Il y a ceux qui aiment le pouvoir. Et puis ceux qui l’incarnent. Juste en déplaçant l’air. Rencontrer Slawomir Krupa, c’est rapetisser d’un coup, comme dans Alice aux pays des merveilles. Pas de champignon magique, mais les murs de la pièce qui se sont rapprochés. Carrure de judoka façon Teddy Riner, cou de taureau, mains larges comme des raquettes de ping-pong. ll y a aussi ces yeux vert-de-gris, inquisiteurs. Un regard qui découpe. Et le débit, rapide, avec une pointe d’accent indéfinissable, qui laisse entrevoir une pensée synthétique, mathématique, holistique. Une mécanique de bulldozer.
A la tête de la Société Générale depuis mai 2023, Slawomir Krupa, 49 ans, ne laisse personne indifférent. Mieux, il divise. « C’est l’un des patrons les plus brillants qu’il m’est arrivé de rencontrer et, croyez-moi j’en ai vu. Un type de la trempe d’un Jamie Dimon, l’iconique patron de JP Morgan », s’enflamme un banquier d’affaires londonien. Un comparse parisien s’esclaffe, se renversant, hilare, dans son fauteuil en cuir : « Krupa, vous ne le trouvez pas un peu hautain ? Allez, moi je ne lui donne pas dix-huit mois. Il va falloir qu’il délivre et c’est loin d’être gagné. » Et vlan ! Dans la caste des stars de la finance, le fiel coule entre deux gorgées de château-margaux.
Délivrer, autrement dit alléger, simplifier, solidifier. Placer les équipes sous tension.