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Quelles ont été vos influences quand vous avez commencé ?
Je suis devenu photographe par hasard. J’étais censé être prof de maths, mais je n’avais pas que de bonnes fréquentations. En Auvergne, on s’emmerdait tellement qu’on faisait pal mal de bêtises. Ce sont les policiers qui ont conseillé à mes parents de me faire changer d’air. Je suis parti à Toulouse dans une école photo, et je me suis retrouvé tout seul là-bas, alors que je n’avais jamais fait de photo. L’école a fait faillite deux mois après que j’y suis entré. J’ai donc travaillé dans un des premiers lieux consacrés à la photo, une galerie photo restaurant qui s’appelait “Voir”. Son patron, le photographe Philippe-Gérard Dupuis, nous payait en livres. Je me souviens, après ma première semaine de travail, il m’a dit : J’ai alors choisi de Paul Strand, d’Anders Petersen et l’anthologie aux Éditions du Chêne. Je me suis un peu éloigné du style photographique de Paul Strand, même si j’ai traîné sur ses traces en Afrique, notamment au Bénin. Les deux autres restent mes références absolues. J’aurais adoré rencontrer Diane Arbus mais elle était déjà morte quand j’ai découvert son livre. En revanche, Anders Petersen, c’est devenu un ami depuis. On a fait des résidences artistiques à Saint-Étienne et à Paris, puis je l’ai invité à Sète dans le cadre d’Image-Singulières, et on s’est recroisés plusieurs fois. Ces deux photographes m’ont influencé sur deux axes assez différents. Diane Arbus m’a beaucoup apporté en matière de style ; j’ai vraiment étudié la façon dont elle réalisait ses images, comment elle utilisait le flash. C’est à travers elle que j’ai choisi le format carré. J’étais allé voir son exposition à Londres, “Revelations”, qui était absolument magnifique car on y voyait son labo, ses carnets, on pouvait rentrer dans son personnage. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, elle était très organisée. Anders, lui, m’a beaucoup apporté en me poussant à verser dans une forme de folie. Il met une énergie incroyable dans son travail, il ne pense qu’à la photo. C’est un furieux total, mais il aime les gens. Et selon moi, c’est vraiment cela, la base. Je suis quelqu’un d’assez inhibé naturellement, et la photo m’a permis d’en guérir. Je n’ose pas demander ma route en voiture, en revanche, je suis capable d’accoster quelqu’un dans un café pour lui demander de venir poser dans ma chambre d’hôtel.