D'abord derrière les roses: Journal d'un vieillard
Par Damien Luce
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Aperçu du livre
D'abord derrière les roses - Damien Luce
À l’enfant qui court dans une forêt pleine
De sifflets de soie
Je dis que je préfère
Celui qui dort dans un jardin de juin
Avec une peine légère
Pour la solitude des images
Et l’aube et les voleurs d’eau
George Schehadé
À Billy, Guy et Robert.
15 juillet
Ils sont endormis. Un enfant se laisse si vite dériver sur l’onde nocturne. Cet océan de draps, dans lequel je me débats chaque nuit pour quelques minutes de sommeil, semble le porter sans remous, sans naufrage. Il y plonge sans crainte. À mon âge, chacune de ces traversées incertaines pourrait bien m’envoyer par le fond. Je suis un vieillard sans horizon. Mon visage endormi revêt déjà les traits du masque de la mort. Comme ils dorment bien… frais, impondérables, les paupières gonflées d’images ; Antoine blotti dans ses genoux, Jean à demi émergé, le bras échoué contre son front, tout exposé aux yeux de l’ombre. Sans doute irai-je le recouvrir, doucement, maladroitement, moi qui n’ai jamais su border que mes peines, moi qui n’ai jamais bercé que mon vieux cœur endolori…
… J’ai ramené mon antique plaid sur ses épaules : j’avais cherché en vain dans mes armoires de quoi leur tenir chaud. Mon navire de la rue des Quatre-Vents n’était pas préparé à ces passagers inattendus. J’ai songé à priver Horace de sa couverture, mais un miaulement bougon m’en a dissuadé. Horace, chartreux placide, promène son regard inquisiteur sur les meubles, sur mon travail, et sur tout ce qui trouble la marche du jour. Comme de nombreux chats d’intérieur, il se borne depuis longtemps à vivre inlassablement la même journée. Il la vit avec méthode, en prenant garde qu’aucune minute ne diffère de sa jumelle de la veille. Son royaume, qui se limite aux frontières de l’appartement, semble lui suffire pleinement. Quelle pureté pour un chat d’ignorer la tentation du moineau : son seul péché. Horace m’a suivi dans la chambre silencieuse. Il n’a jeté sur le lit qu’un œil faussement distrait, celui qu’il me destine lorsque je m’empare de son fauteuil pour ma sieste quotidienne. De la fenêtre, un filet d’air et de rumeur coulait dans la pièce. Que faire dans ces cas ? Je n’ai pas osé fermer, ignorant le poids du sommeil enfantin. J’ai seulement tiré davantage le rideau, centimètre par centimètre, en retenant mon souffle. Malgré mon application, je n’ai pu prévenir l’entrechoquement des anneaux de bois qui supportent la lourde étoffe. Stupeur, affolement ! Fausse alerte : les respirations ne se sont pas troublées. Je me suis approché plein d’inquiétude. Aussi lentement que possible, j’ai fait glisser le lainage sur le petit corps alangui. J’ai vu le réveil perler au bout des cils, trembler sur les lèvres entrouvertes, et se diluer enfin dans un soupir. Antoine n’a pas quitté sa posture de hérisson pelotonné. Il dort enfoui en lui-même, comme au creux d’une main divine. Réconforté, j’ai regagné mon bureau.
Antoine et Jean, votre mère vous appelait ses oisillons. Je l’ai peu connue, cette lointaine nièce, la seule famille qui me restât. Sur son dernier lit, où elle vous a confiés à moi, Marie vous regardait, assoupis à ses pieds comme deux lévriers fidèles (il me semble maintenant n’avoir jamais vu vos yeux ouverts). Elle disait : « Dormez, mes tout-petits. Une nuit, pour un oiseau, c’est plus long que la mort. Demain ne sera pour vous qu’une autre naissance, plus irréelle que vos jeux. Comme il va me manquer de vous voir ainsi naître chaque matin, mes sylphes. Cependant, vous connaîtrez un jour le véritable réveil, l’irréversible, celui qui nous enchaîne. Je vous ai mis au monde, mais vous n’êtes pas encore dans le monde. Pour y entrer l’on doit se délester de ses rêves, et prononcer la formule qui fige le sortilège de l’enfance. Il vous faudra alors beaucoup de larmes et de ferveur. » Elle ne pleurait pas, cette sainte à la dérive, mais elle caressait le médaillon pendu à son cou comme on égrène une poignée de sel. J’ai promis de porter ce bijou à l’image de la Vierge jusqu’à la majorité de Jean, l’aîné. Peut-être aurai-je déjà soufflé ma bougie, dans douze ans… Cette médaille, quelques hardes, une petite montre à gousset, une bible, voilà tout le fardelet qu’elle avait laissé à ses deux orphelins. À moi, elle a confié deux oisillons, et un sourire qui m’éclairera jusqu’au tombeau. Horace a également reçu son lot : ce fut l’ultime soin de ma nièce avant son départ d’offrir à ses enfants un chaton. Pensait-elle tromper leur chagrin en leur confiant quelque chose à garder, à protéger ? Horace accueillit avec tout le mépris et la suffisance dont il est capable la frêle créature posée dans une boîte de carton. Mal assurée sur ses pattes, elle brandissait sa tête aveugle vers la clarté des fenêtres : tous mes naufragés ont ainsi les yeux clos, et j’appréhende l’instant où ce petit monde s’éveillera dans une maison sans joie, sans ciel, peuplée de livres et de silence.
Ayant donné mon lit aux enfants, je ne dispose plus que du canapé pour passer la nuit. Cela ne me change guère : souvent l’insomnie me fait préférer cette relique au confort de la chambre. Il semble que le sommeil se laisse plus aisément capturer dans les lieux qui échappent à son empire. Le brave Horace s’accommode généreusement de mes intrusions nocturnes. Il prend des airs de châtelain qui condescend à donner l’hospitalité. Mais sa tendresse attend l’obscurité pour se déployer. La lumière éteinte, il inonde le dossier d’une cascade de ronronnements. Parfois, toute pudeur dissipée, il s’allonge sur mes jambes et me paralyse pour la nuit. Je souffre de bonne grâce ce poids de velours. Ce soir, la présence d’un autre félin rend mon hôte nerveux. Il se tient le plus loin possible de la cuisine, où j’ai exilé le chaton. Nous sommes aussi désemparés l’un que l’autre devant nos nouveaux compagnons de voyage.
***
16 juillet
Je fus réveillé brusquement par une cavalcade et des rires étouffés. Les enfants avaient
