Comment c’était la vie, il y a vingt ans ? Simple : une Clio neuve coûtait 11 000 €, le litre de gazole… 78cts et les 775 km d’un Paris-Marseille s’avalaient couramment en moins de 6 h à 150 de moyenne. Une époque de liberté pour les uns, de laxisme criminel pour les autres, durant laquelle faire sauter un PV était un vrai sport national. Et que dire des amnisties présidentielles tous les sept ans… Bilan: de 7500 à 8 000 morts sur les routes au tournant du siècle, un seuil qui semble incompressible tant on revient de loin : 18 034 tués en 1972. Après trois décennies de campagnes de la Sécurité routière surtout distrayantes – “La vitesse, c’est dépassé” (1975), “Un petit clic vaut mieux qu’un grand choc” (1976), “Auto macho, auto bobo” (Prévention routière, 1986) – changement de ton en 1999 avec la campagne signée Raymond Depardon. Pour la première fois sont diffusées des images crues de vrais accidents mortels. C’est un choc qui rend soudainement insupportables les drames de la route : cette fois, l’opinion a basculé, les Français sont mûrs pour accepter des mesures qui fâchent.
Fin des passe-droits
Jacques Chirac en fait l’un des trois chantiers de son second mandat. Le sujet devient si médiatique que son nouveau ministre de l’Intérieur, le bouillonnant Nicolas Sarkozy, s’empare de la cause aux dépens du courtois ministère des Transports, Gilles de Robien. Le signe d’un changement d’époque : fini la prévention, place à la répression ! Elle s’annonce sévère: le 22 octobre 2002, déclenche une émeute médiatique en révélant la grande “réforme des PV” qui va permettre la création du contrôle sanction automatisé, incluant le principe du propriétaire-payeur, le qui surprend les deux ministres en excès de vitesse pour se rendre à la cérémonie d’inauguration de la première cabine. Même pas fichus de montrer l’exemple, au moins ce jour-là !