Esquissée dès 1919 par Sibelius, qui termine alors de réviser sa précédente, la Symphonie no 6, en ré mineur, est achevée quatre ans plus tard et créée le 19 février 1923 à Helsinki sous sa direction. La plus discrète, la plus intimement personnelle des sept symphonies demeure aujourd’hui encore la moins souvent jouée, bien qu’elle soit sans doute la plus parfaite – et la préférée des vrais sibéliens.
Semblant refuser les extrêmes, elle n’a ni le généreux postromantisme des deux premières, ni le charme, la fraîcheur, la grâce athlétique de la 3e. Elle ne présente ni la tension dissonante et l’âpre nudité de la 4e, ni la grandeur monumentale de la beethovénienne 5e ou la majesté olympienne de la 7e. Malgré la succession classique de quatre mouvements à la concision presque haydnienne, cet Opus 104 dissimule quantité d’innovations qui révèlent un chef-d’œuvre secrètement révolutionnaire.
Eau froide et pure
La offre à l’auditeur « une eau froide et pure », selon le mot de Sibelius. représente une étape cruciale – la pénultième avant la