On ne saurait trop souligner l’importance de la Baltique dans la géopolitique du Troisième Reich. Pour Hitler, le contrôle de cette mer est l’une des raisons de la conquête du Danemark lui permettant, dès avril 1940, d’en interdire les détroits occidentaux aux marines alliées et en particulier à la Royal Navy – qui, déjà en 1917, envisageait d’y entrer pour mener des opérations amphibies sur les côtes allemandes. C’est aussi l’enjeu premier de l’opération Barbarossa, avec le bassin économique du Donets – Moscou, la capitale soviétique qui obnubile l’OKH, étant à ses yeux secondaire. Sécuriser la côte des États baltes annexés par l’URSS en 1940, prendre Leningrad et par conséquent neutraliser la grande base navale rouge de Kronstadt doivent achever de transformer la mer Baltique en une mare nostrum nazie.
La fin d’une suprématie
La finalité stratégique est liée à la lutte maritime contre les puissances anglophones : sécurisée, la Baltique devient une immense aire d’entraînement pour la Kriegsmarine, notamment ses sous-marins et leurs équipages, qui peuvent s’y aguerrir sans craindre de faire de mauvaises rencontres. Il y a aussi une dimension économique: contrôler cette mer permet de commercer librement avec la Suède, pourvoyeuse de minerai de fer indispensable aux aciéries du Reich. L’enjeu final est géopolitique: il s’agit rien de moins que de vassaliser au Reich l’ensemble de la Scandinavie, non seulement la Norvège – conquise dans la foulée du Danemark au printemps 1940 –, mais également l’allié finnois et la Suède neutre. Ce préalable permettrait aux Allemands de voir plus large encore: en intégrant les rives de la Baltique à l’orbite allemande, Hitler se donne les moyens de préparer le « coup d’après » : une confrontation navale pour le contrôle de l’Atlantique Nord, depuis le balcon scandinave, à laquelle ses escadres pourraient se préparer à