Après sa réélection en forme de plébiscite, Poutine se sent plus fort que jamais. Et défie les dirigeants européens dans un bras de fer à haut risque
Avec Moscou, la guerre a déjà commencé. Un conflit où les lignes de front sont aussi tangibles qu’invisibles
Par Danièle Georget
Avec leur goût de la litote, les militaires ne parlent pas de « conflit » mais de « contestation » : les adversaires, qui ne s’appellent pas des ennemis, se testent. Une manière de s’affronter à laquelle quarante-cinq ans de guerre froide avaient habitué les Occidentaux et que l’invasion de l’Ukraine a brusquement réactivée. Mais la guerre hors limites, ce modèle théorisé par la Chine, a déjà commencé.
En première ligne
« Attitude particulièrement agressive », c’étaient les mots du ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, pour évoquer les menaces contre des avions français patrouillant en zone internationale, au-dessus de la mer Noire. Xavier Tytelman, ancien membre d’équipage dans l’aviation navale, décrypte : « Quand un bombardier longe notre espace, qu’il représente une menace ou se tienne à une distance suffisante pour capter du renseignement, nos avions se mettent à sa hauteur et le “raccompagnent”. » Les anciens de la guerre froide se souviennent que les pilotes américains ne manquaient pas, dans ce genre de circonstances, de brandir devant leurs hublots un « Playboy » ou quelque partie de leur anatomie. Cette « bonhomie » n’est plus de mise. « À maintes reprises, des pilotes