puis sombra dans l'oubli. Mais une grande exposition consacrée à l'art allemand en 1906, à la Nationalgalerie de Berlin, relança Caspar David Friedrich (1774-1840): ce peintre de la lumière et de l'atmosphère y apparaissait comme un pionnier de l'art moderne, faisant fi des conventions pour traduire la nature vivante et non plus figée dans un idéal esthétique dépassé. Cette nouvelle rétrospective berlinoise est l'occasion d'admirer nombre de ses chefs-d’œuvre tels , et son pendant (deux tableaux qui furent acquis par le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III), et son parallèle … Amateur de randonnées, passionné par la nature et ses cycles, Friedrich, originaire de la ville côtière de Greifswald sur la mer Baltique, et résident de Dresde près des montagnes, fera des rivages et des sommets les sujets centraux de son œuvre. Il peint la magie des couleurs à l'aube et au crépuscule, croque arbres et buissons, rochers et nuages pour composer, de retour à l'atelier, des paysages aux horizons lointains. Dans ces vastitudes, ses personnages, souvent montrés de dos, contemplent une immensité qui reste pour eux − comme pour les spectateurs − un mystère. Une manière d'interroger la place de l'homme dans le monde. Le peintre s'inspire du motif, bien sûr: est le fruit de promenades répétées sur l’île. Les paysages marins aux horizons infinis expriment l'absence de limites de temps et d'espace. Mais Friedrich a aussi reproduit des scènes qu'il n'a jamais vues, telle celle de . Il se serait inspiré de l'expédition arctique de William Edward Parry en 1819-1920 et de ses propres études sur les glaces de l'Elbe. La montagne, les glaciers sont pour lui une source d’émerveillement tout aussi féconde. En excursions, il noircit son carnet de croquis qu'il combine ensuite pour créer des paysages inédits sur la toile. L'exposition s'achève avec les , des photomontages réalisés par Hiroyuki Masuyama, à partir de lieux peints par l'artiste et placés dans des caissons lumineux. La lumière abolit le temps et unit ainsi les deux artistes.
