UN BURGER coupable et dégoulinant dégusté sur le bord de l’A6, un croque-monsieur trop cuit pris seul en voiture-bar d’un TGV, un jus de tomate particulièrement savoureux à 11 000 km au-dessus du sol. Mais aussi: du renne dégusté dans un train en Laponie, une tournée de vodka dans un Chernivtsi-Kiev, les bentos des shinkansen japonais, une histoire d’amour en voiture-restaurant d’un Lyria suisse… Plus qu’une simple formalité, ce que l’on mange en mouvement convoque fantasmes et souvenirs. Cela raconte aussi l’histoire de nos mobilités: de la création des chemins de fer aux choix démultipliés qu’offrent ces espaces commerciaux que sont devenues les gares, les aéroports ou les aires d’autoroutes. Enfin, ce que l’on mange en voyage est depuis les relais de poste du XVIIIe siècle, toujours un marqueur social puissant.
12 h 30, gare de Lyon à Paris, 25 minutes avant le départ de mon train. L’immense espace d’où partent quotidiennement des centaines de milliers de voyageurs fourmille d’options pour se restaurer. Vais-je choisir le club-sandwich “dinde fumée, tomate-mayonnaise-saté made in Paris” à 9 € du Dépôt Légal, nouvelle adresse du chef Christophe Adam, qui propose aussi sur place des plats aux descriptions bien marketées comme “les coquillettes de mon enfance” (avec de la truffe) à 18 € ou ses “éclairs de génie” à 9 €?
Vais-je plutôt me diriger vers Paul “maison de qualité depuis
