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Les mains enfouies dans les poches et le visage fermé, Jordan Bardella écoute le décompte des votes. À ses côtés, Marine Le Pen, assise, jambes croisées et mains posées sur les genoux, attend les résultats. Ils tombent : un triomphe pour le RN, le parti obtient le double du score de la majorité présidentielle. Trois fois candidate à la présidence, Le Pen applaudit, se lève, embrasse et étreint son protégé, qu’elle a soutenu. Celui-ci, encore incrédule face à l’ampleur de l’événement, est envahi par les émotions. La soirée vient à peine de commencer. Au Pavillon Chesnaie, comme le souligne Nicolas Sarkozy, et qui prétend avoir les épaules pour gouverner. Il ne s’agit pas de préparer la victoire, mais d’organiser l’après. Bardella lance son « plan Matignon ». Désignation rapide des candidats, mise au point d’un programme législatif, et préparation des coalitions. Rôdé à la surexposition médiatique dans le rôle du général en chef, Bardella resserre les rangs et désigne l’objectif : , relaie son entourage. Le parti a fait les comptes et estime qu’entre 280 et 315 circonscriptions sont gagnables. Dès dimanche soir, un bureau exécutif est organisé à 22 heures au siège du parti. La réunion se prolonge jusqu’à une heure du matin. Les dirigeants abordent des points cruciaux : la mise en place urgente des commissions d’investitures et surtout l’organisation en urgence de la logistique pour une campagne nationale que personne n’avait forcément anticipée. On parle aussi stratégie politique, sur la façon de manœuvrer rapidement pour se libérer d’Éric Zemmour et sur la façon d’attirer un maximum d’électeurs républicains. Le lendemain, l’opération « coalition des droites » est lancée. Marine Le Pen, Jordan Bardella et Marion Maréchal se donnent rendez-vous à 17 heures au siège du RN, à Paris. Avec les récents conflits ouverts avec Éric Zemmour, la nouvelle députée européenne est mûre pour discuter d’une alliance qui lui permettra de se délester du patron de Reconquête. Dans la coulisse, un autre deal se négocie, avec Éric Ciotti, le président des Républicains. Mardi à 13 heures, coup de tonnerre : Ciotti, sur le plateau de TF1, propose de former une alliance avec le Rassemblement national à l’occasion de ces législatives anticipées, et provoque une forte opposition au sein de son propre parti.