Pour les soldats de l’armée israélienne, la guerre meurtrit les corps mais aussi les esprits
De notre envoyé spécial à Jérusalem, à Tel-Aviv et à la frontière de la bande de Gaza Pierre-Simon Assouline
Il y a quatre mois, Talia et sa troupe dansaient au son du Dance Hall, près de Haïfa. Dans son cabinet dentaire de Jérusalem, Boaz se penchait sur la dentition de patients bien vivants. Adam préparait le barreau pour devenir avocat. Et Yoni profitait de l’été indien à Tel-Aviv en attendant la rentrée universitaire. Aujourd’hui, tout a changé. À 2 kilomètres de Gaza, Talia, 23 ans, des piercings plein les oreilles et des faux ongles géants peints en bleu et blanc, aux couleurs d’Israël, gare son Hummer devant l’école maternelle d’un kibboutz reconverti en base arrière logistique. Elle a quitté ses jobs de professeure de danse et d’employée d’une agence de crédits : « Maintenant, je suis pilote opérationnelle, en charge de la logistique de ma brigade. Je participe aussi à des opérations de recherche et d’arrestation de terroristes. » Paradoxalement, le plus dur dans sa nouvelle vie n’est pas le stress du combat mais le retour à la maison, durant ses rares permissions