Le 12 janvier 1945, alors que les Occidentaux se remettent de la surprise des Ardennes, l’Armée rouge lance son offensive d’hiver préparée depuis des mois. En quatre jours, entre la Baltique et les Carpates, cinq Fronts totalisant quatre millions d’hommes, 9000 chars et 7 000 avions pulvérisent la croûte d’hommes et de matériel péniblement accumulée par le haut commandement de l’armée de terre (OKH). Le 30 janvier, le 1er Front de Biélorussie, dont les dix armées sont commandées par le maréchal Joukov, a déjà parcouru entre 400 et 600 km, franchi l’Oder de part et d’autre de la forteresse de Küstrin, et ses éléments les plus avancés se trouvent à 65 km de Berlin. Joukov est allé si vite que le 2e Front de Biélorussie, commandé par le maréchal Rokossovski, censé couvrir son aile droite, mais accroché en Prusse, est très en retard: le flanc du 1er Front est exposé sur 150 km.
Dans l’immédiat, le problème du général Guderian, chef d’état-major de l’OKH, n’est pas d’exploiter offensivement cette situation, mais de constituer un front assez solide pour empêcher Joukov d’aller vers la Baltique, notamment vers le grand port de Stettin. À cet effet, le 21 janvier 1945, dans l’espace situé au nord de la poussée de Joukov, entre Stettin, à l’embouchure de l’Oder, et la Basse-Vistule, est créé un nouveau groupe d’armées baptisé Vistule. Son aire de commandement recouvre grosso modo les provinces de Poméranie et de Prusse-Occidentale.
Himmler au-dessous de tout
Guderian propose que le commandement du groupeVistule soit attribué au feld-maréchal von Weichs, vétéran du front russe. Hitler refuse et, à la stupéfaction du chef de l’OKH, il nomme… le Reichsführer-SS Heinrich Himmler. Ses arguments: en tant que chef de l’Ersatzheer , Himmler saura mieux que