La dernière fois que j’ai interviewé David Jay, un célèbre militant asexuel, aroman-tique et célibataire dans l’âme, son enfant Tavi a fait irruption dans son bureau pour lui montrer ses couettes. « Look at me, I’m beautiful ! » Puis elle est repartie rejoindre ses deux autres parents, Avery et Zeke. Car, oui, la fillette vit avec trois parents : David et un couple d’ami·e·s. Et ce n’a rien d’un accident de parcours. David a toujours su qu’il voulait élever des enfants avec des ami·e·s. Vivant en Californie, il aurait pu adopter ou faire appel à une mère porteuse pour être parent solo, mais ce dont il avait envie était de vivre cette aventure avec un ou des proches. Quand Avery et Zeke ont commencé à s’imaginer parents, iels ont repensé au rêve de coparentalité de David et lui ont proposé de tenir un rôle à définir dans la vie de leur futur enfant. Après de longues discussions, les trois ami·e·s ont décidé de vivre ensemble et d’être parents à égalité : chacun·e aurait le même statut et un tiers des charges financières et parentales. Dès que Tavi est née, David Jay a fait une demande d’adoption dans l’État de Californie. Depuis son premier anniversaire, Tavi est officiellement l’enfant de trois parents !
Plus on est de fous, plus on rit
Cette histoire de coparentalité entre ami·e·s sent bon la côte Ouest américaine, mais en France aussi des ami·e·s peuvent décider de construire leur famille ensemble. Seulement, à moins d’être deux célibataires, ces familles ne seront pas pleinement protégées par la législation française qui ne reconnait que deux parents légaux par enfant. Un troisième parent pourra tout au », avec l’accord d’un·e juge. Un verdict qui lui permet de prendre des décisions pour l’enfant dans le cadre scolaire et médical, mais ne l’autorise pas à transmettre son nom ou à bénéficier de la taxation de l’héritage réservé aux enfants, par exemple. Plutôt que d’abandonner leurs projets, les familles se créent envers et contre tout et se battent pour obtenir plus de droits. Récemment, un couple gay et un couple lesbien en coparentalité choisie sont parvenus à ce que les deux parents non-biologiques obtiennent une délégation de partage d’autorité. Une première ! Cette avancée a été défendue par Me Caroline Mécary. « m’expliquait-elle en 2021 dans mon podcast Free from Desire. »