Au commencement était le verbe… « Le propre de l’humain », dites-vous dans votre premier chapitre. Fallait-il en revenir à la genèse même du langage pour en finir avec « les idées reçues » ?
Les hommes forgeant patiemment leur langue affirmèrent progressivement leur volonté de tenir de plus en plus fermement les rênes d’une parole qui put ainsi servir à comprendre et à dominer ensemble le monde. Les échanges qui, en leurs débuts, se limitaient à désigner à l’autre les objets ou les êtres qui les entouraient relevèrent un tout autre défi : ils se mirent à s’interroger sur des objets et des phénomènes, à tenter d’en expliquer le fonctionnement, à proposer de les modifier et de s’en servir. Surtout, ils purent dire ce qu’ils pensaient des propositions de chacun et à en discuter la pertinence ou la vérité. Les règles organisant la langue, acceptéesau monde (et à Dieu) leur intelligence : la tour de Babel prenait de la hauteur. C’est l’urgence de pouvoir penser ensemble qui poussa l’ à construire et à améliorer le langage. Ce n’est ni ne le fait d’un heureux hasard, non plus que l’amélioration automatique de leurs connexions neuronales. C’est au contraire en créant le langage que les hommes ont amélioré la plasticité et la puissance de leur cerveau.