

    Lorsque Moldock décida qu'il était temps pour eux de repartir, il le fit à regret. Il eut la sensation que tous avaient été transformés. Ses hommes devaient se forcer pour paraître autoritaire avec leurs prisonniers. Il s'était établi entre eux, pendant tout le temps qu'ils avaient passé avec leur hôte, un climat de courtoisie dont ils ne parvenaient plus à se départir.

    Ils embarquèrent et mirent le cap en direction de la cité de La Valette afin que les commerçants puissent trouver un capitaine et son équipage pour reconduire leur sloop vers leur destination d'origine. Ils étaient presque reconnaissants à leurs agresseurs de leur avoir fait vivre ces quelques jours avec « l'homme sage ». C'est ainsi que certains d'entre eux l'avaient surnommé.

    Lorsqu'ils se quittèrent ce fut en toute cordialité. Ils ne se promirent pas de se revoir, mais Moldock leur affirma que s'il devait les croiser à nouveau quelque part, il se souviendrait des moments qu'ils avaient vécus ensemble. Puis il enjoignit à ceux de ses hommes qui avaient dirigé le sloop des commerçants de monter à bord et ils reprirent la mer.

    Moldock avait un air morose et un visible manque de conviction l'animait lorsqu'il prit conscience qu'il devait reprendre ses activités de forban. Pendant près de deux semaines, ils n'arraisonnèrent aucun bateau, se contentant de vivre sur leurs réserves. Ils faisaient halte dans des ports qu'ils connaissaient bien et allaient se restaurer dans des gargotes où l'ambiance lui pesait à cause de la rudesse de ceux qui les fréquentaient.

    Un jour où il était dans l'un de ces lieux, son visage s'éclaira soudain. Une femme, qui ne semblait pas y avoir sa place, venait d'y entrer. Il la regardait si intensément qu'elle finit par lever les yeux sur lui. Lorsque leurs regards se croisèrent, ils se sentirent inexorablement attirés l'un vers l'autre.

    Elle lui sourit et lorsqu'elle eut fini sa conversation, il s'avança vers elle pour lui parler. Elle ne s'en offusqua pas et ils bavardèrent pendant un long moment. Puis elle s'éclipsa sans lui promettre de le revoir et il se sentit profondément troublé à l'idée que cette rencontre pourrait ne pas avoir de suite.

    Ses compagnons le taquinèrent de manière un peu trop grotesque en voyant sa mine et, le temps n'étant pas pour lui à la plaisanterie, il leur intima l'ordre de retourner au sloop et de remonter à bord immédiatement. Une seconde transformation venait de s'opérer en Moldock.

    « Décidément, rien ne sera plus comme avant » se dirent les pirates. Et pour eux, ces changements n'auguraient rien de bon.


    2. Citation tirée de l'ouvrage de L. de Boyer d'Argens, Réflexions politiques sur l'état et les devoirs des chevaliers de Malthe, 1739, cit., p. 115

    Renseignement trouvé sur le site Internet :

    http://www.storiamediterranea.it/public/mdl_dir/b704.pdf.

    Chapitre Deux

    Les mâchoires serrées, il rame. Il pense à ce jour de tempête où sa vie a basculé et la rage s'empare de lui. Alors, il rame plus fort, plus vite et ses compagnons ont du mal à suivre son mouvement. Mais c'est ainsi qu'il passe ses colères. Colères contre lui-même de n'avoir pas su s'arrêter à temps malgré...

    Il se souvient encore de cette petite voix insidieuse qui lui suggérait de tout stopper, de trouver un endroit calme où finir tranquillement ses jours. Au lieu de cela, il est coincé sur le banc de cette galère qui l'emmène dieu sait où. Sans doute l'endroit est-il sûr, car cela ne fait que quelques heures qu'il est là, mais il a déjà compris que ses compagnons d'infortune ne sont pas des saints.

