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«arianebourgoin », voilà le nom d’utilisateur qui s’affiche sous son visage lors de notre rendez-vous via Zoom. Ce n’est pas Louise l’actrice, veut-on croire alors, qui nous parle par écran interposé depuis le Pays basque, où elle passe ses vacances, mais Ariane, son prénom à l’état civil. Soit une Bourgoin sans masques, sans fard, sans filtres, suppose-t-on, comme si, une fois le nom de scène au placard, une vérité plus à l’os se dévoilait. L’actrice a d’ailleurs coutume de dire que se choisir Louise pour prénom dans les années 2000 – sur le plateau du de Canal+, où elle officiait, il y avait une Ariane (Massenet) –, c’était déjà se mettre dans la peau d’un personnage, cette « Louise Bourgoin » à l’humour absurde et potache qui se livrait à de très loufoques bulletins météo ou à des imitations de Roselyne Bachelot à se tordre. Loin de la Bourgoin clownesque des débuts, l’Ariane face à nous aujourd’hui n’est pas là pour faire le show. Ni pour trop s’épancher. Pas de masques, pas de filtres, non, mais rien de transparent non plus. Par réserve, timidité ou souci du mot juste, elle réfléchit longtemps aux questions qu’onà ses heures, pense en esthète et en décalages. Dès ses débuts au cinéma, les réalisateur•ices ont vite compris que sa palette ne se bornait pas à faire rire : Nicole Garcia, Joachim Lafosse ou Thomas Salvador (pour son film bijou ) ont saisi d’elle des noirceurs et des étrangetés, ont su filmer ses silences, tandis qu’aujourd’hui dans , opus délicieusement farfelu, Emmanuel Laskar fait d’elle une veuve borderline, insaisissable, qui cherche à communiquer avec l’esprit de son mari décédé. À cette occasion, c’est une artiste à spectre large, Louise-Ariane, comédienne-plasticienne, claire-obscure, que nous avons rencontrée.