Guerres & Histoires

Monty, premier responsable du fiasco

in août 1944, l’effondrement du front normand et l’évacuation précipitée de France laissent à penser que la guerre entre dans sa dernière phase. En à peine dix jours, le 21 groupe d’armées britannique bondit de presque 400 km de la Seine à division blindée britannique. C’est dans ce contexte que Montgomery parvient à imposer son très audacieux plan Market Garden : ouvrir un couloir de 80 km de long à travers la Hollande jusqu’au Rhin et aux portes de l’Allemagne, grâce à un « tapis » de troupes aéroportées suivi d’un corps blindé progressant par Eindhoven, Nimègue et Arnhem. À côté de ces projets grandioses, le dégagement du port d’Anvers ne figure d’abord qu’en troisième position de ses priorités, passant après la réduction des poches portuaires de Boulogne, Calais et Dunkerque, dont la capture lui semble suffisante pour alimenter ses armées jusqu’à Berlin. Mais le 14 septembre, la résistance opiniâtre de « poches de l’Atlantique» et les difficultés logistiques croissantes semblent lui faire changer d’avis. Montgomery écrit alors au général Crerar, dont les troupes sont déjà engagées dans le « nettoyage » de la côte, que « l’utilisation rapide d’Anvers est si urgente que je suis prêt à abandonner les opérations contre Calais et Dunkerque et à me contenter de Boulogne. Si nous le faisons, cela vous permettra d’accélérer les affaires d’Anvers. » Déclenchée le 17 septembre, l’opération Market Garden tourne au désastre à Arnhem huit jours plus tard, rendant la question du port d’Anvers plus sensible que jamais. Entre-temps, Boulogne a bien été prise le 23, au terme de six jours de combats, et Calais tombe le 1 octobre. Les infrastructures des deux villes sont largement détruites. La poche de Dunkerque, surveillée par une brigade tchécoslovaque, tient bon jusqu’à la fin de la guerre. Le 24, Crerar part à Londres « pour des soins »; plus officieusement, il cède son poste au général Guy Simonds, jugé par Monty plus efficace pour préparer les opérations. Début octobre, enfin, la bataille de dégagement de l’Escaut commence. Elle va durer cinq semaines.

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