    Il se persuade que, comme il connaît bien l'univers des bateaux puisqu'il y a passé toute sa vie, il doit pouvoir trouver le moyen de s'en évader. Comment et pour aller où ? il ne le sait pas. Avec ces fers aux chevilles, comment pourrait-il s'en sortir ? Convaincre ses co-équipiers de s'allier à lui est impossible, car ils ne peuvent communiquer sur cette couverte³ où tous les membres de l'équipage s'activent autour d'eux.

    Comment a-t-il pu en arriver là ? Une trop grande confiance en lui et en ses compagnons lui a fait oublier la prudence. Ce n'est cependant pas ainsi qu'il procédait lorsqu'il n'était pas encore réputé comme aujourd'hui. Il mettait plus de hargne à la besogne et moins de raillerie. N'est-ce pas ce qui l'a perdu ?

    Grâce à l'argousin⁴ qui l'a enchaîné, il sait maintenant où il va finir : au bagne de Toulon. Avec un sourire vicieux, il lui a aussi fait comprendre qu'on s'évade rarement du bagne. S'il doit s'en sortir, ce sera ici, en mer. Heureusement pour lui, son territoire ne s'est jamais étendu au-delà du bassin méditerranéen, ce qui lui a permis de bien le connaître.

    En ramant rageusement, il réfléchit aux derniers événements qui ont précédé sa capture, puis son embarquement à bord de cette galère. Il remonte peu à peu le fil de ces maudits jours et passe méticuleusement en revue tout ce qui est advenu. Il doit trouver la faille, l'incident qui a enrayé l'engrenage bien huilé de sa vie de pirate.

    La première image qui se présente à lui est celle de sa compagne, sa chère Annabella. Où est-elle en ce moment ? Si elle aussi a été capturée, dieu sait où elle aura été emmenée. Sur cette galère, il ne doit plus penser, simplement ramer en silence.

    À peine ouvrent-ils la bouche, ne serait-ce que pour bailler, que le gourdin⁵ claque à leurs oreilles. L'homme qui les surveille a plus de méchanceté que d'intelligence. Il a, contre Moldock en particulier, une haine qu'il ne cache nullement.

    C'est sans doute pour cela qu'il l'a placé dans le coin le plus retiré de la couverte, là où les mariniers passent rarement, afin qu'il soit encore plus à sa merci. Son seul regard ferait blêmir le plus audacieux des hommes qui tenteraient de l'affronter.

    Mais lui, Moldock, connaît les faiblesses de ce genre de personnage : ils sont vils et veules, et seule l'autorité qu'ils assument leur donne l'impression d'exister. Ils n'ont rien connu d'autre dans leur vie que la chanson du gourdin dont ils maîtrisent parfaitement le claquement.

    D'ailleurs, chacun de ces claquements lui procure, Moldock le lit dans son regard, une jouissance extraordinaire. Bien évidemment, il n'a jamais goûté aux plaisirs de l'amour. Avec son faciès, il ferait fuir des légions de femmes en mal d'amour. C'est, selon lui, la raison pour laquelle il se venge sur des hommes qui ne peuvent se défendre.

    Suivant le fil de ses pensées, Moldock se plait à imaginer qu'ils se rencontrent en dehors de cette embarcation. Il voit le visage du cerbère se transformer : un rictus tord sa bouche, ses yeux se révulsent, la peur le prend jusque dans ses entrailles et il se laisse aller aux instincts les plus primaires de l'être humain. Il infeste ses pantalons d'une urine fétide qui ne peut que le rendre encore plus méprisable.

    Moldock n'a pas surveillé ses réactions et le sourire vengeur qui anime son visage le trahit. L'argousin, que les rameurs ont surnommé Gargouille, fonce sur lui, heureux de pouvoir enfin passer sa hargne longtemps contenue sur Moldock. Ce dernier est tout ce que lui, Gargouille, aurait aimé être : un être courageux, aventureux et qui plait aux femmes.

    Lui n'est que le garde chiourme de ces hommes au passé tumultueux mais dont l'audace le fascine car ils n'hésitent devant rien. La mort elle-même ne les impressionne plus. Leur vie n'a été qu'une suite de chances fortuites de survie qui les a endurcis. Lui n'a que sa jalousie, son envie comme moteur de ses actes. Vivre parmi des hors-la-loi sur qui il peut se venger lui permet de mieux accepter, voire d'oublier sa laideur et son œil glauque que seuls ses élans de férocité animent.

