La bombarde ou les premiers feux de l’artillerie
Il est rare qu’une arme parvienne à elle seule à mettre à bas un empire. C’est pourtant — symboliquement — le cas à Constantinople, centre de la puissance byzantine depuis l’an 330. Certes, Constantin XI Paléologue, le dernier basileus, n’est plus que le fantôme de ses illustres prédécesseurs. Le symbole n’en est pas moins évocateur. L’arme en question, c’est la bombarde, dont l’armée ottomane du sultan Mehmet II a fait fabriquer de nombreux exemplaires (voir G&H no 6, p. 78). À partir du 11 avril 1453, ces pièces vont pilonner cinquante-cinq jours durant des remparts réputés les plus formidables du monde. Parmi elles, un modèle de 20 t et 8 m de long, fondu et monté en seulement trois mois non loin de là, à Edirne (Andrinople), et amené sur place par des chariots tirés par plusieurs dizaines de boeufs. L’engin, servi par 200 hommes, lance des boulets de pierre de 600 kg, au faible rythme de sept par jour, il est vrai.
La fabrication en deux pièces moulées puis vissées ensemble et la mise en oeuvre du monstre sont confiées à l’ingénieur hongrois Orban. Un chrétien donc, qui a d’ailleurs proposé d’abord ses services à l’empereur byzantin. Celui-ci s’étant révélé incapable de payer l’énorme somme réclamée, Orban, qui est aussi un homme d’affaires, est allé voir son rival Mehmet II. Ce dernier a accepté le marché et ne peut que s’en féliciter. Si, quelques jours après ses premiers tirs,
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