HISTOIRE, INTERPRÉTATION DISCOGRAPHIE COMPARÉE
Rentré en Espagne en 1914, après des années passées à Paris, quelles leçons Manuel de Falla a-t-il apprises? D’abord, assurément, que son intransigeance artistique n’avait pas été vaine. Le succès public et critique de La vida breve, créée à Nice en 1914, avait couronné sa foi absolue dans ce projet. Il avait résisté aux promesses dilatoires de l’Opéra-Comique comme aux alternatives offertes à Milan par Tito Ricordi, qui proposait d’oublier cette fable espagnole au profit d’un livret italien déjà refusé par Puccini. Certes, il avait dû (douloureusement) aménager l’œuvre pour la conformer aux rigueurs de l’exécution, mais sans la dénaturer.
Mon pays et Paris
Ensuite, plus essentiel, il avait compris qu’il pouvait concilier esthétiquement ses deux « écoles ». D’une part, la tradition espagnole, apprise auprès de son maître Felipe Pedrell. Grand artisan de la réhabilitation de la musique populaire, ce dernier en avait établi les fondements historiques, puisant leurs racines loin dans l’histoire de l’Espagne, jusqu’à ses influences arabes. Pedrell avait même tenté de donner l’exemple dans ses propres œuvres, médiocrement reçues,