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Comme souvent lorsqu’il s’agit des relations entre chrétienté et islam, la Reconquête a suscité d’âpres polémiques, autour de deux questions. D’une part, la légitimité de la présence islamique sur le sol européen et la portée de sa contribution à la civilisation occidentale. D’autre part, les potentiels écarts de comportements entre pouvoirs chrétiens et musulmans vis-à-vis des minorités religieuses. En Espagne, ces questions sont posées dès le xixe siècle, dans un contexte d’élaboration de ce qu’il est convenu d’appeler un « roman national». Alors que les derniers vestiges de la monarchie hispanique échappent au contrôle des autorités espagnoles, certains secteurs du monde académique cherchent dans le passé médiéval de la péninsule Ibérique les modèles nécessaires au sursaut patriotique qu’ils appellent de leurs vœux. L’usage du mot « Reconquista» s’impose d’ailleurs à cette époque pour désigner l’expansion territoriale des royaumes chrétiens aux dépens d’Al-Andalus. Il témoigne de la volonté de souligner une continuité supposée entre le peuplement et l’organisation sociale et politique de la péninsule avant la conquête islamique et après ladite reconquête chrétienne.
Une « essence » hispanique inviolée
L’époque de la domination musulmane est traitée comme une parenthèse par des auteurs qui revendiquent l’existence d’une hispanique à laquelle l’islam ne contribuerait pas, ou alors d’une manière superficielle et accidentelle. Les figures les plus éminentes de