    Moldock comprend cet homme sans avoir eu besoin de lui parler. Il sent ses frustrations et ses désirs les plus profonds. Mais il se dit aussi qu'il finira sans doute ses jours sur cette galère sans avoir modifié sa vie d'un iota. À moins que... L'espèce humaine a parfois des revirements d'attitude qui vous surprennent.

    Pour le moment, l'œil torve de Gargouille est sur lui et pétille d'une joie mal contenue. Gargouille prend son temps. Il savoure ce moment où il sait que, l'autre étant à sa merci, il ne pourra que pousser des cris de douleurs auxquels personne ne répondra.

    C'est précisément le moment que choisit Moldock pour le fixer de son regard perçant. Le gourdin est déjà en l'air, mais peu à peu il voit Gargouille se muer en statue et son bras reste en suspens. Il sourit, tout en envoyant des pensées de fraternité et d'amour à l'argousin.

    Lentement, le visage du cerbère semble se radoucir, le bras descend et pour la première fois dans la carrière de Gargouille, le gourdin ne claque pas. Le temps de la surprise, les rameurs ont suspendu leur mouvement, qu'ils reprennent rapidement sachant ce qu'il leur en coûterait de stopper la galère. Moldock, lui, n'a pas cessé de ramer.

    Il ne doit cependant pas relâcher son emprise sur Gargouille. Le regard et la pensée sont importants dans ce qu'il tente avec lui. Moldock a perdu la notion du temps. Il lui semble même que ses compagnons rament plus vite. Il maintient toujours Gargouille sous son emprise. Combien de temps encore ?

    Le regard de Moldock agit à tel point que le visage du cerbère se transforme et un semblant d'humanité rend ses traits moins repoussants. Moldock continue à lui envoyer des pensées positives. Il désire mettre en application ce que le vieil homme qu'il a rencontré il y a quelque temps lui a enseigné.

    Comment cet homme a-t-il su qu'il avait en lui de tels pouvoirs ? Il ne s'est pas entraîné beaucoup avec lui, et cependant, il parvient à tenir Gargouille sous la seule influence de ses yeux et des pensées qu'il lui envoie. Le vieil homme a bien insisté sur le fait que sa pensée est importante.

    Il n'a cependant pas beaucoup expérimenté cette technique pour connaître son résultat. Les seules personnes sur lesquelles il a pu s'exercer étaient des amis qu'il aimait bien et envers qui il n'était pas difficile d'avoir des pensées d'amour.

    Avec Gargouille, il espère être suffisamment sincère pour que le stratagème soit efficace. Car le but à atteindre est de transmuter sont agressivité, si possible en douceur ou du moins en indifférence, afin qu'il ne torture plus les hommes de la galère.

    Du moins, c'est ce qu'il espère, car le vieux sage n'a pas eu le temps de l'initier au-delà, les événements n'ayant pas permis qu'ils aillent plus avant. Maintenant, il doit continuer à insinuer des intentions positives, de l'amour en Gargouille, afin de l'humaniser un peu.

    Cela fait partie du défi. Il n'a pas envie que sa colère soit décuplée lorsque son regard devra lâcher son emprise. Tout l'art de cette méthode réside dans son habileté à insuffler l'amour dans la conscience de l'autre.

    Il a appris, non par expérience, mais grâce aux enseignements de cet être particulier dont il a croisé la route par le plus grand des hasards, que l'amour est ce que recherche tout être humain. Lui-même a d'ailleurs beaucoup changé à son contact et à bien y réfléchir, n'est-ce pas ce qui l'a perdu dans son métier de forban ? Ne doit-il pas expérimenter la triste réalité qu'il traverse actuellement afin de mieux comprendre la vie et les êtres qu'il rencontre ? Il a toujours le regard vrillé dans celui de Gargouille. Soudain, tout autour de lui, une lumière apparaît. Est-ce un mirage ? Dans ce fond de galère où il fait sombre, elle lui semble irréelle.

