Un grand soleil d’amour chargé
Soudain, l’été 1957 : une petite espagnole de vingt-quatre ans déboule sur la scène de l’Archevêché. Elle est Dorabella, dans Così fan tutte, aux côtés de quelques routiers nommés Teresa Stich-Randall, Rolando Panerai, Marcello Cortis, et sous la conduite intraitable de maître Rosbaud. Pourtant, Aix-en-Provence n’a d’yeux et d’oreilles que pour le prodige découvert quelques mois plus tôt par Gabriel Dussurget. Editée par l’Ina, une bande témoigne de ces soirées mémorables : déjà, tout l’art de Berganza est là, alliant à une technique de haute école, sidérante par sa maturité à un si jeune âge, une couleur immédiatement reconnaissable, rondeurs et sourires mêlés, et des phrasés aux souplesses de danseuse flamenca. En prime, un don qui ne s’apprend pas, celui de capter toute la lumière. Car Berganza, ce fut toujours un immense éclat de rire, comme le montre, la même année, une Italienne à Alger filmée dans les studios de la Rai, où elle crève l’écran (DVD Hardy).
Teresa Berganza Vargas naît à Madrid en 1933 (les biographies officielles indiqueront longtemps 1935), dans une famille aimante, mais alors que le pays s’apprête à sombrer dans la guerre civile. « Mon père, fonctionnaire de l’Electricité espagnole était un amateur passionné de musique. Ma en 1985.