«Les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». Ainsi s’explique la fameuse auld alliance nouée entre Français et Écossais contre leur adversaire commun et menaçant, l’Angleterre. Le traité de Paris signé le 23 octobre 1295 entre le représentant de John Balliol, roi d’Écosse, et Philippe le Bel, en est la première trace écrite. Si Français et Écossais ont en fait appris à collaborer dès les guerres de Philippe Auguste contre Jean sans Terre, l’alliance devient plus que nécessaire durant la guerre de Cent Ans, spécialement après le drame d’Azincourt (1415). La noblesse française est traumatisée par l’hécatombe infligée par les archers anglais. Pendant plus de quinze ans, elle renâcle à servir contre les Anglais, peu pressée de se faire capturer ou cribler de flèches à bout portant.
La pénurie de chair à longbow oblige le dauphin puis roi Charles VII à recruter massivement des mercenaires étrangers. Des Italiens comme Théaude de Valpergue ou le Borgne Caqueran, des Espagnols comme le terrible Rodrigue de Villandrando. Mais les Écossais sont les plus nombreux : en 4 vagues, de 1419 à 1424, il en débarque au moins 15 000 et probablement près de 30 000. Chiffre énorme pour un royaume qui ne compte guère plus de 500 000 habitants : 10 % des hommes en âge de se battre seraient venus combattre en France ! Ce renfort est habilement mis en scène par la propagande française. Charles VII écrit en 1424 à ses soutiens qu’il attend sous peu le débarquement d’Écosse de 10 000 soldats, soit 2 000 chevaliers et écuyers, 6 000 bons archers et 2 000 « [Écossais, NDLR] », le tout commandé par les prestigieux représentants des plus nobles clans : Archibald Douglas et John Stuart.