    Et pourtant, il voit Gargouille nimbé d'une auréole qui adoucit ses traits et fait de lui un être tout à fait acceptable à la vue. Il se demande alors si nos pensées ont une influence sur notre apparence extérieure, car chez Gargouille, la transformation est flagrante.

    Il ressemble finalement à un être tout ce qu'il y a de plus humain. Ses traits n'ont plus la laideur qui le caractérisait, son œil n'est plus torve, mais il brille d'un éclat qui donne à son visage un air poupin que Moldock a du mal à reconnaître.

    Mais que font les autres pendant ce temps ? Quelqu'un a-t-il vu le changement ou est-ce seulement une illusion d'optique qui n'a affecté que lui, Moldock, parce qu'il essaye de transformer Gargouille ? De quel droit, d'ailleurs ?

    Toutes ces questions ne doivent pas le détourner de son but. Il continue son œuvre d'humanisation encore quelques instants. Qu'adviendra-t-il cependant lorsque Gargouille reviendra à lui ? En cet instant, peut-être navigue-t-il dans un monde imaginaire ou magique où il est redevenu, comme par miracle, le petit garçon qu'il aurait pu être il y a des années.

    C'est ce que Moldock ressent en observant les traits de son visage. Quelle enfance a-t-il vécu pour qu'il soit à ce point marqué jusque dans son être physique ? Bientôt, Moldock devra cesser son travail d'harmonisation, le laisser revenir dans ce lieu sale et morbide. Il espère que le choc ne sera pas trop violent et que Gargouille n'en sera pas affecté au point de devenir encore plus féroce et intransigeant qu'avant.

    D'après son vieil ami, qu'il avait surnommé Merlin tant il lui ressemblait, la transformation est durable car dans l'être qui reçoit ce cadeau, rien n'est plus comme avant. Des blessures anciennes sont effacées à jamais de la mémoire consciente pour se transformer en désir d'harmonie et de fraternité avec ses pairs.

    Dans quelques instants, il saura si l'âme de Gargouille a répondu favorablement aux impulsions qu'il lui a insufflées.

    Il se renforce dans l'idée que tout se passe pour le mieux dès que Gargouille revient à lui. Il s'efforce de garder son calme et lentement, son regard se détache du cerbère. Il revient à ses rames et se concentre sur ce qu'il fait. Il n'ose même pas le regarder du coin de l'œil de peur d'attirer l'attention sur lui. Laisser décanter la situation est la meilleure attitude à avoir.

    Discrètement, il scrute les visages alentour pour tenter de savoir ce qui se passe. Aucune réaction ne se lit sur les traits de ses compagnons qui tous sont absorbés dans le dur labeur qui leur est infligé : ils rament en silence et seul le clapotis de l'eau se fait entendre ; ils rament avec courage et ténacité, peut-être avec au fond de leur cœur, l'espoir que Gargouille se soit amadoué.

    Les quelques minutes qui se sont écoulées semblent une éternité et le silence devient pesant, à tel point que Moldock en vient à regretter ce qu'il a fait. Il est toujours centré sur l'acte de ramer et n'entend pas le pas de Gargouille s'approcher de lui. Lorsque le cerbère lui tape amicalement sur l'épaule, il sursaute. L'homme le regarde avec une bienveillance qui ne semble pas feinte, mais Moldock reste sur ses gardes. Il n'est pas certain d'avoir réussi à faire de Gargouille un être sensible à autre chose qu'à l'exercice de son autorité.

    Cependant, lorsque leurs regards se croisent, celui de Gargouille n'est plus habité par la haine. Moldock attend. L'autre le regarde encore sans mot dire. Encore une fois, les minutes s'étirent à l'infini. Mais Gargouille n'a pas le temps d'ouvrir la bouche que la voix du capitaine se fait entendre alors qu'il crie au comite :

    – Notre homme, avertissez qu'on va fringuer la voile de trinquet.

