Gérard Araud
Tallandier, 336 p., 22,90 €
S’il est une époque tragique de l’histoire de France, c’est bien celle qui mène de la victoire de 1918 à la défaite de 1940. Comprendre ce G&H ), est-il particulièrement bienvenu, en cette période d’incertitude géopolitique en Europe et dans le monde. est à la fois une histoire diplomatique et une galerie de portraits croqués avec talent – Aristide Briand, Daladier, Laval, Alexis Leger (Saint-John Perse), pour n’en citer que quelques-uns –, tout en étant un hommage appuyé à la capacité d’anticipation d’un esprit nourri par l’Histoire, en l’occurrence celui du grand historien Jacques Bainville (1879-1936). C’est aussi l’histoire, tragique, de notre pays : trahi par ses alliés américain et britannique, qui persistent à voir en l’Allemagne la puissance d’équilibre du continent européen, en dépit même des évidences, mais qui se montre lui-même incapable d’imaginer une autre architecture pour sa sécurité que le suivisme de ces mêmes puissances, du fait d’un mélange d’absence d’imagination et de pusillanimité. L’alliance italienne, voire soviétique, demeurent comme des échecs lourds de conséquences, tandis que la sclérose du haut commandement et la médiocrité du personnel politique et de certains diplomates clef – Alexis Leger, notamment – condamnent la France à l’impasse stratégique. En filigrane de l’ouvrage, impossible de ne pas penser aux leçons, toujours pertinentes, que tirera de cette période puis de la guerre le général de Gaulle : à la solitude des crises, il n’est d’issue que dans la grandeur, la souveraineté et la puissance nationales. À lire et méditer.