Relater les multiples péripéties qui ont guidé la naissance et la concrétisation de Machine Head n’est pas loin de tenir désormais de ces histoires en mode “madeleine de Proust” que l’on se délecterait sans cesse de raconter – ou d’entendre raconter – au coin du feu, tandis que l’immuable riff de Ritchie Blackmore sur “Smoke on the Water”, qui a engendré tant de poussées d’angoisse chez les vendeurs de guitares, emplirait à nouveau l’espace.
Oui, on la connaît par cœur l’histoire de ce casino où le groupe avait choisi d’enregistrer son nouvel album, à l’hiver 1971, et à l’insistance express de Claude Nobs, le directeur d’un Montreux Jazz Festival qui a parachevé sa cinquième édition cinq mois plus tôt. Non, plus aucun secret ne semble devoir encore venir agrémenter les circonstances de cet incendie et ces flammes ravageant ce même casino enl’initiative de Nobs, toujours) au Pavillon, un autre théâtre qui avait lui aussi fermé pour la saison d’hiver, mais où les sessions d’enregistrement tournèrent court parce que les décibels tonitruants que pouvaient générer les habitudes nocturnes du groupe ne pouvaient pas longtemps être en phase avec la quiétude habituelle de la station balnéaire suisse. Le tout se finissant avec des assistants et proches du groupe retenant les portes de l’établissement que tentait de franchir la maréchaussée afin que puisse être mené à bien le seul enregistrement dans les lieux, à savoir le riff de guitare d’un morceau alors baptisé “Title No.1”. Le même qui… allait engendrer plus tard les poussées d’angoisse chez les vendeurs de guitares (bis repetita).