L’étau se resserre. Des planètes potentiellement habitables ont été localisées, et la technologie est désormais mature pour sonder leur atmosphère et y chercher la présence d’organismes extraterrestres. Reste maintenant aux astronomes le travail le plus vertigineux : imaginer leurs signatures spectrales, c’est-à-dire définir les molécules qui attesteraient sans nul doute possible la présence de la vie.
Car il ne suffit pas de calquer ce que l’on connaît d’elle sur Terre. “Notre planète abonde de molécules issues du vivant, elle porte une sorte de pancarte qui signale notre présence, compare Franck Selsis. Cependant, je ne suis pas sûr qu’un observateur externe parviendrait à cette conclusion en scannant notre atmosphère depuis l’espace.” Nos “biomarqueurs” les plus fameux peuvent en effet induire en erreur et s’avérer être des “faux positifs”. Prenez l’eau : elle semble a priori un choix judicieux puisque c’est par elle que l’on définit la zone habitable circumstellaire. Mais cette molécule est omniprésente dans la Galaxie, sa présence dans une atmosphère n’est pas forcément gage d’un océan, et quand bien même elle le serait, ce dernier peut très bien être parfaitement stérile – “habitable” ne signifie pas “habité”.
Le dioxygène (O), peut-être ? Dans les années 2000, c’était le biomarqueur par excellence, surtout parce que, sur Terre, il compose 21 % de l’atmosphère, et qu’il est le déchet des réactions de photosynthèse des cyanobactéries et des algues planc-toniques marines. Sauf que cette ligne de pensée a été considérablement révisée, en particulier depuis la découverte d’autres mécanismes producteurs d’O “abiotiques”, qui ne recourent pas à une forme de vie : par exemple via la photodissociation de molécules d’eau, de dioxyde de carbone ou de soufre.
