Arrivé à la Cour des comptes au début de la pandémie de Covid, Pierre Moscovici a immédiatement endossé le costume du gardien de la bonne tenue des deniers publics. Aujourd’hui, l’exministre socialiste alerte sur le poids de la dette et ne rejette pas la création d’une taxe exceptionnelle sur les hauts revenus pour financer la transition climatique. Mais c’est une revue méticuleuse de chaque dépense publique, dans la durée, qui doit être la priorité du gouvernement selon lui, pour éviter l’asphyxie de l’action politique. Entretien.
Le gouvernement a fait une promesse aux Français : pas d’augmentation d’impôts dans le prochain budget. Est-ce parce que le ras-le-bol fiscal menace la France ?
Je ne vais pas me déjuger. ll y a dix ans, lorsque j’étais ministre des Finances, j’avais dit que je comprenais le ras-le-bol fiscal des Français. Evidemment, cela n’avait pas plu à tout le monde, et notamment à ma famille politique de l’époque qui pensait qu’il n’y avait pas de limites aux prélèvements dès lors que l’on crée des services publics. Je persiste aujourd’hui : le consentement à l’impôt des Français est fragile et il faut le préserver. C’est un grand atout pour la France. La très bonne tenue des recettes fiscales nous a permis