C’est une maladie répandue chez les jeunes écrivains, parmi lesquels elle provoque des ravages. En revanche, les écrivains chevronnés repèrent ce mal dès les premiers symptômes et parviennent à s’en soigner vite. Quant aux maîtres incontestés, ils ont développé une immunité qui les conduit à éviter toute contamination.
En quoi consiste l’« adverbite » ? Truffer sa phrase d’adverbes. Pourquoi serait-ce nuisible ? s’insurgent certains. Les adverbes, arguent-ils, appartiennent aux outils rapidement –, un adjectif – trop –, un groupe de mots – manifestement, –, un autre adverbe – assez –, voire une série d’adverbes – il skie vraiment . Ils offrent des nuances quantitatives et qualitatives, variant l’intensité ou mûrissant le sens. Devrait-on renoncer à ces subtilités, à ces gradations, à ces éclaircissements ? D’autant qu’ils confèrent de la nervosité au style, tels en écartant les lourdeurs ou les paraphrases. Pourquoi s’en méfier ? Les adverbes enrichissent davantage qu’ils n’appauvrissent. Hélas, la réalité se révèle plus complexe.