    Le capitaine s'adresse ensuite à Gargouille à qui il donne l'ordre de faire activer ses hommes. C'est dans ces instants qu'habituellement le gourdin émet ses claquements les plus stridents. Mais Gargouille parle, encourage avec des mots inhabituels dans sa bouche qui surprennent tellement les rameurs qu'ils s'y donnent à fond.

    Ils ne savent pas pourquoi, mais cette voix les stimule et leur entrain est tel qu'il laisse le capitaine bouche bée de surprise. Ils distancent rapidement le navire et pensent être hors de portée de l'agresseur lorsque soudain, à tribord, des voix hurlent : « À l'abordage ! » Se croyant hors de danger, l'effet de surprise est d'autant plus conséquent.

    L'équipage n'était absolument pas préparé à un tel assaut et il lui est bien difficile de se défendre, d'autant plus que l'embarcation à laquelle ils venaient d'échapper les a rejoints. Les hommes de bord se défendent du mieux qu'ils peuvent mais les attaquants sont nombreux. Très rapidement, les mariniers de la galère sont débordés malgré le courage et la bravoure avec lesquels ils affrontent leurs assaillants.

    Gargouille ne sait quel parti prendre. Doit-il se cacher parmi les hommes enchaînés de la galère ou bien doit-il se rallier à l'équipage ? Une petite voix à l'intérieur lui suggère de se fondre dans la masse des rameurs, qu'il en va de son salut. Alors, il jette discrètement son gourdin par-dessus bord et s'assied aux côtés de Moldock. Il n'a cependant pas de boulet au pied. Comment peut-il prétendre être un galérien dans ces conditions ?

    Il tente de se fondre dans l'ombre de Moldock alors que sur le pont règne une indescriptible pagaille. Combien de temps tiendra-t-il sans qu'on s'aperçoive de son subterfuge ? Il ne sait pas mais il espère que tous soient occupés encore longtemps et qu'il puisse ramer aux côtés de Moldock jusqu'à la fin de la bagarre. Il n'ose même pas regarder autour de lui de peur d'attirer l'attention. Jamais de sa vie il ne s'est fait aussi petit.

    Lui revient alors en mémoire combien il a été insignifiant pour sa mère. Il se souvient avec angoisse que jamais elle n'a eu d'attention ni de geste affectueux envers lui, bien au contraire. S'il s'est caché derrière cette autorité feinte, c'est par peur du regard des autres. Il se sent tellement vulnérable. Il n'a rien, absolument rien qui puisse intéresser ses semblables puisque sa propre mère ne l'a jamais regardé. Il sait en outre que son physique n'est pas des plus attrayants. Un redoublement de violence sur la couverte le tire de ses préoccupations.

    « Comment vont-ils se tirer du mauvais pas où ils se trouvent actuellement ? Quelle va être la réaction de Moldock lorsque la bagarre aura pris fin ? Le jettera-t-il en pâture aux vainqueurs ou bien le laissera-t-il continuer à ramer paisiblement à ses côtés ? » Autant de questions pour lesquelles il n'a pas de réponse.

    Le travail est ardu, mais il y met tout son cœur afin de passer le plus inaperçu possible. Moldock l'ignore et c'est plus que ce qu'il espérait de lui. Il a la sensation que ce dernier est très content de cet accostage. Il lui semble même qu'il rit sous cape.

    Comment peut-il réagir ainsi quand nul ne sait comment ce revirement de situation va se terminer ? Bien sûr, il ne sait pas d'où vient Moldock, quelle a été sa vie auparavant. Il lui semble cependant que cette diversion le met en joie. Il n'ose pas trop le regarder, mais il sent que son voisin de banc est parfois secoué. Il ne sait pas si c'est de rire ou s'il tousse simplement.


    3. Contrairement à la plupart des vaisseaux, les galères n'avaient qu'un seul pont, qu'on appelait la couverte. http://www.sea-job.com/histoire4.htm

    4. Bas officier qui était chargé de la surveillance des galériens et des forçats http://www.cnrtl.fr/definition/argousin

    5. Bout de corde dont les comites des galères frappaient les gens de la chiourme, pour stimuler leur activité pendant la manœuvre des rames, ou pour les châtier. http://www.cnrd.fr/definition/gourdin.

