1968 1974
Voilà bientôt cinquante ans, le 29 mars 1974 a marqué une date particulière dans la longue épopée du chemin de fer en France. En cette journée mémorable, la 141 R 420, affectée au dépôt de Sarreguemines, assure sur la ligne 8 la traction du 71025, un train de marchandises Béning-Sarreguemines, qui restera dans l'histoire comme étant le ernier train commercial SNCF remorqué par une locomotive à vapeur du parc SNCF. Mais l'on doit aussi associer à ce cinquantenaire le 31mars, car deux jours après la prestation de la 141 R 420, la 141 R 73, du même dépôt, achemine le Wagon de Secours de Sarreguemines jusqu'à Forbach en empruntant les lignes 8 et 11 avant de rentrer à Sarreguemines. Il s'agit alors de la dernière circulation vapeur SNCF (en l'occurrence un train de service) ayant eu lieu sur le réseau SNCF.
Certes, les 1-140 C de Gray enfumeront encore les ciels franc-comtois et bourguignon jusqu'à l'automne 1975 mais si ces machines appartiennent effectivement au parc SNCF, elles sont en fait louées à la CFTA (Chemins de Fer et Transports Auxiliaires). Cette société de droit privé les utilise avec son propre personnel pour assurer des circulations sur les voies du réseau de Franche-Comté qu'elle a en affermage.
Pour marquer cet évènement, Ferrovissime a décidé de se pencher sur les dernières années de la vapeur à la SNCF. Le choix de la période 1968/1974 repose sur plusieurs éléments. Tout d'abord, au 1er janvier 1968, on dénombre encore environ 1226 machines en chauffe, en GBE (Garage Bon Etat) et en RD (Réparation Différée). Ensuite, les locomotives en chauffe se répartissent sur les six régions de la SNCF (Est, Nord, Ouest, Sud-Ouest, Sud-Est et Méditerranée) dans cinquante-quatre dépôts titulaires. Enfin, le parc des vapeurs en service est encore riche de 15 types de locomotives (030, 130, 131, 230, 231, 232, 040, 140, 141, 241, 242, 050, 150, 151, 020+020 voie métrique) représentant la presque totalité des types en service à la naissance de la SNCF mais bien sûr avec seulement 31 séries différentes:
030 TU (7 machines), 040 TX (8), 050 TQ (17), 050 TX (1), 141 P (51), 141 R (767), 150 P (1), 151 TQ (6), 241 P (25), 1-130 B (6), 1-131 TB (8), 1-140 C (63), 1-141 TB (27), 1-242 TA (3), 2-040 D (6), 2-040 TG (2), 2-141 TC (56), 2-231 G (3), 2-231 K (11), 2-242 TA (9), 3-040 TA (9), 3-140 C (24), 3-141 C (38), 3-141 TC (11), 3-231 D (10), 3-231 G (2), 4-020+020 T (2), 4-141 E (7), 4-141 F (5), 4-141 TA (37), 4-230 G (4).
Si quelques séries régionales sont encore bien présentes, 4-141 TA, 1 et 3-140 C par exemple, d'autres sont à l'agonie comme les 2-040 TG ou les 3-231 G. Par contre, les 141 R sont logiquement majoritaires avec environ 767 unités (fuel et charbon confondues).
Mais les effectifs fondent comme neige au soleil, à la fois submergés par les mises sous tension des caténaires très majoritairement 25000 V déroulées un peu partout en France mais aussi par les mises en service massives de diesels de puissance. 1968 est une année noire pour la vapeur puisqu'environ 450 locomotives quittent la scène. Si 1969 débute avec environ 772 locomotives, elle est moins meurtrière mais voit en particulier s'effacer les dernières grandes roues, Mountain et Pacific, avec la disparition des ultimes 241 P et 2-231 G/K. De même, l'importante série des 141 P quitte la scène laissant le champ libre aux 141 R. Puis la chute s'accélère avec un effectif fantomatique début 1971 de 371 engins environ, année qui voit s'éteindre l'ultime machine à vapeur de manœuvre qu'est la 040 TX 25. L'effectif total est réduit à 197 locomotives en 1972 et enfin à 74 début 1973 avant de tomber à zéro au printemps 1974, exception faite des quelques 1-140 C en location à CFTA Franche-Comté. Depuis cette époque, des locomotives vapeur ont bien sûr circulé sur les voies de la SNCF, mais dans tous les cas, il ne s'est agi que de circulations spéciales avec des machines certes ayant appartenu au parc SNCF mais désormais exploitées par des tiers. Seule exception, la
