En 527, Justinien succède à son oncle Justin Ier à la tête de l’Empire romain d’Orient. En plus de la pourpre, le nouveau basileus hérite d’une guerre que son prédécesseur vient d’entamer, non sans risques, avec les Perses sassanides et leur ShahanShah (« roi des rois ») Kavadh Ier (r. 488-531). Au VIe siècle, la dynastie qui a remplacé les Arsacides parthes en 224 domine un immense empire, étendu du Grand Khorassan à l’Euphrate, du Caucase au golfe Persique. Contrairement à leurs prédécesseurs, les Sassanides sont parvenus à unifier les différentes régions du plateau Iranien et de la Mésopotamie au sein d’un État centralisé, administré par des dignitaires directement choisis par la couronne. L’administration impériale tire d’importants revenus fiscaux d’une agriculture en pleine expansion et d’un commerce stimulé par la fondation de nouveaux centres urbains. Ces recettes permettent de financer une robuste armée régulière et des travaux de fortification pharaoniques, ainsi que le révèlent les récentes fouilles de la muraille de Gorgan (voir encadré p. 70), érigée pour contrecarrer les invasions des Huns hephtalites. Une métaphore courante dans les sources tardives compare l’Empire romain et son homologue sassanide à deux astres qui illuminent la Terre.
Après une trêve de vingt ans, la guerre éclate en 526/527 à cause de désaccords portant sur la Transcaucasie. Cette région, où se trouvent les royaumes de Lazique et d’Ibérie, est depuis longtemps le théâtre de rivalités entre les deux empires. Les « Romains » – comme s’appellent encore les héritiers de l’Empire d’Orient – y ont perdu beaucoup d’influence depuis les années 470, et Justin I (518-527) cherche à y reprendre pied. Il accueille favorablement le à Constantinople en 521 ou 522, au grand dam des Perses, à qui revient le privilège de couronner les princes de ce royaume. Cet affront s’ajoute à une liste de griefs déjà bien ancienne.