Il se tient à Vichy et il est entièrement dédié à l’art du portrait, avec chaque année une demi-douzaine d’expositions aux angles d’approche surprenants. L’édition 2024 révèle ainsi, en France, le travail réjouissant et réalisé des séances photo avec des stars planétaires comme Billie Eilish ou Lady Gaga. Invitée au printemps à mener une résidence, Arielle Bobb-Willis a choisi de valoriser la place des athlètes à Vichy, qui, on l’ignore souvent, est particulièrement riche en infrastructures sportives de haut niveau. La flamme olympique faisant cet été étape par la ville, l’Américaine a sélectionné vingtcinq sportifs – gymnaste, nageur, bodybuilder, escrimeur, boxer, cavalier… – et conçu avec eux des mises en scène où les corps s’entrelacent, se désarticulent, se fragmentent sous le pinceau de couleurs survitaminées. En rompant l’unité des corps parfaitement sculptés par des années d’effort et de prouesse, en jouant de l’équilibre et du déséquilibre, de l’athlétique et de l’acrobatique, Arielle Bobb-Willis déjoue habilement la figure de l’excellence. Dans ses images, les sportifs ont toujours l’air exclus de leur zone de confort, mis dans des positions incommodes qui rappellent les inénarrables s de l’artiste Erwin Wurm. Ses photographies qui associent le beau et l’étrange ont un caractère fascinatoire, tant elles délivrent un surcroît d’énergie, une dynamique foutraque qui laisse à penser que l’on peut toujours se rétablir à partir des situations les plus improbables. Elles sont à voir le long des rives de l’Allier, tandis qu’une autre exposition de poids, celle du génial portraitiste britannique Nadav Kander, se déploie dans le Grand Établissement thermal, l’un des plus beaux bâtiments de Vichy.
