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Le 2 octobre 1886, à Paris, la tension est à son comble au comité de défense. Une bonne partie des officiers généraux qui débattent des premiers résultats d’une expérience tout récemment menée à La Malmaison, dans l’Aisne, paraissent consternés. « Il sera dorénavant difficile de résister, même quelques heures dans nos forts, toutes les fois qu’ils seront exposés aux tirs des projectilestorpilles », fait observer l’un des protagonistes. « Le rideau défensif qui devait protéger notre mobilisation n’existe plus », se lamente un autre. Conscient de la gravité de la situation mais toujours énergique, le général Boulanger, ministre de la Guerre et président du comité, fait immédiatement voter la modernisation des ouvrages fortifiés les plus essentiels. Mais que s’est-il passé à La Malmaison? Et que sont ces mystérieux projectiles-torpilles qui mettent la nation tout entière en péril?
Depuis la fin des guerres napoléoniennes, les armées européennes cherchent à mettre au point un explosif plus puissant pour accroître le potentiel destructeur des obus. Ces derniers sont en effet chargés d’une poudre noire qui montre ses limites face à une fortification maçonnée recouverte d’une épaisse couche de terre. Pour l’armée, l’idéal serait de remplacer cet explosif dit « soufflant» par un explosif «brisant» qui, contrairement au premier, concentre la pression des gaz sur la zone la plus résistante de l’obstacle. La et la sont candidates, mais elles ne donnent pas satisfaction car elles sont trop « explosibles», c’est-à-dire qu’elles présentent un risque de mise à feu prématurée dans le chargement