Près de deux siècles après son apparition en Occident, l’arme à feu individuelle fait un bond en avant considérable au début du XVIIe siècle sous la forme d’un banal caillou: le silex, à l’origine du mot fusil, puisque ce dernier est synonyme de « briquet ». Ce système de mise à feu apparaît vers 1610: les plus anciens exemplaires connus, réalisés par les armuriers de Lisieux Pierre et Marin Le Bourgeois, sont des armes de luxe fabriquées pour le roi de France.
En apparence, la platine de mise à feu à silex n’apporte pas grand-chose du point de la performance. La balistique des armes n’est pas affectée et les opérations de chargement restent similaires dans leur forme et leur durée. Encore plus que le rouet qui l’a précédé, le silex présente pourtant de sérieux avantages sur les mousquets à mèche de l’époque, avantages qui se révèlent sur la durée de la bataille. Ainsi, il n’est plus nécessaire d’allumer la mèche avant le combat, puis en pleine bataille de la « compasser » – la replacer car elle se consume, souffler dessus pour la raviver. Le silex du fusil, s’il est de bonne qualité, peut fournir plusieurs dizaines de tirs successifs. L’arme est plus fiable et moins sensible aux intempéries. Non seulement elle peut rester à tout moment prête à faire feu, mais si sa cadence de tir pratique reste similaire à celle du mousquet – autour d’un coup par minute au combat –, elle a moins tendance à s’effondrer.
Le fusil à silex, plus fiable que le mousquet à mèche, craint moins la pluie.
Tout le problème est que ce mécanisme tactiquement avantageux se paie d’une relative complexité de fonctionnement () et, surtout, exige pour sa fiabilité une fabrication de qualité. Toutes les pièces, et notamment les ressorts, la batterie et la noix, font