    Chapitre Trois

    Lorsque la paix reviendra sur le pont, il saura enfin ce qui s'est passé et le sort qui leur est réservé, à lui et aux forçats. S'ils sont jetés à la mer, bien que lui, Gargouille, ne sache pas nager, il aura au moins l'avantage de pouvoir se laisser flotter car un jour, un homme lui a expliqué comment se laisser porter par la mer. Il se souvient encore de ses explications et espère que cela suffira pour qu'il s'en sorte.

    Les autres, avec leur boulet au pied, auront bien du mal à surnager. Il trouve cependant étrange qu'aucun des forçats ne soit pris à parti par les hommes qui les ont abordés. À moins qu'ils ne se soient attaqués qu'à ceux des bancs de la bande senestre⁶. Il ne désire aucunement se risquer à regarder car pour l'instant la proximité de Moldock le rassure. Il ne comprend pas pourquoi.

    D'ailleurs, il saura bien assez tôt ce qu'il devra augurer de l'avenir. La bataille fait toujours rage et il se demande qui sortira vainqueur. Il y a un tel brouhaha sur la couverte qu'il ne parvient même pas à reconnaître les voix. Il sait qu'ils sont très nombreux car le vacarme est assourdissant. Ils parlent la langue franque⁷, agrémentée de codes⁸, celle adoptée par les forbans qui sévissent en Méditerranée. Il a levé la tête un court instant et distingue in extremis, près des bancs senestres des forçats, la livrée d'un membre de l'équipage que l'on lance par-dessus bord.

    « Sans doute est-il mort » se dit-il. Et il tremble à la pensée qu'un sort identique lui sera peut-être réservé lorsqu'on s'apercevra de sa supercherie. Il songe au moment où le calme reviendra et où il devra payer très cher ces instants de tranquillité qu'il goûte avec bonheur alors qu'il devrait être au sein de la mêlée au risque d'en perdre la vie.

    Puis lui vient l'idée que Moldock ne l'a pas éjecté du banc lorsqu'il s'est assis et il n'en comprend pas la raison. Vu la haine qu'il lui avait montrée lorsque ce dernier a pris place dans la galère, il aurait dû vouloir se venger et le pousser dans la bagarre. Or, il n'en a rien fait. Pourquoi l'a-t-il laissé s'asseoir près de lui sans mot dire ?

    Il ne comprend décidément pas cet homme. Il a l'air d'un brigand, d'un voyou et cependant il ne semble avoir aucune rancune contre lui, ni désir de vengeance. Cette attitude de Moldock laisse Gargouille perplexe.

    Perdu dans ses pensées, il n'a pas entendu les pas de l'homme qui s'approche d'eux. Il sursaute lorsqu'il entend une voix inconnue près de lui :

    – Moldock, mon ami. Quel bonheur de te voir sain et sauf. J'ai bien cru que nous n'en finirions jamais avec l'escadre de cette galère. Dieu qu'ils se sont bien défendus ! Mais nous avons fini par les avoir. Nous allons vous enlever les chaînes. Tous ces hommes aspirent à une liberté bien méritée. Qu'en dis-tu, mon ami ?

    – Certainement qu'ils ont grande soif de liberté, comme moi-même d'ailleurs. Jamais je n'aurais pensé que tu viendrais me délivrer. Comment as-tu su que je moisissais sur cette maudite galère ?

    – Le jour où tu as été pris, j'ai rencontré un homme qui a tout vu et m'a conté avec force détails tout ce qui s'était passé. J'ai rameuté tous nos amis communs et nous avons immédiatement pris la mer à la poursuite de cette fichue galère. Viens, que je t'enlève tes fers. Tu as porté ces entraves pendant assez longtemps maintenant. Il est grand temps que tu reprennes du mouvement, sinon, tu ne seras plus capable de rien d'autre que de te servir de tes bras. Quoique, si c'est pour enlacer ta belle Annabella, je pense que tu n'y verras

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1