Les Romains ne s’y étaient pas trompés : les douces collines qui entourent l’actuelle ville de Castillon-la-Bataille sont particulièrement propices à la culture de la vigne. Et déjà au IVe siècle, le poète Ausone vantait la qualité des vins, une réputation qui allait jusqu’à Rome. Résultat de l’érosion maritime et fluviale, le paysage enchaîne vallons, collines, bois et bosquets qui entourent les parcelles qui poussent sur des terroirs très différents selon que l’on regarde les plateaux, les coteaux ou les parties basses, plus sableuses. Une richesse géologique et des conditions climatiques idéales à l’origine de la diversité et de la qualité des vins de Castillon.
Au cœur de la guerre de Cent Ans
C’est au Moyen-Âge que la cité connaît un véritable essor viticole. Le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri Plantagenêt, futur roi d’Angleterre, transforme Castillon en ville portuaire. Les chemins de halage et l’usage de gabarres, ces bateaux à fond plat, permettent l’exportation des vins vers l’Angleterre et la Hollande, tandis qu’ils constituaient la consommation de luxe de l’aristocratie bordelaise. La richesse de l’Aquitaine, province anglaise, attira la convoitise des rois de France, ce qui conduira à la guerre de Cent Ans. En 1453, Castillon sera l’épicentre de l’ultime bataille qui met fin à la domination anglaise après 300 ans de règne et donnera son nom à la ville.
À l’ombre de Saint-Émilion
La délimitation de l’appellation de Castillon jouxte, à l’ouest, celle de Saint-émilion. Un voisinage prestigieux qui a d’ailleurs conduit à commercialiser les vins de cette région du Libournais sous la dénomination « Près Saint-Emilionnais » jusqu’à la création des appellations d’origines contrôlées (AOC) en 1935. À partir de cette date, les vins issus du terroir des neuf communes étaient alors classés en Bordeaux supérieur Côtes de Castillon, puis en Côtes de Castillon de 1988 à 2008. Aujourd’hui, les Castillon Côtes de Bordeaux regroupent 2100 hectares de vignes, largement ponctuées de zones boisées, de prairies et traversées par de nombreux cours d’eau. Un paysage bucolique préservé d’autant que près d’un tiers des