En brisant l’omerta sur les violences sexuelles dans l’armée, une dizaine de victimes ouvrent la boîte de Pandore. Elles se sont confiées à nous
Pour avoir osé dénoncer, Ninon a été radiée. Son supérieur, lui, a été promu
Elle était prête à tous les parcours du combattant mais pas à ce calvaire. Mieux vaut, dans ce monde d’hommes, ne pas être trop jolie. C’est ce que lui a fait comprendre son supérieur lorsqu’elle a commencé l’armée, en 2022. L’institution n’aime pas les scandales et manque cruellement d’effectifs… ce qui explique sans doute que l’autorité hiérarchique hésite à donner des sanctions disciplinaires aux agresseurs. À peine quelques jours de travaux d’intérêt général pour celui de Ninon. Depuis son agression, elle vit recluse chez elle et attend que son compagnon, militaire lui aussi, ait fini sa mission pour quitter cette ville de garnison maudite.
« On m’a répété qu’un viol il fallait s’en remettre. À aucun moment je ne me suis sentie aidée », dénonce Chloé
Par Manon Quérouil-Bruneel
En bon soldat, Ninon Mathey a choisi de s’exposer pour protéger les autres, celles pour qui il est encore temps. À 23 ans, l’ancienne majore de promo n’attend plus rien pour elle-même. Depuis deux ans, son horizon s’étire entre les quatre murs de son appartement d’une ville de garnison, où elle se terre dans la crainte de croiser les regards, moqueurs ou compatissants – l’effet est le même – de ses anciens camarades. Faire ses courses est une épreuve à laquelle elle a dû renoncer. Elle n’a plus de projets, plus de rêves, tous balayés par le visage triomphant de son agresseur qui tourne en boucle dans sa